Science économique
Notions du référentiel : Production marchande et non marchande, valeur ajoutée
1. Les grandes questions que se posent les économistes
Activité 1 –
1 -2 – Que produit-on et comment le mesure –ton ?
Des indicateurs de mesure basés sur des conventions
Objectifs : Maîtriser les définitions de : production/production marchande/production non marchande/biens et services/ Valeur ajoutée Comprendre que ces définitions reposent sur des choix qui peuvent évoluer Qu’est-ce-qu’une convention ? L’exemple de la pauvreté Document 1 : Expliquez-nous... le seuil de pauvreté - YouTube Questions : 1. Avant d’avoir vu la vidéo, définissez la pauvreté Pauvreté : situation où les individus ne peuvent subvenir à leurs besoins 2. Quel est le critère retenu pour mesurer la pauvreté ? Est considéré comme pauvre toute personne en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire dont le revenu est inférieur à une seule valeur 3. Montrez que la convention sur laquelle repose la mesure de la pauvreté n’est pas la même dans tous les pays Ce seuil est calculé en Europe à partir d’une définition de la pauvreté relative : est considéré comme pauvre celui qui a un revenu inférieur à 60% du revenu médian (le revenu où 50% de la population a plus et 50% a moins). Est considéré comme pauvre celui qui n’a pas le mode de vie de la majorité de la population. La pauvreté dépend donc du pays et de l’époque. Aux Etats-Unis, ce seuil est calculé à partie d’une définition de la pauvreté absolue : celui qui est pauvre n’arrive pas à subvenir à ses besoins essentiels. 4. En quoi est-ce source d’incompréhension ? Il est difficile d’opérer des comparaisons internationales, car tous les pays n’adoptent pas la même définition. Une personne considérée comme pauvre en France ne le serait pas aux EU, car elle subvient à ses besoins primaires. Une définition de la production critiquable Document 1 : Selon la définition de l'Insee, « la production est l'activité économique socialement organisée consistant à créer des biens et des services s'échangeant habituellement sur le marché ou obtenus à partir de facteurs de production s'échangeant sur le marché ». Donc, au sens économique, pour qu'il y ait production, certaines conditions doivent être réunies : - L'activité doit être organisée par la société; ce qui signifie qu'elle doit être légale et déclarée. Ainsi la production domestique qui désigne le résultat du travail réalisé par les ménages dans le cadre domestique, c'est-à-dire en dehors du travail rémunéré, n'est pas au sens strict une production. De la même façon, la production n'englobe pas les richesses créées par le travail au noir. - L'activité doit créer des biens et des services. Un bien est un produit matériel alors qu'un service est un produit immatériel. [...] La finalité de ces produits est de satisfaire directement les besoins humains ou de contribuer à la production d'autres produits. Source : Marc Montoussé, « Le fonctionnement de l'économie, la production fruit du capital et du travail ". Cahiers français, n°315, juillet-août 2003. Questions : 1. Quelles sont les caractéristiques de la définition économique de la production ? - Création de biens et services destinée à la satisfaction des besoins humains - Socialement organisée : la société instaure des règles et des normes qui encadrent cette activité - Biens et services vendus sur le marché (production marchande) ou à partir de facteurs de production rémunérés (production non marchande)
2. 3.
Quelles sont les activités que cette activité ne prend pas en compte ? Activités qui ne sont pas socialement organisées : non déclarées ou illégales Activités non rémunérées ou qui ne sont pas obtenues par du travail rémunéré : bénévolat, activités domestiques Quelles en sont les répercussions sur la reconnaissance sociale des activités ? Prenez l’exemple du bénévolat en faveur des handicapés. Ces activités ne sont donc pas valorisées socialement, le bénévolat en faveur des handicapés sera moins valorisé que la même activité réalisée par des personnes rémunérées 4. Quelles en sont les répercussions sur le statut et donc la reconnaissance sociale des individus ? Comme l’activité n’est pas rémunérée, elle est considérée comme moins importante au niveau social, le statut de l’individu est donc jugé comme inférieur à celui d’une personne ayant une activité rémunérée Document 2 : A : http://teachem.com/jaysesblogs/learn/calcul-du-pib-la-grande-bretagne-va-prendre-en-compte-la-prostitution-et-ladrogue-economy B: Les estimations officielles du PIB ont également tendance à omettre des pans importants de l'économie souterraine. Par exemple, les transactions comme le trafic illégal de stupéfiants ne sont pas comptabilisées, ce qui débouche sur un PIB sous-estimé. Apparemment, toutes les tentatives d'incorporer les chiffres de l'économie informelle, qui, d'une manière ou d'une autre, ont dû se fonder sur des estimations indirectes, ont engendré des révisions appréciables du PIB officiel. La Colombie est un exemple extrême puisqu'elle a révisé son PIB à la hausse de 16,5 % en 1994, en raison principalement de l'incorporation de la production estimée de cultures illégales. Cela illustre comment le fait d'ignorer de tels facteurs peut fausser les comparaisons internationales de performance économique. Et pourtant, les problèmes de mesure étant par nature considérables, il convient d'interpréter avec grande prudence les chiffres du PIB corrigés des activités illégales comme l'économie de la drogue. Source : Rapport du Conseil d'analyse économique et du Conseil allemand des experts en économie, « Évaluer la performance économique, le bien-être et la soutenabilité », 31/12/2010 Questions : 1. Montrez que le PIB ne rend pas totalement compte de la richesse créée dans un pays. Le PIB ne tient pas compte d’une partie de la richesse : celle qui n’est pas comptabilisée car non déclarée, illégale ou non rémunérée. Ainsi, « la Colombie a révisé son PIB à la hausse de 16,5 % en 1994, en raison principalement de l'incorporation de la production estimée de cultures illégales » 2. Quelles réformes ont été mises alors en œuvre par les comptables nationaux ? Intégrer les activités illégales (économie de la drogue et prostitution) 3. Quelles en sont les limites ? Sont-elles seulement d’ordre économique ? - Activités illégales : leur mesure repose sur des estimations qui peuvent se révéler très éloignées de la réalité - Ces activités améliorent-elles le sort de la population ? La question de la définition de la richesse est ici essentielle. C’est une question sociale et morale Une distinction entre biens et services de moins en moins pertinente Document 3 : La distinction entre biens et services, qui semble évidente dans les discours officiels, a-t-elle alors encore un sens aujourd’hui ? La première remarque est que, lorsqu’on parle de services, on regroupe sous ce vocable aussi bien la R&D, l’informatique et les télécommunications, que le gardiennage, le nettoyage, la comptabilité ou la formation. (…) D’un point de vue macroéconomique, on se rend compte que la catégorie des services est une catégorie fourre-tout et, de ce fait, très insatisfaisante. D’un point de vue microéconomique, au sein même d’une entreprise, la séparation entre biens et services est de plus en plus ténue, les biens et les services afférents étant la plupart du temps vendus ensemble : le célèbre contrat de confiance de Darty, qui vend le service après-vente avant même d’avoir vendu l’objet, en est l’illustration. Le transport est également un élément important, aussi bien pour le client final que pour le client industriel pour qui la précision de la livraison est de plus en plus souvent un élément essentiel, ce service étant alors comptabilisé par le fournisseur d’une façon distincte permettant sa prise en compte statistique par l’INSEE. Source : E.Huber, Industrie et services : une distinction dépassée ?, Le journal de l'école de Paris du management, 2011/4 (n°90) Questions : 1. Pourquoi la distinction entre biens et services paraît-elle évidente ? Définissez les 2 notions Une distinction simple à partir de 2 critères clairs : - Tangible/intangible - Stockable/non stockable 2. En quoi cette distinction est-elle moins pertinente aujourd’hui ?
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Au niveau macro-économique, on met dans le terme services des activités très différentes : gardiennage, recherche Au niveau microéconomique, le consommateur achète un package bien-service : la qualité du service ( transport , rapidité) peut inciter à l’achat d’un bien
La difficile mesure de la production non marchande Document 4 : A: De fait, l’absence de prix de marché fait disparaitre l’outil traditionnellement utilisé par les économistes standards pour : - mesurer l’activité d’une organisation et générer des ressources : comment mesurer la production d’un service hospitalier alors que le prix est inférieur aux coûts de production ? Les fonctions génératrices de ressources assurées par les prix de marché s’estompent. - exprimer l’utilité apportée par l’activité de l’organisation et/ou la rareté éventuelle ; les fonctions régulatrices exercées par les prix de marché disparaissent. Or, ces perturbations sont loin d’être anodines. Les prix utilisés étant conventionnellement toujours inférieurs aux coûts de production, toutes valorisations s’appuyant sur ce prix fictif conduisent à ne prendre en compte qu’une partie de la richesse créée par l’organisation (…) Face au malaise généré par le caractère non marchand des phénomènes, l’économiste s’est doté d’outils. Des conventions, plus ou moins partagées et perfectibles, ont été créés afin de faire exister cet objet « non-identifié » et d’être en mesure de le prendre en compte dans des cadres d’analyses pensés, par et pour, des activités marchandes dans un cadre théorique au sein duquel le marché est un parfait révélateur de préférence. Source : Anne Le Roy. L’´evaluation du non-marchand : pourquoi et à quelles conditions ?, 5e congrès de l’Afep, ”L’´economie politique de l’entreprise : nouveaux enjeux, nouvelles perspectives”, Juillet 2015, Lyon, France. 9 p., 2015. B: Les estimations actuelles des services ne sont pas satisfaisantes, notamment en ce qui concerne les services publics comme la santé et l’éducation. Les estimations du prix courant de biens et services correspondant, pour une même dépense, à une population en meilleure santé ou plus instruite ne sont guère disponibles. Des difficultés semblables sont constatées dans le cas de la contribution des services d’intermédiation financière (SIFIM). C’est pourquoi les statisticiens s’en remettent d’ordinaire au prix des facteurs de production comme le revenu des médecins, infirmiers et enseignants. Cela dit, entre autres complications, cette méthodologie ignore l’amélioration de la qualité des services publics, une faiblesse d’autant plus problématique vu leur poids substantiel dans le PIB (18 % en France et 19,6 % en Allemagne en 2009), et leur accroissement régulier dans les économies contemporaines. Surtout, ces difficultés empêchent d’élaborer des comparaisons internationales. Si par exemple, un pays a opté pour la fourniture de la plupart de ses services de santé via le secteur public, et si ceux-ci sont sous-estimés par la méthode d’évaluation susmentionnée, ce pays semblera moins riche qu’un autre dont les mêmes services sont fournis par le secteur privé et évalués à leur prix courant. Source: CAE, Évaluer la performance économique, le bien-être et la soutenabilité, Rapport du Conseil d’analyse économique et du Conseil allemand des experts en économie, 10/12/2010 Questions : 1. Pourquoi le prix du marché est-il un élément central de l’analyse d’un économiste ? Le prix de marché a plusieurs rôles : - Mesurer l’activité : est-elle rentable ou pas - Indiquer la rareté du bien - Révéler l’utilité du bien : il permet de mesurer la satisfaction produite par la consommation du bien 2. Quels problèmes pose alors la comptabilisation de la production non marchande ? La production non marchande n’a pas de prix ; elle ne peut donc être correctement mesurée 3. Quelle solution ont alors trouvé les économistes ? Estimer la production non marchande à son coût de production 4. Quelles sont les limites de ces solutions ? Le problème est qu’on applique les méthodes pensées pour les activités marchandes aux activités non marchandes, et donc empêche d’opérer 2 types de comparaisons : - Longitudinales : l’amélioration de la qualité de la production non marchande n’est pas visible - Transversales : on ne peut comparer la qualité de services entre 2 pays qui optent pour un financement différent Synthèse : A partir de l’ensemble des documents 1. Pourquoi les sciences sociales ne peuvent-elles se passer des conventions ? Pourquoi les conventions sont-elles utiles ? Définition d’une convention : c’est un accord. Les sciences sociales utilisent des concepts et tous les participants au débat acceptent de définir ces concepts de la même manière Pourquoi ne peut-on s’en passer ?
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Unification du langage Montrer le consensus autour de la question Comparaisons transversale et longitudinale Grâce aux conventions, on comprend mieux et on peut agir sur la société et l’économie Nommer le problème : le faire exister Quantifier le problème
2. En quoi doivent-elles prendre conscience de leurs limites ? Elles ne sont pas forcément universelles : Comparaisons dans le temps difficiles : modifications des conventions au cours du temps (le calcul du PIB) Comparaisons dans l’espace difficile : toutes les sociétés n’ont pas les mêmes priorités (ex : définition de la pauvreté) Les conventions ne sont pas automatiquement neutres et objectives : Sous-estimation de certaines variables : la non prise en compte de l’activité domestique dans le calcul du PIB Surestimation de certaines variables : la pollution des activités industrielles n’est pas prise en compte Elles peuvent conduire à des choix erronés : Dévalorisation de l’écologie dans le calcul du PIB Prise en compte forte du court terme
Grille d’autoévaluation à partir de la grille d’autoévaluation de Bordeaux Critères de réussite Savoirs
- Production - Production marchande/non marchande - Biens et services - Valeur ajoutée
Compréhension
- Les définitions sont des conventions
A
ECA
NA