Université Lumière (Lyon 2) Département de Sciences du Langage
COURS DE SYNTAXE (maîtrise)
année universitaire 2003-2004 SUR CE COURS
Le cours de syntaxe de maîtrise est une continuation du cours de syntaxe de licence; il reprend en grande partie le matériel du deuxième semestre de licence qui avait été présenté dans une optique de linguistique descriptive afin de rendre compte de la diversité des phénomènes syntaxiques relevés dans les grammaires des langues du monde. Au niveau de la maîtrise, le but du cours est d'approfondir la compréhension de ce matériel en apprenant à manier les concepts de base d'une certaine approche théorique. De nouveaux thèmes et de nouvelles constructions sont aussi introduits pour continuer à illustrer la variété des langues du monde tout en démontrant le fonctionnement de cette approche théorique pour rendre compte des tendances universelles universelles et de cette variété variété même. Ce cours est aussi lié au cours de Language 4 du même niveau de maîtrise (entièrement fait en anglais) dans lequel sont présentés, dans le texte, certains des principaux linguistes qui ont développé ce cadre théorique. Il s'agit principalement donc de présenter au niveau de la maîtrise le travail d'un groupe de linguistes quelquefois appelés les "West Coast functionalists" qui élabore un cadre théorique que l'un d'entre eux, T. Givón, a appelé "grammaire fonctionnelle et typolo typologiq gique". ue". Cette approche à la syntaxe a déjà amplement fait ses preuves comme une stratégie strat égie descrip descriptiv tivee très productive quand il s'agit de faire face au défi de la description de langues du monde peu ou pas décrites. Il semblerait aussi que cette approche au phénomène syntaxique offre une optique très productive dans des contextes de thérapie orthophonique. La démonstration en sera faite par une orthophoniste qui a développé une méthode basée sur cette linguistique, linguistique à laquelle elle avait été exposée dans ces mêmes cours, lors de ses études dans ce département de Sciences du Langage de Lyon2. (Bobillier-Chaumont, I. 2000. Linguistique Fonctionnelle et Handicap Mental: un espace théorique puissant au service de la remédiation des troubles du langage. Mémoire de Maîtrise, SDL, Lyon2.).
Le matériel de ce c e polycopié provient de plusieurs sources: de chapitres d'un polycopié de maîtrise rédigé par Denis Creissels, d'extraits de Riegel, M, J.C. Pellat et R. Rioul 1994 Grammaire méthodique du français. • •
PUF. •
d'exempliers de Colette Grinevald qui rassemblent les concepts essentiels schématisés.
PLAN DU COURS 1. Cadre théorique: sur la grammaire fonctionnelle et typologique. Perspectives théoriques et descriptives. 2. Rôles sémantiques, pragmatiques, syntaxiques et marques morphologiques 3. Cas de variation typologique: génitif, possessif et constructions possessives 4. Le modèle fonctionnel-typologique: une première vue de son application à l'analyse des phrases simples déclaratives affirmatives. 5. Les voix (1): Passif, moyen, réflexif 6. Variation typologique dans l'encodage morphologique des arguments principaux: ergativité et autres systèmes 7. Les voix (2) L'antipassif 8. Les voix (3) L'applicatif L'applicatif 9. La relativisation dans les langues du monde 10. La complémentation
Liste des abréviations utilisées dans les gloses des exemples 1S / 2S / 3S : 1ère / 2ème / 3ème personne du singulier 1P / 2P / 3P : 1ère / 2ème / 3ème personne du pluriel A… : indice se référant à un agent ABL : ablatif ABS : forme absolue du nom AC : marque d'aspect accompli ALIÉN : marque de possession aliénable ALL : allatif APPL : applicatif APSF : antipassif (AUSSI "AP") ASSERT : marque d'assertion AUX : auxiliaire CAUS : causatif CL1, CL2, etc. : classe 1, classe 2, etc. (langues bantoues) CLAS : classificateur CONS : consécutif COP : copule D… : indice de datif DAT : marque de la fonction datif DÉCL : déclaratif DÉF : défini DÉM : démonstratif DÉR : dérivatif DJT : en tswana, marque de forme verbale "disjointe" (qui ne peut être suivie d'aucun complément) ERG : marque du sujet d'une contruction transitive, dans un système de type ergatif ÉVID : marque d'évidentialité EXPL : explétif F(ÉM) : féminin FIN : en tswana, voyelle finale du verbe qui varie selon le tiroir verbal FOC : marque de focalisation FOCSUJ : morphème qui indique la focalisation du sujet FOCCOMP : morphème qui indique la focalisation d'un complément FOCV : morphème qui indique la focalisation du verbe FUT : futur GÉN : marque de la fonction génitif GÉR : morphème de gérondif IMP : imparfait IMPÉR : impératif INAC : marque d'aspect inaccompli INAL : marque de possession inaliénable INDÉF : indéfini INF : morphème d'infinitif INSTR : instrumental INTER : marque d'interrogation JONCT : joncteur LOC : locatif M(ASC) : masculin MIR : miratif
MODPERS : morphème cumulant une indication de mode et une indication de personne MOY : voix moyenne ou médiopassive NÉG : marque de négation NEU : neutre O… : indice d'objet OBJ : marque de la fonction objet OBJDÉF : morphème qui marque à la fois la fonction objet et le caractère défini de l'objet ODÉF : indice d'objet défini OBJIND : objet indéterminé OBL : cas "oblique" (dans une langue comme le kurde, qui a une déclinaison à deux cas) OPT : optatif P… : indice se référant à un patient PART : morphème servant à former un participe PAS : marque de passé PERF : perfectif PL : marque de pluriel POL : marque de politesse POS : positif (par opposition à négatif) POSTP : postposition POT : potentiel PRÉP : préposition PRÉS : présent PRO : pronom PSF : passif (AUSSI "PASS") RÉCIPR : réciproque RÉFL : réfléchi REL : relativiseur, ou marque d'une forme verbale relative S… : indice de sujet SG : marque de singulier SUB : morphème de subordination SUBJ : subjonctif SUBJFUT : subjonctif futur SUBJPAS : subjonctif passé SUJ : marque de la fonction sujet TAM : marque de temps-aspect-mode TOP : marque de topicalisation U/P… : indice se référant à un actant unique ou à un patient, dans un système de type ergatif VALID : validateur VOIX : morphème de voix —> dans les gloses des exemples bantous, un chiffre est parfois placé à l'initiale d'un mot pour indiquer la classe à laquelle appartient ce mot
1 : Mise au point théorique : sur la grammaire fonctionnelle et typologique. Perspectives théoriques et descriptives. (Creissels) 1. Une approche typologique et fonctionnaliste de la syntaxe
Les théories syntaxiques formelles ont tout d'abord comme objectif une description de la syntaxe des langues totalement totalement explicite, ce qui qui implique notamment la possibilité d'exploiter les le s descriptions syntaxiques syntaxiques formelles de de manière relativement relativement directe dans le cadre du traitem traitement ent automatique des langues. L'objectif des théories syntaxiques formelles est en outre de proposer un ensemble de principes d'organisation syntaxique qui prédisent de manière aussi précise que possible, tout en les l es ramenant à un petit nombre nombre de principes généraux, les structures structures syntaxiques identifiées dans les langues qui ont fait jusqu'ici l'objet de description relativement précises. Pratiquement, une approche formelle de la syntaxe n'a de sens que relativement à des langues sur le système desquelles existe déjà une documentation relativement abondante. Ce cours développe une approche typologique de la syntaxe, dont la préoccupation préoccupation central centralee n'est pas de formaliser la description de langues déjà relativement bien connues, mais de rendre compte de la diversité de la structuration syntaxique des langues. Le point de vue typologique implique en premier lieu: – un souci de privilégier l'utilisation l'utilisa tion de notions syntaxiques définies de telle façon faço n qu'il qu'il paraisse raisonnable de penser (dans les limites bien sûr de la documentation disponible) qu'on va pouvoir les retrouver dans toutes les langues; – un souci de mettre systématiquement systématiqueme nt en évidence la distinction entre des aspects de la syntaxe qu'on peut raisonnablement considérer comme universels et d'autres dans lesquels s'observent des variations. L'approche typologique implique aussi d'adopter, au moins jusqu'à un certain point, une approche fonctionnaliste de la syntaxe, c'est-à-dire une approche qui qui considère la structuratio structurationn syntaxique des langues comme le résultat de processus de grammaticali grammaticalisatio sationn conditionnés de manière cruciale par des phénomènes phénomènes discursifs dont l'importance l'importance tient à la fonc foncti tion on communicative du langage. En effet, il s'avère impossible de définir en termes strictement formels des notions syntaxiques universelles susceptibles de constituer la base d'une étude comparée de la structuration syntaxique des langues, et par conséquent, dans une approche typologique de la syntaxe, on ne peut pas éviter de se baser sur des notions dont la définition renvoie explicitement aux seules choses dont on soit à peu près sûr qu'elles soient en gros communes à toutes les langues: ce dont elles permettent de parler, et la façon dont elles permettent d'en parler dans l'interaction communicative. Mais ceci ne signifie nullement qu'on doive considérer comme incompatibles une approche approche typologique et fonctionnelle de la syntaxe et une approche formelle. La position sous-jacente à ce cours est qu'il s'agit plutôt de deux approches complémentaires.
2. Une conception lexicaliste de la syntaxe
Dans l'histoire l'histoire relativement récente de la linguistique linguistique (précisément (précisément vers le milieu du 20ème 20ème siècle) s'est développée développée une tendance à nier la division traditionnelle traditionnelle entre morphologie (étude de la structure interne des mots) et syntaxe (étude de la combinaison des mots en phrases). Cette tendance a en particulier très fortement marqué les premières versions de la grammaire transformationnelle, et les versions suivantes de la grammaire transformationnelle, même si elles ont cessé de défendre des positions aussi radicales, ont continué jusqu'à maintenant d'en porter la trace. Mais à l'heure actuelle, presque toutes les théories syntaxiques sont revenues à une conception "lexicaliste" de la syntaxe, qui est aussi la conception sous-jacente à ce cours. Dans une conception strictement lexicaliste lexicaliste de la syntaxe, syntaxe, les l es règles de syntaxe manipul manipulent ent des mots entièrement formés et sont totalement distinctes des règles qui déterminent les combinaisons de morphèmes dans les limites du mot. Les règles de syntaxe sont bien sûr sensibles à la structure des mots (ce dont on peut rendre compte simplement en considérant qu'à chaque mot, en liaison avec sa composition en morphèmes, sont associés un certain nombre de traits syntaxiques qui déterminent son comportement combinatoire), combinatoire), mais elles ne peuvent peuvent pas la modifier. En d'autres termes, dans une conception lexicaliste de la syntaxe, les règles de combinaison combinaison des morphèmes en mots sont une composante autonome de la structure d'une langue, et il n'est pas possible de faire appel à des règles qui incorporeraient à un mot un morphème traité comme élément autonome dans la construction de la phrase, ou qui ajouteraient à un mot la copie d'un morphème considéré comme appartenant fondamentalement à un autre mot. Par exemple, dans une conception lexicaliste de la syntaxe, il n'est pas possible de rendre compte de l'accord en genre et en nombre nombre entre un nom et un adjectif épithète en considérant c onsidérant que quand le syntagme se forme, l'adjectif se réduit à un lexème, et qu'une règle affecte à l'adjec l'adjectif tif des traits de genre et de nombre identiques à ceux du nom avec lequel il se combine. Il n'est pas non plus possible de considérer (comme le fait la grammaire transformationnelle) que le morphème de temps qu'inclut le verbe dans une phrase comme Les enfants chant-ai chant-ai-ent -ent constitue dans une première étape de la construction de la phrase un élément autonome, qui ultérieurement va former un mot unique avec le lexème verbal. Nous reviendrons à la section 4 sur les avantages qu'il y a à adopter un tel point de vue. 3. Une conception réaliste de la syntaxe
L'adoption d'une conception strictement lexicaliste de la syntaxe est cohérente avec avec l'adoption, l'adoption, d'un point de vue plus général, d'une conception de la syntaxe qu'on peut qualifier de réaliste, réaliste, par opposition à une conception abstraite de la syntaxe dont l'illustration la plus extrême est la grammaire générative chomskyenne. chomskyenne. Défendre une conception réaliste de la syntaxe signifie adopter le principe selon lequel les régularités dans la construction des phrases doivent se décrire par référence aux phrases telles qu'on peut les observer, et non pas comme le résultat de la transformation de structures syntaxiques abstraites dans lesquelles on suppose les éléments de la phrase agencés différemment de ce qu'il est possible d'observer. Cela signifie en particulier s'interdire d'utiliser l'hypothèse de structures syntaxiques abstraites dans lesquelles les mots pourraient être rangés dans un ordre différent de celui qu'il est possible d'observer, ou dans lesquelles des morphèmes liés apparaîtraient détachés du mot dont ils font partie dans la phrase telle qu'on peut l'observer. Cela signifie aussi s'interdire de faire appel, pour expliquer les régularités syntaxiques, à la présence d'éléments "effacés" ou "invisibles" qui, bien que n'apparaissant pas dans les phrases telles qu'on peut les observer, seraient susceptibles d'interagir avec les autres éléments de la phrase exactement comme pourrait le faire un mot concret. c oncret. Il est important dans cette optique de bien réfléchir sur ce que peut impliquer l'usage d'un terme plutôt que d'un autre pour décrire la construction des phrases. Par exemple, dans les analyses syntaxiques, il semble difficile de se passer de la notion de position laissée vide dans la construction d'une phrase ou d'un constituant syntaxique; il semble également difficile de ne pas opérer avec la distinction entre position canonique et position non canonique d'un mot ou d'un constituant. Mais il est important de comprendre que ce sont là des notions qui peuvent être comprises d'un strict point de vue descriptif, et qui n'impliquent pas nécessairement un traitement traitement transformationnel de ces phénomènes. Reconnaître qu'une position dans un schème de construction reste vide au lieu d'être occupée par un mot ou par un constituant constituant n'implique pas nécessairement que le vide résulte de la suppression d'un terme d'une "structure syntaxique sous-jacente", ou que le vide est en réalité occupé par un élément "invisible". "invisible". De même, même, parler de constituant syntaxique en position non canonique n'implique pas nécessairement l'hypothèse d'un déplacement du constituant à partir de la position considérée comme canonique. Les transformationalistes ont consacré beaucoup de leurs efforts à essayer de démontrer l'impossibilité l'impossibilité de formaliser la syntaxe (c'est-à-dire de formuler de manière totalement explicite les règles permettant de générer toutes les phrases grammaticales et rien que les phrases grammaticales d'une langue) sans accepter l'idée que les phrases telles que nous pouvons les observer résultent de la transformation de structures syntaxiques abstraites et incluent des éléments invisibles qui participent à la construction des phrases au même titre que les mots concrets. Mais dans le cadre d'autres théories syntaxiques formelles il a été démontré que tous les phénomènes mis en avant par les transformationalistes à l'appui de l'hypothèse de structures syntaxiques abstraites peuvent se formaliser de façon équivalente (et souvent beaucoup plus simple) en restant dans le cadre d'une conception réaliste de la syntaxe, à condition d'élaborer une théorie suffisamment riche de la description des mots en traits syntaxiques. 4. Illustration: le traitement des phénomènes d'accord
Les phénomènes d'accord (accord sujet-verbe, accord nom-modifieur, etc.) constituent un domaine qui permet particulièrement bien de montrer la différence entre une approche "dérivationnelle", qui considère les combinaisons de mots effectivement observées comme le produit de règles de transformation appliquées à des structures syntaxiques abstraites, et une approche qui s'impose de rendre directement compte des contraintes sur les combinaisons de mots bien formées, sans avoir recours à des structures syntaxiques abstraites.
Les formulations formulations de la grammaire traditionnelle suggèrent une orientation orientation des phénomènes phénomènes d'accord, et donc un traitement des phénomènes d'accord de type dérivationnel. En effet, on ne dit pas traditionnellement que le sujet et le verbe s'accordent, mais plutôt que le verbe s'accorde avec son sujet; on dit de même que l'adjectif épithète s'accorde avec le nom, etc. De telles formulations impliquent que les traits qui donnent lieu à un accord entre deux termes d'une construction appartiennent fondamentalement à l'un des deux termes de la construction (le sujet dans la relation sujet-verbe, le nom dans la relation nom-épithète), et que leur manifestation sur l'autre terme de la construction résulte d'une règle de copie; par exemple, un syntagme "sujet + verbe" avec un accord en nombre entre le sujet et le verbe sera considéré comme ayant une structure profonde Sujet-nb Verbe qu'une règle de copie transforme en Sujet-nb Verbe-nb – ex.(1) (1) français français a. ENFA ENFANT NT-d -déf éf-s -sgg VENI VENIRR-fu futt —> ENFA ENFANT NT-d -déf éf-s -sgg VENI VENIRR-fu futt-sg sg ‘L'enfant viendra’ b.
ENFA ENFANT NT-d -déféf-pl pl VENI VENIR-f R-fut ut —> ENFANT ENFANT-dé -déf-p f-pll VENI VENIR-f R-fut ut-p -pll ‘Les enfants viendront’
Dans une approche non dérivationnelle, on rendra compte du même phénomène de la façon suivante: chaque mot ou syntagme susceptible d'entrer dans une relation syntaxique qui donne lieu à un accord en nombre est affecté d'un trait de nombre qui peut prendre les valeurs sg (singulier), pl (pluriel) ou rester non spécifié (pour les mots ou syntagmes dont la forme à elle seule ne permet pas de spécifier une valeur de nombre, comme par exemple en anglais le groupe nominal the salmon "le(s) saumon(s)" ou la forme verbale swimmed "nagea "nagea / nagèrent"); ceci étant, la construction d'un syntagme syntagme mettant en jeu des phénomènes phénomènes d'accord se caractérise par la contrainte que les deux termes du syntagme ne doivent pas avoir deux spécifications différentes du même trait. (2) français français a.
[l'enfant]sg [viendra]sg : combinaison bien formée
b.
*[l'enfant]sg [viendront]pl : combinaison mal formée
c.
*[les enfants]pl [viendra]sg : combinaison mal formée
d.
[les enfants]pl [viendront]pl : combinaison bien formée
A première vue, l'avantage de l'approche dérivationnelle est de fournir une explication d'un phénomène que l'approche non dérivationnelle se borne à décrire. Mais la question est justement de savoir s'il est raisonnable de chercher une explication purement syntaxique au phénomène de l'accord (c'est-à-dire de voir dans l'accord le résultat de la diffusion de certains traits d'un élément élément de la structure de la phrase à d'autres), ou s'il ne vaut pas mieux s'orienter vers une explication fondamentalement sémantique de l'accord: dans un syntagme donnant lieu à une relation d'accord, certaines informations sur un même référent réfé rent se trouvent répétées sur les deux termes termes du syntagme, ou, plus généralement, réparties entre les deux termes du syntagme. Dans cette optique, on dira par exemple que dans l'ex. (2), les incompatibilités constatées en (b) et (c) s'expliquent par le fait que, dans le système du français, le verbe venir qui représente une action et le sujet qui se réfère à l'agent de cette action doivent tous les deux porter des marques
morphologiques qui spécifient si l'agent de l'action de venir est envisagé comme constitué d'un individu unique ou d'un groupe d'individus. L'inconvénient majeur d'une approche dérivationnelle de l'accord (et donc d'une théorie purement syntaxique de l'accord) est qu'une telle explication ne marcherait vraiment bien que si les traits supposés se diffuser d'un terme A à un terme B d'une construction apparaissaient toujours maximalement spécifiés dans la morphologie du terme A, c'est-à-dire si les informations que livre la morphologie du terme B en ce qui concerne le trait donnant lieu à accord pouvaient toujours être considérées comme redondantes avec des informations présentes sans ambiguïté dans la morphologie du terme A. Mais ce n'est pas toujours le cas, comme on peut le voir à partir de l'ex. (3). (3)
anglais
a. The The whal whalee is is swim swimmin mingg b. The The whale whaless are are swimm swimming ing c. The whale swam
d. The whales swam
e. The The sal salmo monn is is swi swimm mmin ingg f. The The sal salmo monn are are swim swimmi ming ng g. The The sal salmo monn swa swam m Ce que nous observons dans les phrases de l'ex. (3) est que: – en (a/b), la distinctio distinctionn singuli singulier er / pluriel pluriel est marquée marquée à la fois fois sur sur le sujet sujet et et sur le verbe; verbe; – en (c/d), la distinct distinction ion singu singulier lier / pluriel pluriel est marquée marquée sur sur le sujet, sujet, mais pas sur sur le verbe; verbe; – en (e/f), la distinct distinction ion singu singulier lier / pluriel pluriel est marquée marquée sur sur le verbe, verbe, mais pas sur sur le sujet; sujet; – en (g), la distinct distinction ion singulier singulier / pluriel pluriel n'est n'est marquée, marquée, ni ni sur le sujet, sujet, ni ni sur le verbe. verbe. Autrement dit, l'hypothèse de la diffusion du trait de nombre du sujet au verbe permet de rendre compte sans difficulté des phrases (a) à (d), mais pose un problème pour les phrases (e) à (g). Pour les phrases (e) et (f), l'hypothèse d'une diffusion du trait de nombre du sujet au verbe oblige à admettre qu'il n'y a pas en anglais un nom salmon "saumon(s)" non marqué pour le nombre, mais deux homonymes, salmon et salmon-PL, avec une marque de pluriel invisible qui gouverne néanmoins l'accord du verbe. Le problème est en un certain sens encore plus grave avec la phrase (g), puisque dans ce cas, il n'y a même pas la possibilité d'observer dans le verbe une marque de nombre qui pourrait être analysée comme la manifestation indirecte d'une marque de pluriel invisible qu'on suppose portée par le nom sujet. Observons aussi les données suivantes sur l'accord en personne entre sujet et verbe en espagnol: (4)
espagnol
a.
Nosotros somos jóvenes nous être.S1P jeunes ‘Nous, nous sommes jeunes’
b.
Vosotros
sois
muy amables
vous être.S2P trèsaimables ‘Vous, vous êtes très aimables’
c.
Ellos son eux
muy simpáticos
être.S3P trèssympathiques
‘Eux, ils sont très sympathiques’
d.
Somos jóvenes être.S1P jeunes ‘Nous sommes jeunes’
e.
Sois
muy amables
être.S2P trèsaimables ‘Vous êtes très aimables’
f.
S on
muy simpáticos
être.S3P trèssympathiques ‘Ils / elles sont très sympathiques’
Dans les phrases (a) à (c) de l'ex. (4), il n'y a aucune difficulté à parler d'accord en personne au sens de copie sur sur le verbe d'une partie de l'information livrée par le sujet. Par contre, contre, les phrases (d) à (f) ne comportent aucun sujet, et la seule façon de maintenir l'idée que les marques de personne du verbe lui sont imposées par son sujet consiste à admettre l'existence d'un sujet "invisible" ou "effacé" capable d'intervenir dans les mécanismes syntaxiques exactement comme un mot concret. Une difficulté supplémentaire apparaît avec les phrases (g) à (i), qui à la différence des phrases (d) à (f) comportent un sujet, mais dans lesquelles le verbe manifeste des possibilités de variation en personne indépendantes du groupe nominal en fonction de sujet. Ici encore, la seule façon de sauver l'idée que les marques de personne du verbe lui sont imposées par son sujet consiste à admettre que le "véritable" sujet n'est pas celui qui se voit, mais plutôt un pronom invisible par rapport auquel le sujet apparent constitue une sorte d'apposition. En résumé, la conception de l'accord comme copie de traits d'un terme d'une construction sur un autre, qui à première vue semble fournir une explication à la fois simple et élégante du phénomène, conduit nécessairement à postuler des structures syntaxiques abstraites incluant notamment des éléments "invisibles" dont la seule justification est précisément de permettre de rendre certaines données compatibles avec une hypothèse sur le fonctionnement des mécanismes syntaxiques. En effet, si on ne décide pas d'orienter les mécanismes d'accord et qu'on considère plutôt que les mots ou groupes de mots impliqués dans un mécanisme d'accord partagent certains traits qui ont la particularité de renvoyer à un même référent, il n'y a plus aucune nécessité d'avoir recours à des mots ou morphèmes invisibles pour décrire les mécanismes d'accord. Par exemple, la particularité des langues langues qui ont un accord sujet-verbe est que certaines informations concernant l'un des arguments du prédicat verbal apparaissent dans la morphologie verbale même; selon les langues, il peut arriver que l'argument en question soit en outre nécessairement représenté par un mot ou groupe de mots (le sujet), et dans ce cas il est possible que l'information présente dans la morphologie verbale apparaisse comme redondante avec des informations spécifiées au niveau du mot ou groupe de mots en fonction de sujet, mais les situations où ce n'est pas le cas n'ont pas à être considérées comme des situations exceptionnelles dont l'explication nécessiterait le recours à des structures syntaxiques abstraites.
2. Rôles sémantiques, pragmatiques, syntaxiques et encodage syntaxique et morphologique
Voir dans le polycopié de SYNTAXE de LICENCE de Denis Creissels: Leçon 13: Rôles discursifs, sémantiques et syntaxiques des termes nominaux de l'unité phrastique Leçon 14: Sujet, objet, datif, obliques ob liques Leçon 15: Typologie Typolog ie des manifestations des fonctions fonc tions sujet et objet ****************************************************
Extraits de "Grammaire méthodique du français" M. Riegel, J.C. Pellat, R. Rioul. PUF 1994. pp 121-134
(Voir supplément de lecture)
3 Cas de variation typologique: génitif, possessif et constructions possessives (CREISSELS) 1. Distinctions de type "aliénable / inaliénable" dans la construction du syntagme génitival ou dans la forme des possessifs
Le syntagme génitival a été défini comme syntagme qui combine un nom tête du syntagme syntagme avec un constituant nominal en fonction de modifieur et qui spécifie de manière minimale la nature de la relation entre les référents des deux noms. Mais spécification minimale ne veut pas forcément dire absence totale de spécification. Il peut arriver que le syntagme génitival signifie seulement que le référent référe nt du constituan constituantt nominal dans lesquels s'insère le génitif est un élément de la sphère personnelle du référent du génitif, ou plus généralement que l'énonciateur considère que la relation entre les référents du génitif et du nom qu'il détermine peut s'assimiler à la relation entre un individu et un élément de sa sphère personnelle. C'est le cas extrême, dans lequel la spécification de la relation entre les référents se réduit à zéro. On peut l'illustrer par la construction N1 de N2 du français standard (c'est-à-dire d'une variété de français dont une caractéristique est d'ignorer la possibilité de construire le syntagme génitival comme N1 à N2). Mais dans d'autres cas, la spécification de la relation sous-jacente à la construction du syntagme génitival, bien que minimale, n'est pas totalement nulle. Autrement dit, il peut arriver que certains traits de la relation entre les référents du génitif et du nom qu'il détermine se manifestent dans le choix entre plusieurs constructions possibles du syntagme génitival. Un cas assez fréquent est que la construction du syntagme génitival soit sensible à la distinction animé / inanimé, sans faire par contre de différence entre les trois ensembles prototypiques de relations qui structurent la sphère personnelle, comme en français parlé – ex.(1). (1) français français parlé parlé a.
la tête à Jean
b. la sœur sœur à Jea Jeann c.
la voiture à Jean
d. le toit toit de / *à la la mais maison on e.
la fin de / *à l'hi l'hist stoi oire re
f.
le pr propriét iétaire aire de / *à la la voiture
Mais la situation la plus courante dans les langues qui ont plusieurs possibilités de construire le syntagme génitival ou plusieurs jeux de possessifs, qui a plus particulièrement particulièrement attiré l'attention l'attention des linguistes, est celle de langues dans lesquelles la construction utilisée lorsque le nom déterminé représente un objet que le référent du génitif a à sa disposition est différente de celle utilisée lorsque le nom déterminé représente une partie du corps ou un parent du référent du génitif – à l'exception parfois d'objets qui ont une relation particulièrement intime avec la personne qui les utilise, au point de pouvoir être traités comme les noms de parties du corps dans la construction du syntagme génitival. Par exemple, en bambara – ex. (2), le morphème de génitif ka doit être utilisé lorsque le nom déterminé représente un objet que le référent du génitif a à sa disposition, mais ne peut pas s'utiliser lorsqu'il représente une partie du corps ou un parent du référent du génitif. (2)
bambara
a.
Seku bolo Sékou Sékou bras bras ‘le bras de Sékou’
b.
Seku dògòmuso Sékou sœur+ca sœur+cadett dettee ‘la sœur cadette de Sékou’
c.
Seku ka mu m uru Sékou GEN couteau ‘le couteau de Sékou’
Le sikuani – ex. (3) – illustre le cas d'une langue qui ne fait pas de différence dans la construction proprement dite du syntagme génitival, mais dans laquelle le même type de distinction intervient dans le choix entre deux jeux de possessifs. (3)
sikuani
a.
les possessifs ta- / ne- / pe- / wa- (possession inaliénable) ta-ena ne-taxu pe-tobene wa-ame
‘ma mère’ ‘ton pied’ ‘sa queue’ ‘notre belle-mère (inclusif)’
b. les les posse possess ssif ifss taha- / niha- / piha- / waha- (possession (possession aliénable) taha-bitsabi niha-nawa piha-hera waha-bo
‘mon arc’ ‘ton vêtement’ ‘sa pirogue’ ‘notre maison (inclusif)’
c. syntagme syntagme génitival génitival avec avec marques marques de possessio possessionn inaliénable inaliénable Kada Kadawa wako ko pe-x pe-xün ünato ato
Kadawako INAL3S-fils ‘le fils de Kadawako’
d. syntagme syntagme génitival génitival avec avec marques de possess possession ion aliénable aliénable siku sikuan anii piha piha-n -nak akua ua Sikuani ALIEN3S-territoire ‘Le territoire des Sikuanis’
Dans de tels cas, on dit usuellement qu'on a affaire à une distinction selon que la possession est de type aliénable ou de type inaliénable. Dans l'exemple bambara et dans l'exemple sikuani, la construction "inaliénable" apparaît à la fois pour se référer à la relation entre un individu et les parties de son corps et pour se référer à la relation entre un individu et les membres de sa famille. Mais on rencontre aussi des langues qui utilisent une construction spéciale, ou des possessifs spéciaux, seulement lorsque le nom déterminé est un terme de parenté, la relation entre un individu et les parties de son corps étant par contre traitée de la même façon que la relation entre un individu et les objets qu'il a à sa disposition – ex. (4). (4)
tswana
a.
thipa
ya
Kitso
9couteau GEN.CL9 1Kitso ‘le couteau de Kitso’
b. thip thipaa
ya
gagw gagwee
9couteau GEN.CL9 1PRO ‘son couteau’
c.
tlhogo ya
Kitso
9tête GEN.CL9 1Kitso ‘la tête de Kitso’
d. tlhog tlhogoo ya
gagw gagwee
9tête GEN.CL9 1PRO ‘sa tête’
e.
mma-agwe 1mère-PCL1 ‘sa mère’
f.
mma-agwe Kitso 1mère-PCL1 1Kitso ‘la mère de Kitso’
Plus généralement, il est important de ne pas perdre de vue que le sens technique que les linguistes donnent donnent à aliénable / inaliénable veut veut seulement dire que le traitement traitement grammatical grammatical des relations entre un individu et les objets qu'il a à sa disposition disposition (au moins ceux avec lesquels le squels il n'a pas une relation particulièrement intime) est nécessairement différent du traitement des relations entre un individu et les parties de son corps, ou entre un individu et les membres de sa famille.
Cette définition ne résout pas le problème de la nature sémantique précise de cette distincti distinction, on, c'est-à-dire le problème de dégager un trait sémantique ou un ensemble de traits sémantiques qui permette de prédire aussi exhaustivement que possible son fonctionnement, et rien n'assure a priori que la solution de ce problème doive être la même dans toutes les langues où on observe ce type de distinction. En particulier, il serait faux de penser que l'usage technique du terme d'aliénable / inaliénable implique que dans toutes les langues où se manifeste ce type de distinction, les emplois respectifs des deux constructions ou des deux séries de possessifs soient toujours cohérents avec la signification d'aliénable / inaliénable dans le langage ordinaire. En fait, le choix grammatical pour lequel les linguistes utilisent les termes d'aliénable / inaliénable ne peut jamais être prédit de manière exhaustive en se basant sur une distinction générale entre relations qui peuvent ou non se défaire sans le consentement du possesseur. Par exemple, il n'a jamais été signalé de langue qui marque une distinction obligatoire entre mon livre au sens de "le livre que je possède" et mon livre au sens de "le livre dont je suis l'auteur", ce qui devrait être le cas si l'emploi technique du terme d'aliénable / inaliénable coïncidait avec son emploi dans le langage ordinaire, car la relation entre un livre et son auteur est typiquement une relation qui ne peut en aucune manière être défaite. 2. Noms "obligatoirement possédés" et noms qui changent de forme en présence d'un possessif ou d'un modifieur génitival
Certains noms, en vertu de leur signifié, sont prédisposés à se combiner avec des génitifs ou des possessifs. Le cas extrême est celui qu'illustrent les termes de parenté, dont la définition implique une relation entre deux personnes. Il y a des langues (c'est notamment le cas de la plupart des langues d'Europe) dans lesquelles n'importe quel nom, même s'il a un sens relationnel, peut au moins dans certains contextes apparaître sans modifieur génitival ni possessif. Mais dans d'autres (par exemple en hongrois) il existe un ensemble plus ou moins important de noms relationnels qui existent seulement à la forme possessive. Il y a aussi des langues où certains noms de sens relationnel doivent s'ajouter un morphème spécial pour pouvoir apparaître sans modifieur génitival ou possessif; inversement, on trouve dans certaines langues une classe de noms qui doivent s'adjoindre un morphème spécial avant avant de pouvoir se combiner avec un possessif ou un génitif. Par exemple, en k'ichee', les noms combinés à un modifieur génitival présentent des préfixes possessifs qui varient en personne et nombre, et c'est le même jeu de préfixes qui s'emploie avec n'importe quel nom, avec seulement des variations de type morphophonologique (par exemple, exemple, le préfixe de 3ème personne du singulier est u- devant consonne et r- devant voyelle). (5a) illustre le cas de noms "invariables", qui apparaissent toujours à la même forme, qu'ils soient combinés ou non à un préfixe possessif. (5b) illustre le cas de noms "nécessairement possédés", qui ne peuvent pas s'employer sans préfixe possessif. Mais il y a aussi en k'ichee' trois sous-ensembles de noms dont la terminaison change selon qu'ils prennent ou non un préfixe possessif: – noms qui en présence présence d'un préfixe possessif possessif présentent présentent des changements changements dans la voyelle voyelle de leur dernière syllabe – ex. (5c); – noms noms qui exigent l'adjonction l'adjonction d'un suffixe pour pouvoir pouvoir prendre des préfixes possessifs – ex. (5d); – noms noms qui exigent l'adjonction l'adjonction d'un d'un suffixe suffixe pour pour pouvoir pouvoir apparaître apparaître sans préfixe préfixe possessif – ex. (5e). On remarquera la difficulté à trouver une cohérence sémantique dans cette répartition des noms du k'ichee' en plusieurs sous-ensembles selon leur comportement avec les possessifs; en particulier, des noms de parties du corps se rencontrent dans les trois sous-ensembles (b), (d) et(e).
(5)
k'ichee'
a.
wuuj poop
b.
*xaaq *kotz'ijaal *aa' *ija'liil
c.
kinaq' pwaq
‘haricots’ ‘argent’
d.
b'aaq kik' ib'och' ixoq
‘os’ ‘sang’ ‘veine’ 'femme’
e.
teleb'-aaj ‘épaules’ ‘pantalon’ wex-aaj ‘tête’ jolom jolom-aaj aaj
‘papier’ ‘natte’
u-wuuj u-poop
'son papier’ 'sa natte’
u-xaaq u-kotz'ijaal r-aa' r-ija'liil
'sa feuille’ 'sa floraison’ 'sa jambe’ 'son origine’
u-kinaaq' u-pwaaq
'ses haricots’ 'son argent’
u-b'aq-iil 'son os’ u-kik'-eel 'son sang’ r-ib'och'-iil 'sa veine’ r-ixoq-iil 'son épouse’ u-teleb' u-weex u-joloom
'ses épaules’ 'son pantalon’ 'sa tête’
De tels phénomènes semblent particulièrement répandus dans les langues amérindiennes, mais on les trouve aussi dans certaines langues africaines. Par exemple, on a recensé en nzéma environ 80 noms qui nécessitent l'addition d'un suffixe pour pouvoir apparaître sans modifieur génitival ni possessif; les trois quarts de ces noms se réfèrent à des parties du corps, les autres se réfèrent à des relations de parenté ou à des relations de localisation. On peut relever dans de tels cas le caractère iconique de la morphologie: la forme la plus longue du nom est aussi la plus complexe sémantiquement au sens où elle implique l'annulation d'un trait inhérent au signifié du nom. 3. Les phrases possessives
On qualifie couramment de "possessives" les constructions qui expriment le rattachement d'une entité (le "possédé") à la sphère personnelle d'un individu (le "possesseur") – cf. cours de licence. Dans le syntagme syntagme génitival, la référence à ce type de relation sert sert à restreindre l'ensemble des référents potentiels d'un nom. Le terme de phrase possessive est utilisé ici pour désigner des phrases du type J'ai une maison , typiquement utilisées pour informer sur la présence d'un certain type d'entité dans la sphère personnelle d'un individu connu; ce type de phrase est à distinguer du type illustré par Cette maison est à moi , qui se réfère aussi à une relation de possession, mais qui sert typiquement à informer sur l'appartenance l'apparte nance d'une entité préalablem préalablement ent identifiée à la sphère personnelle d'un possesseur. 3.1. Phrases possessives dans lesquelles le possesseur et le possédé sont traités de la même manière que l'agent et le patient dans les phrases dont le noyau prédicatif est un verbe d'action
Dans certaines langues, les phrases possessives ont comme noyau prédicatif un verbe transitif (comme avoir en français) construit avec un sujet qui représente le possesseur et un objet qui représente le possédé. Ceci peut s'expliquer en prenant en considération que la relation de possession résulte dans une partie des cas au moins d'un processus actif d'acquisition: les verbes de possession se développent en effet souvent à partir de verbes dont le sens originel se réfère à un processus d'acquisition plus ou moins concret ( saisir, obtenir, gagner ) ou à son résultat (tenir, porter). Par exemple, dans les langues indo-européennes: – le verbe verbe de possession qui s'est dévelop développé pé en latin latin ( habere), issu d'une racine reconstruite avec le sens de "saisir", est apparenté à des noms des langues de l'Inde qui signifient "bras" ou "main", ainsi qu'au le verbe tchèque chopiti "saisir"; – le verbe de possession qui s'est développé dans les langues slaves (serbocroate: imati) provient d'une autre racine indo-européenne indo-européenne reconstruite avec le sens de "saisir", qui a donné par exemple en latin emo "prendre", "acheter"; – le verbe verbe de possess possession ion qui qui s'est développé développé dans les langues germaniques germaniques (allemand (allemand:: haben) provient de la même racine indo-européenne que le verbe latin capio "prendre"; – le verbe de possession possessi on qui s'est développé dévelop pé en grec ( exo ) provient d'une racine indoeuropéenne reconstruite avec le sens de "maintenir", et est apparenté par exemple au verbe allemand siegen "vaincre"; – le verbe de possession possessi on qui s'est développé dévelo ppé dans les langues langue s iraniennes irani ennes (persan: (pers an: dar da r) provient d'une autre racine indo-européenne reconstruite avec le sens de maintenir", et est apparenté par exemple au nom français frein. Ce type d'expression de la possession n'est pas le plus commun dans les langues du monde. Toutefois, il est beaucoup moins rare que ce qui a été parfois affirmé; contrairement à ce qu'ont prétendu certains indo-européanistes, le développement de verbes de possession qui assimilen assimilentt plus ou moins la relation de possesseur à possédé à une relation d'agent à patient s'observe largement en dehors de la famille indo-européenne, et il n'est pas raisonnable de faire l'hypothèse d'une relation entre cette évolution linguistique et certains changements sociaux. Par exemple, le bambara, comme la plupart des dialectes de la langue mandingue, exprime la possession au moyen d'une structure phrastique de type locatif, et a par ailleurs un verbe verbe transitif sòrò qui signifie spécifiquement "obtenir", "gagner", et qu'il ne serait pas correct de considérer comme un verbe de possession – ex. (6); mais en mandinka, ce même verbe (qui a en mandinka la forme soto), tout en maintenant son sens originel d'acquisition, a acquis en plus la possibilité d'exprimer n'importe quelle relation d'appartenance d'une entité (syntaxiquement traitée comme l'objet du verbe soto) à la sphère personnelle du référent du sujet – ex. (7).
(6)
bambara
a.
Sin tè
sa la
patte ne+pas+être serpentà ‘Le serpent n'a pas de patte’
b.
Wari bè Seku bolo argent argent êtreSé êtreSékou kou en+posse en+possessio ssion+de n+de ‘Sékou a de l'argent’ (bolo existe aussi comme nom, au sens de ‘main’)
c.
Seku ye ye
wari
sòrò
Sékou AC.POS argent argent gagn gagner er ‘Sékou a gagné de l'argent’
(7)
mandinka
a.
Saa
mang ssiing soto
NEG patte avoir serpentAC.NEG ‘Le serpent n'a pas de patte’ (étymologiquement ‘n'a pas obtenu de patte’)
b. Seeku ye
kodoo soto
Sékou AC.POS argent argent avoir/g avoir/gagn agner er 1. ‘Sékou a de l'argent’ 2. ‘Sékou a gagné de l'argent’
3.2. Phrases possessives dans lesquelles le possédé est traité comme le terme localisé dans des phrases qui expriment la localisation d'une entité relativement à un point de référence spatial, ou la présence d'une entité en un lieu
Dans la plupart des langues, l'expression de la possession met en jeu des structures phrastiques qui assimilent plus ou moins la possession à la localisation du possédé relativement à un point de référence spatial, ou à la présence du possédé en un lieu. On peut distinguer plusieurs sous-types selon le traitement précis du possesseur, comme le montrent les gloses des ex. (8) à (12). (8) finnois finnois Miko-l Miko-llaon laon kirja kirja Mikko-surêtre.S3S livre ‘Mikko a un livre’
(9)
arabe
‘and-î
daftar
chez-moi cahier ‘J'ai un cahier’
(10) irlandais Tá
airgead ag
an bh b hfear
être.S3S argent argent près près+d +dee ‘L'homme a de l'argent’
DEF DEF
(11) gallois Y mae llyfr gan Mair être.S3S livre avec Mair ‘Mair a un livre’
(12) letton
homme
BrÇlim être.S3S motocikls frère.DAT est moto ‘Mon frère a une moto’
Dans la variante illustrée par le hongrois, le turc et le nahuatl – ex. (13) à (15), le possédé prend un affixe possessif qui se réfère réf ère au possesseur. (13) hongrois János-nak van
pénz-e
János-DATêtre.S3S argent-P3S ‘János a de l'argent’
(14) turc Müdür-ün
otomobil-i var
directeur-GEN voiture-P3S être.S3S ‘Le directeur a une voiture’
(15) nahuatl Onca Oncatê tê no-p no-pil il-h -huÇ uÇnn être.S3P P1S-enfant-PL ‘J'ai des enfants’
Le japonais illustre encore une autre variante de ce type, dans laquelle le possesseur est présenté comme le topique d'une prédication existentielle – ex. (16). (16) japonais japonais a.
Inu-wa
niwa-ni
imasu
chien-TOP jardin-LOC TOP jardinLOC être ‘Le chien est dans le jardin’
b. Niwa-ni inu-ga
imasu
SUJ être jardin jardin-LOCchien-SUJ ‘Il y a un chien dans le jardin’
c.
Michiko-wa
inu-ga
imasu
Michiko-TOP chien-SUJ être ‘Michiko a un chien’ (litt. ‘Quant à Michiko, il y a un chien’)
3.3. Phrases possessives dont le sens littéral est que le possesseur est accompagné du possédé, ou pourvu du possédé
Dans ce type de phrase possessive, particulièrement commun dans les langues africaines, afr icaines, le possédé apparaît généralement combiné à une adposition (ou à un affixe de cas) de sens comitatif, comme dans l'ex. swahili (17).
(17) swahili Hamisi a-na
watoto wawili
Hamisi SCL1-avec 1-avec enfantsdeux enfantsdeux ‘Hamisi a deux enfants’ (litt. ‘est avec deux enfants’)
On peut considérer comme variantes de ce type: – les phrases possessives de structure équative ou attributive dans lesquelles le possédé est exprimé au moyen d'un nom ou adjectif dérivé qui signifie "pourvu de N" – ex. (18) & (19); (18) quechua (Ayacucho-Chanca) Qollqe-yoj
ka-ni
argent-pourvu+de argent-pourvu+de être-S1S ‘J'ai de l'argent’
(19) nahuatl Ni-cal-ê S1S-maison-pourvu+de
‘J'ai une maison’
– les phrases possessives dont le noyau prédicatif prédicatif est un verbe verbe dérivé dérivé qui signifie signifie "avoir "avoir N", avec le nom du possesseur en fonction de sujet – ex. (20). (20) esquimau a.
Ikinnguti-qar-puq ami-avoir- S3S ‘Il a des amis'
b. Angut taanna atursinnaanngitsu-nik
qimmi-qar-puq
homme celui-là qui+ne+vaut+rien-INSTR.PL chien-avoir-IS3S ‘Cet homme a des chiens qui ne valent rien’
4. La "possession externe" 4.1. Le phénomène en français
La comparaison entre langues met en évidence un phénomène fréquent de concurrence entre constructions qui incluent un constituant nominal en fonction de génitif (ou un possessif) et des constructions qui ont le même sens dénotatif, mais dans lesquelles le constituant nominal en question apparaît comme argument du verbe en fonction de noyau prédicatif (ou dans lesquelles au possessif correspond un indice pronominal rattaché au verbe en fonction de noyau prédicatif – ex. (21). (21) anglais / français a.
My legs legs are are brok broken en
/ J'ai J'ai les les jamb jambes es cas cassées sées
b.
My back is sweating a lot
/ Je transpire beaucoup du dos
a.
They washed his head
/ Ils lui ont lavé la tête
On trouve aussi des couples de constructions de sens dénotatif identique tels que dans l'une des deux constructions, constructions, un référent apparaît seulement comme argument du du verbe en fonction de noyau prédicatif, alors que dans l'autre construction, il apparaît en plus comme génitif ou possessif – ex. (22) &(23). (22) français français / espagnol espagnol a.
On m' m'a vo volé mo mon po portefeuille
/ Me Me ha han ro robado la la ca cartera litt. ‘On m'a volé le portefeuille’
b. J'ai ma voiture en panne
/ Se me ha descompuesto el coche litt. ‘La voiture m'est tombée en panne’
(23) anglais / français I clo closed sed my eyes eyes
/ J'ai J'ai ferm ferméé les les yeu yeux
Dans de tels cas, sans qu'on puisse toujours donner des règles strictes qui excluent l'une des deux possibilités, il apparaît toutefois nettement que certaines langues tendent à préférer les constructions où apparaissent les génitifs ou les possessifs, alors que d'autres tendent à éviter l'emploi de génitifs ou possessifs. L'anglais est ainsi un cas typique de langue qui tend à utiliser systématiquement génitifs et possessifs, alors que les langues romanes tendent au contraire à les éviter. Dans les langues romanes, la tendance à éviter l'usage de génitifs ou possessifs est par exemple plus forte en occitan, en espagnol ou en italien qu'en français, et c'est en roumain que cette tendance atteint son degré extrême – ex. (24). L'important est donc d'observer que les variations d'une langue à l'autre n'ont rien d'aléatoire. Elles renvoient de manière évidente au même type de distinctions sémantiques que la construction du syntagme génitival dans les langues qui ont dans la construction du syntagme syntagme génitival une distinction du type "aliénable / inaliénable": la tendance à éviter l'emploi de génitifs ou possessifs est d'autant plus forte qu'on se réfère à une relation intime. En particulier, la tendance à éviter l'emploi de génitifs ou possessifs est maximale dans le cas de la relation entre une personne et une partie de son corps. 4.2. "Montée du possesseur" dans la littérature
Les termes de "possession externe" (external possession) et de "montée du possesseur (possessor raising) se rencontrent couramment dans la littérature récente pour se référer à des constructions incluant deux termes (constituants nominaux, pronoms ou indices pronominaux) pronominaux) avec les caractéristiques suivantes: suivantes: (a) sémantiquement, l'entité à laquelle se réfère l'un des deux termes peut être considérée comme appartenant à la sphère personnelle de l'entité à laquelle se réfère l'autre terme; (b) syntaxiquement, ces deux termes ne constituent pas un syntagme génitival, mais deux termes reliés de manière indépendante au noyau prédicatif de l'unité phrastique. Le terme de "montée du possesseur" renvoie au traitement de ce phénomène en grammaire transformationnelle: dans la "structure profonde", le possesseur est considéré comme en
position de génitif à l'intérieur du constituant nominal qui se réfère au possédé, et une transformation le fait "monter" à une position d'argument du noyau prédicatif. Les termes de "possession externe" et encore plus de "montée du possesseur" ont comme inconvénient de suggérer que la situation "normale" (qui est comme par hasard celle de l'anglais) est la situation dans laquelle une entité qui peut être considérée comme c omme possesseur d'une autre entité apparaît dans la phrase comme génitif (ou possessif), quel que puisse être son rôle dans l'événement ou situation auquel se réfère la phrase et quelles que puissent être ses relations avec les participants autres que le possédé. En adoptant une telle position, on oublie qu'une phrase n'est pas le reflet direct de la situation qu'elle décrit, mais plutôt le reflet d'une des conceptualisations possibles de cette situation. Chaque situation est susceptible de plusieurs types de conceptualisation, et si les locuteurs d'une langue donnée tendent généralement à préférer un type plutôt que les autres, il n'y a aucune justification à adopter une position qui implique en fait de considérer que les conceptualisations qui se reflètent dans les constructions syntaxiques de l'anglais soient plus "naturelles" que celles qui se reflètent dans les constructions syntaxiques d'une langue romane ou d'une quelconque langue africaine ou amérindienne. Dans le cas qui nous intéresse ici, l'important est que dans la réalité, il n'y a en fait aucune distinction tranchée entre entités qui participent à l'événement que dénote un verbe et entités qui ne participent pas mais sont dans des relations de type possessif avec les participants. Bien au contraire, de l'appartenance d'une entité A à la sphère personnelle d'un individu B découle toujours la possibilité de considérer B comme plus ou moins concerné par les événements où A est directement impliqué. Dans de tels cas, il n'est pas correct de décider a priori de considérer comme plus "naturelle" la solution de de traiter B comme génitif (laissant ainsi implicite son rôle de bénéficiaire ou ou détrimentaire détrimentaire dans dans l'événement l'événement que que dénote le verbe) ou la solution de traiter B comme argument du verbe (laissant ainsi implicite son statut de possesseur relativement à un autre participant). Sémantiquement, il est important de souligner que, bien que les paires de phrases considérées ici puissent être considérées comme dénotativement équivalentes (elles peuvent servir à décrire les mêmes situations, ou si on préfère, elles ont les mêmes conditions de vérité), ce serait une erreur de les considérer comme totalement équivalentes. Et on peut dire que lorsque la norme de la langue exclut l'une des deux possibilités, elle perd la possibilité d'exprimer de manière simple des nuances sémantiques qu'il est facile de mettre en évidence en observant des cas où les deux constructions sont possibles. Par exemple, les phrases espagnoles (24a) & (24b) ont le même sens dénotatif "Ses yeux se remplirent de larmes", mais les conceptualisations différentes qu'elles reflètent suggèrent des distinctions sémantiques qui peuvent avoir leur importance dans le processus de communication. communication. La phrase (24b) souligne la participation de la personne à laquelle se réfère l'indice de datif de troisième personne, et suggère ainsi une relation entre les larmes et un sentiment ou une sensation qu'éprouve la personne dont les yeux s'emplissent de larmes. Par contre, (24a) suggère l'absence de participation directe de la personne représentée par le possessif. Normalement, une personne qui pleure le fait sous l'effet d'un sentiment ou d'une sensation, ce qui fait que la phrase (24a) est assez peu usuelle, mais elle devient parfaitement normale si par exemple on parle d'une personne sous anesthésie, qu'on est en train d'opérer des yeux, et dont les yeux s'emplissent de larmes de façon totalement mécanique sous l'effet l'eff et de l'intervention qu'elle subit.
(24) espagnol a.
Sus ojos se lle llennaron ron de lág lágrrimas imas litt. ‘Ses ‘Ses yeux se remplirent de larmes’
b. Los ojos ojos se se le llenaron llenaron de de lágrimas lágrimas litt. ‘Les yeux se lui remplirent de larmes’
4
Le modèle fonctionnel-typologique: une première vue de son application à l'analyse des phrases simples (déclaratives (déclar atives affirmatives) affirm atives) (Grinevald)
1. Schémas actanciels (d'après LAZARD L'Actance. chap. IV Les classes de verbes.)
Formule purement formelle de "constructions" qui tient compte des actants obligatoires: •
•
majeurs V + 1 schéma mono-actanciel V + 2 ¨ ¨ bi-actanciel -------mineurs V + Ø schéma sans actant V + 3 schéma tri-actanciel
1.1. Classes majeures de verbes: •
V + 1 : Uniactanciel,
INTRANSITIF (1 = "sujet")
-classe peu homogène. -cas des systèmes "actifs" (dual) -verbes dits "inaccusatifs" (avoir dormi/être mort avoir travaillé/être arrivé) •
V + 2 : Bi-actanciel Bi-actanciel
"objet") TRANSITIF (1 = "sujet", 2 = "objet")
-la majorité des verbes du français -prototype: verbe d'action avec agent et patient -variation sémantique des sujets (1) exemple exemple de transi transitif tif non protot prototypi ypique que;; verbe verbe un chien
a. N O M
b. par/à chien c. de chien d. à chien
voit
VOIR: VOIR: 1 = expé expérien rienceur ceur / "sujet "sujet " 2 = patient(thème) / "objet"
un évêque
ACC (à) l'évêque à évêque de évêque
-sous-classe de verbes à objet direct optionnel -verbes à objet objet "interne" (chanter une chanson) chanson) "cognate objects" objects" 1.2. Classes mineures de verbes •
V + Ø/1 vide Uni-actanciel
IMPERSONNEL (1 ='sujet')
(2) Espagnol v+Ø
a. llueve, nieve b. hace calor/frío c. va va/anda mal
Français
v+1
il pleut, il neige il fait chaud/froid ça va mal
Verbes "a "affectifs" V+2 V+2 Bi-actanciel mais sujet pas marqué morphologiquement comme un sujet •
(3) Espagnol a. me
gusta el chocolate 1/ACC aime le chocolat 'J'aime le chocolat'
b. no
le gustan las manzanas NEG 3/ACC aime:PL les pommes 'il n'aime pas les pommes'
( 4)
Hindi hameN angrezi: a:ti: hai 1PL: 1PL:DA DAT T angl anglai aiss vena venant nt:s :sg: g:F F AUX: AUX:3s 3sgg 'nous connaissons l'anglais'
( 5)
Bengali aamaa-r tomaa-ke bhaalo laag-e 1sg-G 1sg-GEN EN 2sg-A 2sg-ACC CC bon affe affect cter er-3 -3sg sg je 'je t'aime t'aime bien' (lit= à moi te concernant il (impers) fait bonne impression)
(6) Persan az in film film xoSxoS-am am âmad âmad Prép ce film agréable-moi venir:PAS:3sg 'j'ai aimé ce film' •
Verbestri-actanciels: "DITRANSITIFS " (1 = sujet, 2/3 = objet/objet indirect ou objet1/objet2)
(7) Anglais/Français : 2 = patient/objet, 3 = destinataire/objet indirect I gave the book to Mary
j'ai donné donné le le livre livre à Marie Marie (8)
Fran Franççais/ ais/An Ang glais lais : 2 = destinataire/objet, 3 = patient/oblique pourvoir quelqu'un
provide
de quelque chose
somebody with something
(9) Tarahumara : 2 et 3 = objets1 & 2 a. siríame siríame muni muni go'á go'áre re chef haricot manger manger 'le chef mangea des haricots' b. siríame
muni áre
muki
chef haricot donner femme 'le chef donna des haricots à la femme'
2. Les rôles sémantiques des arguments. •
Rôles prototypiques des arguments principaux: agent instigateur d'une action expé expéri rien entt enti entité té qui qui se tro trouv uvee dans dans un cert certai ainn éta étatt psy psych chol olog ogiq ique ue patient entité qui subit une action bénéficiaire bénéficiaire entité qui tire profit profit d'une action instru instrumen mentt ce qui rend rend possib possible le une action action locatif lieu où se déroule un événement, lieu où est située une entité but ce vers quoi quelque chose ou quelqu'un se déplace ou est transféré source ce à partir de quoi quelque chose ou quelqu'un se déplace ou est transféré
3. Rôles/fonctions syntaxiques •
Les fonctions syntaxiques -sujet -objet -objet indirect -oblique
•
S O (aussi OD, COD) OI (aussi COI) Obl,
La notion de sujet 1. de son universalité 2. de sa place proéminente dans une hiérarchie des fonctions S > O > IO > obl
3. des tests syntaxiques pour l'identifier (voir Creissels pp 222-230) cf "behavioral properties of subjects"
(10) réflexivisation a. Pierre parle de Marie b. Pierre parle de lui-même c. *lui-même parle de Pierre d. Pierre parle d'elle e. *Pierre parle d'elle-même (11) anaphore a. Pierre a aidé Paul b. Pierre a aidé son frère (son = de Pierre) c. *son *son frèr frèree a aidé aidé Pier Pierre re (son (son = de Pier Pierre re)) (12) impératif a. achète cette voiture! b. wash yourself! c. *wash you
b' c'
lave-toi! *te lave!
d. e
wash it! *wash itself!
d' e'
lave-le! *le lave!
(13) "gapping" : réduction a. l'homme l'homme achète achète un fruit, fruit, il le lave, lave, et il le mange mange b. l'homme achète un fruit, Ø le lave, et Ø le mange c. *l'homme *l'homme achète achète un fruit, fruit, il Ø lave, et il Ø mange mange (14) "EQUI-NP deletion" : Infinitif a. je veux veux que que tu restes restes b. je veux veux rest rester er c. *je *je veux veux que que je reste reste d. je veux veux que que tu m'aide m'aidess e. *je veux veux que tu Ø aides aides (Ø = moi) moi) (15) "clitic climbing" : déplacement des pronoms clitiques a. j'ai j'ai vu les bûcher bûcherons ons abattre abattre l'arbre l'arbre b. j'ai les ai vus X abattre abattre l'arbre l'arbre c. j'ai j'ai vu les bûche bûcheron ronss l'abat l'abattre tre d. *je l'ai vu les bûcher bûcheron onss abattre abattre X •
La notion d'objet direct 1. notion d'universalité moins forte 2. argument parmi les compléments qui est le plus fortement 'régi' par par le verbe; possibilité de passif.
•
La notion d'objet indirect 1. pas universelle. Correspond à une fonction syntaxique à comportement marqué, lié à un rôle sémantique sémantique de destinataire. Existe en anglais: voir discussion du "dative shift" dans les"voix applicatives". 2. confusion avec la terminologie traditionnelle qui prend objet indirect pour tout complément régi par une préposition.
•
La notion d'obliques
1. fonction syntaxique de compléments régis par des prépositions, pour la grande majorité. 2. recouvre la notion notion traditionnelle traditionnelle de 'compléments circonstanciels', circonstanciels', mais mais n'y correspond pas complètement. (16)
a. a' b b' c c'
il a parlé de trois livres *il en a parlé de de trois il a parlé trois heures *il en a parlé trois il a pris trois livres il en a pris trois
4. L'encodage des fonctions syntaxiques •
Les stratégies d'encodage
1.
synt syntax axe: e: ordre des constituants, si la langue a un ordre 'rigide'.
2.
•
morphosyntaxe:
--nominale = CAS, déclinaison --verbale = indexes référentiels sur le verbe, conjugaison
Encodage du sujet en français
(17) (17)
a. b. c.
Pierr Pierree a fini fini le proj projet et *a fini Pierre le projet *a fini le projet Pierre
(18)
a. b.
Pierre a aidé Jean *Jean ean a aid aidé Pierr ierree
(19)
a. b. c. d.
il me voit je le vois *il je voit *me le vois
(20)
a. b. c. d.
nous mangeons *nous mange les enfants partent *les enfants part
(Pie (Pierr rree = agen agent) t)
5. Les rôles pragmatiques / les fonctions discursives •
•
Point de vue de l'articulation communicative de l'énoncé. Notion de thème/propos ou "topic/comment". Rôles discursifs pouvant affecter l'attribution de rôles syntaxiques: TOP 1 > TOP 2 (voir Givón!)
6. L'alignement des rôles, l'attribution des fonctions syntaxiques •
Hiérarchie des rôles
1. hiérarchie sémantique:
agent > patient > "circonstanciel"..............
vs 2. hiérarchie discursive:
TOP 1 > TOP 2
vs 3. hiérarchie syntaxique:
•
Alignement prototypique
TOP 1 / agent / S
S > O > IO > obl
TOP 2 / patient / O
5
Les voix (1) : PASSIF (moyen, réflexif)
Voir dans le polycopié de SYNTAXE DE LICENCE de Denis Creissels: Leçon 18: 18 : Passif ***********************************************************
Extraits de "Grammaire méthodique du français" M. Riegel, J.C. Pellat, R. Rioul PUF 1994 Le passif pp433-441
(Voir supplément de lecture)
6 Variations typologiques dans l'encodage morphologique des arguments principaux: ERGATIVITE et autres systèmes (Creissels, version éditée) 1. Définitions
Dans une première approximation, on peut définir la notion d'ergativité comme un type particulier de marquage et/ou d'indexation du sujet et de l'objet, dans lequel le sujet d'une construction transitive a des caractéristiques qui le distinguent du sujet d'une construction intransitive, tandis que le sujet d'une construction intransitive a des caractéristiques semblables à celles de l'objet. L'inconvénient de cette définition est qu'elle suppose suppose préalablement établie une notion de sujet qui précisément peut ne pas aller de soi dans les langues où se manifeste l'ergativité. C'est pourquoi on peut préférer une définition qui se réfère aux rôles sémantiques d'agent et de patient, qui est équivalente à celle qui vient d'être évoquée pour les langues où la notion de sujet n'est pas problématique, mais qui a l'avantage de pouvoir être appliquée à la totalité des langues indépendamment des difficultés qu'il peut y avoir à établir une notion de sujet. La justification de cette approche est que la distinction agent / patient est universellement pertinente pour expliquer l'organisation de la construction des verbes à deux arguments: dans toutes les langues, les verbes dont le sémantisme implique un agent et un patient constituent une classe nombreuse et syntaxiquement homogène; les autres types de verbes à deux arguments (par exemple les verbes dont le sémantisme appelle un stimulus et un expérient) ne présentent présentent pas les mêmes caractéristiques, et les variations observées dans leur construction peuvent s'expliquer par référence à un prototype constitué par les verbes qui assignent à leurs arguments les rôles d'agent et de patient. Dans cette perspective, la notion d'ergativité se définit en termes d'affinités ou de différences que peuvent présenter, dans leurs caractéristiques morphosyntaxiques, des constituants de l'unité phrastique qui représentent respectivement l'argument agent de verbes dont le sémantisme implique la participation d'un agent et d'un patient (A), l'argument patient de verbes dont le sémantisme implique la participation d'un agent et d'un patient (P) et l'argument unique de verbes typiquement intransitifs comme tomber, courir, pleurer, dormir , etc. (U). Dans les systèmes de type accusatif (ainsi (ainsi nommés parce que c'est dans ce type de système qu'on trouve typiquement des affixes casuels qui marquent l'objet, comme la désinence d'accusatif du latin), A et U ont des caractéristiques similaires en ce qui concerne le marquage marquage des constituants nominaux et l'indexation des constituants nominaux dans le verbe, tandis que P présente des caractéristiques différentes. Dans les systèmes de type ergatif , P et U ont des caractéristiques similaires en ce qui concerne le marquage des constituants nominaux et l'indexation des constituants nominaux dans le verbe, tandis que A présente des caractéristiques caract éristiques différentes.
Selon Dixon, environ un quart des langues du monde ont des constructions de type ergatif ou partiellement ergatif, mais dans pratiquement prati quement toutes les langues qui ont des constructions de type ergatif, il existe aussi des constructions au moins partiellem partiellement ent accusatives. accusatives. Autrement Autrement dit, les constructions ergatives, sans san s être rares, peuvent toutefois être êt re caractérisées comm commee typologiquement marquées. Il est intéressant d'observer que les constructions de type ergatif ne se rencontrent pas dans les langues qui ont SVO comme ordre de base des constituants de l'unité phrastique (c'est-à-dire dans les langues où la position du verbe entre le sujet et l'objet diminue les possibilités d'ambiguïté entre la position de sujet et la position d'objet). 2. L'ergativité dans les systèmes de marques casuelles
Dans les systèmes de type accusatif, comme par exemple en latin, A et U sont typiquement à la forme absolue (traditionnellement (traditionnellement appelée appelée "nominatif"), "nominatif"), et P peut être à une forme spéciale spéciale (traditionnellement appelée "accusatif"). Dans les langues où l'ergativité se manifeste au niveau des marques casuelles des noms, U et P sont à la forme absolue, tandis que A présente une forme distincte (cas "ergatif") – ex. (1). (1)
basque
a.
Patxi-Ø
joan da
U
V
U
V
A
P
V
A
P
V
Patxi-ABS partir AUX.S3S ‘Patxi est parti’
b.
Koldo-Ø
jo joan da
Koldo-ABS ABS partir AUX.S3S ‘Koldo est parti’
c.
d.
Patxi-k
Koldo-Ø ezagutu
Patxi-ERG Koldo-ABS ABS reconnaître ‘Patxi a reconnu Koldo’
AUX.S3S.O3S
Koldo-k Patxi-Ø
du
ezagutu
Koldo-ERG ERG Patxi-ABS reconnaître ‘Koldo a reconnu Patxi’
(2)
du
AUX.S3S.O3S
tonguien
a.
Na'e lea ['a ['a Tol Tolu]U TAM parler ABS Tolu
‘Tolu a parlé’
b.
Na'e lea ['a e talavou]U TAM parler ABS le garçon
‘Le garçon a parlé’
c.
Na'e taamate'i ['a e talavou]P ['e Tolu]A tuer ABS le garçon ‘Tolu a tué le garçon’ TAM
ERG Tolu
d.
Na'e taamate'i ['a Tolu]P ['e he talavou]A tuer ABS Tolu ‘Le garçon a tué Tolu’
ERG le garçon
TAM
Typologiquement, les manifestations de l'ergativité au niveau du marquage des constituants nominaux sont plus courantes qu'au niveau de l'indexation. 3. L'ergativité dans les systèmes d'indexation
Dans les systèmes d'indexation de type accusatif U et A sont représentés par les mêmes indices, tandis que P ne donne pas lieu à indexation (comme en latin), ou bien est indexé dans le verbe de manière spéciale (comme en hongrois). Dans les systèmes d'indexation de type ergatif, U et P sont représentés par des indices identiques, différents de ceux qui peuvent représenter A . Par exemple, le popti' – ex. (3) – a deux jeux d'indices pronominaux incorporés au verbe: le jeu traditionnellement traditionne llement appelé "B" s'utilise pour représenter représent er U et P, et le jeu "A" (avec deux variantes conditionnées phonologiquement) pour représenter A (la fonction d'agent de transitif). (3) popti' popti' (jakaltek-maya) B(absolutif)
A(ergatif) /–C
1s 2s 1p 2p 3s/p
-hin-ach-honh-hex- Ø-
-hin-ha-ku-he- s-
/–V
-w-haw-j-hay-y-
(Le verbe en position finale prend le suffixe -i s'il est intransitif, -a/o s'il est transitif) a.
x- ØØ - s- maq'
najix
"VSO" ou V A P
TAM-B3-A3-frapper lu lui
elle
‘Il l'a frappée’
b.
x- Ø- s- maq'
ix
naj
3-frapper elle lui TAM TAM-B3-A3-frapper ‘Elle l'a frappé’
c.
Ch-in-ha-kolo
("pro-drop language" = pas de pronoms personnels indépendants non marqués)
TAM TAM-B2- A2-aider
‘Tu m'aides’
d.
Ch-a Ch-ach ch-h -hin in-m -maq aq'-'-aa TAM-B2 - A1-frapper-TR
[ASP [ASP+A +Abs bsol olut utif if(P (P)+ )+Er Erga gati tif( f(A) A)+V +VER ERBE BE(+ (+vo voye yell llee TR] TR] ("objet")
‘Je te frappe’
e.
Ch-ach-way-i TAM TAM-B2-dormir-Intr
‘Tu dors’
[ASP+Absolutif(U)+VERBE(+voyelle INTR] ("sujet")
f.
Ch-onh- mu munlayi TAM TAM-B1P-travailler
‘Nous travaillons’
g.
Ch-onh-ha-maq'a frappe perr TAM TAM-B1P-A2 frap ‘Tu nous frappes’
h.
Ch-ach-ku- maq'a TAM-B2-A1PL-frapper
‘Nous te frappons’
4. Ergatif et passif
Les constructions ergatives présentent des caractéristiques qui à première vue peuvent suggérer de les identifier comme passives. Par Par exemple, en basque, l'agent est est morphologiquement marqué et le patient non marqué, exactement comme dans les constructions passives des autres langues d'Europe. Mais la notion de passif implique la concurrence entre deux constructions de sens dénotatif identique: la construction traditionnellement traditionnellement appelé "active" "active" (non marquée du point de vue discursif, et dans laquelle l'agent et le patient sont tous deux des termes syntaxiquement syntaxique ment nucléaires nucléaire s de l'unité phrastique) et la construction pas passi sive ve (discursivement marquée, et dans laquelle l'agent apparaît comme oblique, c'est-à-dire comme terme syntaxiquement marginal), et cette définition du passif ne s'applique pas aux constructions analysées dans cette leçon, car dans les langues où on les rencontre: – ou bien ces constructio constr uctions ns constituent consti tuent la seule façon faço n possible possibl e de construire constr uire un verb verbee biargumental avec un constituant nominal qui qui représente l'agent et un constituant constituant nominal qui représente le patient, et dans ce cas la notion de passif (qui implique une possibilité de choix entre deux constructions différentes) n'a aucun sens; – ou bien bien ces constructions doiven doiventt être reconnues comme comme "actives" "actives" dans la mesure où elles elles sont en concurrence avec des constructions plus marquées discursivement qui confèrent à l'agent un statut syntaxique beaucoup plus clairement marginal (et qu'on peut donc identifier comme passives). Par exemple, en basque, la construction du verbe verbe transitif présentée dans l'exemple l'exemple (1) (1 ) est en concurrence avec une autre construction dans laquelle l'agent s'il est présent est à la même forme, mais dans laquelle le verbe s'accorde seulement avec le patient – ex. (4). Ainsi, en basque, l'accord entre le verbe et ses arguments permet de voir qu'un nom au cas morphologique ergatif peut figurer également dans une construction active de type ergatif, dans laquelle il a clairement le statut de terme syntaxique nucléaire– ex. (4a), et dans une construction passive, dans laquelle le patient est tout aussi clairement c lairement l'unique terme nominal syntaxiquement nucléaire – ex. (4b). (4)
basque
a.
Koldo-k egin du
etxea
ERG faire AUX.S3S.O3S maison Koldo-ERG ‘Koldo a construit la maison’
b.
Koldo-k eg egina da
etxea
Koldo-ERG ERG faire AUX.S3S maison ‘La maison a été construite par Koldo’
Les affinités entre passif et ergatif peuvent s'expliquer par une relation, mais il s'agit bien synchroniquement de deux notions distinctes, même s'il est parfois tentant de les confondre. 5. Ergativité "scindée"(split ergativity): coexistence de constructions accusatives et de constructions ergatives (ou partiellement ergatives) dans une même langue
On observe dans beaucoup de langues à la fois des phrases de construction ergative (ou partiellement ergative) et des phrases de construction accusative. Deux types de conditionnement conditionnement se rencontrent de manière fréquente: – le choix entre entr e une construction de type ergatif et une construction de type accusatif peut tenir à la nature des constituants nominaux impliqués dans la construction; par exemple, en dyirbal, les pronoms allocutifs (1ère et 2ème personne) ont des marques casuelles de type accusatif, alors que tous les autres noms ont des marques casuelles de type ergatif – ex. (5); (5)
dyirbal
a.
yabu
‘mère (U/P)’
/
yabu-ngu
‘mère (A/ergatif)’
b.
nyurra ‘vous (U/A)’
/
nyurra-na
‘vous (P/absolutif)’
– le choix entre entr e une construction de type ergatif et une construction de type accusatif peut tenir à des distinctions aspecto-temporelles marquées dans la flexion verbale; dans de tels cas, la configuration typique est que la construction ergative apparaît avec des formes verbales d'aspect accompli, et la construction construction accusative avec des formes verbales d'aspect inaccompli. Par exemple, en kurde (kurmandji), le nom a deux formes, absolue et "oblique", "oblique", et le verb verbee inclut un indice pronominal unique. L'unique argument des verbes typiquement monoargumentaux est invariablement à la forme absolue, et le verbe s'accorde avec lui. Par contre, les arguments de verbes typiquement biargumentaux changent de forme selon que le verbe est au présent ou au passé, et l'accord du verbe se fait avec l'agent au présent, mais avec le patient au passé – ex. (6). (6)
kurde (kurmandji)
a.
Ez
Sînem-ê
ibîn-im
moi Sinem-OBL voir.PRES-1S ‘Je vois Sinem’
b.
TuSî uSînem-ê dibîn-î toi Sine Sinemm-OBL voir.PRES-2S ‘Tu vois Sinem’
c.
Sînem min
dibîn-e
Sinem moi. moi.OBL voir.PRES-3S ‘Sinem me voit’
d.
Sînem te
dibîn-e
Sinem toi.OBL ‘Sinem te voit’
voir.PRES-3S
e.
Min
Sînem dît-Ø
moi.OBL Sinem ‘J'ai vu Sinem’
f.
g.
h.
Te
voir.PAS-3S
Sînem dît-Ø
toi.OBL Sinem ‘Tu as vu Sinem’
voir.PAS-3S
Sînem-ê
dît-im
ez
Sinem- OBL moi ‘Sinem m'a vu’
voir.PAS-1S
Sînem-ê
dît-î
tu
Sinem- OBL toi ‘Sinem t'a vu’
voir.PAS-2S
6. L'origine des constructions ergatives
A la différence de ce qui a été parfois avancé, l'ergativité n'est pas une caractéristique "primitive" des langues qui ont ce type de construction, comme le montre en particulier le développement récent de constructions ergatives dans les le s langues indo-européennes du groupe indo-iranien. Mais l'histoire des langues indo-iraniennes montre aussi que les constructions ergatives peuvent disparaître assez rapidement peu de temps après être apparues. L'origine la plus probable des constructions ergatives est la réanalyse de constructions passives. Synchroniquement, comme nous l'avons vu à la section 4, les constructions ergatives ne sont pas des constructions passives, car la notion de construction passive implique une une correspondance avec une construction "active" moins marquée discursivement, tandis que les constructions ergatives, là où elles existent, constituent l'unique manière ou la manière la moins marquée de construire les phrases dont le noyau prédicatif est un verbe transitif actif. Mais diachroniquement, l'hypothèse l'hypothèse d'une relation entre constructions passives et construc construction tionss ergatives paraît raisonnable, et les langues indo-iraniennes fournissent des exemples historiquement historiquement attestés d'une telle évolution. Dans l'histoire d'une langue, une construction passive à complément d'agent (c'est-à-dire dans laquelle l'argument agent figure figure avec le statut syntaxique syntaxique d'oblique) peut tendre à devenir devenir de plus en plus fréquente, et par conséquent à perdre la valeur discursive marquée qui caractérise en principe les constructions passives. Finalement, la construction active correspondante peut totalement disparaître, de sorte que l'unique construction possible d'une phrase dont le noyau prédicatif est un verbe transitif est une construction qui ne peut plus être qualifiée de passive (dans la mesure où il n'y a plus de construction "active" correspondante), mais qui provient historiquement d'une construction passive, et dans laquelle les constituants nominaux qui représentent l'agent et le patient maintiennent des caractéristiques morphosyntaxiques semblables à celles qu'on observe typiquement dans les constructions passives des langues qui ont une morphosyntaxe de type accusatif. 7. L'ergativité, phénomène morphosyntaxique superficiel ou indice de différences profondes dans l'organisation syntaxique des langues?
La possibilité d'utiliser la même notion de sujet dans les langues qui ont une construction accusative de la phrase transitive et dans les langues qui ont des constructions de type ergatif est
une question controversée. Mais, au moins pour la majorité des langues qui ont des constructions ergatives, il n'y a pas vraiment de difficulté à appliquer la notion de sujet telle qu'elle a été définie dans le cours de licence pour reconnaître une notion de sujet syntaxique qui englobe l'unique argument des des verbes typiquement monoargumentaux monoargumentaux et l'argument l'argument agent des verbes biargumentaux dont le signifié implique un agent et un patient. En effet, dans la majorité des langues qui ont des constructions ergatives, en dépit de leurs caractéristiques caractéristi ques morphologiques différentes, l'unique argument argumen t des de s verbes verbe s typiqu typiqueme ement nt monoargumentaux et l'argument agent des verbes biargumentaux dont le signifié implique un agent et un patient présentent des fonctionnements identiques dans des mécanismes comme la réflexivisation, l'impératif, la réduction de séquences d'unités phrastiques, etc. ce qui justifie d'utiliser pour la description de ces langues la même notion de sujet que pour la description des langues qui ont des constructions accusatives, et de considérer que l'ergativité est seulement une façon particulière de marquer les fonctions syntaxiques. Dans ce sens, les constructions ergatives peuvent se caractériser comme des constructions dans lesquelles, sans que soit pour autant remise en question l'unité de la notion syntaxique de sujet, le marquage du sujet et l'indexation du sujet dépendent du trait ±transitif, et dans lesquelles les caractéristiques morphologiques du sujet des verbes intransitifs coïncident avec celles de l'objet des verbes transitifs. On peut parler là d'ergativité "morphologique", ou "superficielle". Toutefois, dans certaines langues qui ont des constructions ergatives, les mécanismes dont le fonctionnement permet généralement de reconnaître une fonction syntaxique "sujet" révèlent parfois plus d'affinités entre U et P qu'entre U et A. On parle alors d'ergativité "syntaxique", ou "profonde". Mais ce n'est pas un phénomène fréquent, et une explication possible est que, dans les langues qui présentent des caractéristiques d'ergativité "profonde" (et pour lesquelles l'application de la notion de sujet peut s'avérer problématique), le processus de réanalyse de constructions passives doit être relativement récent, de sorte que la réinterprétation du complément d'agent d'une construction passive comme sujet d'une construction "active" de type ergatif n'est pas tout à fait achevée.
8. Systèmes de marquage casuel atypiques
Dans l'immense majorité des langues du monde on trouve: – soit un marquage casuel neutre du point de vue de la distinction accusatif / ergatif, ergatif, dans lequel U, A et P sont également à la forme absolue et ne sont accompagnés d'aucune adposition; – soit un marquage marquage de type accusatif accusatif dans lequel lequel U et A sont à la forme absolue et P à une forme spéciale différente de la forme absolue; – soit un marquage de type ergatif dans lequel U et P sont à la forme absolue et A à une forme spéciale différente de la forme absolue. Il existe toutefois quelques langues qui ont l'un des types de marquage suivant: – U et et A à une forme forme spéciale spéciale (la même même pour pour U et pour A) différente différente de la forme absolue, absolue, P à la forme absolue (mojave, oromo, somali, maasai); – U et et A à une forme forme spéciale spéciale (la même même pour pour U et pour A) différente différente de la forme absolue, absolue, P à une autre forme elle aussi différente de la forme absolue (japonais, coréen). Ces deux types ont en commun avec le marquage de type ergatif le plus courant le fait que A est morphologiquement à une forme qui n'est pas la forme absolue du nom, mais ils s'en distinguent par le fait que U est à la même forme que A, et P à une forme spéciale. De ce fait on doit considérer qu'il s'agit plutôt de variantes du type accusatif, et d'ailleurs il est beaucoup plus simple de les caractériser en se référant aux notions de sujet ou d'objet: – dans la variante variante la plus courante du marquage casuel de type accusatif, accusatif, le sujet est non marqué et l'objet est marqué; – dans dans des langues langues comme comme le somali somali ou l'oromo, l'oromo, le sujet sujet est marqué et l'objet l'objet est non marqué; marqué; – dans dans des langues langues comme comme le japonais japonais ou ou le coréen, coréen, le sujet sujet et l'objet l'objet sont sont également également marqués. marqués. 9. Systèmes d'indexation difficiles ou impossibles à caractériser selon l'opposition accusatif / ergatif : Systèmes d'indexation de type "agentif"
La distinction entre morphosyntaxe de type accusatif et morphosyntaxe de type ergatif n'a de sens que dans une langue où l'ensemble des verbes monoargumentaux présente un degré élevé d'homogénéité dans la façon dont est traité leur unique argument. Toutefois, il apparaît que sémantiquement, les rôles que les verbes monoargumentaux peuvent assigner à leur unique argument sont très variés, sans que se dégage un prototype comparable c omparable à celui que constituen constituentt pour les verbes biargumentaux les verbes qui signifient une action effectuée par un agent sur un patient. Dans la plupart des langues, sans atteindre forcément une homogénéité totale, totale, le traitement traitement de l'unique argument des verbes monoargumentaux s'organise néanmoins de façon à permettre de dégager un type de traitement qui présente une très forte prédominance statistique. Mais dans certaines langues, le marquage et l'indexation de l'unique argument des verbes monoargumentaux présente d'un verbe à l'autre des variations telles qu'il n'est pas possible de caractériser simplement l'une des possibilités comme le traitement "normal" de l'unique argument des verbes monoargumentaux et de considérer les autres comme plus ou moins exceptionnelles. C'est notamment le cas dans les langues à indexation de type "agentif" (on parle parfois aussi de "langues actives" ou de "langues duales"). La particularité de ces langues est d'avoir avec les verbes transitifs deux jeux d'indices distincts pour A et P, tandis que l'indexation de l'unique argument des verbes monoargumentaux est sensible au caractère ±agentif de l'unique actant: – si U a le trait +agentif +agentif,, il est est indexé indexé de la même même façon que A; A; – si U a le trait -agentif, -agentif, il présente présente les mêmes caractéristiques caractéristiques morphosyn morphosyntaxiqu taxiques es que que P. L'ex. (9) illustre un système d'indexation de type agentif en lakhota.
(7)
lakhota
a.
ma-yá-kté P1S-A2S-tuer
‘Tu m'as tué’
b.
Ø-wa-kté P3S-A1S-tuer
‘Je l'ai tué’
c.
ni-Ø-kté P2S-A3S-tuer
‘Il t'a tué’
d.
wa-hí A1S-arriver
‘Je suis arrivé’
e.
ma-khúze P1S-être+malade
‘Je suis malade’
f.
ya-?ú A2S-venir
‘Tu viens’
g.
ni-háske P2S-être+grand
‘Tu es grand’
7 Les voix (2) : L'ANTIPASSIF (adapté de Creissels) 1. Les principaux types de voix qui impliquent typiquement une réduction de la valence du verbe
Les voix qui qui réduisent typiquement typiquement la valence du verbe sont particulièr particulièrement ement faciles à reconnaître dans les langues où les verbes en construction transitive incluent nécessairement un indice de sujet et un indice d'objet, comme par exemple en k'ichee' – ex. (1). (1)
k'ichee'
a.
X-e-ki-kunaaj
ri
TAM-O3P-S3P-soigner
DEF DEF
alab'oomri
enfants ‘Les femmes ont soigné les enfants’
b.
Aree ri
alab'oomx-e-kunax
DEF DEF
chuchu'iib' femmes
k-umaal ri
enfants TAM-S3P-soigner.PSF 3P-par ‘Ce sont les enfants qui ont été soignés par les femmes’
FOC
c.
DEF
Aree ri
chuchu'iib' x-e-kunan
DEF DEF
DEF
femmes
k-eech ri
femmes TAM-S3P-soigner. APSF 3P-pour ‘Ce sont les femmes qui ont donné des soins aux enfants’
FOC
chuchu'iib'
DEF DEF
alab'oom enfants
Les formes passives – ex. (1b) – et antipassives – ex. (1c) – ont en commun d'assigner à l'unique terme nominal nucléaire qui subsiste dans leur construction (c'est-à-dire à leur sujet) un rôle sémantique exactement identique à celui que reçoit l'un des deux termes nucléaires de la construction du verbe transitif (objet dans le cas du passif, sujet dans le cas de l'antipassif). 1.2. Les principaux types de voix qui impliquent typiquement un élargissement de la valence du verbe
On peut distinguer fondamentalement deux types de voix qui élargissent la valence du verbe, selon qu'il y a ou non un changement dans le rôle sémantique du sujet: – les voix causatives introduisent un argument supplémentaire qui reçoit le rôle sémantique de causateur et qui prend le rôle syntaxique de sujet, tandis que l'argument qui se construit comme sujet de la forme non dérivée se maintient dans la construction, mais avec une fonction syntaxique autre que celle de sujet – ex. (6b); – les voix applicatives diffèrent des voix causatives en ce qu'elles n'impliquent aucune modification dans le rôle sémantique du sujet; elles introduisent un argument supplémentaire qui généralement se construit comme objet – ex. (6c); l'argument supplémentaire dont la voix applicative indique la promotion représente souvent (comme dans cet exemple) un bénéficiaire, mais ce n'est pas la seule possibilité: de manière générale, l'argument supplémentaire dont la voix voix applicative marque la promotion peut recevoir des rôles sémantiques variés.
(6)
tswana
a.
Lorato o
apeile
dijo
1Lorato SCL1 avoi avoir+ r+cu cuis isin inéé 8rep repas ‘Lorato a préparé le repas’
b. Mpho o
apeisitse
Lorato dijo
1Mpho SCL1 avoi avoir+ r+cu cuis isin iné. é.CAUS 1Lorato ‘Mpho a fait préparer le repas par Lorato’
c.
Lorato o
apeetse
8repas
Kitso dijo
1Lorato SCL1 avoi avoir+ r+cu cuis isin iné. é.APPL 1Kitso8repas ‘Lorato a préparé le repas pour Kitso’
Parmi les principaux types de de voix, passif, moyen moyen et causatif ont fait l'objet d'une présentation dans le cours de licence; ce chapitre sera donc essentiellement consacrée consacrée à une présentation de la voix antipassive et le chapitre suivant à celle de la voix applicative. 2. L'antipassif
La notion d'antipassif s'applique à un changement de forme du verbe lié au passage d'une construction transitive à une construction intransitive dans laquelle le verbe à la forme antipassive antipassive continue d'assigner à son sujet le même rôle que lorsqu'il est dépourvu de la morphologie antipassive, l'objet étant quant à lui d'une manière ou d'une autre "destitué": soit l'argument représenté par l'objet dans la construction de base du verbe est totalement absent – ex. (7b), soit il est "récupéré" sous forme d'oblique – ex. (7c), soit il est nécessairement pris en valeur générique et forme ainsi une sorte de composé avec le verbe – ex. (7d). Dans ce dernier cas, on parle parfois d'"antipassif d'incorporation". On notera à propos de cet exemple que le k'ichee' n'a pas une seule forme d'antipassif mais deux différentes selon la fonction précise de l'antipassif. (7)
k'ichee'
a.
X-Ø-ki-loq'
ixiim
TAM TAM-O3S-S3P-acheter
maïs ‘Les femmes ont acheté du maïs’
b.
X-e-loq'-on
ri
ri
ixoqiib'
DÉF DÉF
femmes
ixoqiib'
TAM-S3P-acheter-APSF DEF
femmes
‘Les femmes ont fait des achats’
c.
Aree ri
ixoqiib' x-e-loq'-ow
r-eech ri
femmes TAM-S3P-acheter-APSF 3S-pour DEF DEF ‘Ce sont les femmes qui ont acheté le l e maïs’
FOC
d.
DEF
Ri x-e-loq'-ow DÉF
ixiim max-e-pe
TAM-S3P-acheter-APSF maïs
‘Les acheteurs de maïs ne sont pas venus’
NÉG
ixiim maïs
ta TAM-S3P-venir
NÉG
L'ex. (8) illustre le même mê me phénomène d'antipassif en samoan. Il faut remarquer que, dans cette cette langues l'incorporation de l'objet s'accompagne de la disparition de la marque de sujet, du fait fait que cette marque est réservée aux sujets des constructions transitives. (8)
samoan
a.
Nafa'atau
e
le tama
TAM TAM vendre
SUJ
DEF
ERG
garçon
Ø
le
pua'a
OBJ
DEF DEF
porc
ABS
‘Le garçon a vendu le porc’
b.
Nafa'atau-pua'a
Ø
le tama
TAM TAM vendre-porc
ABS DEF DEF ‘Le garçon a vendu des porcs’
garçon
L'incorporation de l'objet peut s'expliquer comme le résultat d'une tendance très générale des constituants nominaux non référentiels en fonction d'objet à avoir seulement une mobilité mobilité réduite par rapport au verbe. Cette tendance est nette par exemple en hongrois ou en turc, langues où l'objet non référentiel est nécessairement au contact immédiat du verbe (mais maintient des caractéristiques qui obligent à le considérer comme un mot distinct). L'antipassif modifie de la façon suivante l'alignement prototypique des rôles: forme verbale
TRANSITIVE
INTRANSITIVE
rôle discursif
TO P 1 TOP2 devient à l'antipassif TOP déchu | | | rôle sémantique AGENT PATIENT AGENT PATIENT | | | | rôle syntaxique SUJET OBJET SUJET OBLIQUE ou INCORPORE ou Ø marque morphologique ERG ABS ABS Les fonctions typiques de l'antipassif sont: – dans dans les langues où les verbes transitifs transitifs ne peuvent peuvent pas s'employer s'employer intransit intransitivem ivement ent avec avec un sens d'indétermination de l'objet, permettre de ne pas expliciter l'objet d'un verbe transitif; t ransitif; – dans les langues l angues où le sujet des constructions transitives transitives n'est pas accessible à certaines certaines opérations syntaxiques syntaxiques (questionnement, (questionnement, focalisation, focalisation, relativisation, relativisation, …), permettre de contourner cette interdiction en convertissant le sujet d'un verbe transitif en sujet d'une construction intransitive sans modifier son rôle sémantique; ceci s'observe notamment dans les langues maya – ex.(9). (9)
k'ichee'
a.
x-Ø-u-loq'
ixiim
-ABS33-ER ERG3 G3-a -ach chet eter er maïs TAM-ABS ‘La femme a acheté du maïs’
ri
ixoq
DÉF DÉF
femme
b.
La
aree ri
ixiim x-Ø-u-loq'
ri
ixoq?
DEF maïs TAM- ABS3-ERG3 -acheter DEF ‘Est-ce du maïs, ce que la femme a acheté?’
INTER FOC DEF
c.
*La
aree ri ixoq
INTER FOC
d.
La
x-Ø-u-loq'
DEFfemme
aree ri
femme
ri
TAM- ABS3-ERG3 -acheter DEF DEF
ixoq
x-Ø-loq'-ow
ixiim? maïs
r-eech
ri
DEF femme TAM-ABS3-acheter- AP ERG3-pour DEF ‘Est-ce la femme qui a acheté le maïs?’
INTER FOC DEF
e.
f.
Jas x-Ø-u-loq'
ri
maïs
ixoq?
quoi? TAM-ABS3-ERG3 -acheter DÉF DÉF ‘Qu'est-ce que la femme a acheté?’
femme
*Jachin x-Ø-u-loq'
ixiim?
ri
DÉF qui? TAM-ABS3-ERG3-acheter DÉF
g. Jachin x-Ø-loq'-ow
ixiim?
maïs
r-eech
qui? TAM TAM-ABS3-acheter- ANTPSF ERG3-pour ‘Qui a acheté le maïs?’
ri DÉF DÉF
ixiim? maïs
3. Antipassif: le symétrique du passif?
L'antipassif est le symétrique du passif au sens où, à partir d'une construction transitive, le passif permet d'obtenir une construction intransitive dans laquelle le sujet est destitué, tandis que l'antipassif permet d'obtenir une construction intransitive dans laquelle c'est l'objet qui est destitué – ex. (10). (10) esquimau a.
Nannup inuit
tuqup-pai
ours.ERG personnes. ABS ‘L'ours a tué des gens’
b.
Nanuq inunnik
tuer-S3S.O3P
tuqut-si-vuq
ours.ABS personnes.INSTR tuer-APSF-S3S même traduction en français que (a)
c.
Angutip nanuq
taku-vaa
homme. ERG ours.ABS voir-S3S.O3S ‘L'homme a vu l'ours’
d.
Nanuq angummit taku-niqar-puq ours.ABS homme. ABL voir-PSF-S3S ‘L'ours a été vu par l'homme’
Toutefois, il y a de nombreuses différences entre passif et antipassif qui empêchent de considérer ces deux mécanismes comme réellement symétriques l'un de l'autre:
– alors alor s que le passif passi f canonique combine destitution du sujet et promotion de l'obj l'objet, et, l'antipassif ne peut comporter aucun mécanisme de promotion; – alors que le passif passif peut s'appliquer s'appliquer aussi aux aux constructions constructions intransi intransitives tives (ave (avecc notamment notamment le passif impersonnel des verbes intransitifs, très répandu dans les langues du monde), il ne saurait être question d'étendre aux constructions intransitives la notion d'antipassif; – alors alors que que le passif passif modifie modifie radicalemen radicalementt l'align l'alignemen ementt prototypiqu prototypiquee des rôles sémantiques et des rôles discursifs, l'antipassif maintient la relation privilégiée entre agent et topique; – typologiq typologiquement, uement, le passif passif semble semble beaucoup beaucoup plus répandu répandu que l'antipassif. l'antipassif. 4. L'antipassif, une spécialité des langues à constructions ergatives?
Contrairement à ce qui est pourtant parfois affirmé, il est facile de se convaincre de ce que le passif se rencontre couramment aussi bien dans des langues à constructions accusatives que dans les langues à constructions ergatives. Par contre, l'antipassif n'est signalé que dans des descriptions de langues à constructions ergatives. Il est vrai que dans les langues qui ont seulement des constructions accusatives, il n'y a le plus souvent aucun mécanisme systématique qui permette de transformer l'objet en oblique, et l'objet peut la plupart du temps être omis, soit par simple effacement (11a), soit par le biais d'une nominalisation du verbe (11b). (11) français français a.
Je mange la soupe Je mange
b. J'achè J'achète te des chaus chaussu sures res Je fais des achats Toutefois, il est permis de ssee demander si l'antipassif est réellement une spécialité spécialité des langues à constructions ergatives, et si le problème n'est pas plutôt que l'antipassif est plus "visible" dans les langues à constructions ergatives que dans les langues qui n'ont pas de telles constructions. En effet, dans une langue à constructions ergatives, un mécanisme de destitution destitution de l'objet des verbes transitifs se remarque immédiatement du fait de son incidence sur le sujet (qui dans une langue à constructions ergatives reçoit un traitement différent dès lors que la construction devient intransitive), alors que dans une langue à constructions accusatives, la destitution de l'objet des verbes transitifs n'a aucune incidence sur le reste de la construction. Un examen attentif de la question montre qu'on rencontre parfois dans des langues qui ont des constructions de type accusatif des formes dérivées dér ivées des verbes transitifs qu'il n'y a aucune aucune raison de ne pas identifier comme antipassives, si on considère le marquage d'une opération sur la valence verbale comme crucial dans la notion d'antipassif, car il s'agit de formes dérivées qui elles ont pour fonction de permettre un emploi intransitif du verbe transitif sans changement dans le rôle attribué au sujet (par exemple en wolof: màtt-e "mordre (intr.)" < màtt "mordre "mordre (tr)", ou en soninké túlú-ndì "tresser (intr.)" < túlú "tresser (tr.)"). Il n'est pas rare non plus de trouver dans les langues à constructions accusatives des formations morphologiques dont les emplois relèvent pour la plupart de la notion de voix moyenne, mais qui ont parfois aussi comme emploi possible de permettre des modifications de la valence des verbes transitifs très semblables à celles qu'expriment les voix antipassives, comme dans les ex. (12) et (13).
(12) russe a. Sobaka
kusaet
Ivana
chien.ABS mordre.S3S ‘Le chien mord Ivan’
b. Beregite-s'
sobaki,
Ivan.OBJ
ona kusaet-sja
garder.IMPER-MOY mord rdre re..S3S-MOY MOY chien.GEN GEN lui mo MOY ‘Méfiez-vous du chien, il mord’ (litt. il se mord)
(13) espagnol a.
Agarré
la
mesa
saisir.TAM.S1S DÉF ‘J'ai saisi la table’
b.
c.
Me
table
agarré
la a/de la MOY MOY saisir.TAM.S1S à/de DEF DEF ‘Je me suis accroché accroché à la table’ Aproveché
la
mettre+à+profit.TAM.S1S DEF ‘J'ai mis à profit la confusion’
d.
Me
mesa table
confusión confusion
aproveché
confusión de la MOY MOY mettre+à+profit.TAM.S1S de DEF DEF confusion ‘J'ai profité de la confusion’
Outre le fait que l'antipassif est plus facile à reconnaître dans une langue à constructions ergatives, il faut aussi tenir compte du fait que, la notion d'antipassif n'ayant été dégagée qu'à date relativement récente, les descriptions des langues particulières continuent souvent à décrire sans utiliser le terme d'antipassif des phénomènes qu'on pourrait considérer comme relevant de cette notion. On peut citer par exemple les "préfixes d'objet indéterminé" du nahuatl -tï- (objet indéterminé humain) et -tla- (objet indéterminé non humain), qui pourraient très bien être considérés comme un exemple de voix antipassive dans une langue à constructions accusatives – ex. (14), en particulier de voix antipassive incorporative -ex. (15):
(14) nahuatl a.
Ni-c-_na
in
S1S-O3S-capturer DEF DEF
otomitl Otomi
‘Je capture l'Otomi’
b.
Ni-c-_na S1S-O3S-capturer
‘Je le capture (l'homme en question)’
c.
Ni-tï-_na S1S-OBJIND-capturer
‘Je fais des prisonniers’
d.
Ni-c-cua
in
S1S-O3S-manger DÉF DÉF
nacatl viande
‘Je mange la viande’
e.
Ni-c-cua S1S-O3S-manger
‘Je la mange (la chose en question)’
f.
Ni-tla-cua S1S-OBJIND-manger
‘Je mange (quelque chose)’
L'ex. nahuatl (14) illustre un phénomène d'incorporation de l'objet conditionné par le trait "non référentiel": pour exprimer ce que d'autres langues expriment au moyen de la combinaison d'un verbe transitif avec un constituant nominal interprétable comme non référentiel en fonction d'objet, le nahuatl a la possibilité possibilité d'utiliser une base base verbale verbale intransitive (c'est-à-dire, à laquelle laquelle se préfixent seulement des indices de sujet) formée par la juxtaposition d'un lexème nominal et d'un lexème verbal. Le mécanisme de composition "N + V —> V" s'accompagne de la disparition du suffixe absolu (dont l'allomorphe le plus commun est -tl) qui marque en nahuatl l'emploi du nom comme mot autonome. (14) nahuatl a.
Ni-c-cua
in
S1S-O3S-manger DÉF DÉF
nacatl viande
‘Je mange la viande’
b.
Ni-c-cua
nacatl
S1S-O3S-mange -mangerr vian viande de
‘Je mange de la viande’
c.
Ni-naca-cua S1S-viande-mange
‘Je mange de la viande’
Il est intéressant d'observer en nahuatl la différence sémantique entre constituant nominal non référentiel en fonction d'objet – comme en (14b) – et objet incorporé – comme en (14c): l'emploi l'emploi d'un constituant nominal non référentiel en fonction d'objet ne signifie rien de plus que la restriction de l'action que désigne le verbe à un certain type d'objet, alors que l'emploi d'un verbe composé implique que l'action à laquelle se réfère le verbe composé corresponde à un type socialement reconnu d'activité. Par exemple, (14b) ne signifie rien de plus que "je suis dans l'activité de manger de la viande", tandis que (14c) peut impliquer que l'activité de manger de la viande est par exemple en relation avec une fête lors de laquelle on mange des choses spéciales, différentes de la nourriture quotidienne.
Typologiquement, il est intéressant d'observer qu'il n'y a pas de relation nécessaire entre l'existence d'un mécanisme productif de formation de noms composés qui signifient "le fait d'effectuer sur un N l'action que signifie V" et l'existence d'un mécanisme productif d'incorporation de l'objet au verbe. Par exemple, l'anglais a une classe productive de noms composés du type illustré par car wash-ing "lavage de voitures", mais n'a pas les verbes composés correspondants. La même chose s'observe en bambara, en hongrois, etc.
8 Les voix (3) : L'APPLICATIF (Creissels) 1. L'applicatif canonique: définition et illustration
La notion d'applicatif canonique s'applique à un changement de forme du verbe lié à la promotion d'un oblique oblique au statut d'objet, ou à l'introduction d'un argument supplémentaire supplémentaire qui prend le statut d'objet, le rôle sémantique du sujet n'étant pas affecté. Les ex. (1) et (2) illustrent la variété des significations que peuvent exprimer, en tswana, les objets que la dérivation applicative permet d'ajouter d'ajouter à la construction du verbe. Dans l'ex. (1), (1), l'applicatif tswana fait passer d'une construction intransitive intransitive à une construction transitive. Dans Da ns l'ex. (2), on passe d'une construction transitive à un objet à une construction transitive à deux objets; la place prise par l'objet dont la présence est validée par l'applicatif l'applicatif obéit à une règle selon laquelle, dans les constructions à deux objets du tswana, l'objet qui représente un humain succède immédiatement au verbe. Le morphème d'applicatif est le même dans tous les cas, et la reconnaissance du rôle sémantique de l'objet dont la présence est validée par l'applicatif repose entièrement sur le contexte. (1)
tswana
a.
Kitso o
bereka thata
Kitso SCL1 travailler beaucoup ‘Kitso travaille beaucoup’
b.
Kitso o
berekela
bana
Kitso SCL1 trava ravail illler.APPL enfants ‘Kitso travaille pour les enfants’
c.
Kitso o
berekela
tiego
Kitso ravailler.APPL retard SCL1 trav ‘Kitso travaille à cause du retard (pour rattraper le retard)’
d.
Losealo
lela
thata
SCL11 pleurerbeauco bébé pleurerbeaucoup up ‘Le bébé pleure beaucoup’
e.
Losealo
lelela
go an anya
bébé pleure rer. r.APPL INFtéter SCL11 pleu ‘Le bébé pleure pour avoir à téter’
f.
Bana ba taboga thata enfantsSCL2 courir beaucoup ‘Les enfants courent beaucoup’
g.
Bana ba tabogela setlhare enfantsSCL2 courir.APPL arbre ‘Les enfants courent vers l'arbre’
(2)
tswana
a.
Kereka
ditlhako
S1S acheter
chaussures ‘J'achète des chaussures’
b.
Kerekela
bana
ditlhako
S1S acheter.APPL enfantschaussures
‘J'achète des chaussures pour les enfants’
e.
M pho o
jele
dinawa
Mpho avoir+ r+ma mang ngéé hari harico cots ts SCL1 avoi ‘Mpho a mangé les haricots’
f.
M p ho o
jetse
Kitso dinawa
Mpho avoir+ r+ma mang ngé. é.APPL Kits Kitsoo hari hariccots ots SCL1 avoi ‘Mpho a mangé les haricots au détriment de Kitso (qui étaient pour Kitso)’
g.
Magodu a
bolaile
monna
voleurs SCL6 avoir+tué homme ‘Les voleurs ont tué l'homme’
h.
Magodu a bolaetse monna madi voleurs SCL6 avoir+tué.APPL homme argent ‘Les voleurs ont tué l'homme pour de l'argent’
i.
Keleboga Kitso remercie cierr Kitso S1S remer ‘Je remercie Kitso’
j.
Kelebogel Kelebogelaa
Kitso madi madi
S1S
remercier.APPL Kitso ‘Je remercie Kitso pour l'argent’
argent
L'ex. (3) illustre un fonctionnement semblable en tzotzil. (3)
tzotzil
a.
'a
li
Xune, ba y-ak'
chitom
Xun aller S3S-don -donne nerr coch cochon on ‘Xun est allé donner le cochon’
b.
TOP
DÉF
'a
li
Xune,ba ,ba y-ak'-be
chitom li
Xun aller S3S-donner- APPL cochonDEF DEF ‘Xun est allé donner le cochon à la femme’
TOP
DEF
'antze femme
c.
*'a li Xun Xune, ba y-ak y-ak'' chit chitoom li 'ant 'antze ze
d.
'i-j-meltzan
j-p'ej na
TAM TAM-S1S-faire
un-CLAS maison ‘J'ai fait une maison’
e.
'i-j-meltzan-be
j-p'ej na
li
TAM TAM-S1S-faire-APPL un-CLAS maison
Xune DEF DEF
Xun
‘J'ai fait une maison pour Xun’
f.
*'i-j-me -meltzan j-p'ej na na lili Xu Xune
2. Variations dans le fonctionnement de l'applicatif
– Dans D ans beaucoup de cas, l'applicatif l'applica tif réalise la promotion d'un terme qui pourrait figurer comme oblique auprès de la forme non applicative, mais parfois aussi (notamment dans les langues africaines) le recours à l'applicatif est la seule solution pour faire figurer dans la phrase la mention d'un participant qui ne pourrait pas figurer comme oblique auprès d'une forme non applicative (par exemple exemple en tswana, la mention mention d'un bénéficiaire ne ne peut pas se s e réaliser autrement autrement qu'à travers la voix applicative). – L'introduction L'introduc tion d'un argument supplémentaire avec le l e statut d'objet peut entraîner divers divers degrés de destitution d'un objet déjà présent, mais ce n'est pas nécessaire dans les langues qui admettent des constructions à deux objets, comme le tswana. – Certaines Certaines langues langues (comme (comme le le tswana) tswana) ont des formes applicati applicatives ves susceptibles susceptibles de valid valider er la présence d'objets aux rôles sémantiques variés, d'autres ont des formes spécialisées dans l'introduction d'un type sémantique précis d'argument. On pourra alors selon les cas parler de voix bénéfactive, voix instrumentale. – On peut avoir avoi r des emploi emp loiss de formes for mes applica appl icativ tives es qui introdu int roduise isent nt un argument argument supplémentaire sans pour autant en faire un objet. – Il peut enfin arriver arriver que que la la dérivati dérivation on appli applicativ cativee ne modifie modifie pas pas le le nombre des complémen compléments ts ni leur statut syntaxique mais modifie leur rôle sémantique. L'ex. (4) illustre un cas d'applicatif utilisé exclusivement pour construire comme objets des constituants nominaux qui ont le rôle sémantique d'instrument. (4)
k'ichee'
a.
X-Ø-u- paxiij
ri
b'o'j
r-uuk' ab'aj ri
ali
TAM TAM-O3S-S3S-casser DEF DEF
marmite 3S-avec pierre DEF DEF fille ‘La fille a cassé la marmite avec une pierre’ ( la marmite est objet, pierre est oblique)
b.
Ab'aj xx-Ø-u-paxib'eej
r-eech
ri
b'o'j
ri
ali
pierre TAM-O3S-S3S-casser.INSTR 3S-pour DEF DEF marmite DEF DEF fille ‘La fille a cassé la marmite avec une pierre’ ( pierre est objet, la marmite est oblique)
L'ex. (5) illustre la possibilité d'utiliser les mêmes formes applicatives du verbe tswana de façon canonique et non canonique: en (5c), à la différence de (5b), le terme supplémentaire dont la forme applicative valide la présence n'a pas le statut d'objet, mais d'oblique.
(5)
tswana
a.
Lorato o tlaa apaya mo motogo bouillie Lorato SCL1 FUT FUT cuire ‘Lorato cuira la bouillie’
b.
Lorato o tlaa apeela Lorato SCL1 FUT cuire.APPL
bana motogo
Lorato o tlaa apeela Lorato SCL1 FUT cuire.APPL
motogo mo pitse-ng
enfantsbou enfantsbouillie illie ‘Lorato cuira la bouillie pour les enfants’ (applicatif canonique)
c.
bouillie dans marmite-LOC ‘Lorato cuira la bouillie dans la marmite’ (applicatif non canonique)
L'ex. (6) illustre un autre emploi non canonique de l'applicatif tswana: ce qui change entre la phrase (a) et la phrase (b), ce n'est ni le nombre des termes nominaux de la construction, ni leur statut syntaxique, mais le rôle sémantique assigné au complément locatif: provenance lorsque le verbe est à sa forme non dérivée, destination lorsqu'il est à la forme applicative. Il importe de remarquer qu'en tswana, la distinction entre provenance et destination n'est pas indiquée par un changement dans la forme du locatif lui-même ou par un changement de préposition, mais uniquement par le changement dans la forme f orme verbale. (6)
tswana
a.
b.
Ngwana o
tswa mo
jarate-ng
enfant SCL1 sortir dans ‘L'enfant sort de la cour’
cour- LOC LOC
Ngwana o
mo jarate-ng
tswela
enfant SCL1 sortir.APPL ‘L'enfant sort dans la cour’
dans cour-LOC LOC
En résumé, on peut dire que la seule chose vraiment constante dans l'emploi des formes applicatives est une modification de la relation verbe-compléments qui n'entraîne aucune réduction de la valence du verbe et qui ne touche pas à la relation entre le verbe et son sujet 3. Applicatif et passif
La combinaison applicatif + passif permet permet que le complément introduit dans la construction du verbe avec le statut d'objet ou promu au statut d'objet par la dérivation applicative soit promu au statut de sujet. L'ex. (6) permet de constater qu'en tswana, les deux objets de la forme applicative rekela du verbe reka "acheter" (celui qui représente le patient et celui qui représente le bénéficiaire) peuvent également être promus au statut de sujet de la forme applicative-passive rekelwa.
(6)
tswana
a.
Bana
ba re rekelwa
ditlhako
enfantsSCL2 acheter.APPL.PSF chaussures ‘On achète des chaussures pour les enfants’ (litt. Les enfants sont achetés. APPL des chaussures)
b.
Ditlhako di
rekelwa
bana
chaussures SCL8 acheter.APPL.PSF enfants ‘Les chaussures sont achetées pour les enfants’
L'ex. (7a) illustre l'emploi de la forme applicative-passive du verbe tswana "manger", et (7b) explique cette construction comme le résultat de deux modifications successives de la valence valence du verbe "manger": l'applicatif l'applicatif introduit un objet-détrimentaire, promu promu ensuite par le passif au statut de sujet. De manière semblable, l'ex. (8a) illustre l'emploi de la forme applicative-passive du verbe tswana "être malade", et (8b) explique cette construction comme résultat de deux deux modifications successives successives de la valence du verbe "être malade". (7)
tswana
a.
Kitso o
jetswe
dinawa
Kitso SCL1 avoir voir+ +mang mangéé.APPL.PSF haricots ‘Kitso a eu ses haricots mangés’ (litt. Kitso a été mangé+pour les haricots)
b.
A jele B + app applica licattif —> A jetse C B + pa passif
= A a mangé B = A a mang angé B au détriment ent de C
—> C jetswe B ke A = C a eu B mangé par A
(8)tswana a.
Mosadi o
lwalelwa
ke bana
femme SCL1 être être+m +mal alad adee.APPL.PSF par par enfants enfants ‘La femme est affectée par la maladie de ses enfants’
b.
A lwala + ap applica licattif —> A lwalela B + pas passif
= A est malade = A es est ma malade et et ce cela af affecte B (ou: la maladie de A affecte B)
—> B lwalelwa ke A = B est affecté par la maladie de A
L'ex. (9) illustrent des mécanismes similaires en nahuatl. Dans l'exemple nahuatl, le détrimentaire du verbe "prendre" "prendre" apparaît comme objet de la forme applicative en (9b), et comme comme sujet de la forme applicative-passive en (9c): (9)
nahuatl
a.
Ni-c-cui
in
tomin
S1S-O3S-prendre DEF DEF
argent
‘Je prends l'argent’
b.
Ni-mitz-cu_lia
in
S1S-O2S-prendre.APPL DÉF
tomin argent
‘Je te prends l'argent’
c.
Ti-cu_l_lo
in
tomin
S2S-prendre.APL.PSF DEF DEF
argent ‘On te prend l'argent’ (litt. ‘Tu es pris. APPL l'argent’)
4. Systèmes "de type philippin"
Les langues parlées dans les Philippines possèdent des systèmes de variations morphologiques morphologiques du verbe qui relèvent clairement de la voix dans la mesure où ces variations sont liées à l'assignation d'un statut spécial à l'un des arguments du verbe, mais dont l'analyse reste l'objet de controverses, du fait de particularités qui rendent délicate l'application des critères d'analyse généralement utilisés dans l'étude des systèmes de voix: – il n'est pas évident évident que celui celui des termes nominaux nominaux de la phrase qui reçoit un statut statut spécial spécial en liaison avec le système système de voix mérite mérite d'être reconnu comme comme sujet grammatical; – les changements de construction constructi on qui accompagnent accompagnent les changements morphologiques du verbe ne semblent mettre en jeu ni réduction, ni expansion de la valence verbale. Dans les langues en question, toute phrase à prédicat verbal comporte nécessairement un terme nominal et un seul marqué d'une certaine préposition (ou un pronom à une forme spéciale). Le choix de ce terme peut varier sans que cela affecte le contenu dénotatif dénotatif de la phrase, simplement la forme verbale change en fonction f onction du rôle sémantique de l'argument qui apparaît apparaît combiné à la préposition en question. Le choix de l'argument ainsi distingué semble impliquer la notion de topicalité. Syntaxiquement, son comportement particulier dans certaines opérations syntaxiques (notamment la relativisation) peut justifier de lui reconnaître le statut de sujet. En admettant donc qu'on qu'on puisse désigner comme sujet le terme nominal de la phrase marqué par cette préposition spéciale qui apparaît nécessairement une fois et une seule dans la construction de chaque verbe, la façon la plus prudente de décrire les systèmes de voix de type philippin semble être de ne pas chercher à identifier l'une des constructions possibles du verbe comme basique, et de poser que dans la construction d'une phrase: – l'un l'un des des argument argumentss du verbe doit recevoir recevoir le statut de sujet; sujet; – l'argument sélectionné comme sujet est marqué indépendamm indépendamment ent de son rôle sémantiqu sémantiquee par une préposition spéciale (ou par l'usage d'une forme spéciale, s'il s'agit d'un pronom); – la forme verbale verbal e inclut une marque qui varie selon le rôle sémantique sémant ique de l'argumen l'argumentt sélectionné comme sujet; – les termes nominaux nominaux de la phrase phrase autres autres que que le sujet sujet sont sont marqués marqués d'une préposition préposition qui est choisie en fonction de leur rôle sémantique. L'ex. (10) illustre la construction des différentes formes de voix du verbe tagalog bili "acheter". Il convient d'être attentif au fait que, si la morphologie morphologie verbale du tagalog encode le rôle sémantique du sujet, il n'y a par contre rien dans les formes verbales qui puisse s'identifier comme indice pronominal représentant le sujet.
(10) tagalog a.
B-um-ili ng damit ang babae para-sa bata acheter.VOIX PREP REP vêtement SUJ femme PREP enfant ‘La femme a acheté un vêtement pour l'enfant’
b.
B-in-ili
ng ba babae an ang damit sa sa tindahan
acheter.VOIX PREP REP femme SUJ vêtement PREP magasin ‘Le vêtement a été acheté par la femme au magasin’
c.
B-in-il-han ng babaengdam engdamit ang tin tindahan acheter.VOIX PREP femme PREP vêtement SUJ magasin Le magasin a été le lieu de l'achat du vêtement par la femme
d.
I-b-in-ili ng babaeng eng damit ang bata acheter.VOIX PREP REP femme PREP vêtement SUJ L'enfant a eu un vêtement acheté par la femme
e.
Ipinam-bili ng babaeng eng damit
enfant
ang pera
PREP femme PREP vêtement SUJ acheter.VOIX L'argent a servi à la femme à acheter un vêtement
argent
Il est toutefois envisageable de décrire les systèmes de type philippin en considérant comme basique la construction dans laquelle l'agent est sélectionné comme sujet, et en considérant par conséquent comme passives toutes les autres voix. Dans cette perspective, la particularité des systèmes de type philippin serait simplement d'avoir plusieurs formations morphologiques distinctes, spécialisés chacun dans dans la promotion d'un type particulier d'obliques, d'obliques, là où d'autres langues auraient simplement des emplois non canoniques de formes passives. Mais cette interprétation n'est pas acceptée par tous les auteurs ayant travaillé sur ces langues.
5. La « voix bénéfactive » du tsotsil
(Grinevald)
11. VOIX APPLICATIVES
1. Généralités: • • •
Voix applicative : terme général pour plusieurs voix. Promotion: oblique > Obj. canonique : marque sur le verbe
2. Le cas du tsotsil (maya) • •
"voix bénéfactive" Obj. Ind. > Obj. Obligatoire
(1)a. 7i -ø-h-con-be citom li Sune ASP-ABS3-ERG1-vendreASP-ABS3-ERG1-vendre- BEN cochon le Jean ‘J’ai vendu un cochon à Jean’ b. 7i -ø-h-con l i citome ASPASP-AB ABS3 S3-ER -ERG1 G1-v -ven endr dree le coch cochon on ‘J’ai vendu le(s) cochon(s)’ •
Arguments pour l'analyse de la voix bénéfactive en tsotsil
Argument Argument (1) : Index Index de personne personne (accord (accord objet-verb objet-verbe) e)
(2)a. Bay-ak Bay-ak’’-ø ø 7une aller ller ERG ERG3-do -donne nner-A r-ABS3 ENCL ENCL ‘Il est allé le donner’ b. Ti mi c-av-ak’ c-av-ak’-b-o -b-on n 7ep tak’ine si ASP-ER ASP-ERG2G2-don donner ner-BE -BEN-A N-ABS1 BS1 beaucou beaucoupp argent argent ‘Si tu me donnais beaucoup d’argent' c. Ba ss-con-ø li n u ku ku l 7une aller ERG3-vendre-BS3 la peau ENCL ‘Il est allé vendre la peau' d.
Mi mu s-a s-a-con -con-b -b-o -on n l-al-a-ci cito tome me Q NEG ASPASP-ERG ERG2-v 2-vend endrere-BEN BEN-AB -ABS1 S1 le-ERG le-ERG2-c 2-coch ochon on ‘Tu ne veux pas me vendre tes cochons?’
Argument (2) (2) : Passif (OI>O>S)
(3)a. 7 i-ø- ?il-at yu7un Sun li Maruce ASP-ABS3-voir-PASF par Jean le Maruc ‘Maruc a été vu par Jean’
b.
7i-ø-k -ø-k’o ’op pon-at
yu7un Petul li cebe ASP-ER ASP-ERG3-p G3-parle arler-PA r-PASF SF par Petul Petul la fille fille *La fille a été parlée par Pierre
‘C'est à la fille que Pierre a parlé’
c. c.
C-i-?ak’-b-at h u n ceb ASP-ABS1-donn ASP-ABS1-donner-BEN er-BEN-PASF -PASF une *J'ai été donné une fille ‘On m’a donné une fille’
fille
d. d.
Mi l-a-7ak’-b-at 7a-ve7el Q ASPASP-BS BS22-do donn nner er-B -BEN EN-P -PAS ASF F ERG2 ERG2-r -rep epas as *Est-ce que tu as été donné ton repas? ‘Est-ce qu'on t'a donné ton repas?’
e. e.
C-ø-7ak’-b-at s-lo7bol ASP-ABS3-donn ASP-ABS3-donner-BEN er-BEN-PASF -PASF ERG3-fruit *Il a été donné son fruit ‘On lui a donné son fruit’
Argument Argument (3) (3) : Pluriel Pluriel
Un verbe transitif peut faire son accord en nombre avec un objet direct animé. (4) a.
7a l i
Sune 7i-ø i-ø-s-k -s-k’e ’ell-ik ik s-krem-tak TOP le Jean Jean ASP-A ASP-ABS3 BS3-ER -ERG3 G3-re -rega garde rder-3 r-3PL PL ERG3 ERG3-e -enfa nfant nt-PL -PL ‘Jean regardait ses enfants’
b. S-i-s-mil-otik S-i-s-mil-otik 7un ASP-ABS1-ERG3-tuer-1PL ASP-ABS1-ERG3-tuer-1PL ENCL ‘Ils nous a tués’
Cependant, dans les propositions qui contiennent un objet indirect et un objet direct initial, le verbe fait son accord en nombre avec l’objet indirect initial. c. C-a-kC-a-k-ak’ ak’-be-be-ik ik ASP-ABS2-ERG1-donner-BEN- 2PL ‘Je vous (pl) [enfants] la [la cloche] donne’ d.
7i -ø- k- ak’- be- ik
li Sune ASP-ABS3-ERG1-donner-BEN-3PL le Jean ‘Je leur ai donné Jean’’
3. Le cas de l'anglais: •
un applicatif pas canonique (pas prototypique)
•
"Datif Shift" : Obj. Ind. > Obj. ; facultatif ; pas de marque verbale
(4) a. I gave the book to Mary ‘J’ai donné le livre à Marie’
b."Datif b. "Datif Shift" I gave Mary the book *’J’ai donné Marie le livre ‘
c. Passif The book was given to Mary ‘Le livre a été donné à Mary’
d. Datif Shift + Passif Mary was given the book *’ Marie a été donnée le livre’
4. Le cas du KinyaRwanda •
(5)
tous les Obliques >Obj. (optionnel) Promotion du Locatif
umugore y-ooher-eje u mu boo yi k u - i s o k o femme/SUJ femme/SUJ elle-e elle-envo nvoyeryer-ASPcuisi ASPcuisinier nier/OB /OBJJ LOC-ma LOC-march rchéé ‘La femme a envoyé le cuisinier au marché’ umugore y-ooher-eje-ho i s oko u mu bo oyi femm femme/ e/SU SUJJ elle elle-e -env nvoy oyer er-A -ASP SP-L -LOC OC marc marché hé/O /OBJ BJ cuis cuisin inie ier/ r/OB OBJJ ‘La femme a envoyé au marché le cuisinier’ (6)
Promotion de l’Instrument
umugabo ya-tem-eje i gi t i n - u m u p a a n ga homm homme/ e/SU SUJJ il-c il-cou oupe perr-AS ASP P arbre/OBJ INST INSTRR-sscie cie ‘L’homme coupe l’arbre avec une scie’ umugabo ya-tem-ej-eesha umupaanga igit igitii homme/SUJ il-couper-ASP-INSTR scie/OBJ arbre/OBJ ‘L’homme a utilisé la scie pour couper l’arbre
Voix applicative + Voix passive (1) APPLICATIF
S
(2) PASSIF
(7)
Passif
O
OBLIQUE
umub umuboo ooyi yi y-ooher-ej-we ku-i ku-iso soko ko cuisin cuisinier/ ier/SUJ SUJ il-env il-envoye oyer-AS r-ASP-PA P-PASF SF LOCLOC-ma marc rché hé ‘Le cuisinier a été envoyé au marché’
(8)Applicatif-Locatif + Passif i s oko ry-ooher-ej-we-ho u mu boo yi marc marché hé/S /SUJ UJ ça-e ça-env nvoy oyer er-A -ASP SP-P -PAS ASFF-LO LOC C cuis cuisin inie ierr *Le marché a été envoyé le cuisinier 'C'est au marché qu'on a envoyé le cuisinier' (9)
Applicatif-Instrument + Passif
umupaanga wa-tem-eesh-ej-we igiti scie/SUJ ça-couper-INSTR-ASP-PASF arbre/OBJ *La scie a été coupée l'arbre ‘La scie a été utilisée pour couper l’arbre’
5. Le cas du Bikol : un autre système de 'voix'
Le syntagme nominal sujet/'topic' du Bikol (Philippines) est marqué par le préfixe 'ang-. Le verbe –dans toutes les voix– prend un préfixe qui encode le rôle sémantique du syntagme nominal 'topique'. - Le rôle pragmatique est encodé dans le SN 'topique'. - Le rôle sémantique du SN 'topique' est encodé dans le verbe. (10) Agent-topic ('voix active') nag-ta'o 'ang-lalake ning-libro ning-l ibro sa-babaye AGT-donner TOPTOP-hhom omme me PATPAT-li livr vree DAT DAT-femme 'L'homme a donné le livre à la femme' (11) Patient-topic ('voix passive-(1)') na-ta'o kang-lalake 'ang-libro sa-babaye PATPAT-do donn nner er AGT-h AGT-hom omme me TOP-liv TOP-livre re DAT-f DAT-fem emme me 'Le livre a été donné à la femme par l'homme' (12) Datif-topic ('voix passive-(2)') na-ta'o-an kang-lalake ning-libro ning-l ibro 'ang-babaye DATDAT-do donn nner er-D -DAT AT AGT-h AGT-hom omme me PAT-liv PAT-livre re TOP-f TOP-fem emme me *La femme a été donnée le livre par l'homme ‘C'est à la femme que l'homme a donné le livre’ (13) Agent-topic ('voix active') nag-putul 'ang-lal 'ang-lalake ake ning-tubu ning-tubu gamit(-'ang)-lanseta gamit(-'ang)-lanseta AGT-co -couper TOPTOP-ho homm mmee PATPAT-ca cann nnee DATAT-cou coutea teau 'L'homme a coupé la canne à sucre avec un couteau'
(14) Instru Instrumen ment-t t-topi opicc ('voix ('voix passiv passive-(3 e-(3)') )')
pinag-putul pinag-putul kang-l kang-lala alake ke ning-tubu ning-tubu ang-la ang-lanset nseta a INSTR-couper AGT-ho -homme PAT-c T-canne TO TOP-c P-couteau *Le couteau a été coupé la canne à sucre par l'homme 'Le couteau a été utilisé par l'homme pour couper la canne à sucre'
(15) Agen Agent-t t-top opic ic ('voi ('voixx active active')') nag-bakal 'ang-lalake 'ang-lalake ning-kanding para-sa-bab para-sa-babaye aye AGT-a AGT-ach chet eter er TOP-homme TOP-homme PAT-ch PAT-chèvr èvree BEN-DA BEN-DAT-f T-fem emme me 'L'homme a acheté une chèvre pour la femme'
(16) Benefacti Benefactive-to ve-topic pic ('voix ('voix passive passive-(4)' -(4)')) pinag-bakal-an pinag-bakal- an kang-lalake ning-kanding 'ang-babaye 'ang-babaye BEN-acheter-DA -DAT AGTAGT-ho homm mmee PATPAT-cchèvr hèvree TOPTOP-fe femm mmee *La femme a été achetée une chèvre par l'homme 'C'est à la femme que l'homme a acheté une chèvre'
9 La relativisation dans les langues du monde (Creissels) 1. Rappel de la définition de la relativisation et remarques générales sur la variété des structures de relativisation dans les langues du monde
De manière générale, on s'autorise ici à parler de relativisation chaque fois qu'on a une construction ayant pour fonction (même si ce n'est pas de façon exclusive) de restreindre le référent d'un terme nominal d'une unité phrastique (la principale) en lui attribuant une propriété construite à partir d'une autre unité phrastique. Par exemple, dans Je te te présent présentee [le [le garçon garçon qui a parlé de moi moi à Marie] Marie] , le terme entre crochets, c'est-à-dire l'objet du verbe principal présenter, est désigné comme ayant pour référent un x vérifiant les deux propriétés x est un garçon et x a parlé de moi à Marie : la première de ces propriétés (le fait d'être un garçon) est le signifiant d'une unité lexicale, la deuxième est construite à partir du schème phrastique A parle parle de B à C . Dans ce qui suit, on désignera comme R et R' les deux termes syntaxiques immédiatement concernés par la relativisation: R (ou "terme relativisé") désignera le terme de la relative qui s'interprète sémantiquement sémantiquement comme une variable, variable, et R' désignera désignera le terme de l'unité phrastique principale au référent duquel est attribuée la propriété qu'exprime la relative. Appliquée à l'exemple précédent, cette définition donne R a parlé parlé de moi moi à Marie Marie et Je te te présen présente te R' R'. En outre, il est banal (bien que non nécessaire) que la relative accompagne un nom qui exprime une autre propriété du référent du terme R', c'est-à-dire qui délimite un domaine à l'intérieur duquel la relative introduit une restriction. Ce nom, traditionnellement appelé antécédent, sera désigné ici comme "le nom A" On admettra que la relativisation peut impliquer diverses modifications de l'unité phrastique phrastique relativisée (notamment au niveau de la forme du verbe qui en constitue le noyau prédicatif), pourvu que ces modifications ne remettent pas en question la reconnaissance d'une structure de type phrastique, notamment au niveau des compléments possibles du verbe qui constitue le noyau prédicatif de la relative. Le français standard illustre une structure de relativisation dans laquelle: – La relative relative est enchâssée enchâssée dans le constitua constituant nt R' de la structure structure phrasti phrastique que princip principale; ale; – Le constituan constituantt R' a pour pour tête tête lexicale lexicale le nom nom A. – La relative, dont le rôle est de restreindre le domaine délimité par le nom A, succède à ce nom et présente syntaxiquement les caractéristiques d'un modifieur; – La structure structure interne interne de la relativ relativee se caractéris caractérisee par le blocage blocage de la position canonique canonique du terme R, au sens qu'il est impossible d'introduire du matériau morphologique dans la position canonique du constituant R. – Immédiatement Immédiatement à gauche gauche de la relative relative se trouve trouve un relativiseur, relativiseur, traditionnellement traditionnellement désigné désigné comme pronom relatif, mais qui dans une partie des cas peut être analysé plutôt comme simple marqueur de subordination; lorsque la relative est e st réellement réellement introduite par un pronom relat relatif, if, celui-ci peut être accompagné d'éléments qui, dans l'unité phrastique de base, formeraient un syntagme avec le constituant R. L'ex. (1) explicite cette analyse pour quelques phrases françaises, en concrétisant par un trait horizontal assorti de l'indication R la position bloquée à l'intérieur de la relative (avec entre parenthèses l'indication éventuelle d'autres éléments dont le blocage de la position R entraîne la
disparition ou le déplacement), et en concrétisant par trois paires de crochets les trois constituants emboîtés qui se trouvent directement impliqués dans le mécanisme de relativisation: – la relati relative; ve; – le constituan constituantt formé formé par par la combi combinaiso naisonn de la relative relative et les éléments éléments situés situés immédi immédiate atemen mentt à sa gauche; – le constituant constituant R'. (1) français français a.
Je te présente [R' le garçonA [qui [—R a parlé de moi à Marie]]]
b. Je vais vais t'ex t'expli plique querr [R' le problèmeA [dont [Jean a parlé (de) — R à Marie]] c.
Je connais [R' la filleA [à qui [Jean a parlé de moi (à) — R]]]
d. Je conn connai aiss [R' le garçonA [avec la sœur de qui [Jean sort (avec la sœur de) — R]]] Un mécanisme de relativisation répondant répondant à la même définition logico-sémantiqu logico-sémantiquee se laisse identifier sans problème majeur dans l'immense majorité des langues. Par contre, aucune des caractéristiques morphosyntaxiques de la construction du français décrite succintement cidessus n'est universelle, et les structures de relativisation peuvent dans certaines langues présenter des caractéristiques très différentes de celles de la construction française: – la subordonnée qui exprime une propriété servant à déterminer déterminer un terme de la principa principale le n'est pas nécessairement enchâssée dans la principale; en d'autres termes, la position R' dans l'unité phrastique principale n'est pas forcément occupée par un syntagme formé par le nom A et la relative; – le nom nom A ne forme pas nécessaire nécessairement ment avec avec la relati relative ve un syntagme syntagme dans lequel lequel la rela relati tive ve peut s'analyser comme modifieur du nom A; il est possible aussi que le nom A apparaisse à l'intérieur de la relative, rela tive, dans la position canonique du terme R. Par conséquent, les distinctions fondamentales dans une typologie des structures de relativisation sont: – la distinctio distinctionn entre entre relatives relatives enchâssées enchâssées et relatives relatives non enchâssées enchâssées;; – pour les relatives enchâssées, la distinction entre celles qui incluent le nom A (désignées dans ce qui suit comme "circumnominales") et celles qui se construisent comme un modifieur modifieur du nom A; – pour les relatives relat ives enchâssées enchâ ssées qui se construisent constr uisent comme un modifieur modifi eur du nom A, la distinction entre celles qui précèdent le nom A (relatives "prénominales") et celles qui le suivent (relatives "postnominales"). 3. Relatives postnominales
Ce type de relativisation est notamment celui que connaît le français, et il est très largemen largementt majoritaire à l'échelle des langues du monde. On observe notamment que des relatives postnominales ne sont pas rares dans des langues où les autres modifieurs du nom sont en règle générale antéposés. L'allemand illustre illustre de manière typique typique cette tendance. En allemand, allemand, la majorité des de s modifieurs s'antéposent au nom, et il existe deux stratégies de relativisation: l'une avec des relatives antéposées (que (que la grammaire traditionnelle ne reconnaît reconnaît pas comme relatives), dans lesquelles le verbe est à une forme participiale – ex. (2a), et une autre avec des relatives postposées, dans
lesquelles on trouve les mêmes formes verbales qu'en phrase indépendante – ex. (2b). Mais la stratégie d'antéposition est moins productive au sens où elle permet de relativise relativiserr seulement le sujet, tandis que la stratégie de postposition permet de relativiser une plus grande variété de termes syntaxiques. (2)
allemand
a.
der in dies iesem Bü Büro arb arbei eite tennde Man Mannn lit. ‘le dans ce bureau travaillant homme’ —> ‘l'homme qui travaille dans ce bureau’
b. der Mann, Mann, der der in diesem diesem Büro Büro arbei arbeitet tet lit. ‘l'homme qui dans ce bureau travaille’ —> ‘l'homme qui travaille dans ce bureau’
Les variations variations observées observées à l'intérieur de ce type type de relativisation – cf. cours de licence – portent essentiellement sur les points suivants: (a) la présence éventuelle d'éléments insérés entre le nom A et la relative, et leur nature; (b) les modifications éventuelles subies par le verbe de la relative; (c) le fait que la position canonique du terme relativisé reste nécessairement vide, ou au contraire soit traitée comme elle le serait en cas d'anaphore discursive. 4. Relatives prénominales prénominales
Comme cela a déjà été dit, les relatives postnominales sont courantes même dans des langues où en règle générale les modifieurs du nom sont antéposés. Il y a toutefois des langues où l'antéposition de la relative au nom A est la stratégie usuelle, ou même la seule possible, comme par exemple en japonais – ex. (3). (3) japonais japonais a.
Watashi-waki akinooei oeiga-o moi-TOP hier ‘Hier j'ai vu un film’
b.
mimashita
film-OBJ avoir+vu
Sono ono eiga-wa taihenomoshirokatta desu DEM DEM film-TOP très
intéressant ‘Ce film était très intéressant’
c.
être
[R' [Wat [Watas ashhi-g i-ga kino inoo —R mita] eigaA]-w ]-wa taih taihen enom omos oshi hiro roka katt ttaa desu desu moi-SUJ hier hier avoi avoir+ r+vu vu film film--TOP ‘Le film que j'ai vu hier était très intéressant’
très
intéressant
être
Les stratégies mises en jeu dans ce type de relativisation sont moins variées que celles observées pour les relatives postnominales, et la description de relatives prénominales est généralement beaucoup moins problématique que la description de relatives postnominales. On constate tout d'abord que les relatives prénominales se caractérisent la plupart du temps par des formes verbales spéciales, ou du moins par des formes différentes de celles qui apparaissent en phrase assertive indépendante, alors que dans les relatives postnominales, il est commun de trouver trouver les mêmes formes verbales qu'en phrase assertive assertive indépendante. L'allemand, L'allemand,
qui a des relatives prénominales avec le verbe à la forme participiale à côté de relatives postnominales à formes verbales finies, illustre cette tendance – ex. (2) ci-dessus. Ce recours à des formes verbales spéciales dans les relatives prénominales s'accompagne parfois d'un marquage casuel du sujet (lorsque le terme relativisé n'est pas le sujet) différent de celui qu'on observe en phrase indépendante. Par exemple en turc, le sujet des relatives est au génitif (et non pas au nominatif), tandis que le verbe est à une forme participiale, avec des marques de personne et de nombre identiques aux suffixes possessifs des noms – ex. (4). (4)
turc
a. Ba Baba-m adam-›
gördü
père-1SG homme-OBJDEF voir.TAM.S3S ‘Mon père a vu l'homme’
b.
[baba-m-›n [baba-m-›n — gör-dü_-ü gör-dü_-ü]] adam adam père-1SG-GEN voir-PART-3SG homme ‘l'homme que mon père a vu’ (litt. ‘l'homme vu de mon père')
Dans le cas des relatives prénominales, il est parfois difficile de faire la distinction entre marqueurs de subordination intégrés au mot verbal et marqueurs de subordination insérés entre la relative et le nom A, car ce type de relative se trouve surtout dans des langues qui placent systématiquement le verbe à la fin de l'unité phrastique. Ce qui est e st sûr, c'est qu'il est assez rare de trouver dans ces constructions des cas indiscutables de relativiseurs non intégrés au mot verbal et dont la place est à définir par rapport à la marge droite de la relative. relative. On peut toutefois citer le cas du morphème de en chinois – ex. (5). (5)
chinois
a.
zhong shuiguo de nongren cultiver fruit REL REL paysan ‘les paysans qui cultivent des fruits’
b.
woxiexin
de
maobi
moi écrire lettre SUB pinceau ‘le pinceau avec lequel j'écris le courrier’
Dans les relatives prénominales, à la différence des relatives postnominales, on ne trouve que très rarement utilisée la stratégie consistant à avoir dans la position canonique du terme R un pronom (ou indice pronominal) identique à un pronom qui marquerait une anaphore discursive et dont la présence ne peut pas être imputée à une règle obligatoire d'accord. De telles constructions sont signalées en chinois – ex. (6), mais elles semblent poser un problème d'acceptabilité aux locuteurs. La même chose a été observée en coréen. (6)
chinois
a.
wosong
geita yi
ben xiaoshuo
moi donner à lui un CLAS roman ‘la personne à qui j'ai donné un roman’
de re r en
REL REL
personne
b.
ni
qing
ta he jijiu
de jiaoshou
REL professeur toi toi inv inviterlui iterlui boire ire alcool ool REL ‘le professeur que tu as invité à boire un verre’
Enfin, dans les constructions avec des relatives prénominales, il n'apparaît jamais de relativiseur comparable aux pronoms relatifs que l'on trouve dans les relatives postnominales. En résumé, on peut dire que les relatives prénominales présentent beaucoup moins de variété que les relatives postnominales, et que la construction typique dans le cas des relatives prénominales est celle qu'illustrent les relatives participiales de l'allemand – ex. (2a), avec une marque de subordination intégrée au verbe qui constitue le noyau prédicatif de la relative relative mais sans aucun matériau morphologique, morphologique, ni dans la position R, ni entre la relative rela tive et le nom A. 5. Relatives circumnominales circumnominales
Dans ce type de relatives: – la relative relative occupe occupe la positio positionn canoniq canonique ue du du terme terme R' de la principale principale;; – le nom A occupe occupe la positi position on canon canonique ique du terme terme R de la relative. relative. L'ex. yuma (7) illustre la façon dont peuvent s'intégrer selon cette stratégie une relative et une principale construites toutes deux selon le schème SOV: la position R' dans la principale, qui est dans cet exemple la position de sujet, est occupée par un constituant John-ts vii uutap uu tap qui a l'apparence d'une phrase indépendante signifiant "John a lancé une pierre", et qui pourtant ne se réfère pas au contenu propositionnel "le fait que John ait ou non lancé une pierre", mais à une entité identifiée comme appartenant à la fois à l'ensemble des pierres et à l'ensemble des des x qui vérifient la propriété "John a lancé x": "pierre que John a lancée". La présence du démonstratif ambigüité la nominalisation de cette unité phrastique in et de la marque de sujet ts marquent sans ambigüité et son insertion en position de sujet de la principale, mais rien dans sa structure interne n'indique qu'elle ne doit pas s'interpréter comme "le fait que John a lancé une pierre", mais comme "la pierre que John a lancée". (7) yuma [R' [John-t [John-tss [R vii viiA] uutap]-in-ts] ava-nya
tav-sh
John-SUJ pier pierre re lanc lancer er--DEM SU J DEM-SUJ SUJ maison-DEM toucher-EVID ‘La pierre que John a lancée a touché la maison’
Ces relatives circumnominales enchâssées dans l'unité phrastique principale présentent un cas intéressant d'ambiguïté syntaxique. Ce sont des unités phrastiques construites exactement comme des unités phrastiques qui signifient des contenus propositionnels, avec le nom A dans la position canonique du terme R, mais qui néanmoins s'interprètent exactement comme la combinaison d'un nom et d'une relative dans les langues qui traitent les relatives comme modifieurs du nom. Dans la structure interne de telles relatives, rien ne signale le mécanisme de relativisation, et selon les contextes, il est d'ailleurs possible que la même unité phrastique enchâssée s'interprète aussi bien comme une complétive qui se réfère au a u même contenu propositionnel que la phrase indépendante correspondante que comme comme une relative qui inclut le nom qu'elle détermine – ex. (8). En outre, il est possible que des relatives de ce type incluent plusieurs noms susceptibles d'être interprétés comme occupant la position du terme relativisé. L'ex. wappo (8) illustre aussi cette possibilité, puisque deux interprétations de la phrase (8c) sont possibles, selon qu'on considère que le nom qui occupe la position du terme relativisé est "homme" ou "poisson".
(8)
wappo
a.
Ce k’ew ?ew
t’un-tah
DEM DEM homme
poisson acheter-TAM TAM ‘Cet homme a acheté du poisson’
b.
?ah [cek’ew
?ew
t’un-tah]hatiskhi?
moi DEM DEM homme poisson acheter-TAM TAM savoir ‘Je sais que cet homme a acheté du poisson’
c.
?ah [cek’ew ?ew
t’un-tah] hak’‰e?
moi DEM DEM homme poisson acheter-TAM TAM aimer (1) ‘J'aime l'homme qui a acheté le poisson’ (2) ‘J'aime le poisson que l'homme a acheté’
Dans la littérature sur sur la typologie typologie de la relativisation, relativisation, on cite souvent souvent pour p our illustrer ce type de construction un exemple bambara (tiré d'un article de C. Bird) qui semble contredire plusieurs généralisations que l'on est tenté de faire à propos de ce type de relatives. Mais en réalité, cet exemple est erroné. Les cas sûrs de langues ayant des relatives circumnominales enchâssées dans la principale autorisent sans restriction les généralisations suivantes: (a) Ce type de construction se rencontre essentiellement (sinon exclusivement) dans des langues dans lesquelles le verbe occupe une position fixe en fin d'unité phrastique. (b) Toutes les langues qui ont des relatives circumnominales ont aussi des rela relati tive vess prénominales. (c) Dans les relatives circumnominales, on ne rencontre jamais de marque signalant explicitement la position du terme R ou le statut particulier du nom occupant cette position. (d) Les relatives circumnominales ne sont utilisées que pour relativiser des position positionss syntaxiques situées vers le sommet de la hiérarchie d'accessibilité à la relativisation que nous examinerons à la section 7. (e) Dans les relatives circumnominales, la subordination de la relati relative ve est souvent marquée au niveau du verbe, mais il arrive aussi que rien ne signale explicitement la subordination de la relative. 6. Relatives détachées de la principale
Le bambara est un exemple typique de langue où on trouve des phrases qui, si on s'en tient aux définitions posées ici, mettent indiscutablement en jeu un mécanisme de relativisation dans lequel il n'y a aucune difficulté à reconnaître deux unités phrastiques avec le statut respectif de principale et de subordonnée relative, sans toutefois que la relative soit enchâssée dans la principale. De telles constructions, désignées comme "constructions corrélatives" par les auteurs qui refusent d'appliquer le terme de relative à des unités phrastiques non enchâssées, ont été décrites aussi pour le hindi par exemple. En réalité, elles sont loin d'être rares dans les langues indo-européennes, mais leur existence est quelque peu masquée par une tradition descriptive qui les traite comme marginales par rapport au type "canonique" que sont les relatives postnominales. Les auteurs qui se basent sur l'absence d'enchâssement pour refuser de reconnaître des subordonnées relatives dans ce type de construction insistent sur le fait que les constructions corrélatives ont l'apparence d'une juxtaposition de deux phrases indépendantes. Toutefois, si on accepte l'idée que la subordination est fondamentalement une affaire de hiérarchisation des fonctionnements énonciatifs, il n'y a aucune difficulté à identifier dans les "constructions
corrélatives" une principale et une subordonnée, et fonctionnellement, il n'y a aucune différence entre ces constructions et les constructions à relatives enchâssées. En bambara, la relative est généralement antéposée à la principale. Il existe aussi une construction, beaucoup moins fréquente, dans laquelle la relative est postposée à la principale, mais nous la laisserons de côté. Il n'y a pas de différence importante entre ces deux constructions. En bambara, la relative se reconnaît à la présence d'un morphème min qui n'apparaît dans aucun autre type d'unité phrastique, et qui peut occuper à lui seul la position canonique du terme R, ou l'occuper en combinaison avec le nom A; on peut désigner ce morphème comme relativiseur, à condition toutefois de ne pas oublier que sa position à l'intérieur de la relative relative le distingue des relativiseurs qui, dans les relatives postnominales, occupent une position fixe à la marge gauche de la relative. Ainsi, l'introduction de min en différentes positions dans une unité phrastique indique sans ambiguïté possible que l'énonciateur n'utilise pas cette unité phrastique pour se référer à un contenu propositionnel, mais pour viser un référent qui appartient à la fois à l'ensemble des référents potentiels du nom qui forme un syntagme avec min et à l'ensemble des entités qui vérifient la propriété qu'on qu'on peut formuler formuler en posant une variable dans la position qu'occupe le syntagme "nom A + min" – ex. (9): – en (9b), le référent référent visé visé est est un référent potenti potentiel el de muso "femme" qui vérifie la propriété x ye fulak fulakèè ka misi ye tu tu kònò kònò "x a vu la vache du Peul dans le bois"; – en (9c), le référent réfé rent visé est un référent potentiel potentiel de fulakè "Peul" qui vérifie la propriété muso ye x ka misi ye tu kònò "la femme a vu la vache de x dans le bois"; – en (9d), le référent visé est un référent potentiel potentiel de misi "vache" qui vérifie la propriété muso ye fulakè ka x ye tu kònò "la femme a vu le/la x du Peul dans le bois"; – en (9e), le référent référent visé visé est est un référent potentiel potentiel de tu "bois" qui vérifie la propriété muso ye fulakè fulakè ka misi misi ye x kònò "la femme a vu la vache du Peul à l'endroit x". (9)
bambara
a.
Musoye
Fulakè ka mi m isi ye ye
tu
femme AC.POS Peul voir bois GENvache vo ‘La femme a vu la vache du Peul dans le bois’
b.
muso min ye
Fulakè ka
kònò dans
misi ye
tu
kònò
GEN vache voir bois dans femme REL AC.POS Peul ‘la femme qui a vu la vache du Peul dans le bois’
c.
muso ye
Fulakè min ka mi misi ye tu tu
kònò
femme AC.POS Peul REL GEN vache voir bois dans ‘le Peul dont la vache a été vue par la femme dans le bois’
d.
muso ye
Fulakè ka mi misi min ye tu tu
kònò
femme AC.POS Peul GEN vache REL REL voir bois dans ‘la vache du Peul qui a été vue par la femme dans le bois’
e.
muso ye
Fulakè ka mi misi ye tu tu
min
femme AC.POS Peul GEN vache voir bois ‘le bois dans lequel la femme a vu la vache du Peul’
kònò REL REL
dans
En ce qui concerne leur relation à la principale, les relatives du bambara ainsi formées se comportent exactement comme les constituants nominaux qui précèdent une unité phrastique dans une construction disloquée avec reprise pronominale du terme détaché à gauche: elles explicitent en effet le référent d'un pronom qui occupe la position canonique du terme R' dans la principale, et qui est identique aux pronoms utilisés en phrase indépendante pour marquer une anaphore discursive. Dans les ex. (10c-f), la relative et la principale sont présentées sur deux lignes distinctes pour souligner l'absence d'enchâssement. (10) bambara a.
Musoye
Fulakè
ka
misi ye
tu
femme AC.POS Peul GEN vache voir ‘La femme a vu la vache du Peul dans le bois’
b.
O
kònò
bois dans
bè min?
êtreoù? ‘Où est-il/elle?’ PRO
c.
Musomin ye femme REL
Fulakè ka mi misi ye tu tu
AC.POS
o
bè min?
PRO
êtreoù?
Peul
GEN
kònò
vache voir
bois dans
‘Où est la femme qui a vu la vache du Peul dans le bois?’
d.
Musoye
Fulakè
femme AC.POS
o
bè min?
PRO
êtreoù?
Peul
min ka
misi ye
tu
REL
vache voir
bois dans
GEN
kònò
‘Où est le Peul dont la vache a été vue par la femme dans le bois?’
e.
Musoye
Fulakè ka
misi min ye
tu
femme AC.POS
Peul
REL vache REL
bois dans
o
bè min?
PRO
êtreoù?
GEN
voir
kònò
‘Où est la vache du Peul qui a été vue par la femme dans le bois?’
f.
Musoye
Fulakè ka
femme AC.POS
o
bè
PRO
êtreoù?
Peul GEN
misi ye
tu
min
kònò
vache voir
bois
REL REL
dans
min?
‘Où est le bois dans lequel la femme a vu la vache du Peul?’
7. Variations dans la possibilité de relativiser différents types de fonctions syntaxiques syntaxiques
Dans la description des mécanismes morphosyntaxiques de la relativisation dans les langues, il est important d'examiner dans quelle mesure les différentes fonctions syntaxiques que peuvent occuper les constituants nominaux sont accessibles à la relativisation, car il y a sur ce point des différences importantes entre les langues. Du point de vue typologique, il a été proposé une hiérarchie universelle d'accessibilité à la relativisation. La signification de cette hiérarchie est que, si dans une langue une fonction syntaxique est accessible à la relativisation, toutes les fonctions situées au-dessus dans cette hiérarchie doivent aussi être accessibles; et si dans une langue, une fonction syntaxique ne se prête pas à la relativisation, les fonctions situées plus bas dans la hiérarchie ne doivent pas non plus s'y prêter. En négligeant quelques détails qui restent peu clairs, on peut au moins considérer les généralisations suivantes comme relativement sûres: (a) Les termes nominaux directement liés au noyau prédicatif de la relative sont plus accessibles à la relativisation que les génitifs. Beaucoup de langues autorisent la relativisation de n'importe quel terme nominal nominal directement lié au noyau prédicatif prédicatif de la relative relative mais interdisent la relativisation de positions génitivales (dans de telles telle s langues, on pourra par exemple construire construire l'équivalent exact de le garçon dont j'ai parlé à Marie , mais pas de le garçon dont j'ai montré la photo à Marie). (b) Les termes nominaux directement liées au noyau prédicatif de la relative sont plus accessibles à la relativisation que les termes nominaux qui appartiennent à une unité phrastique enchâssée dans la relative. Par exemple, le français accepte au moins sous certaines conditions des relativisations comme le garçon avec qui Jean croit que Marie est sortie , mais beaucoup de langues interdisent de type de relativisation. relat ivisation. (c) Parmi les termes nominaux directement liés au noyau prédicatif de la relative, les obliques sont moins accessibles à la relativisation que l'objet, et l'objet est moins accessible à la relativisation que le sujet. Nous verrons un peu plus loin que le malgache illustre le cas extrême où seule la position sujet est accessible à la relativisation. Beaucoup d'autres langues autorisent la relativisation des positions sujet et objet mais interdisent la relativisation des obliques. (d) Les sujets de constructions intransitives sont plus accessibles à la relativisation que les sujets de constructions transitives: dans un certain nombre de langues à marquage casuel ou à accord verbal de type ergatif (notamment dans beaucoup de langues de la famille maya), le sujet d'un verbe transitif ne peut pas être relativisé tel quel; il ne peut l'être que par le biais d'une reformulation à la voix antipassive, qui maintient maintient le sujet dans son statut de sujet mais fait passer l'objet de la construction transitive au statut d'oblique. Ceci conduit à envisager les l es deux questions suivantes: (a) l'existence possible de corrélations entre la présence dans une langue de restrictions plus ou moins fortes sur l'inventaire des fonctions syntaxiques relativisables et la présence de mécanismes de voix plus ou moins productifs; (b) l'existence possible de corrélations entre les restrictions sur la nature des fonctions syntaxiques syntaxiques relativisables et l'utilisation de telle ou telle stratégie de relativisation. A propos du point point (a), on peut a priori penser que des restrictions très fortes à la relativisatio relativisationn ne sont envisageables que dans des langues offrant la possibilité de reformuler systématiquement les phrases de façon à faire apparaître un terme nominal quelconque dans une position se prêtant à la relativisation, et les observations semblent confirmer cette hypothèse. Un cas extrême, illustré par le malgache, est celui de langues où n'est accessible à la relativisation que la position de sujet du verbe qui constitue le noyau prédicatif de la relative. Or
cette restriction est compensée en malgache par un système de voix permettant de convertir en sujet n'importe quel terme nominal de de l'unité phrastique. Par exemple, il est impossible impossible de rendre littéralement en malgache "les vêtements que la femme lave" ou "le savon avec lequel Rasoa fait la lessive". La seule possibilité est d'avoir recours à des formes dérivées du verbe laver dont le sujet représente le patient ou l'instrument de l'action, ce qui donne quelque chose comme "les vêtements qui sont lavés par la femme" ou "le savon qui sert à Rasoa pour faire la lessive" – ex. (11). (11) malgache a.
Manasa ny lambany vehivavy laver DEF DEF linge ‘La femme lave le linge’
DEF DEF
femme
b. ny vehivavy (iza (izay) y)ma mana nasa sa ny lam lamba— ba— femme (REL laver REL) ‘la femme qui lave le linge’
DEF DEF
c.
DEF DEF
*ny lamba(i a(izay)ma )manasa — nyv yveehivavy DEF linge
REL) (REL laver ‘le linge que la femme lave’
d.
DEF DEF
linge
ny lamba(izay) sasan'ny 'ny vehivavy — REL) DEF linge (REL lavé+par DEF ‘le linge que la femme lave’
DEF DEF
f.
Anasan'
savon
Rasoa
dRasoa lambany any savony
DEF DEF servi servir+à r+à+l +lav aver er+à +à Raso Rasoaa linge linge ‘Le savon sert à Rasoa à laver du linge’
h.
femme
Manasa lambaam aamin' nysa ysavony Rasoa laver linge avec DEF DEF ‘Rasoa lave du linge avec le savon’
g.
femme
Sasan' ny vehivavyn ynyl ylaamba lavé+par DEF DEF femme DEF DEF ‘Le linge est lavé par la femme’
e.
linge
ny savony (izay)an )anasan'
savon
dRasoa lamba—
savon (REL servir+à+laver+à Rasoa linge REL) ‘le savon avec lequel Rasoa lave du linge’
DEF DEF
Le cas de langues où le sujet et l'objet du verbe en fonction de noyau prédicatif de la relative sont les seuls termes accessibles à la relativisation est assez commun parmi les langues bantoues, bantoues, et on peut mettre ceci en relation avec l'existence dans ces langues d'une voix applicative qui permet de transformer divers types d'obliques en objets. A propos du point (b), il est intéressant d'observer que les cas extrêmes de langues où toutes les fonctions syntaxiques semblent également accessibles à la relativisation, sans contrainte sur le degré d'enchâssement de la position relativisée, se rencontrent exclusivement parmi mes
langues qui utilisent systématiquement, systématiquement, ou bien des relatives détachées du type décrit à la section 5 (bambara, etc.), ou bien des relatives postnominales sans pronoms relatifs mais avec des pronoms ordinaires occupant la position canonique du terme relativisé (tswana, etc.). L'utilisation L'utilisation de relatives enchâssées prénominales semble impliquer des restrictions relativement fortes, et les restrictions sont encore plus fortes dans le cas des relatives enchâssées circumnominales. Il est intéressant d'observer aussi que dans les langues à relatives postnominales dans lesquelles plusieurs stratégies sont en concurrence en ce qui concerne le traitement précis de la position R (ce qui est extrêmement commun, surtout si on prend en considération les usages familiers plus ou moins censurés par les grammairiens normatifs), la stratégie des "pronoms résomptifs" consistant à traiter le terme R de la même façon que s'il était l'objet d'une anaphore discursive est d'autant plus utilisée que la fonction R se situe vers le bas ba s de la hiérarchie hiérarchie d'accessibilité. En particulier, une situation courante est celle de langues qui n'ont recours à cette stratégie que dans le cas où R n'est pas le sujet ou l'objet direct du verbe qui constitue le noyau prédicatif de la relative. De manière analogue, on constate que dans les relatives postnominales, les pronoms relatifs sont d'autant plus utilisés que la position considérée se situe vers le bas de la hiérarchi hiérarchiee d'accessibilité. Toutefois, Toutefois, l'inventaire des fonctions fonctions relativisables au moyen de pronoms relatifs relatifs n'atteint jamais ce que l'on peut observer avec la stratégie consistant à placer un pronom pronom ordinaire dans la position canonique du terme R Les ex. (12) à (14) illustrent le fait que la stratégie qui assimile le terme R à un u n terme donnant lieu à une anaphore discursive permet la relativisation de termes dont la relativisation est généralement impossible dans les langues qui n'utilisent pas librement cette stratégie. On pourrait aisément trouver des exemples analogues en occitan, en tswana, etc. (12) gallois 'r het DEF DEF
ar
y
gwn
chapeau
y
y
dyn
queconn econnaî aîtr tre. e.S1S DEF
ford
a' homme
i
gadewodd
quelui elui laisser.S3S
sur DEF DEF table litt. ‘le chapeau que je connais l'homme qu'il l'a laissé sur la table’
(13) arabe égyptien al-rajul
allathi
hua waibn aibna-hu thahabu
ille New York
DEF-homme JONCT lui et et
fils-3MS aller.S3P à litt. ‘l'homme que lui et son fils sont allés à New York’
New York
(14) hébreu moderne ha-pshaim she ha-mishtara lo lo
yodat
mi bi bitsea
otam
DEF-crimes
que DEF-police qui comm commet ettr tre. e.S3S eux NEG savoir.S3S qui litt. ‘les crimes que la police ne sait pas qui les a commis’
8. Langues où les constructions relatives constituent seulement un cas particulier d'une structure de subordination ayant une valeur plus générale
Le warlpiri (langue australienne) est cité, dans la littérature sur la typologie des relatives, comme un exemple de langue qui n'a pas à proprement parler de construction syntaxique relevant intrinsèquement de la relativisation. Dans cette langue, la signification considérée
comme caractéristique des structures de de relativisation apparaît seulement comme un effet de sens que peut produire dans certaines condition une structure qui a une valeur de subordination plus générale. Le warlpiri a un subordinateur kuja dont la valeur de base semble être d'exprimer la simultanéité (c'est-à-dire un signifié du même type que celui des affixes qui, dans les langues européennes, s'ajoutent à des bases verbales pour donner les formes communément appelées gérondifs). Ce subordinateur correspond sans ambiguïté à quand lorsqu'il introduit une subordonnée qui ne comporte aucune position vide qui puisse s'identifier à l'un des termes nominaux de la principale, comme dans dans l'ex. (15a). Par contre, lorsque la subordonnée subordonné e introduite par kuja comporte une position vide pouvant être identifiée à un terme nominal de la principale, comme dans l'ex. (15b), deux interprétations sont possibles: la subordonnée peut être comprise comme représentant un événement événement simultané à celui que représente représente la principale, principale, ou bien comme comme signifiant une propriété qui sert pour déterminer un terme de la principale. (15) warlpiri a.
Ngarrkangku ka marlu homme. SUJ
AUX
luwarni
kangouroutire+sur
kuja ka wardapi palkamani karnta rntanngku kuja
AUX
goanna
attrape
femme.SUJ
‘L'homme tire sur le kangourou tandis que la femme attrape le goanna’
b. Ngarrkangku ka marlu homme.SUJ
AUX
kuja ka marna kuja
AUX
herbe
luwarni kangour kangouroutire+sur outire+sur
ngarni manger
(1) ‘L'homme tire sur le kangourou pendant que celui-ci broute de l'herbe’ (2) ‘L'homme tire sur le kangourou qui broute de l'herbe’
Mais cette situation n'est pas aussi "exotique" qu'on pourrait le penser à première vue, car il n'est pas difficile de trouver des cas semblables d'ambiguïté jusque dans les langues qui de l'avis général ont des relatives. En particulier, dans les langues d'Europe, il est fréquent que des unités phrastiques avec un gérondif en fonction de noyau prédicatif puissent s'interpréter, ou bien comme des relatives qui déterminent le nom auquel elles succèdent, ou bien comme équivalentes à des subordonnées circonstancielles. Par exemple, en anglais, une unité phrastique avec avec le verbe verbe au gérondif placée au début d'une phrase complexe s'interprète nécessairement comme subordonnée non relative (de type circonstanciel), mais il y a une possibilité d'ambiguïté si elle est placée à la fin de la phrase complexe – ex. (16) (16) anglais a.
Chas Chasin ingg the the thie thief, f, the the pol polic icem eman an brok brokee a leg leg ‘En poursuivant le voleur, le policier s'est cassé la jambe’
b. We found found the the man smokin smokingg a havana havana (1) ‘Nous avons trouvé l'homme alors qu'il fumait un havane’
(2) ‘Nous avons trouvé celui parmi les hommes qui fumait un havane’
En espagnol, l'ex. (17) illustre un cas où c'est seulement l'intonation qui peut faire la distinction entre subordonnée relative et subordonnée non relative de type circonstanciel. (17) espagnol a.
Pása-me
la
sal que está
cerca de títí
passe.IMPER-D1SDEF sel que être. être.S3S près ‘Passe-moi le sel qui est près de toi’
b.
Pása-me
la
sal,
que está
de
toi
cerca de títí
passe.IMPER-D1SDEF sel que être. être.S3S près de toi litt. ‘Passe-moi le sel, qu'il est près de toi’ (c'est-à-dire ‘… puisqu'il est près de toi’)
Le français aussi permet d'observer des possibilités d'ambiguté entre subordonnées relatives et subordonnées non relatives équivalentes à un modifieur génitival, cette ambiguïté s'expliquant par l'utilisation de que pour introduire certaines relatives et par l'incompatibilité de que avec la préposition de – ex. (18). (18) français français C'est la preuve que je cherchais (1) (1) ‘Parm ‘Parmii les les preu preuve vess poss possib ible les, s, c'e c'est st cel celle le que que che cherc rcha hais is’’ (2) ‘C'est la preuve du fait que je cherchais’
(rel (relat ativ ive) e) (complétive)
En résumé, cela n'a pas de sens de chercher à faire une dichotomie entre langues "avec relatives" et langues "sans relatives". Toutes les langues ont des de s constructions dans lesquelles lesquelles une unité phrastique peut s'interpréter comme l'expression d'une propriété qui sert à préciser le référent d'un terme nominal d'une autre unité phrastique. Ce qui varie varie effectivement effectivement d'une langue à l'autre, c'est le degré de spécialisation des constructions syntaxiques impliquées dans l'expression de la relativisation. Dans beaucoup de langues, des constructions spécialisées dans l'expression de la relativisation coexistent avec des constructions qui ont une valeur plus générale de subordination mais qui dans certaines conditions peuvent s'interpréter comme l'expression d'un mécanisme de relativisation. Les langues parfois citées comme langues "sans relatives" doivent plutôt être considérées comme le cas limite de langues qui n'ont pas de constructions spécialisées dans l'expression de la relativisation: ces langues connaissent le mécanisme de relativisation, mais l'expriment toujours dans le cadre de constructions constructions qui ont une valeur valeur plus large de subordination et qui nécessitent certaines ce rtaines conditions pour pouvoir s'interpréter comme l'expression d'une relativisation.
10 La complémentation
Extraits de "Grammaire méthodique du français" M. Riegel, J.C. Pellat, R. Rioul. PUF 1994.
Chapitre XIV Les complétives pp491-499
(Voir supplément de lecture)
Université Lumière (Lyon 2) Département de Sciences du Langage SUPPLEMENT DU COURS DE SYNTAXE DE MAITRISE
REVISIONS DU
COURS DE SYNTAXE de licence par Denis Creissels 2ème partie
Chapitres à revoir pour le cours de maîtrise
13. Rôles discursifs, sémantiques et syntaxiques des termes nominaux de l'unité phrastique 14. Sujet, objet, datif, obliques 15. Typologie des manifestations des fonctions sujet et objet *********** 18. Passif et causatif
************ 22. La phrase complexe (remarques générales) 23. La relativisation 24. La complémentation
Liste des abréviations utilisées dans les gloses des exemples 1S / 2S / 3S : 1ère / 2ème / 3ème personne du singulier 1P / 2P / 3P : 1ère / 2ème / 3ème personne du pluriel A… : indice se référant à un agent ABL : ablatif ABS : forme absolue du nom AC : marque d'aspect accompli ALIÉN : marque de possession aliénable ALL : allatif APPL : applicatif APSF : antipassif ASSERT : marque d'assertion AUX : auxiliaire CAUS : causatif CL1, CL2, etc. : classe 1, classe 2, etc. (langues bantoues) CLAS : classificateur CONS : consécutif COP : copule D… : indice de datif DAT : marque de la fonction datif DÉCL : déclaratif DÉF : défini DÉM : démonstratif DÉR : dérivatif DJT : en tswana, marque de forme verbale "disjointe" (qui ne peut être suivie d'aucun complément) ERG : marque du sujet d'une cosntruction transitive, dans un système de type ergatif ÉVID : marque d'évidentialité EXPL : explétif F(ÉM) : féminin FIN : en tswana, voyelle finale du verbe qui varie selon le tiroir verbal FOC : marque de focalisation FOCSUJ : morphème qui indique la focalisation du sujet FOCCOMP : morphème qui indique la focalisation d'un complément FOCV : morphème qui indique la focalisation du verbe FUT : futur GÉN : marque de la fonction génitif GÉR : morphème de gérondif IMP : imparfait IMPÉR : impératif INAC : marque d'aspect inaccompli INAL : marque de possession inaliénable INDÉF : indéfini INF : morphème d'infinitif INSTR : instrumental INTER : marque d'interrogation JONCT : joncteur LOC : locatif
Leçon 13 Rôles discursifs, sémantiques et syntaxiques des termes nominaux de l'unité phrastique 1. Rôles discursifs 1.1. Definition
A partir d'un même ensemble de constituants constituants nominaux et d'un même verbe verbe en fonction de noyau prédicatif, le système des langues permet de construire des phrases de sens dénotatif identique (qui ont la même valeur de vérité quelle que soit la situation de référence envisagé envisagée), e), mais qui présentent différemment l'information qu'elles apportent, et qui par conséquent ne sont pas compatibles avec les mêmes contextes discursifs. Par exemple, en espagnol, les phrases (1a) et (1b) ont le même sens dénotatif, mais la considération de mini-dialogues comme ceux des ex. (1c-f) permet de constater qu'elles ne peuvent pas s'utiliser de manière équivalente dans des contextes discursifs qui imposent un type précis de présentation de l'information. (1)
espagnol
a. Consuelo preparó
la
sangría
Consuelo Consuelo prépar préparer. er.TAM.S3S DEF ‘Consuelo a préparé la sangría’
b. La sangría la
preparó
sangría
Consuelo
sangría O3S préparer.TAM.S3S même sens dénotatif que (1a)
Consuelo
DEF DEF
c.
A ¿Qué hizo
Consuelo?
quoi?faire.TAM.S3S Consuelo ‘Qu'est-ce que Consuelo a fait?’
B Consuelo Consuelo preparó preparó la sangría sangría / *La sangría sangría la preparó Consu Consuelo elo d. A ¿Preparó
Consuelo los
bocadillos?
préparer.TAM.S3S Consuelo DEF.PL ‘Consuelo a préparé les sandwichs?’
sandwichs
B No, Consuelo preparó la sangría / *La sangría la preparó Consuelo e.
A ¿Preparó
Paquita la
sangría?
DEF préparer.TAM.S3S Paquita DEF ‘Paquita a préparé la sangría?’
sangría
B No, la sangría sangría la preparó preparó Consuelo Consuelo f.
A ¿Quién preparó qui? préparer.TAM.S3S ‘Qui a préparé la sangría?’
la
sangría?
DEF
sangría
B La sangr sangría ía la prepar preparóó Consue Consuelo lo
1
1.2. Topique, topicalité, topicalisation
Le topique est le point de départ de l'énonciation, ce à partir de quoi l'énonciateur développe un commentaire. Deux types de facteurs peuvent conditionner le choix d'un topique: – le contexte : des éléments déjà connus s'utilisent plus naturellemen naturellementt comme topiques que des éléments inconnus, et par exemple, en réponse à des questions dans lesquelles figurent des pronoms ou adverbes interrogatifs, le topique dépend totalement de la question posée (par exemple, la réponse à la question de l'ex. (1f) peut se construire en prenant la sangría comme topique, mais dans le même contexte discursif, il serait incorrect de prendre comme topique le nom de la personne qui a préparé la sangría); – les propriétés de topicalité que que possèdent intrinsèquement les noms, ou qui découlent de leur rôle sémantique dans la phrase: les humains (trait intrinsèque), ou les agents (trait qui dépend du rôle joué par le référent du nom dans l'événement auquel se réfère le verbe) s'utilisent plus naturellement comme topiques que les non humains, ou les patients). Le terme de topicalisation se réfère à des constructions dont la fonction est de signaler explicitement un constituant qui qui joue le rôle discursif de topique. topique. Par exemple, la construction construct ion de la phrase espagnole La sangría sangría la la preparó preparó Consuelo Consuelo implique une organisation discursive dans laquelle la sangría joue le rôle de topique. Les procédés de topicalisation varient d'une langue à une autre (cf. leçon 19), et les constructions topicalisantes ne s'utilisent pas avec la même fréquence dans toutes les langues. Il est important de ne pas confondre les notions de topique, déjà mentionné et connu. Les notions de topique, de référent déjà mentionné et de référent connu ont entre elles des affinités évidentes, mais ne coïncident pas: le choix d'un topique est fondamentalement une décision de l'énonciateur, et le caractère ±connu, ±mentionné des constituants nominaux de la phrase sont seulement des facteurs qui peuvent influencer cette décision; en particulier: – l'utilisation l'utili sation d'un nom propre implique la référence référe nce à une personne connue à la fois de l'énonciateur et de l'allocutaire, mais les noms propres ne fonctionnent pas forcément comme topiques; – il est parfaiteme parfa itement nt possible de construire constr uire une phrase phras e en prenant comme topique un constituant nominal qui ne se réfère pas à des personnes, des choses ou des faits connus ou déjà mentionnés, comme par exemple ce qui est surprenant dans la deuxième phrase du minidialogue (2). (2) français français A Tu sais que que Jean vient vient de s'achet s'acheter er une voiture? voiture? B Oui, et ce qui qui est surprenant surprenant,, c'est qu'il qu'il n'a même même pas le permis permis 1.3. Focus, focalisation
Le focus est un élément de la phrase présenté comme particulièrement chargé d'une valeur informative. La notion notion de focus est particulièrement particulièrement évidente dans la réponse réponse à des d es questions qui incluent pronoms ou adverbes interrogatifs: dans un tel contexte, le focus ne peut être que le constituant qui correspond à l'interrogatif – ex. (3a); un autre type de contexte utile pour mettre en évidence la notion de focus est le contexte de rectification – ex. (3b). (3)
espagnol
2
a.
A ¿Quién te
ha
prestado es ese libro?
D2S AUX.S3S prêté qui ‘Qui t'a prêté ce livre?’
B Ese libro melo ha DEM DEM livre
D1S
O3S
DEM DEM livre
prestado Ju Juan AUX.S3S prêté
Juan
‘C'est Juan qui m'a prêté ce livre’
b. A Me acaban de decir que Juan ha
aprobado
D1S
finir.S3P de dire qu que Ju Juan AUX.S3S réussi ‘On vient de me dire que Juan a réussi’
B No, los
que han
aprobado son
Pedro y Antonio
non DEF.PL que AUX.S3P réussi être.S3P Pedro ‘Non, ceux qui ont réussi sont Pedro et Antonio’
et Antonio
Le terme de focalisation se réfère à des constructions dont la fonction est de signaler explicitement un constituant qui joue le rôle discursif de focus. Par exemple, la construction de la phrase Ese libro me lo ha prestado Juan , avec le sujet en position finale, implique une organisation discursive dans laquelle Juan joue le le rôle de de focus. focus. Encore plus que les procédés de topicalisation, les procédés de focalisation varient d'une langue à une autre (cf. leçon 19), et les constructions focalisantes ne s'utilisent pas dans toutes les langues avec la même fréquence. 2. Rôles sémantiques 2.1. Rôles sémantiques particuliers et types de rôles sémantiques
Le terme de rôle sémantique se réfère à ce qu'implique le verbe quant au rôle que joue l'entité représentée par un constituant nominal dans le procès signifié par le lexème verbal. verbal. Par exemple exemple,, le verbe frapper qui ui implique au moins moins deux participants, le frappeur et frapper représente un événement q le frappé, et la construction de la phrase permet de savoir que la personne désignée comme Jean Jean est le frappeur en (4a) et le frappé en (4b), tandis que la personne désignée comme Paul est le frappé en (4a) et le frappeur en (4b). (4) français français a.
Jean a frappé Paul
b. Paul Paul a frap frappé pé Jean Jean Le problème est de répartir en un nombre limité de types les rôles particuliers que chaque verbe assigne aux constituants nominaux avec lesquels il se construit. Par exemple, le verbe enfoncer dans une phrase comme Le policier a enfoncé la porte assigne à son sujet et à son objet les rôles d'"enfonceur" et "enfoncé", et on admet aisément d'identifier le rôle de "frappeur" et le rôle d'"enfonceur" comme deux cas particuliers d'un même super-rôle "agent", et d'identifier de même le rôle de "frappé" et le rôle d'"enfoncé" comme deux cas particuliers d'un même super-rôle "patient". Mais les choses sont loin d'être toujours aussi évidentes. 3
Par exemple, à première vue, les notions d'agent et de patient qui viennent d'être évoquées à propos des verbes frapper frapper et enfoncer semblent convenir pour caractériser les rôles que le verbe manger assigne à son sujet et à son objet. Mais à y regarder de plus près, on peut voir que les notions d'agent et de patient impliquent typiquement un changement qui affecte le patient, et seulement le patient; or dans le cas de manger, les deux protagonistes changent d'état (la personne qui mange passse de l'état de faim à l'état de satiété). En d'autres termes, à la différence du sujet de frapper frapper ou d'enfoncer, le sujet de manger ne représente pas un agent prototypique. L'important ici est qu'il ne s'agit pas seulement de nuances de sens, mais de distinctions qui peuvent s'avérer pertinentes pour expliquer certains c ertains phénomènes linguistiques. Par exemple, en espagnol, il est usuel d'utiliser comerse litt. "se manger" comme synonyme de comer "manger", alors qu'il n'y a pas la même possibilité de synonymie entre golpear "frapper" et la forme pronominale golpearse. On est confronté ici à un problème classique de catégorisation: il ne semble en effet pas possible d'établir une liste de types de rôles sémantiques qui permette de classer sans difficulté les rôles que chaque verbe particulier assigne aux constituants nominaux qui représentent ses arguments. Chaque fois qu'on croit avoir établi une liste de types de rôles suffisante pour rendre compte de tous les phénomènes grammaticaux conditionnés par des différences de rôle sémantique, une étude plus fouillée fait apparaître des phénomènes qui obligent à introduire des distinctions supplémentaires. Par exemple, le rôle de "force" (distinct à la fois du rôle d'"agent" et du rôle d'"instrument" – cf. section 2.2) figure rarement dans les listes de types de rôles sémantiques qu'on peut trouver dans la littérature, mais la reconnaissance de ce type de rôle est nécessaire pour expliquer le conditionnement de la construction russe qu'illustre l'ex. (5). (5)
russe
a.
Stenu razbilo
molniej
NEU foudre.INSTR mur.OBJ détruire.PAS.NEU ‘Le mur a été détruit par la foudre’
b. *Stenu
razbilo razbilo
ljud' ljud'mi mi
mur.OBJ détruire.PAS.NEU NEU gens.INSTR
c.
*Dver'
otkrylo
kljuc&om
porte.OBJ
ouvrir.PAS.NEU clef.INSTR
La seule façon de résoudre ce problème sans allonger indéfiniment la liste des types de rôles sémantiques est d'admettre que des super-rôles (ou macro-rôles) sémantiques comme "agent", "patient", etc. sont des prototypes, et que les rôles précis qu'assigne chaque verbe ne s'identifient pas forcément de façon simple à l'un des prototypes. 2.2. Les principaux types de rôles sémantiques
Il n'y a aucun consensus sur l'inventaire des types de rôles sémantiques utiles pour expliquer les phénomènes syntaxiques, et en outre plusieurs types de rôles (même parmi les plus importants) posent de délicats problèmes de terminologie. Examinons d'abord quelques termes qui peuvent s'utiliser sans risque d'ambigüité pour se référer à des types de rôles sémantiques communément reconnus dans la littérature: – un agent prototypique est un être animé qui exerce de manière consciente et volontaire une 4
action qui provoque chez un patient un changement d'état – ex. (6a); – un patient prototypique subit un changement d'état sous l'effet d'une cause extérieure (agent patient prototypique ou force) – ex.(6b); – une force est une entité non animée qui affecte de manière inconsciente et involontaire un patient – ex. (6c); – un expérient est est un être animé qui éprouve une sensation ou un sentiment – ex. (6d); – un stimulus stimulus est ce qui est à l'origin l'originee d'un sentiment sentiment ou sensation sensation éprouvé éprouvé par un être animé animé – ex. (6e); – un destinataire est un être animé vers lequel quelque chose ou quelqu'un se déplace ou est déplacé – ex. (6f); – un bénéficiaire est un être animé qui tire profit d'une action qui ne l'affecte pas directement – ex. (6g); (6g); – un instrument est est un objet grâce auquel un agent effectue une action – ex. (6h); – une une localisation est un lieu où se déroule un événement, ou un lieu où est située une entité – ex. (6i); – une destination est un lieu vers lequel quelque chose ou quelqu'un se déplace ou est transféré – ex. (6j); – une provenance est un lieu à partir duquel quelque chose ou quelqu'un se déplace ou est transféré – ex.(6k). (6) français français a.
Le chien a mordu l'enfant
b. Le chie chienn a mordu mordu l'enfan l'enfantt Le vent a cassé la branche c.
Le vent a cassé la br branche
d. Les enfan enfants ts aiment aiment les les bonbo bonbons ns Jean aime Marie e.
Les enf enfant ants aim aiment les les bonbons Jean aime Marie
f.
J'ai J'ai remi remiss au au dir direc ecte teur ur le rappo rapport rt qu'i qu'ill m'a m'ava vait it dema demand ndéé
g. J'ai acheté acheté des des cadeaux cadeaux pour les enfants enfants h. J'ai enfoncé enfoncé le clou avec un un marteau marteau i.
Les en enfants jo jouent da dans la la co cour
j.
Je vais à la piscine piscine tous tous les jours
k. Je vie viens ns du du march marchéé Mais, dans la discussion de phénomènes grammaticaux conditionnés par des différences de rôle sémantique, il est souvent indispensable de se référer aux types de rôles suivants, qui 5
malheureusement ne correspondent à aucun terme d'usage courant: – "entité qui se trouve dans un état" (parfois désigné comme thème, notamment dans les travaux plus ou moins inspirés de la grammaire générative, mais l'utilisation de ce terme pour se référer à un rôle sémantique peut générer des confusions, compte tenu du fait qu'on l'utilise traditionnellement comme plus ou moins équivalent à topique) – ex. (7); (7) français français a.
Le livre est sur la table
b. l'en l'enfa fant nt dor dortt – "entité qui subit un processus dont la cause est inconnue, inconnue, indirecte ou non mentionnée" mentionnée" – ex. (8); ce type de rôle est souvent confondu avec celui de patient, mais sa reconnaissance comme type distinct est en particulier cruciale pour l'étude de la voix moyenne – cf. leçon 17; (8) français français a.
La terre tremble
b. Le verre verre s'es s'estt cassé cassé en tomban tombantt c.
La po porte s's'est ouverte
– "être animé qui contrôle un état, une une position" – ex. (9); (9) français français a.
C'es 'est moi qui gard arde l'a l'arge rgent?
b. L'armée L'armée ennem ennemie ie occupe occupe le pays pays – "entité "entité dont dont l'existence l'existence est le résultat résultat de l'action l'action ou du processus processus auquel auquel se réfère réfère le verbe" verbe" – ex. (10); (10) français français a.
Les min mineurs eurs ont ont creu creusé sé une une galer alerie ie
b. Les pins pins secrè secrètent tent de de la résine résine 3. Rôles syntaxiques des constituants nominaux de l'unité phrastique 3.1. Definition
Le terme de rôle syntaxique renvoie, en ce qui concerne les constituants nominaux de l'unité phrastique, à des notions comme sujet, objet direct, etc. Nous venons de voir que chaque verbe détermine les rôles sémantiques possibles pour les constituants nominaux avec lesquels il se combine pour former une unité phrastique. Mais la 6
possibilité de reconnaître le rôle sémantique attribué à chaque constituant nominal de l'unité phrastique implique au moins dans une partie des cas que, syntaxiquement, chacun des constituants nominaux qui forment la construction d'un verbe présente aussi des propriétés formelles qui le distinguent des autres. Les contrastes formels entre constituants nominaux appartenant à la construction d'un même verbe peuvent mettre en jeu: – les propriétés propriétés de position position des des constituants constituants nominaux nominaux par rapport rapport au verbe – ex. (11); (11); (11) français français a.
Marie a préparé le re repas
b. *Le *Le repas repas a prépa préparé ré Marie Marie – la présence présence d'affixes d'affixes casuels ou d'adposition d'adpositionss – ex. ex. (12); (12) français français a.
Jean pense à son projet
b. *A Jean Jean pens pensee son projet projet – les phénomènes d'accord entre le verbe et e t certains termes nominaux qui font partie de sa construction – ex. (13); (13) français français a.
L'enfant a mangé le le gâ gâteau
b. Les enfa enfants nts ont ont mangé mangé le le gâteau gâteau c.
*L'en 'enfant ant on ont man manggé le les gât gâtea eauux
– des différence diffé rencess de comportement comport ement dans des mécanismes discursifs discur sifs variés, notamme notamment nt l'anaphorisation (ou renvoi à un référent précédemment introduit dans le discours – ex. (14). (14) français français a.
Le chien poursuit le chat
b. (le chien chien …) …) Il-pour Il-poursui suitt le chat chat c.
(le ch chat …) …) Le Le ch chien le le-poursuit
La discussion de la possibilité de réduire les contrastes entre les constituants nominaux susceptibles d'entrer dans la construction de chaque verbe à un nombre limité de types universels de rôles syntaxiques (sujet, objet, …) sera abordée à la leçon 14. Ici on se limite à présenter des observations qui montrent la nécessité d'introduire dans la description des langues une notion de rôle syntaxique indépendante à la fois de la notion de rôle discursif et de la notion de rôle 7
sémantique. 3.2. Absence de correspondance simple et directe entre les propriétés morphosyntaxiques des termes nominaux de la phrase et les rôles sémantiques assignés à leurs référents
Nous venons de voir à la section 3.1 que les constituants nominaux qui entrent dans la construction d'un même verbe manifestent généralement des différences de comportement morphosyntaxique en relation avec des différences de rôle sémantique. Mais ceci n'implique pas qu'il soit possible d'identifier de manière simple chaque type de rôle syntaxique qui existe dans une langue à un type précis de rôle semantique. Et effectivement, on constate qu'un même rôle syntaxique peut selon le verbe renvoyer à des rôles sémantiques différents: dans toutes les phrases de l'ex. (15), le constituant souligné est syntaxiquement en fonction de sujet, mais sémantiquement, c'est seulement dans la phrase (a) qu'on peut le caractériser comme agent. (15) français français a.
Marie a préparé le re repas
b. Marie Marie a subi subi une opéra opération tion des yeux yeux c.
Mari Mariee est est tomb tombée ée amou amoure reus usee de Jean ean
d. Marie Marie est est dans dans le jardi jardinn e.
Mari Mariee ress ressem embble beau beauco coup up à sa mère ère
f.
Marie a les yeux bleus
Il est même possible que selon le contexte un même verbe assigne des rôles sémantiques différents à son sujet: dans l'ex. (16), le sujet du verbe attraper reçoit le rôle sémantique d'agent en (a), mais pas en (b). (16) français français a.
Le ch chat a attrapé un une so souris
b. L'enfant L'enfant a attrapé une bonne bonne grippe grippe La question de savoir si inversement un même rôle sémantique peut correspondre à des rôles syntaxiques différents ou non est par contre une question controversée; un certain nombre de théoriciens soutiennent que les différences de comportement syntaxique sont toujours révélatrices de différences dans la façon de conceptualiser les événements ou les situations dont parlent les énoncés. Ce qui reste toutefois indiscutable, c'est que pour décrire une même situation de référence, il est possible d'utiliser des phrases qui diffèrent dans le traitement syntaxique des constituants nominaux qui se réfèrent aux participants à un événement – ex. (17). (17) français français 8
a.
Le chie chienn a fait fait peu peurr à l'enf l'enfan antt / L'en L'enfan fantt a eu peur peur du chie chienn
b. Jean a vendu vendu sa sa voiture voiture à Paul / Paul Paul a acheté acheté la voiture voiture de Jean 3.3. Absence de correspondance simple et directe entre les propriétés morphosyntaxiques des termes nominaux de la phrase et leurs rôles discursifs
Il n'y a pas non plus de correspondance simple et directe entre rôles discursifs et phénomènes morphosyntaxiques. Par exemple, la définition traditionnelle du sujet dans la description des langues romanes suggère la possibilité d'identifier la notion syntaxique de "nom dont certaines variations peuvent être mises en relation avec des variations de la terminaison verbale" et la notion discursive de "la personne ou la chose dont on parle" (ou topique). Mais on peut reprendre ici – ex. (18a) – une des phrases de l'ex. (1) dans laquelle le rôle syntaxique de sujet et le rôle discursif de topique sont assumés par deux constituants différents: la comparaison avec (18b) montre que dans cette phrase, le sujet défini comme le nom dont certaines variations sont corrélées avec des variations de la terminaison verbale n'est pas du point de vue discursif le topique, mais le focus. (18) espagnol a. La sa sangría la
preparó
Consuelo
sangría O3S préparer.TAM.S3S Consuelo ‘La sangría, c'est Consuelo qui l'a préparée’
DEF DEF
b. La sangría la
preparé
sangría O3S préparer.TAM.S1S ‘La sangría, c'est moi qui l'ai préparée’
DEF DEF
yo moi
Une situation semblable s'observe dans l'ex. (19): l'accord en nombre avec le verbe montre que l'interrogatif a les propriétés morphosyntaxiques requises pour être reconnu comme sujet, mais du point de vue discursif, il y a incompatibilité entre le sens intrinsèque de l'interrogatif (que signifie la recherche d'une information inconnue de l'énonciateur) et la notion même de topique. (19) espagnol a.
¿Quién vino? qquui venir.TAM.S3S ‘Qui est venu?’
b. ¿Quiénes vinieron? qui.PL venir.TAM.S3P ‘Quelles personnes sont venues?’
9
10
Leçon 14 Sujet, objet (direct), datif et obliques 1. Introduction
Chaque langue a son propre système de contrastes formels entre les constituants nominaux qui entrent avec des rôles sémantiques variés dans la construction d'un même verbe. Comme cela a déjà été indiqué à la leçon 13, ce système de constrastes met en jeu des caractéristiques morphosyntaxiques (variables d'une langue à l'autre) dont certaines peuvent être mises en évidence de manière relativement directe: – positio positionn des des constit constituants uants nominaux nominaux relativement relativement au verbe; verbe; – utilisation de formes des noms variables selon leur rôle dans la construction du verbe, ou combinaison des constituants nominaux avec des adpositions (pré- ou postpositions); – mécanism mécanismes es d'accord d'accord entre le verbe verbe et certains certains constitu constituants ants nominaux. nominaux. Mais la notion de fonction syntaxique des termes nominaux de l'unité phrastique ne se limite pas à ce type de caractéristiques: elle met en jeu aussi des différences de comportement moins immédiatement évidentes dans le cadre de divers types de mécanismes discursifs, et, comme nous allons le voir, cet aspect de la question est crucial dans une discussion de la possibilité de reconnaître des types universels de rôles syntaxiques. 2. La notion de sujet en syntaxe générale 2.1. Impossibilité de fonder une notion universelle de sujet sur des critères morphosyntaxiques morphosyntaxiques simples et évidents
L'universalité de la notion de sujet est une question controversée. Le problème est que, de tous les critères morphologiques immédiatement observables traditionnellement utilisés pour reconnaître le sujet dans des langues particulières (position dans l'unité phrastique, cas "nominatif", accord du verbe avec le sujet et seulement avec le sujet, nécessité de la présence du sujet ou d'un indice qui le représente), aucun n'est universel: – c'est seulement dans certaines langues que le constituant sujet est distinct dans sa forme même de tous les autres termes nominaux de l'unité phrastique; – comme nous le verrons à la leçon le çon 15, il y a des langues (par exemple le hongrois) dans lesquelles la position des constituants nominaux relativement au verbe dépend exclusivement de leur fonction discursive; – en ce qui concerne concerne la nécessi nécessité té de la présence du sujet ou d'un indice qui le représente représente,, les observations sur les types de phrases minimales attestés à travers les langues montrent que ce critère est utilisable dans certaines langues seulement. En effet, avec les verbes qui sémantiquement peuvent être considérés comme verbes à un argument (comme par exemple courir, tomber, mourir , etc.), on peut dégager d'une langue à l'autre cinq types minimaux de phrases assertives indépendantes minimales, selon que le système de la langue impose ou non la présence d'un constituant nominal ou d'un indice pronominal représentant l'unique argument du verbe:
11
– type A: il n'y a aucun indice pronominal qui se réfère à l'argument, mais celui-ci doit nécessairement représenté par un constituant nominal (qui peut éventuellement être un pronom, mais un pronom qui n'est pas morphologiquement lié au verbe) 1 – ex. (1); (1)
suédois
a.
Flicka-n tal-ar fille-DEF DEF
parler-PRES
b. Flic Flickk-or or-n -naa taltal-ar ar DEF fille-PL-DEF
c.
Jag tal-ar
d. Du taltal-ar ar e.
‘La fille parle’
*Tal-ar
‘Les filles parlent’ parler-PRES ‘Je parle’ ‘Tu parles’ (le verbe seul ne constitue pas une phrase complète)
– type type B: l'argume l'argument nt est nécessairemen nécessairementt représenté représenté par par un indice pronominal pronominal mais ne doit pas nécessairement apparaître sous forme de constituant nominal – ex. (2); (2)
espagnol
a.
Juan vin-o Juan venir-3S ‘Juan est venu’
b. Vin-e venir-1S ‘Je suis venu’
c.
Vin-iste venir-2S ‘Tu es venu’
d. Vin-o venir-3S ‘Il est venu’
– type type C: l'argument l'argument est obliga obligatoirem toirement ent représen représenté, té, soit soit par par un indice pronominal pronominal (morphème (morphème lié), soit sous forme de constituant nominal, mais pas par les deux à la fois – ex. (3).
1
On acceptera sans démonstration que les pronoms sujets du suédois, à la différnece des pronoms conjoints du français, ne sont pas morphologiquement liés au verbe, mais en toute rigueur, il faudrait pour en donner la preuve preuve d'autres données que les phrases minimales citées à l'ex. (24).
12
(3)
anyi
a. ku kuakuÚ dafîÚ Kouakou dormir ‘Kouakou dort’
b. O-dafîÚ
kuakuÚ fiteÚ Kouakou sortir ‘Kouakou dort’
o-fiteÚ
3S-dormir ‘Il dort’
c.
3S-sortir ‘Il sort’
bE-dafîÚ
be-fiteÚ
3P-dormir ‘Ils dorment’
3P-sortir ‘Ils sortent’
(le fait que la voyelle du morphème qui représente l'unique argument en (b) et (c) varie selon une règle d'harmonie vocalique prouve la dépendance morphologique de ce morphème)
– type type D: l'argument l'argument doit doit nécessa nécessairemen irementt être représenté représenté à la fois par un indice indice pronominal pronominal et un constituant nominal – ex. (4); (4)
allemand
a.
Ich geh-e moi aller-1S ‘Je vais’
b. *Geh-e c.
Du geh-st toi alle aller-2 r-2S ‘Tu vas’
d. *GehGeh-st st – type E: il n'y a aucun indice pronominal se référant à l'argument, l'ar gument, et celui-ci n'est pas non plus nécessairement représenté par un constituant nominal – ex. (5). (5) japonais japonais a.
Reikoo-wa ik iki-mash-ita TAM Reiko-TOP partir-POL-TAM ‘Reiko est partie’
b. Watash Watashi-w i-waik aiki-m i-mash ash-ita -ita moi-TOP ‘Je suis parti’
c.
partir-POL-TAM TAM
Anata-wa iki-mash-ita POL-TAM TAM toi-TOP partir-POL ‘Tu es parti’
13
d. IkiIki-ma mash sh-i -ita ta TAM partir-POL-TAM selon le contexte, peut s'interpréter comme ‘Je suis parti’, ‘Tu es parti’, ‘Il est parti’, etc.
Donc, il n'existe aucune possibilité de caractériser universellement comme "sujet" l'unique argument de tels verbes en s'appuyant sur le critère de nécessité de l'expression du sujet (qui est mis en défaut de manière particulièrement nette dans le type E) ou sur le critère d'accord du verbe avec le sujet. Avec les verbes à deux arguments, on peut a priori prévoir pour chaque argument les 5 possibilités énumérées ci-dessus, ci-dessus, ce qui donne théoriquement 25 configurations configurations possibles. possibles. Toutes ne sont pas attestées et il serait difficile de dire exactement lesquelles le sont, mais parmi les possibilités attestées, il y en a qui donnent des arguments supplémentaires supplémentaires contre l'idée de lier universellement la notion du sujet aux critères de l'expression nécessaire du sujet ou de l'accord du verbe avec le sujet. Par exemple, parmi les langues qui au niveau des verbes à un argument ont une indexation obligatoire du l'unique argument par un morphème lié, il y en a qui présentent exactement le même phénomène avec les deux arguments des verbes à deux arguments – (6), ce qui rend inutilisable inutilisable le critère de l'accord pour décider de reconnaître l'un des deux arguments arguments comme sujet. (6)
k'ichee'
a.
X-e'-u-chap
ka'iib' kuuk ri
tz'i'
TAM TAM-3P-3S-attraper deux
écureuil ‘Le chien a attrapé deux écureuils’
b. X-Ø-ki-chap
jun kuuk ri
TAM TAM-3S-3P-att -attra rapper un écure cureuuil
DEF DEF
chien
ak'alaab' DEF DEF
enfant.PL
‘Les enfants ont attrapé un écureuil’
c.
X-in-ki-chapo TAM TAM-1S-3P-attraper
‘Ils m'ont attrapé’
d. X-e-n X-e-nuu-ch chap apoo TAM-3P-1S-attraper
‘Je les ai attrapés’
2.2. Arguments en faveur de l'universalité de la notion de sujet
Il existe toutefois des arguments solides en faveur de l'universalité de la notion de sujet: dans toutes les langues dont la syntaxe est relativement bien connue, il existe des mécanismes syntaxico-discursifs dont le fonctionnement implique une hiérarchie syntaxique des termes nominaux qui font partie de la construction d'un même verbe. On doit donc pouvoir dégager universellement dans les langues une notion de sujet comme terme nominal de l'unité phrastique auquel s'attache un maximum de propriétés qui vont dans le sens d'un statut hiérarchi hiérarchiquem quement ent supérieur. Parmi les principaux mécanismes qui (selon les langues) permettent d'établir une hiérarch hiérarchie ie syntaxique des constituants nominaux de l'unité phrastique (et qui par conséquent peuvent servir 14
à justifier l'introduction de la notion de sujet dans la description des langues) on peut mentionner les suivants: – la réflexivisat réflexivisation, ion, c'est-à-dire c'est-à-dire la possib possibilité ilité d'interprét d'interpréter er certains certains pronoms pronoms comme comme coréférents d'un autre terme nominal de la même phrase; l'ex. (7) montre par exemple qu'en français, luimême est acceptable en position de sujet, mais ne peut pas dans ce cas s'interpréter comme coréférent d'un autre terme de l'unité phrastique, phrastique, alors que c'est cette interprétation interprétation qui est usuelle si ce pronom occupe une position autre que sujet; l'ex. (8) montre que un "adjectif possessif" inclus dans le groupe sujet ne peut pas tirer sa référence d'un autre terme nominal de la même unité phrastique. (7) français français a.
Jean parle de Marie
b. Jeani parle de lui-mêmei c.
*Lui-mêmei parle de Jeani
d. Comment Comment tu sais sais que Jeani va se marier? – Lui-mêmei me l'a dit (8) français français a.
Jeani a aidé soni/j i/j frère
b. Soni frère a aidé Jean j / *Son i frère a aidé Jeani c.
Quand soni frère a eu des problèmes, Jeani l'a aidé
– l'impératif: beaucoup de langues ont des formes verbales spéciales qui syntaxiquement se caractérisent par l'impossibilité de se construire avec un sujet (alors que rien n'est modifié dans le reste de leur construction), et qui qui signifient que l'allocutaire doit doit s'identifier au rôle sémantique que les autres formes du même verbe assignent à leur sujet; sujet ; par exemple, à partir d'un schème schème prédicatif comme A achète B à C, l'impératif achète B à C! constitue une mise en demeure de valider tu A achètes B à C ; rien d'équivalent n'existe pour les arguments autres que le sujet. – la réduc ré ducti tion on de séquen séq uence cess d'u d'unit nités és phrast phr astiqu iques es qui représen repr ésentent tent une succession d'événements (consécutivisation): l'ex. (9) montre qu'en français, dans une séquence d'unités phrastiques qui représentent des événements successifs, on a un traitement différent des indices pronominaux préfixés au verbe selon que ces unités phrastiques ont en commun le terme sujet ou un terme complément. (9) français français a.
L'ho L'homm mmee ach achèt ètee un un fru fruit it,, ilil le le lav lavee et et ilil le le man mange ge
b. L'homme L'homme achète achète un un fruit, fruit, Ø le lave lave et Ø le mange mange c.
*L'h *L'hom omme me achè achète te un frui fruit, t, il Ø lav lavee et et ilil Ø mang mangee
– les propriétés propri étés syntaxiques syntax iques des formes forme s verbales dépendantes: l'ex. l'ex . (10) montre qu'en 15
français, formellement, le verbe à l'infinitif n'a pas de sujet, mais peut dans certaines constructions transmettre à un argument d'un autre verbe le rôle sémantique qu'il assigne habituellement à son sujet; il n'existe aucune forme du verbe qui permettrait de faire sur les compléments des manipulations comparables à celles que l'infinitif autorise sur le sujet; (10) français: français: a.
Jean ean croi croitt [— avoi avoirr comp compri riss] = Jean Jeani croit qu'ili a compris
b. Jean veut veut que Marie Marie parte (= Jean Jean souhaite souhaite le départ départ de Marie) Jean veut [— partir] (= Jean souhaite son propre départ) c.
Jean Jean semb semble le [— [— avo avoir ir com compr pris is]] = Il Il semb semble le que que Jean Jean ait comp compris ris
– la relativisation: relativisation: le mécanisme de relativis relativisation ation implique implique la manipulation manipulation d'un des termes termes nominaux de l'unité l'unité phrastique relativisée (c'est-à-dire utilisée pour pour exprimer une propriété qui précise le référent de l'"antécédent"); les langues ont très souvent souvent des restrictions quant aux termes nominaux susceptibles de subir cette manipulation, et le cas extrême, illustré ici par le malgache – ex. (11), est celui où l'unique terme de l'unité phrastique susceptible d'être manipulé dans le mécanisme de relativisation est le sujet. (11) malgache a.
Manasa ny lambany vehivavy laver DEF DEF linge ‘La femme lave le linge’
DEF DEF
femme
b. ny vehivavy (iza (izay) y)ma mana nasa sa ny lam lamba— ba— femme (REL laver REL) ‘la femme qui lave le linge’
DEF DEF
c.
DEF DEF
linge
*ny lamba(i a(izay)ma )manasa — nyv yveehivavy DEF linge
(REL laver REL) ‘le linge que la femme lave’
DEF DEF
femme
d. Sasan' an' ny vehivavy ny lamba DEF femme DEF DEF lavé+par DEF ‘Le linge est lavé par la femme’
e.
linge
ny lamba(izay) sasan'ny 'ny vehivavy — linge (REL lavé+par DEF REL) DEF ‘le linge que la femme lave’
DEF DEF
f.
femme
Manasa lambaam aamin' nysa ysavony Rasoa DEF DEF laver linge avec ‘Rasoa lave du linge avec le savon’
g. Anas Anasan an''
savon
Rasoa
dRas dRasoa oa lam lambany savo savony ny
servi servir+à r+à+l +lav aver er+à +à Raso Rasoaa linge linge
DEF DEF
savon
16
‘Le savon sert à Rasoa à laver du linge’
h. ny savony (izay) anasan asan''
dR dRaso asoa lamba—
savon (REL servir+à+laver+à Rasoa linge REL) ‘le savon avec lequel Rasoa lave du linge’
DEF DEF
3. La notion d'objet (direct)
Comme dans le cas du sujet, de tous les critères relativement évidents qui peuvent servir à reconnaître l'objet dans des langues particulières particulière s (position relativem relativement ent au verbe, verbe, cas "accusatif", mécanisme particulier particulier d'accord entre le verbe et l'objet), l'objet), aucun a ucun n'est universel; universel; mais l'observation l'observation de mécanismes qui de manière générale mettent en jeu un degré variable de solidarité entre le verbe et les différents termes nominaux de l'unité phrastique autres que le sujet permet de proposer un type universel de fonction syntaxique qui précise et généralise la notion d'objet direct de la grammaire traditionnelle des langues d'Europe. La difficulté est que la notion de solidarité entre le verbe et les termes nominaux de l'unité phrastique autres que le sujet (pour lesquels on reprend ici le terme traditionnel de compléments – cf. toutefois section 5) renvoie fondamentalement à la distinction entre des compléments compléments qui représentent des arguments du verbe et des compléments sémantiquement autonomes du verbe, alors que cette distinction est est relativement indépendante indépendante des caractéristiques caractéristiques formelles des compléments. Par exemple, en français, les mêmes prépositions introduisent tantôt des compléments qui représentent des arguments du verbe (ou "compléments essentiels") – ex. (12a), tantôt des compléments sémantiquement autonomes (ou "compléments non essentiels") – ex. (12b). (12) français français a.
Je compte sur toi
b. Le chat chat marche marche sur sur le toit toit Le propre du terme de l'unité phrastique communément désigné comme "objet direct" est qu'il s'agit d'un type formel de complément qu'on peut caractériser comme solidaire du verbe dans l'absolu, c'est-à-dire indépendammen indépendammentt du verbe particulier considéré, considéré, alors que les autres types formels de compléments (par exemple en français les compléments ayant la forme sur + CN ) fonctionnent généralement comme compléments solidaires (ou "essentiels") avec certains verbes seulement. Autrement dit, dans une perspective typologique, on peut se baser sur une définition universelle de l'objet comme type formel de complément qui, indépendamment du verbe particulier qu'il accompagne accompagne , présente dans la langue en question un maximum de propriétés dont le détail peut varier d'une langue à l'autre mais qui, prises globalement, mettent en évidence un fort degré de solidarité avec le verbe. En français, cette définition s'applique aux compléments qui correspondent aux clitiques le/la/les (les COD de la grammaire scolaire). La propriété la plus générale des compléments solidaires est l'impossibilité de les dissocier du verbe en cas d'anaphore impliquant le verbe – ex. (13); il s'agit toutefois d'un critère délicat à manier, car le verbe faire communément utilisé pour reprendre les autres verbes garde ses propriétés syntaxiques syntaxiques et sémantiques de lexème lexème verbal, et de ce fait le mécanisme d'anaphore ne peut pas fonctionner pour les verbes de manière aussi nette que pour les noms. 17
(13) français français a.
Jean ean a écri écritt un une let lettr tree su sur cet cette te tab table Jean a écrit une lettre, et il l'a fait sur cette table
b. Jean Jean comp compte te sur sur ses amis amis *Jean compte, et il le fait sur ses amis c.
Jean Jean a écrit écrit une une lettr lettree ce matin matin / Jean Jean a écrit écrit ce ce matin matin une une lettr lettree de dix pages pages Jean a écrit une lettre, et il l'a fait ce matin *Jean a écrit ce matin, et il l'a fait une lettre de dix pages
Parmi les autres manifestations possibles (variables selon les langues) de la notion de degré de solidarité entre le verbe et ses compléments, on peut citer les suivantes: – la suppression d'un complément complément solidaire solidaire du verbe verbe peut être impossible, impossible, ou implique impliquerr une réorganisation des rôles sémantiques; par exemple en bambara – ex. (14), l'absence de l'objet (qui dans cette langue se reconnaît à sa position fixe entre le marqueur aspecto-modal et le verbe) implique implique systématiquement systématiquement un un changement changement de rôle du sujet (c'est-à-dire du constituan constituantt nominal placé à gauche du marqueur aspecto-modal); (14) bambara a.
N
bè sogo
dun
moi INAC viande viande manger manger ‘Je mange la viande’
b. N
b'a
dun
moi INAC-O3S manger ‘Je la mange’
c.
*N bè dun (ne pourrait se comprendre que comme ‘Je suis comestible’ ou ‘On me mange’)
d. Sogo bè dun viande INAC manger ‘La viande, ça se mange’
e.
N
bè domuni
kè
moi INAC acti action on+d +de+ e+ma mang nger er ‘Je mange’
fair fairee
– dans beaucoup de langues, les compléments fortement fort ement solidaires du verbe occupent une position fixe au contact immédiat du verbe, ce qui implique notamment l'impossibilité d'insérer des adverbes ou des compléments "circonstanciels" – ex. (15); (15) tswana a.
Keitse S1S
Kitso se sentle
connaître Kitso
/ *Ke itse sentle Kitso bien
18
‘Je connais bien Kitso’
b. Kedumedi edisa Kits Kitsoo malatsi otlhe S1S
saluer Kitso jours ‘Je salue toutous les jours Kitso’
/ *Ke dumedi edisa malat alatssi otlh tlhe Kits itso tous
– certains types de compléments compléments peuvent peuvent se distinguer des autres par l'existence l'existence d'indices d'indices rattachés au verbe qui peuvent les représenter ("désinences personnelles" ou "pronoms clitiques"), et dans certaines langues, comme en k'ichee' (cf. ex. (6) ci-dessus), l'objet peut se définir comme le seul type de complément qui partage avec le sujet la propriété d'être représenté dans la forme verbale par un indice pronominal; – dans pas mal de langues, l'objet est le seul type de complément pour lequel existe une possibilité systématique de promotion au statut de sujet de formes verbales passives. Une différence importante entre sujet et objet est que dans certaines langues, il y a la possibilité de construire un même verbe avec deux ou même trois compléments auxquels sont assignés des rôles sémantiques distincts, distincts, mais qui présentent de manière identique ou presque les caractéristiques morphosyntaxiques permettant de les identifier comme objets. Par exemple, en tswana, dans la construction A fa B C "A "A donne C à B", le complément B qui représente le destinataire et le complément C qui représente le patient ne se distinguent pas par l'utilisation de formes casuelles spéciales ou par la présence d'adpositions (à la différence du français où le destinataire apparaît combiné à la préposition à), ils peuvent être représentés par les mêmes indices affixés au verbe (à la différence du français, qui utilise les clitiques le/la/les pour le patient et lui/leur pour le destinataire), et ils peuvent également se construire comme sujet de la forme passive du verbe "donner" (à la différence du français, où seul le terme qui représente le patient a cette propriété). On peut parler là de construction à deux objets. 4. Datif et obliques
Le datif est un type formel formel de complément distinct de de l'objet (direct) mais qui partage avec avec lui le fait de manifester avec le verbe (bien qu'à un moindre degré) un fort degré de solidatité indépendamment du verbe particulier considéré. Autrement dit, le datif partage avec l'objet le fait d'avoir le statut de complément complément essentiel quel que que soit le verbe particulier qu'il accompagne, accompagne, et se distingue de l'objet par le fait qu'il possède moins de propriétés qui vont dans le sens d'une forte solidarité avec le verbe. En français, cette définition s'applique aux compléments qui correspondent aux clitiques lui/leur (le "complément "complément d'attribution" dans la grammaire grammaire scolaire traditionnelle du français). On peut enfin désigner comme oblique tout terme nominal de la construction d'un verbe qui n'est reconnaissable, ni comme sujet, ni comme objet, ni comme datif. Il s'agit d'une notion essentiellement négative, et on ne doit donc pas s'attendre à ce que les obliques manifestent une quelconque homogénéité dans leurs propriétés grammaticales. En particulier, comme nous l'avons vu à la section 3, les obliques peuvent avoir un degré de solidarité variable avec le verbe. Tous les objets (directs) et datifs sont des compléments essentiels, mais la réciproque n'est pas vraie: un oblique peut parfois être un complément essentiel, mais c'est une question de lexicologie, le xicologie, pas de syntaxe. La fonction syntaxique "datif" ne semble pas universelle. En particulier, le datif comme fonction syntaxique peut ne pas exister dans les langues qui ont des constructions à deux ou trois objets (cf. section 4). Dans les langues où il existe, le datif représente typiquement des destinataires. Dans les langues où la fonction syntaxique "datif" au sens défini ci-dessus n'existe pas, le destinaire peut 19
être traité syntaxiquement comme objet (c'est en particulier le cas dans les langues qui font un usage systématique de constructions à deux objets) ou comme oblique (par exemple, en bambara, il n'y a pas de constructions à deux objets, et les compléments qui représentent des destinataires ne semblent pas avoir des propriétés propriétés syntaxiques qui permettent de les distinguer distinguer des obliques). 5. Remarques terminologiques 5.1. A propos du terme de complément
Dans ce cours, on a utilisé le terme de complément du verbe, dans l'analyse des relations entre le verbe et les termes nominaux de l'unité phrastique, au sens qu'il a traditionnellement en grammaire française, c'est-à-dire pour désigner indifféremment tous les termes nominaux de l'unité phrastique autres que le sujet. Dans beaucoup de travaux récents, le terme de complément du verbe est réservé à des termes de l'unité phrastique dans une relation de rection forte avec le verbe (les mêmes qui, d'une terminologie à l'autre, peuvent être désignés par des termes comme "régimes" ou "compléments essentiels"), et on parle d'"adjoints" pour les compléments faiblement régis (ou non essentiels). Un premier inconvénient avec cette terminologie est qu'elle suppose résolue la question particulièrement délicate (et qui reste toujours largement ouverte) des critères permettant de distinguer, parmi les termes nominaux d'une phrase, ceux qui sont dans une relation de rection forte avec le verbe. Un deuxième inconvénient inconvénient est qu'elle rend malaisée la description des mécanismes syntaxiques qui fonctionnent sans tenir compte du degré précis de rection exercé par le verbe sur les termes nominaux de sa construction. Ce sont les raisons pour laquelle on a préféré retenir ici le sens traditionnel du terme de complément (auquel il est toujours possible, si on le juge utile, d'ajouter les qualificatifs "essentiel" ou "fortement régi"), et insister sur l'établissement de la distinction objet / datif / obliques. 5.2. Obliques et compléments circonstanciels
Ce qui est appelé ici oblique est désigné en grammaire traditionnelle comme "complément circonstanciel". Le terme d'oblique a l'avantage d'éviter les confusions confusions qui peuvent découler de l'étiquetage d'une fonction syntaxique au moyen d'un terme dont la motivatio motivationn sémantique est trop évidente. 3. Datif et complément d'objet indirect
Traditionnellement, "datif" ne se réfère pas à une fonction syntaxique, mais à une marque morphologique. Le terme le plus usuel pour désigner ce qui est appelé ici datif est "objet indirect", mais ce terme est évité ici à cause des confusions qui peuvent notamment découler du fait que d'un auteur à l'autre, on le trouve avec des valeurs assez différentes: – "objet "objet indirect" indirect" est parfois parfois utilisé utilisé pour désigner désigner tout complément complément autre autre que l'objet l'objet direct qui partage avec lui la propriété d'être fortement solidaire du verbe. Cet usage, qu'on trouve notamment dans la Grammaire méthodique du français de Riegel & al., revient en fait à utiliser "complément d'objet" avec le sens donné ici à "complément essentiel". – l'"objet indirect" des grammaires scolaires du français est une notion peu cohérente, cohérente, qui mélange des critères formels et sémantiques, et dont la pertinence syntaxique est à peu près nulle: en prenant COI avec la valeur que donnent à ce terme la plupart des grammaires françai fr ançaises ses récentes, il n'est pas possible de dégager une propriété qui serait commune au COD et au COI, et qui en même temps les distinguerait de tous les autres types de compléments. 20
En outre, "direct "dire ct / indirect" a l'inconvénient l'inconvénient de suggérer suggére r une distinction pureme purement nt morphologique (absence ou présence d'une adposition servant à relier le complément au verbe); or selon les langues, le datif n'est pas forcément relié au verbe par l'intermédiaire d'une adposition, et il peut arriver que l'objet "direct" se construise avec une adposition. 6. La hiérarchie des fonctions syntaxiques
La notion de hiérarchie des fonctions syntaxiques, déjà évoquée à propos de la notion de sujet, repose sur l'observation du fait que les termes nominaux de la phrase sont diversement accessibles à un certain nombre de mécanismes syntaxiques. La hiérarchie suivante résume les définitions des types essentiels de fonctions syntaxiques. S > sujet
O > objet (direct)
D >X datif obliques
7. L'alignement des rôles
Le terme d'alignement est utilisé ici pour parler de la correspondance entre rôles syntaxiques, sémantiques et discursifs. Comme nous l'avons l'avons vu à la leçon 13, 13, l'alignement des rôles varie selon le verbe verbe qui constitue le noyau prédicatif de l'unité phrastique et peut aussi varier en fonction des contextes discursifs, et un même verbe peut se rencontrer dans des constructions où les rôles peuvent être diversement alignés, mais il semble raisonnable d'admettre que les correspondances suivantes constituent l'alignement prototypique, ou "non marqué". rôle discursif rôle sémantique rôle syntaxique
TO P 1 TO P 2 | | AGENT PATIENT | | SUJET OBJET
Ce qui justifie le caractère privilégié des correspondances agent-sujet et patient-objet est que dans toutes les langues, les verbes dont le sens implique clairement un participant agent et un participant patient constituent un sous-ensemble de l'ensemble des verbes à la fois numériquement important et syntaxiquement homogène: sauf en cas de construction passive, ils assignent à leur sujet le rôle d'agent et à leur objet le rôle de patient. Aucune autre classe sémantique de verbes ne présente au niveau des langues du monde une telle homogénéité. homogénéité. On On peut donc considérer que les phrases dans lesquelles un verbe d'action se combine avec un sujetagent et un objet-patient constituent un prototype, et que l'alignement variable des rôles sémantiques et des rôles syntaxiques pour les autres types sémantiques de verbes reflète des hésitations quant à la possibilité d'assimiler plus ou moins à agent ou à patient les rôles sémantiques qu'assignent les verbes représentant des procès auxquels les notions d'agent et de patient ne s'appliquent pas de manière évidente. Par exemple, selon les langues on observe des tendances variables dans le traitement des verbes qui impliquent sémantiquement un stimulus et un expérient: dans la phrase française (16a), l'expérient est traité syntaxiquement comme un agent (ce qui peut se justifier par le fait qu'agent et expérient partagent le trait "animé"), et le stimulus est traité exactement comme pourrait l'être un patient; dans la phrase espagnole (16b), l'expérient est traité comme un 21
destinataire et le stimulus est traité comme un agent, à ceci près que l'ordre des constituants n'est pas celui qu'on trouve usuellement dans les le s phrases mettant en jeu un agent et un destinat destinataire; aire; dans la phrase bambara (16c), l'expérient apparaît syntaxiquement comme oblique et le stimulus comme sujet, tandis que dans la phrase latine (16d) il n'y a pas de sujet, et l'expérient apparait syntaxiquement comme objet. (16) français français (a) / bambara (b) / espagnol espagnol (c) / latin latin (d) (d) a.
Jean aime le chocolat S O
b.
A Juan le à Juan
D
gusta D3S
el
chocolate
plaire.S3S DEF
S
chocolat
‘Juan aime le chocolat’ (litt. ‘A Juan lui plaît le chocolat’)
c.
Ntomiji
ka di
jus+de+tamarin jus+de+tamarin POS
S
Fanta ye être+agréable Fanta
X
pour
‘Fanta aime le jus de tamarin’ (litt. ‘Le jus de tamarin est agréable pour Fanta’)
d.
Senectutis
suæ
vieillesse. GEN
X
eum
sa.GENlui.OBJ
O
pænitet regretter.S3S
‘Il regrette sa vieillesse’ (litt. ‘De sa vieillesse ça le chagrine’)
Quant à la différence de topicalité entre sujet et objet dans da ns l'alignemen l'alignementt prototypique, prototypique, il est possible de la considérer comme une simple conséquence de la relation privilégiée entre sujet et agent d'une part, objet et patient d'autre part. En effet, nous avons vu à la leçon 13 qu'abstraction faite d'un contexte discursif particulier, les agents ont une prédisposition intrinsèque à assumer la fonction de topique.
22
Leçon 15 Typologie des manifestations des fonctions sujet et objet 1. Rangement linéaire des constituants de l'unité phrastique 1.1. Problèmes d'analyse découlant de l'existence de constructions disloquées
Les variations que connaissent les langues dans le rangement linaire des constituants de l'unité phrastique ne peuvent pas être décrites correctement si on ne fait pas la distinction entre permutation de constituants à l'intérieur de l'unité phrastique et "dislocation". Les constructions disloquées, dans lesquelles l'intonation marque le détachement d'un constituant à la marge gauche ou à la marge droite de l'unité phrastique, constituent un procédé fréquent de topicalisation. Dans une étude de l'ordre des constituants de l'unité phrastique, les constituants constituants détachés dans une construction disloquée ne doivent pas être pris en compte, mais il n'est pas toujours facile de faire la distinction entre constituants détachés dans une construction disloquée et constituants occupant simplement la position initiale ou la position finale dans l'unité phrastique, surtout dans les langues où les constructions disloquées ont dans le discours une fréquence élevée; en effet, il peut historiquement se produire des processus de réanalyse, une construction originellement disloquée et discursivement marquée se réinterprétant comme la façon non marquée de construire une unité phrastique. La question se pose notamment en français, à propos des phrases dans lesquelles sont présents à la fois un constituant nominal et un clitique sujet représentant ce constituant: en français parlé, la construction où un clitique sujet reprend un constituant nominal qui le précède tend à perdre sa valeur de construction disloquée exprimant la topicalisation du sujet pour devenir la construction ordinaire de l'unité phrastique (cf. leçon 19, section 1.6.). 1.2. Langues à rangement linéaire rigide (langues "configurationnelles")
Le bambara illustre sous sa forme extrême le cas de langues où l'ordre des constituants de l'unité phrastique (qui est en bambara SOVX) ne tolère aucune variation, quelle que puisse puisse être la nature des constituants et/ou les manipulations discursives auxquelles est soumise l'unité phrastique. On remarquera notamment qu'en bambara, la focalisation ne modifie pas le rangement des constituants, et les interrogatifs occupent toujours la place qu'occupe le constituant correspondant dans la phrase assertive – ex. (1). (1)
bambara
a.
Seku ye ye
buru
tigè
muru la
AC.POS pain Seku couper co couteau ‘Sékou a coupé le pain avec un couteau’
avec
‘C'est Sékou qui a coupé le pain’ b. Seku Seku de ye buru buru tigè tigè Seku ye buru de tigè ‘C'est le pain que Sékou a coupé’ Seku ye buru tigè muru de la ‘C'est avec un couteau que Sékou a coupé le pain’ (de = marqueur de focus)
23
c.
Jòn ye buru tigè? Seku ye mun tigè? Seku ye buru tigè mun na?
‘Qui a coupé le pain?’ ‘Qu'est-ce que Sékou a coupé?’ ‘Avec quoi Sékou a-t-il coupé le pain?’
1.3. Langues où le rangement linéaire est totalement disponible pour exprimer des variations d'articulation discursive (langues "non configurationnelles")
Dans les langues "non configurationnelles", l'ordre des constituants n'est pas "libre" (comme le sous-entend à tort la terminologie terminologie traditionn traditionnelle): elle): la différence avec les langu langues es configuationnelles est que dans ces langues, les fonctions syntaxiques ne restreignent pas les variations de l'ordre des constituants, qui est totalement disponible pour exprimer, en liaison avec avec l'intonation, des variations d'articulation discursive. Le hongrois – ex. (2) – fournit une illustration typique de cette situation. La seule contrainte absolue concernant l'ordre des constituants dans cette langue est relative à l'expression du focus, en liaison avec l'intonation: la focalisation du verbe implique un accent fort (indiqué en (2) par une apostrophe) sur la première syllabe du verbe, mais si le focus porte sur un terme autre que le verbe, ce terme doit, quel que soit son statut syntaxique, se placer immédiatement devant le verbe pour constituer avec lui un seul groupe accentuel dont la première syllabe est fortement accentuée. (2)
hongrois
a.
'Jön
a
villamos
arriver.S3S DEF tram ‘Le tram arrive’ (arrive est le focus)
b. A
'villamos jö jön tram arriver.S3S ‘C'est le tram (pas l'autobus) qui arrive’
DEF DEF
c.
Jóska'l a'levele-t kapott Jóska lettre- OBJ recevoir.TAM.S3S ‘Jóska a reçu du courrier’ (courrier est le focus)
c.
'Jóska kapott
levele-t
Jóskarecevoir. TAM.S3S lettre-OBJ ‘C'est Jóska qui a reçu du courrier’
c.
'Kapott
levele-t
Jóska
recevoir.TAM.S3S lettre- OBJ Jóska ‘Il a bien reçu du courrier, Jóska’
1.4. Langues où l'ordre des constituants n'est, ni totalement rigide, ni totalement disponible pour exprimer des variations d'articulation d'articulation discursive
La plupart des langues ne sont, ni aussi clairement configurationnelles que le bambara, ni aussi clairement non configurationnelles que le hongrois, et tous les intermédiaires peuvent exister entre le type configurationnel extrême et le type non configurationnel extrême: 24
– le français est assez proche proche du type configuration configurationnel nel extrême extrême,, mais il y a tout de même même en français des possibilités limitées de modifier l'ordre sujet-verbe qu'une langue comme le bambara ignore totalement; – l'espagnol l'espagnol présente des possibilit possibilités és de permutatio permutationn des constituants constituants qui sont netteme nettement nt plus importantes que celles du français (par exemple, le français n'a pas la possibilité d'exprimer la focalisation du sujet en le déplaçant simplement à la finale de l'unité phrastique, sans aucune autre modification de la construction, comme peut le faire l'espagnol), mais les possibilités de permuter en espagnol les constituants de l'unité phrastique, bien que relativement importantes, restent toutefois plus limitées que celles du russe ou du hongrois. 1.5. L'ordre de base et ses variations dans les langues du monde
Plus une langue s'écarte du type configurationnel extrême, plus il est difficile de dégager un "ordre de base" minimalement marqué du point de vue discursif et par rapport auquel les autres ordres possibles peuvent être décrits comme des variantes marquées impliquant i mpliquant des conditions conditions discursives particulières. La plupart des études typologiques sur l'ordre des constituants de l'unité phrastique prennent essentiellement en considération des phrases assertives indépendantes constituées d'un verbe et de deux constituants nominaux en fonction de sujet et d'objet. Dans ce cadre on peut dire que, parmi les 6 rangements théoriquement possibles: – SVO (langues (langues romanes, romanes, langues bantoues bantoues,, etc.) et SOV (turc, (turc, japonais japonais,, quechua, quechua, etc.) sont de très loin les rangements les mieux attestés comme ordre de base dans les langues du monde; – OSV et OVS sont extrêment extr êment rares rare s comme ordres ordre s de base: seules seule s quelques quelque s langues amazoniennes ont été reconnues comme ayant pour ordre de base OSV ou OVS; – VSO et VOS occupent occupent une une position position intermédiaire. intermédiaire. Ceci suggère la hiérarchie suivante en ce qui concerne la prédisposition à apparaître en première position dans l'ordre de base: S > V > O. On notera toutefois que l'intérêt de cette façon d'aborder la typologie de l'ordre des mots a été mis en doute. Le problème est que dans le discours spontané, les unités phrastiques dans lesquelles sujet et objet sont simultanément présents sous forme de constituants nominaux canoniques ont une fréquence relativement basse: le plus souvent, au moins l'un des deux apparaît comme pronom ou indice pronominal. Dans une étude typologique de l'ordre des constituants, la conclusion qu'on peut tirer de cette observation est qu'il pourrait être préférable préfér able de considérer séparément la position du sujet dans les constructions qui ne comportent pas de constituant nominal canonique en fonction d'objet et la position de l'objet dans les constructions où le sujet est représenté par un pronom ou par un indice pronominal. 1.6. Corrélations typologiques
Il existe des corrélations plus ou moins fortes entre l'ordre des constituants de l'unité phrastique et l'ordre des termes d'autres constructions. En particulier: – les langues qui ont l'ordre de base VO construisent généralement généralement le constituant nominal nominal selon l'ordre nom + modifieurs , et utilisent généralement des prépositions; – les langues qui ont l'ordre de base OV construisent généralement généralement le constituant nominal nominal selon l'ordre modifieurs + nom, et utilisent généralement des postpositions. 2. Marquage des constituants sujet et objet 2.1. Remarques générales sur les marques du statut syntaxique des noms
25
La forme absolue (ou forme extra-syntaxique, ou forme syntaxiquement non marquée) des noms est celle qui apparaît dans une fonction de pure désignation (par exemple lorsqu'on écrit le nom d'une personne sur une carte d'identité, ou le nom d'une ville sur un panneau routier, ou le nom des marchandises dans les rayons d'un supermarché, etc.). Selon les positions qu'il occupe, le nom intégré à une phrase peut présenter une forme identique à sa forme absolue, ou s'accompagner d'une marque morphologique de son insertion à une position syntaxique (marque casuelle ou adposition). D'une langue à l'autre, on observe les variations suivantes: – Les marques du statut statut syntaxique syntaxique des constituants constituants nominaux nominaux ne présentent pas toujours le même degré d'intégration (cf. leçon 9) – Le plus souvent, les marques de l'insertion du nom à un contexte syntaxique (affixes casuels ou adpositions) s'ajoutent à la forme absolue, mais il peut arriver que l'insertion du nom à un contexte syntaxique mette en jeu une modification de la forme absolue. L'ex. (3) montre qu'en russe, l'insertion du nom de la ville de Moscou dans certains contextes syntaxiques s'accompagne d'une modification de la terminaison qu'il présente à la forme absolue. (3)
russe
a. Moskv-a Moscou-ABS (forme absolue du nom de ville Moscou)
b. Ja ljublju
Moskv-u
moi aimer.S1S Moscou- OBJ ‘J'aime Moscou’
c.
On rabotaet
v Moskv-e
lui travai travaille ller. r.S3S à Moscou-LOC ‘Il travaille à Moscou’
– Il I l y a selon les langues un éventail éventail plus ou moins large de positions syntaxiques dans lesquels les noms ne s'accompagnent d'aucune marque morphologique de leur fonction syntaxique. L'ex. (4) illustre le contraste entre le japonais, qui tend à marquer systématiquement le statut syntaxique des noms, et le tswana, où une unité phrastique peut comporter jusqu'à 4 termes nominaux dépourvus de marque morphologique de leur insertion syntaxique. (4) japonais japonais (a) / tswana tswana (b) a.
Taroo-ga
Michiko-ni hon-ok okaashimashita
Taroo-SUJ Michiko-DAT livre-OBJ avoir+prêté ‘Taroo a prêté un livre à Michiko’ noseditse Dimpho losea maši Lorato SCL1 avoir+fait+boire+pour Dimpho bébé lait ‘Lorato a fait boire le lait au bébé pour Dimpho’
b. Lorato o
En relation avec la notion de forme absolue du nom qui vient d'être définie, il convient de souligner ici, dans une perspective perspective typologique, l'ambigüité l'ambigüité du terme de "nominatif" de la 26
grammaire des langues classiques. En latin et dans les autres langues indo-européennes qui ont le même type de flexion nominale, le nominatif est à la fois la forme absolue du nom et la forme du nom en fonction de sujet. Cette coïncidence entre forme absolue (syntaxiquement non marquée) des noms et forme des noms en position de sujet est typologiquement banale, mais elle elle n'est pas universelle, et le terme de nominatif peut ainsi prêter à confusion si on l'applique à une langue comme le japonais, où les noms en fonction de sujet présentent une marque ga qui est absente lorsque le nom s'utilise comme pure désignation. C'est pour éviter cette ambigüité que le terme de nominatif n'est pas retenu dans ce cours: par exemple le "cas nominatif" du latin sera désigné comme forme absolue du nom (ou cas absolutif), et le morphème ga du japonais ne sera pas désigné comme morphème de nominatif, mais comme marque de la fonction sujet. 2.2. Différenciation morphologique entre sujet et objet
Deux configurations sont particulièrement bien attestées dans les langues du monde: – pas de différenciation morphologique entre sujet et objet, objet, qui sont tous deux à la forme absolue (français, mais aussi par exemple la quasi-totalité des langues africaines rattachées à la famille Niger-Congo, les langues maya, etc.); – sujet à la forme absolue, absol ue, objet à une forme spéciale (couramment désignée comme comme "accusatif") ou combiné à une adposition : latin, russe, hongrois, turc, quechua, etc. Une troisième configuration relativement bien attestée (cf. section 4) est celle où le sujet des constructions intransitives et l'objet sont également à la forme absolue, tandis que le sujet des constructions transitives est à une forme spéciale (couramment désignée comme "ergatif"). Leux configurations suivantes sont beaucoup moins fréquentes mais sont néammoins indiscutablement attestées par quelques langues: – objet à la forme absolue, sujet à une forme spéciale, spéciale , aussi bien dans les constructions constructions transitives que dans les constructions constructions intransitives: mojave, oromo, somali, maasai; – sujet sujet et objet objet avec avec chacu chacunn une une forme spéciale spéciale distincte distincte de la forme absolue: japonais – ex. (4a) ci-dessus, coréen. 2.3. Marquage différentiel de l'objet
Dans les constructions transitives de beaucoup de langues, le sujet est toujours à la forme absolue, tandis que l'objet peut selon sa nature rester à la forme absolue ou prendre une forme spéciale (ou se combiner à une adposition). Selon les langues, les traits qui peuvent conditionner le marquage de l'objet peuvent être: – ±défini (objet (objet indéfini non marqué, objet défini marqué) – ex. (5); (5)
turc
a.
Kiz çoban
gördü
fille berger voir.TAM.S3S ‘La fille a vu un berger’
b. Çoban kizgördü berger fille voir.TAM.S3S ‘Le berger a vu une fille’
c.
Kiz çoban-i
gördü
fille
voir.TAM.S3S
berger-OBJDEF
27
‘La fille a vu le berger’
d. Çoban kiz-i
gördü
berg berger er fillefille-OBJDEF voir.TAM.S3S ‘Le berger a vu la fille’
– ±humain ou ou ±animé (objet non non humain ou non animé non marqué marqué,, objet humain ou animé animé marqué); en espagnol – ex. (6), l'emploi de la préposition a come marque de l'objet présente dans le détail quelques complications, mais il est indiscutable que le critère essentiel est le caractère ±humain du référent de l'objet; en russe – ex. (7), selon le type morphologique auquel appartiennent les noms, il peut arriver que leur marquage en fonction d'objet dépende du trait ±humain; (6)
espagnol
a.
Encontré
a la
chica que buscaba
trouver.TAM.S3S à DEF DEF fille ‘J'ai trouvé la fille que je cherchais’
b. Encontré
la
cartera
que ch chercher.TAM.S3S
que buscaba
trouver.TAM.S3S DEF port portef efeu euil ille le quecherc echerche her. r.TAM.S3S ‘J'ai trouvé le portefeuille que je cherchais’
(7)
russe
a.
Čelovek vidit dom homme voir.S3S maison ‘L'homme voit la maison’
b. Čelovek vidit
volklk-a homme voir.S3S loup-OBJ ‘L'homme voit le loup’
c.
čelovek-a Volk vidit vidit loup voir.S3S homme-OBJ ‘Le loup voit l'homme’
– pronom pronom / nom (noms non non marqués, marqués, pronoms pronoms marqués) marqués) – ex. (8); (8)
anglais
a.
John called Mary
b. He called her
/ Mary called John / She called him
3. Indexation du sujet et/ou de l'objet dans le mot verbal (ou à la périphérie immédiate du mot verbal) 3.1. Configurations possibles
28
Dans la plupart des langues, un ou plusieurs indices pronominaux se rattachent au verbe, soit de manière générale, soit sous certaines conditions. Lorsque le verbe inclut un indice de sujet unique, il s'agit généralement d'un indice de sujet. C'est notamment le cas du latin – cf. leçon 3, ex. (19) – et des autres langues indo-européennes anciennes, où cet indice pronominal, situé à la finale du mot verbal, est désigné traditionnellemen traditionnellementt comme la "désinence personnelle" du verbe. Le cas de langues où les formes f ormes verbales transitives présentent un unique indice pronominal représentant l'objet (et non pas le sujet) est relativement rare; cette configuration se rencontre toutefois dans les constructions transitives de type ergatif (par exemple en kurde du nord). Le cas de langues où le mot verbal peut intégrer (en fonction de la valence du verbe) deux indices pronominaux représentant respectivement le sujet et l'objet est extrêmement répandu. On peut citer le hongrois, les langues maya, le nahuatl, beaucoup de langues bantoues. Il y a enfin des langues où le mot verbal peut intégrer des indices de datif, ou même (comme en français, avec les indices y et en ) des indices qui ne se limitent pas à représenter les constituants nucléaires de l'unité phrastique. 3.2. Variations dans les conditions d'apparition des indices pronominaux attachés au mot verbal
La présence d'un indice pronominal peut résulter d'une simple condition morphologique de bonne formation des formes verbales: dans beaucoup de langues, les formes verbales aptes à fonctionner comme noyau prédicatif de phrases assertives incluent nécessairement un indice de sujet; mais la présence d'un indice pronominal peut aussi dépendre du fait qu'un constituant coréférent de l'indice soit ou non présent, ou encore de certaines caractéristiques du référent qui représente l'indice (et notamment de son statut discursif). Ce phénomène s'observe parfois avec les indices de sujet. Par exemple, dans l'ensemble des langues romanes, les indices de sujet intégrés à la terminaison verbale (les "désinences personnelles" du verbe) sont un élément absolument absolument obligatoire du d u mot verbal verbal,, mais quelques quelques langues romanes (français, francoprovençal et piémontais) on aussi des indices de sujet préfixés au verbe, qui ne sont obligatoires qu'aux deux premières personnes; à la troisième personne, ils ne sont obligatoires que si l'unité phrastique n'inclut pas de constituant sujet – ex. (9). (9) français français a.
je-travaille
b. tu-travailles c.
il-travaille
/ moi je-travaille / toi tu-travailles
/ *moi travaille
/ *toi travailles
/ Jean travaille
Ce type de fonctionnement est toutefois particulièrement commun en ce qui concerne les indices d'objet, qui dans les langues du monde n'ont pas le statut d'élément obligatoire des formes verbales avec la même fréquence que les indices de sujet: la présence des indices d'objet est très souvent conditionnée par des traits comme ±topique – ex. (10) – ou ±défini – ex. (11) et (12). On remarque qu'en hongrois, l'objet est marqué de manière indépendante comme défini, alors qu'en swahili, seule l'indexation marque la distinction entre objet défini et objet indéfini. (10) tswana 29
a.
Kebonye
Kitso ko ko to toropong
S1S
avoi avoir+ r+vu vu Kits Kitsoo ‘J'ai vu Kitso en ville’
PREP ville.LOC
b. Kitso ke ke m-monye ko to toropong Kitso S1S OCL1-avoir+vu PREP ville.LOC ‘Kitso, je l'ai vu en ville’
c.
Kego ra rata thata S1S
O2S
aime aimerr beau beauco coup up ‘Je t'aime beaucoup’
d. Kerata wena S1S
aimer toi toi ‘C'est toi que j'aime’ (litt. ‘J'aime toi’)
(11) swahili a.
Ni-li-soma
kitabu
-liree 7livre 7livre S1S-TAM-lir J'ai lu un livre
b. Ni-li-ki-soma
kitabu
-liree 7liv 7livre re S1S-TAM-OCL7-lir J'ai lu le livre
c.
Ni-li-ku-ona S1S-TAM-O2S-voir
Je t'ai vu
d. *Ni-li-ona
wewe
S1S-TAM-voir toi
(12) hongrois a.
Olvas-ok
egy könyve-t
lire-S1S un livr livree-OBJ ‘Je lis un livre’
b. Olvas-om
a
lire-S1S.ODEFDEF ‘Je lis le livre’
könyve-t livre-OBJ
Comme cela a déjà été expliqué à la leçon 3, les variations dans le conditionnement de la présence des indices pronominaux ont une explication diachronique: historiquement, les indices pronominaux liés au verbe résultent de la "satellisation" d'anciens pronoms personnels. A un stade peu avancé de ce processus, les indices pronominaux servent à représenter des topiques et s'utilisent donc donc essentiellement essentiellement en l'absence l'absence du constituant constituant correspondant, correspondant, mais ensuite, la la 30
présence des indices pronominaux tend à devenir de plus en plus fréquente, et peut finir par devenir obligatoire obligatoire, d'abord en relation avec des constituants constituants nominaux qui présentent indépendamment de leur statut discursif certaines caractéristiques sémantiques, et ensuite de manière absolue. 3.3. Variations dans l'intégration morphologique des indices pronominaux au mot verbal
Les indices pronominaux "jeunes" (qui dans l'histoire de la langue ont perdu le statut de forme libre pour s'agglutiner au verbe à une date relativement récente) se caractérisent par un faible degré d'intégration morphologique. C'est généralement généralement le cas des indices d'objet et de datif des langues romanes (communément désignés comme pronoms clitiques), dont le statut actuel actuel s'est établi au cours du passage du latin aux langues romanes modernes. Par contre, les indices pronominaux anciens, comme comme par exemple les désinences verbales des langues romanes (dont les ancêtres en indo-européen étaient déjà des morphèmes liés), tendent à présenter un degré élevé d'interaction morphophonologique morphophonologique avec le reste du mot verbal. verbal. Dans l'ex. (12), on o n peut voir voir que la seule segmentation évidente dans les formes du verbe "prendre" de l'espagnol est celle qui sépare un radical tom- d'une terminaison: souvent, il totalement impossible d'isoler dans la terminaison un segment qui serait le support de la valeur de temps-aspect-mode et un autre qui serait l'indice de sujet, et les quelques possiblités de segmentation que l'on entrevoit ne sont pas suffisamment généralisables généralisa bles pour présenter réellement un intérêt dans une descrip descriptio tionn synchronique. (12)
espagnol
a.
tom-o
‘je prends’
tom-é
‘je pris’
b. tom-as
‘tu prends’
tom-aste
‘tu pris’
c.
‘il/elle prend’
tom-ó
‘il/elle prit’
tom-a
d. tomtom-am amos os
‘nous prenons’
e.
tom-áis
‘vous prenez’
f.
tom-an
‘ils/elles prennent’
tom-amos
‘nous prîmes’
tom-asteis
‘vous prîtes’
tom-aron
‘ils/elles prirent’
Enfin, lorsque le verbe incorpore plusieurs indices pronominaux, ils peut arriver qu'ils fusionnent entre eux. Un cas extrême est celui du hongrois: dans les désinences verbales qui marquent en hongrois la présence d'un objet de 3ème personne défini, il s'avère impossible de séparer l'indice de sujet et l'indice d'objet comme deux segments distincts – ex. (13). (13)
hongrois
a.
ír-ok
b. ír-sz c.
ír
‘j'écris’ ‘tu écris’ ‘il/elle écrit’
ír-om ír-od ír-ja
‘je l'écris, je les écris’ ‘tu l'écris, tu les écris’ ‘il/elle l'écrit, il/elle les écrit’
31
d. ír-unk
ír-juk
‘nous écrivons’
e.
ír-tok
‘vous écrivez’
f.
ír-nak
‘ils/elles écrivent’
‘nous l'écrivons, nous les écrivons’
ír-játok ír-ják
‘vous l'écrivez, vous les écrivez’ ‘ils/elles l'écrivent, ils/elles les écrivent’
3.4. Les distinctions exprimées dans les variations des indices pronominaux intégrés ou agglutinés au mot verbal
Le cas de paradigmes d'indices pronominaux présentant exactement six formes différentes résultant du croisement des distinctions singulier / pluriel et 1ère personne / 2ème personne / 3ème personne est particulièrement répandu à l'échelle des langues du monde – ex. (15) et (16). (15) turc a.
gülüyor-um
b. gülü gülüyo yorr-su sunn c.
gülüyor-Ø
d. gülü gülüyo yorr-uz uz
‘je ris’ ‘tu ris’ ‘il/elle rit’ ‘nous rions’
e.
gülüyor-sunuz
‘vous riez’
f.
gülüyor-lar
‘ils/elles rient’
(16) géorgien a.
v-ts‘er-Ø
b. Ø-ts Ø-ts‘e ‘err-Ø Ø c.
Ø-t s‘e r -s
d. v-ts‘ -ts‘er er-t -t e.
Ø-ts‘er-t
f.
Ø-ts‘er-en
‘j'écris’ ‘tu écris’ ‘il/elle écrit’ ‘nous écrivons’ ‘vous écrivez’ ‘ils/elles écrivent’
Le hausa – ex. (17) – illustre le cas de paradigmes d'indices pronominaux dont la structuration met en jeu des distinctions supplémentaires. (17) hausa a.
naa-zoo
‘je suis venu(e)’
32
b. kaa-zoo c.
‘tu es venu’
kin-zoo
‘tu es venue’
d. yaa-zoo e.
taa-zoo
f.
mun-zoo
‘il est venu’ ‘elle est venue’ ‘nous sommes venu(e)s’
g. kun-zo -zoo
‘vous êtes venu(e)s’
h. sun-z un-zooo
‘ils/elles sont venu(e)s’
Mais il est possible de rencontrer aussi des paradigmes d'indices pronominaux rattachés au verbe avec moins de distinctions. Par exemple, exemple, le verbe russe au passé passé inclut des d es indices de sujet qui se réfèrent au nombre et au genre du sujet, mais qui n'expriment aucune distinction de personne – ex. (18). (18) russe a.
(ja / ty / on) pisal-Ø
b. (ja (ja / ty / ona ona)) pisa pisall-aa c.
‘j'ai écrit (masc)’ / ‘tu as écrit (masc)’ / ‘il a écrit’ ‘j'ai écrit (fém)’ / ‘tu as écrit (fém)’ / ‘elle a écrit’
(my / vy / oni) pisal-i
‘nous avons écrit’ / ‘vous avez écrit’ / ‘ils/elles ont écrit’
4. La notion de construction ergative
La question de l'ergativité sera développée dans une leçon du cours de maîtrise. En première approximation, on peut se limiter à une définition selon laquelle une organisation de l'unité phrastique "de type accusatif" (ainsi désignée parce que c'est dans ce type d'organisation que peuvent apparaître les désinences casuelles traditionnellement appelées désinences d'accusatif) est une organisation dans laquelle, au niveau du marquage des constituants nominaux et/ou au niveau de l'indexation, le sujet d'une construction intransitive S i et le sujet d'une construction transitive St ont les mêmes caractéristiques, l'objet O ayant des caractéristiques différentes. Une organisation "de type ergatif" est une organisation dans laquelle, au niveau du marquage des constituants nominaux et/ou au niveau de l'indexation, S i et O ont les mêmes caractéristiques, St ayant des caractéristiques différentes. Selon Dixon, environ un quart des langues du monde présentent à des degrés divers des caractéristiques ergatives. Le latin fournit une illustration prototypique d'une morphosyntaxe de type accusatif, aussi bien au niveau du marquage des constituants nominaux qu'au niveau de l'indexation. Le basque – ex. (19) & (20) – illustre quant à lui de façon prototypique pr ototypique la notion de morphosyntaxe de type ergatif, aussi bien au niveau du marquage casuel qu'au niveau de l'indexation. (19) basque a.
Patxi-Ø
joan da 33
Patxi-ABS partir AUX.S3S ‘Patxi est parti’
b. Koldo-Ø joan da Koldo-ABS ABS partir AUX.S3S ‘Koldo est parti’
c.
Patxi-k
Koldo-Ø ezagutu
Patxi-ERG Koldo-ABS ABS reconnaître ‘Patxi a reconnu Koldo’
d. Koldo-k Pa Patxi-Ø
ezagutu
du AUX.S3S.O3S
du
Koldo-ERG ERG Patxi-ABS reconnaître ‘Koldo a reconnu Patxi’
AUX.S3S.O3S
(20) basque a.
variations de l'indice représentant S t :
ezagutu du-t ezagutu du-zu ezagutu du-Ø
‘je l'ai reconnu(e)’ ‘tu l'as reconnu(e)’ ‘il/elle l'a reconnu(e)’
b. variations de l'indice représentant S i: joan naiz joan zara joan da c.
‘je suis parti(e)’ ‘tu es parti(e)’ ‘il/elle est parti(e)’
variations de l'indice représentant O:
ezagutu nau ezagutu zaitu ezagutu du
‘il/elle m'a reconnu(e)’ ‘il/elle t'a reconnu(e)’ ‘il/elle l'a reconnu(e)’
34
Leçon 18 Passif 1. Le passif 1.1. La notion de passif canonique
Des travaux sur le passif se dégage clairement une notion de passif canonique canonique défini comme modification morphologique du verbe liée à la "destitution" de l'argument traité comme sujet 2 dans la construction de base et à la "promotion" de l'argument traité comme objet3 dans la construction de base du verbe, traditionnellement traditionnellement désignée désignée comme active. Ceci veut dire qu'au passif, l'argument qui serait traité comme sujet des formes dites actives peut, soit disparaître totalement de la construction du verbe, soit se maintenir avec le statut d'oblique, tandis que l'argument qui serait traité comme objet des formes dites actives prend au passif le statut de sujet. Les phrases (b) des ex. (1) à (3) illustrent cette notion. (1)
tswana
a.
Ketlaa kwala lo lokwalo S1S
écrire ‘J'écrirai une lettre’ FUT
b. Lokwalo lo
11lettre
tlaa kwalwa
SCL11 FUT FUT 11lettre ‘La lettre sera écrite’
écrire.PSF
(2) peul peul a.
Aali hocc-ii
sawrun unddu
Aliramasser-ACC ACC bâton ‘Ali a ramassé le bâton’
DEF DEF
b. Sawru ndu hocc-aama bâton DEF DEF ramasser-ACC.PSF ‘Le bâton a été ramassé’
2
Dans ce qui suit, on utilisera par abréviation l'expression l'expression "destitution du sujet" pour signifier qu'en liaison avec avec une modification morphologique au niveau du verbe, l'argument qui en l'absence de cette modification morphologique serait sélectionné comme sujet syntaxique n'a plus ce statut, soit qu'il disparaisse complètement de la construction, soit qu'il soit "récupéré" avec un statut syntaxique autre que sujet. 3 Dans ce qui suit, on utilisera par abréviation l'expression "promotion de l'objet" pour signifier qu'en liaison avec une modification morphologique au niveau du verbe, le sujet représente l'argument qui en l'absence de cette modification morphologique serait sélectionné comme objet syntaxique.
35
(3)
k'ichee'
a.
X-e-ki-kunaaj
ri alab'oom ri
ACC-O3PL-S3PL-soigner DEF DEF
enfants ‘Les femmes ont soigné les enfants’
b. Aree ri
alab'oom x-e-kunax
chuchu'iib' DEF DEF
femmes
k-umaal ri
enfants ACC-S3PL-soigner.PSF 3PL-par ‘Ce sont les enfants qui ont été soignés par les femmes’
FOC
DEF DEF
chuchu'iib' DEF DEF
femmes
Ce qui n'apparaît pas directement dans ces exemples, mais qui est essentiel pour valider l'utilisation de la notion de passif dans la description d'une langue (et notamment pour tracer une distinction entre passif et moyen), c'est que les formes verbales que comportent les phrases (b) des exemples ci-dessus assignent sans ambigüité à leur sujet un rôle sémantique exactement identique à celui que les formes verbales des phrases (a) assignent à leur objet : à la différence du moyen, le passif n'implique aucun remodelage des rôles sémantiques assignés par le verbe à ses arguments, mais simplement une réorganisation syntaxique des rôles que le verbe à la forme dite "active" assigne à son sujet et à son objet. En (3b), le fait qu'il y ait simplement manipulation syntaxique de rôles sémantiques qui ne subissent en eux-mêmes aucune modification est rendu évident par la présence du "complément d'agent", qui récupère le rôle que la forme active du même verbe assigne à son sujet. En (1b) et (2b), en l'absence de "complément d'agent", ce qui prouve que ces formes verbales du tswana ou du peul signifient bien (en dehors de toute considération sur la situation de référence) que le référent du sujet subit l'action d'un agent, et ne signifient pas seulement que le sujet est le siège d'un processus, c'est que dans ces deux langues, les formes passives qui apparaissent dans ces phrases sont morphologiquement distinctes de formes moyennes dont l'utilisation aurait pour effet de présenter le référent du sujet comme comme le siège d'un processus plus ou moins spontané, ou en tout cas d'occulter l'éventuelle intervention d'une force extérieure dans le processus que subit le référent du sujet – ex. (4). (4)
tswana
a.
Lokwalo lo
tlaa kwalwa
11lettre SCL11 FUT FUT ‘La lettre sera écrite’
b. Lokwalo lo
écrire.PSF
tlaa kwalega motlhofo
11lettre SCL11 FUT FUT écrire.DEC DEC facilement ‘La lettre s'écrira facilement’
Il faut toutefois souligner ici que la possibilité d'introduction d'un complément d'agent ne doit pas être considérée comme décisive pour reconnaitre une construction comme passive. En effet, le peul est un cas typique de langue qui fait une distinction stricte, et marquée dans la totalité du paradigme verbal, entre formes passives et formes moyennes (seules les premières attribuant à leur sujet exactement le même rôle que celui que la forme transitive correspondante assigne à son objet), et pourtant c'est une langue dont les constructions passives ne peuvent jamais comporter un terme récupérant le rôle que la forme active du même verbe assigne à son sujet. 1.2. La "récupération" du sujet destitué dans les constructions passives
36
On observe d'une langue à l'autre des degrés très variables variable s de destitution de l'argument l'argument que représente le sujet de la forme non passive, et qui cesse au passif d'être un terme syntaxique nucléaire: – le sujet destitué destitué peut peut réappar réapparaître aître au passif passif avec le le statut statut de de datif, datif, comme comme dans dans l'ex. (5); (5) japonais japonais a.
Ozeino hito-ga
kono shimbun-o yomu
beauc beaucoup oup person personnene-SUJ journal-OBJ lire SUJ DEM ‘Beaucoup de gens lisent ce journal’
b. Kono sh shinbun-wa oz ozeino hito-ni
yom-areru
journal journal-TOP beauco beaucoup up perso personne nne--DAT TOP DAT lire-PSF ‘Ce journal est lu par beaucoup de gens’ DEM DEM
– il peut réapparaîtr réappa raîtree au passif avec le statut d'oblique d'obliq ue (le "complément "complé ment d'agent" de la grammaire traditionnelle), comme dans l'ex. (3b) ( 3b) ci-dessus; – mais m ais dans certaines certai nes langues, il est totalement impossible de "récupérer" "récupér er" dans la phrase passive le sujet de la phrase non passive; c'est notamment le cas en peul. Dans les langues qui ont des constructions passives sans possibilité de récupération du sujet destitué comme datif ou oblique, on observe souvent l'utilisation de séquences de deux unités phrastiques du type illustré par l'ex.(6) pour exprimer une signification analogue. (6)
nahuatl
a.
Ni-tlazòtla-lo S1S-aimer-PSF
‘Je suis aimé’
b. NiNi- tla tlazò zòtl tlaa-lo lo,, nēch-tlazòtla in S1S-aimer-PSF
O1S-aimer
no-tàtzin DEF
P1S-père
‘Je suis aimé de mon père’ (litt. Je suis aimé (et) mon père m'aime)
Le tswana – ex. (7) – a une construction passive à complément d'agent qui résulte clairement de la réanalyse d'une telle séquence: la préposition qui permet la récupération du sujet dans la construction passive se rencontre rencontre seulement dans cette construction et a la même forme que le mot prédicatif "c'est" (et l'observation des variations de ces deux mots dans les langues voisines montre qu'il ne s'agit pas d'une coïncidence accidentelle). Mais le fonctionnement de la négation montre que, dans une description synchronique, il ne serait pas correct de continuer à analyser (7c) comme un enchaînement de deux unités phrastiques; ke en (7c) doit s'analyser comme une préposition dont le lien avec ke "c'est" est seulement de nature étymologique. (7)
tswana
a.
Kemapodisi c'est 6policier ‘Ce sont des/les policiers’
b. Mapodisi a
beditse
lekau 37
6policier voir+ +fra frappé ppé 5garç garçoon SCL6 avoir ‘Les policiers ont frappé le garçon’
c.
Lekau le
beditswe
ke ma mapodisi
5garçon SCL5 avoi avoir+ r+fr frap appé pé..PSF par par 6policier ‘Le garçon a été frappé par les policiers’
d. Lekau ga le
a
bediwa
ke ma mapodisi
5garçon NEG SCL5 TAM par 6policie 6policierr TAM frapper.PSF par ‘Le garçon n'a pas été frappé par les policiers’
1.3. Passif et aspect
Il y a des langues (comme le tswana) avec des formes passives dont le fonctionnement aspectuel est totalement identique à celui des formes non passives auxquelles ell elles es correspondent morphologiquement. Mais dans certaines langues, notamment parmi celles qui ont un passif de type analytique, on observe une possibilité d'ambigüité entre des formes passives exprimant des valeurs aspectuelles identiques à celles qu'expriment les formes non passives correspondantes et des formes de valeur aspectuelle résultative (formes qui attribuent à leur sujet l'état dans lequel peut se trouver un patient comme résultat de l'action d'un agent). L'ex. (8) montre qu'une telle ambigüité existe en français, alors qu'en espagnol, les formes résultatives se distinguent clairement par l'usage d'une copule différente. (8) français français / espagnol espagnol a.
La porte est ouverte La puerta está abierta
b. La porte porte est est ouverte ouverte par par le concie concierge rge La puerta es abierta por el portero Cette question est probablement à mettre en relation avec l'origine historique des constructions passives: les passifs analytiques, qui présentent typiquement des particularités dans leur fonctionnement fonctionnement aspectuel, proviennent proviennent de la combinaison combinaison d'une copule avec avec une forme verbale non finie de sens résultatif. Par contre, l'observation des emplois passifs de formes originellement moyennes (comme les "formes pronominales" de l'espagnol ou du russe) permet de conclure que les formes passives qui ont leur origine dans l'extension des emplois de formes originellement moyennes n'ont pas de propriétés aspectuelles particulières. 1.4. Restrictions sur l'emploi de constructions constructions passives
Dans les langues qui ont un passif, il y a très généralement des restrictions plus ou moins fortes sur son utilisation. En particulier, dans de nombreuses langues appartenant aux familles familles génétiques les plus diverses, les formes verbales passives exigent un sujet humain. On peut considérer que cette restriction a pour effet de limiter l'écart entre l'alignement des rôles dans la construction passive et l'alignement prototypique sujet-agent; en effet, un agent est forcément humain, et un humain est en quelque sorte prédisposé au rôle d'agent. 1.5. Passif et articulation discursive de l'énoncé
38
La fonction discursive du passif est particulièrement apparente dans les langues qui imposent de fortes restrictions quant au statut discursif du sujet. Par exemple en tswana, un nom sujet s'interprète normalement comme comme défini, et il est impossible impossible de mettre en position position de sujet un mot négatif ou interrogatif. La conséquence est que les constructions passives sont très largement utilisées en tswana pour ne pas avoir à mettre en position de sujet un constituant que son rôle sémantique prédispose au statut de sujet mais qui ne remplit pas les conditions requises par le système du tswana pour assumer cette fonction – ex. (9). (9)
tswana
a.
Noga e
lomile
ngwana
9serpent SCL9 avoir+m r+mordu rdu 1enfant ‘Le serpent a mordu l'enfant / un enfant’ / *Un serpent a mordu l'enfant
b. Ngwana o
lomilwe
ke no noga
1enfant avoir+ r+mo mord rdu. u.PSF par par 9serpent 9serpent SCL1 avoi ‘L'enfant a été mordu par le serpent / un serpent’ / *Un enfant a été mordu par le serpent
c.
Kitso o
thusitse
M ph o
1Kitso SCL1 avoi avoir+ r+ai aidé1M dé1Mph phoo ‘Kitso a aidé Mpho’
d. Kitso ga a
a
thusa Mp Mpho
1Kitso NEG SCL1 TAM TAM aider ‘Kitso n'a pas aidé Mpho’
e.
M pho o
thusitswe
ke Kitso
1Mpho SCL1 avoir+ ir+aidé idé.PSF ‘Mpho a été aidé par Kitso’
f.
Mpho ga a
a
1Mpho
par par 1Kitso
thusiwa ke Ki Kitso
1Mpho NEG SCL1 TAM par 1Kitso TAM aider.PSF par ‘Mpho n'a pas été aidé par Kitso’
g. *Mang o qui?
thusitse
Mpho?
SCL1 avoi avoir+ r+ai aidé dé
h. Mpho o
thusitswe
1Mph 1Mphoo
ke ma mang?
1Mpho SCL1 avoir+ ir+aidé idé.PSF par par qui? qui? ‘Qui a aidé Mpho?’ (litt. ‘Mpho a été aidé par qui?’)
i. j.
*Ope
ga a
a
thusa Mpho
personne NEG
SCL1 TAM TAM aider
*Ope *Op e
thusitse thusitse
o
1Mpho
Mpho
personne SCL1 avoi avoir+ r+ai aidé1M dé1Mph phoo
k. Mpho ga a
a
thusiwa ke op ope 39
1Mpho NEG SCL1 TAM par personne personne TAM aider.PSF par ‘Personne n'a aidé Mpho’ (litt. ‘Mpho n'a été aidé par personne’)
1.6. Passif oblique, passif impersonnel, voix oblique et voix impersonnelle
Une fois identifiée dans une langue une construction répondant à la définition du passif canonique, on observe que dans quantité de langues, les formes qui satisfont à cette définition définition dans une partie de leurs emplois ont aussi des emplois qui diffèrent du passif canonique, soit par la promotion d'un oblique au statut de sujet, soit par l'absence totale de sujet grammatical. Une façon de tenir compte de ceci consisterait à élargir la notion de passif de façon à pouvoir appliquer ce terme à toute formation morphologique régulièrement liée à un mécan mécanis isme me syntaxique de destitution du sujet. Une telle décision risquerait toutefois d'être mal comprise et/ou difficilement acceptée, car, s'il va de soi de reconnaître des emplois non canoniques de passifs identifiables comme tels du fait de leur aptitude à entrer dans des constructions répondant à la définition du passif canonique, il n'est par contre pas usuel dans la description descr iption des langues d'étiqueter comme "passives" des formations morphologiques qui impliquent une destitution du sujet n'allant jamais de de pair avec la promotion de l'objet. C'est pourquoi on s'en tiendra ici aux définitions suivantes: – une formation morphologiqu morphologiquee au niveau niveau du verbe verbe est identifi identifiée ée comme voix voix passive si elle elle encode un mécanisme de destitution du sujet susceptible de s'accompagner de la promotion de l'objet des verbes transitifs; – on parlera de "passif canonique" lorsqu'une lor squ'une formation morphologique reconnue comme comme voix passive selon la définition précédente se trouve employée dans les constructions qui permettent de l'identifier comme telle– cf. ex. (1) à (3) ci-dessus ; – on parlera parle ra de "passif oblique" lorsqu'une forme qui se prête prê te par ailleurs à l'emploi passif canonique se trouve dans une construction où la destitution du sujet s'accompagne de la promotion d'un oblique – ex. (10b); (10) anglais a. Somebody has slept in this bed b. This bed has been slept in – on parlera de "passif impersonnel" lorsqu'une forme qui se prête par ailleurs à l'emplo l'emploii passif canonique ne s'accompagne d'aucune promotion ; l'ex. (11c) illustre le passif impersonnel de verbes transitifs, et les ex. (12b-c) illustrent le passif impersonnel de verbes intransitifs. (11) tswana a.
Maburu
a
rekile
dikgomo
6AfrikanerSCL6 avoir+acheté 10bœuf ‘Les Afrikaners ont acheté des bœufs’
b. Dikgomo di
rekilwe
(ke Maburu)
10bœuf avoir+acheté.PSF par par 6Afrikan 6Afrikaner er SCL10 avoir+acheté. ‘Les bœufs ont été achetés (par des Afrikaners)’
(passif canonique) 40
c.
Go rekilwe
dikgomo
EXPL avoir+acheté. PSF 10bœuf
‘Des bœufs ont été achetés’ (litt. Il a été acheté des bœufs)
(passif impersonnel)
(12) allemand a.
Die
Kinder schlafen
DEF.PL
enfantsdormir.S3P ‘Les enfants dorment’
b. Es wi wird
von den
Kindern geschlafen
EXPL être.S3S
par par DEF.PL enfants dormi ‘Les enfants dorment’ (litt. C'est dormi par les enfants)
c.
Es wi wird
geschlafen
EXPL être.S3S
dormi ‘On dort’, ‘Ça dort’ (litt. C'est dormi)
– on désignera désig nera comme "voix oblique" obli que" une formatio form ationn morphologi morph ologique que qui signale signa le une destitution de sujet s'accompagnant toujours de la promotion d'un oblique ; on peut illustrer cette notion par les formes verbales du malgache traditionnellement désignées comme voix relativ relativee ou voix circonstancielle – ex. (13) ; (13) malgache a.
Manasa ny lambaRasoa DEF DEF linge Rasoa laver ‘Rasoa lave le linge’
b. Sasa Sasann
-dRa -dRaso soaa ny lamba
lavé lavé+p +par ar -Ras -Rasoa oa DEF DEF linge ‘Le linge est lavé par Rasoa’
c.
(voix passive)
Manasa lambaam aamin' nysa ysavony Rasoa DEF DEF laver linge avec ‘Rasoa lave du linge avec le savon’
d. Anas Anasan an
savon
Rasoa
-dRaso -dRasoaa lamb lambaa ny savo savony ny
servi rvir+à r+à+laver+à -Rasoa ling lingee DEF DEF savon ‘Le savon est utilisé par Rasoa à laver du linge’
(voix oblique)
– on désignera comme "voix impersonnelle" impersonnelle " une formation morphologique signalant une destitution du sujet qui laisse toujours inchangé le reste de la construction du verbe – cf. à ce sujet 1.8. L'utilisation des mêmes formes verbales à la fois dans des constructions répondant à la définition du passif canonique et dans des constructions où la destitution du sujet ne s'accompagne d'aucun mécanisme mécanisme de promotion semble notamment notamment un phénomène extrêmement extrêmement 41
commun dans les langues du monde. Dans ce cas, les grammaires descriptives identifient généralement un passif impersonnel. Là où il y a par contre un problème, c'est lorsqu'on a dans une langue des formes verbales particulières dont l'emploi peut aller de pair, soit avec une destitution du sujet sujet accompagnée de la promotion promotion d'un oblique, oblique, soit avec une destitution du sujet non accompagnée de la promotion d'un quelconque autre terme, mais qu'on ne rencontre jamais dans des constructions répondant à la définition du passif canonique. On a en effet proposé ici les termes de "voix oblique" et "voix impersonnelle", mais il n'y a dans la pratique des descriptions de langues aucun terme consacré qui permette immédiatement de reconnaître la présence de formes qui, même si elles ne se prêtent pas à des constructions du type passif canonique, partagent avec le passif la propriété d'encoder un mécanisme de destitution du sujet. 1.7. Autres cas d'emplois non canoniques de formes passives
On peut trouver des formes passives dont le sujet ne correspond à aucun argument de la forme non passive correspondante, comme dans le "passif d'adversité" du japonais, construction dans laquelle le sujet de la forme passive représente une personne affectée à son détriment par l'événement auquel se réfère le verbe; l'ex. (14a) illustre le passif canonique du japonais; par contre, le sujet des constructions passives (14b-d) ne pourrait pas se construire comme complément de la forme non passive du même verbe, et en japonais, la seule possibilité de l'introduire dans la construction non passive serait d'en faire un génitif dans des constructions constructions dont l'équivalent français littéral serait Le père de l'enfant l'enfant est mort , Ziroo a volé volé le portef portefeui euille lle de Taroo, Reiko a frappé frappé le le visage visage de Taroo (14) japonais japonais a.
Kodomo-wa otoosan-ni yobaremashita TOP enfant-TOP père-DAT appeler.PSF.TAM ‘L'enfant a été appelé par son père’
b. Kodo odomo mo-w -waa otoo otoosa sann-ni ni shin shinar arem emas ashi hita ta enfant-TOP père-DAT mourir.PSF.TAM TOP ‘L'enfant a subi la mort de son père’ (litt. ‘L'enfant a été mort par son père’)
c.
Taroo-wa Ziroo-ni saihu-o
nusumaremashita
DAT portefeuille- OBJ voler.PSF.TAM Taroo-TOPZiroo-DAT ‘Taroo s'est fait voler son portefeuille par Ziroo’ (litt. ‘Taroo a été volé le portefeuille par Ziroo’)
d. Taroo-ga Reiko-ni kao-o
tatakareta
Taroo- SUJ Reiko-DAT DAT visage- OBJ frapper.PSF.TAM ‘Taroo a été frappé au visage par Reiko (litt. ‘Taroo a été frappé le visage par Reiko’)
1.8. Exemples de problèmes d'analyse autour des notions de voix passive et voix impersonnelle
L'ex. (15c) illustre une construction des verbes transitifs du russe qui s'apparente au passif impersonnel par la destitution du sujet et sa récupération sous forme d'oblique ainsi que par l'absence de promotion de l'objet, mais qui en diffère diffè re par le fait que le verbe ne prend pas une forme spéciale – simplement, il cesse de marquer l'accord avec un sujet. 42
(15) russe a.
Molnija
razbila
stenu
foudre.ABS.FEM.SG détruire.PAS.FEM.SG mur.OBJ.FEM.SG ‘La foudre a détruit le mur’
b. St Stena
byla
razbita
molniej
mur.ABS.FEM.SG être.PAS.FEM.SG détruit.FEM.SG foudre.INSTR.FEM.SG ‘Le mur a été détruit par la foudre’ (passif canonique) c.
Stenu
razbilo
molniej
mur-OBJ.FEM.SG détruire.PAS.NEU.SG foudre.INSTR.FEM.SG ‘Le mur a été détruit par la foudre’ (litt. ‘Ça a détruit le mur par la foudre’)
On rencontre aussi parfois des constructions traditionnellement caractérisées comme constructions "à sujet indéterminé" dont on peut se demander s'il ne conviendrait pas mieux de les analyser en termes de voix impersonnelle. Ceci s'applique notamment aux constructions françaises où on a une valeur d'indétermination. On est couramment analysé comme pronom sujet clitique, mais dans l'emploi qu'illustre l'ex. (16) il manifeste une inertie discursive difficilement compatible avec la notion même de pronom: à la différence de quelqu'un, dont il est à première vue synonyme, on n'introduit pas dans le discours un référent susceptible d'être ultérieurement repris; on peut donc se demander si, au moins dans ce type d'emploi, d'emploi, on ne serait pas à reconnaître comme marque marque d'une voix impersonnelle impersonnelle plutôt que comme comme pronom (ou indice pronominal) sujet de sens indéterminé. (16) français français a.
Quelqu'un t'a appelé On t'a appelé
b. Quel Quelqu qu'u 'unni a demandé que tu le i rappelles *On *O ni a demandé que tu lei rappelles c.
Quelqu'uni a oublié son i parapluie *On *O ni a oublié soni parapluie
1.9. Passif, moyen et médiopassif
Il a déjà été mentionné à la leçon précédente que dans beaucoup de langues, une même formation morphologique peut se rencontrer à la fois dans des constructions impliquant une opération sur la valence verbale répondant à la notion de passif (réarrangement syntaxique de rôles sémantiques qui en eux-mêmes ne subissent aucune modification) et dans des constructions impliquant une une opération sur sur la valence verbale verbale répondant à la notion de moyen moyen (remodelage du rôle sémantique du sujet). Pour traiter sans contradiction de telles situations, il importe d'accepter l'idée que le fait de pouvoir rencontrer une forme verbale dans une construction identifiable comme comme passive ne signifie pas pas nécessairement que cette forme puisse être identifiée dans l'absolu comme passive. Par exemple, dans la phrase latine (17b) et dans la phrase peule (18b), on peut également 43
parler de constructions passives canoniques, dans la mesure où la promotion de l'argument traité comme objet en (17a) ou (18a) s'accompagne d'une modification morphologique du verbe. Mais il y a un problème à désigner la forme verbale qui apparaît en (17b) comme passive, car en latin – ex. (17c-e), les mêmes formes forme s du verbe apparaissent dans des constructions où il n'est pas possible d'analyser le sujet en termes de promotion de l'objet d'une construction active. Par contre en peul, en dépit de l'impossibilité d'introduire dans la construction un complément d'agent, il n'y a aucun problème à désigner comme passive la forme verbale qui apparait en (18b); en effet, comme l'illustre la comparaison avec (18c), le peul fait une distinction stricte et qui traverse la totalité du paradigme verbal entre des formes passives (dont le sujet est toujours sémantiquement identifiable à l'objet d'une construction active correspondante) et des formes moyennes (aptes à exprimer des valeurs qui ne relèvent pas de la notion de passif, mais qui en latin pouvaient parfois s'exprimer par des formes identiques à celles rencontrées dans les constructions passives). (17) latin a.
Magisterpueros
laudat
maître.SG garçon.OBJ.PL féliciter.S3S ‘Le maître félicite les garçons’
b. Pueri
a
magistro
laudantur
garçon.PL par par maître. maître.ABL.SG être+félicité.S3P ‘Les garçons sont félicités par le maître’
c.
Pueri
exercebantur
garçon.PL s'exercer.TAM.S3P ‘Les garçons s'exerçaient’
d. Copu Copula lant ntur ur dext dexter eras as se+serrer.S3P main+droite.OBJ.PL ‘Ils se serrent la main’
e.
Lætantur se+réjouir.S3P ‘Ils se réjouissent’
(18) peul peul a.
O mooºt-ii
ºe
S3S
rassembler-ACC O3S ‘Il les a rassemblés’
b. ‘Be mooºt-aama S3P
rassembler- ACC.PSF ‘Ils ont été rassemblés’
c.
(passif)
‘Be mooºt-iima S3P
rassembler-ACC.MOY
44
‘Ils se sont rassemblés’
(moyen)
Du point de vue terminologique, il serait utile dans la perspective d'une description synchronique de généraliser l'usage d'un terme comme médiopassif pour étiqueter les formes verbales (très communes dans les langues du monde) aptes à figurer également dans des constructions relevant de la notion de moyen et dans des constructions relevant de la notion de passif. Selon cette terminologie, les formes "passives" du latin seraient plutôt des formes médiopassives, et un examen critique des grammaires descriptives révèle qu'on peut en dire autant d'un nombre considérable de langues dans lesquelles on identifie traditionnellement comme passives des formes qui sont en réalité médio-passives (c'est notamment le cas du "getpassive" de l'anglais).
45
Leçon 22 La phrase complexe (remarques générales) 1. La distinction entre phrase simple et phrase complexe
Une phrase simple peut se définir comme un énoncé dont la construction ne met en jeu aucun mécanisme d'intégration de structures phrastiques. Mais cette définition de la phrase simple n'est pas toujours évidente à appliquer. Seuls sont indiscutablement à reconnaître comme phrases complexes les énoncés dont deux fragments coïncident totalement avec deux phrases simples attestées indépendamment l'une de l'autre – ex. (1). français (1) français
a.
Jean part demain
b. Je te prévi préviend endrai rai c.
Si [Jea [Jeann par partt dem demai ain] n],, [je [je te prév prévie iend ndra rai] i]
Mais si on se limite à reconnaître comme constituants phrastiques à l'intérieur de phrases complexes des groupes de mots susceptibles de former à eux seuls une phrase indépendante, on se condamne à décrire de façon très compliquée des énoncés tels que ceux de l'ex. (2). En effet, dans de tels énoncés, on ne peut pas découper deux fragments qui auraient chacun la possibilité de fonctionner comme phrase indépendante et qui seraient reliés par une conjonction. Mais les possibilités de développement du constituant de partir demain peuvent se résumer en posant que ce constituant a une structure structure interne identique à celle d'une phrase phrase simple, à ceci près que partir ne peut pas être précédé d'un constituant nominal identifiable au sujet des phrases assertives simples où figure ce même verbe. En effet, les possibilités d'adjonction de compléments (en prenant ce terme à son sens le plus large, incluant notamment toutes sortes d'unités couramment désignées comme adverbes) sont exactement les mêmes. On simplifiera donc grandement la description de tels énoncés en admettant que des structures phrastiques impliquées dans un processus d'intégration peuvent subir des remaniements par rapport à ce que serait leur réalisation comme phrase simple, pourvu que ces remaniements n'affectent pas la relation entre le noyau prédicatif verbal et ses compléments. (2) français français a. Jean regrette [de partir demain] demain] b. J'ai suggéré à Jean [de partir demain] L'important ici est d'observer d'observer la différence entre les constituants mis entre entre crochets dans les ex. (3b) et (3c): en (3b), l'infinitif conquérir se construit avec un objet direct, exactement comme a conquis dans la phrase simple (3a), tandis que conquête en (3c) se construit avec un génitif, ce qui est une propriété syntaxique typiquement nominale. Ceci permet de conclure que conquérir 46
la ville en
(3b) est une unité phrastique qui fonctionne comme constituant d'une phrase complexe, tandis que la conquête de la ville en (3c) est un constituant nominal qui a pour tête un nom dérivé de verbe. (3) français français a. L'armée a conquis la ville b. [Conquérir [Conquérir la ville] était le premier objectif objectif de l'armée ennemie ennemie c.
[La [La conq conquê uête te de de la vill ville] e] a cout coutéé la vie vie à de de nomb nombre reux ux sold soldat atss
Cet exemple résume le principe adopté actuellement ac tuellement par la plupart des spécialistes de syntaxe: – un mot dans lequel il est possible de reconnaître un lexème lexè me verbal doit s'analyser comme comme noyau d'une unité phrastique chaque fois qu'il se construit avec des compléments nominaux et des adverbes exactement comme s'il s'il était en fonction de noyau prédicatif d'une phrase simpl simple, e, même s'il est morphologiquement différent des formes verbales rencontrées en fonction de noyau prédicatif de phrases simples, et même s'il a des propriétés différentes quant à la possibilité de se construire avec un sujet; – par contre, un mot dans lequel il est possible de reconnaître un lexème verbal ne doit pas s'analyser comme noyau prédicatif d'une unité phrastique, mais plutôt comme nom dérivé de verbe en fonction de tête d'un constituant nominal, s'il s'il est impossible de le combiner avec tous les compléments ou adverbes qui qui peuvent accompagner un verbe en fonction de noyau prédicatif d'une phrase simple, et s'il se combine avec les modifieurs qui accompagnent par ailleurs les noms prototypiques. Nous avons vu à la leçon 10, section 2 qu'il est généralemetn possible dans les langues de reconnaître des formes verbales dépendantes dépendantes (souvent désignées comme "formes verbales verbales non finies") qui se distinguent: – des formes verbales indépendantes indépendant es (ou formes verbales "finies"), par leur incapacité à fonctionner comme noyau prédicatif de phrases simples indépendantes; – des noms dérivés de verbe verbe (comme (comme conquête, appel, assassinat, patinage, enregistrement , etc.), par la structure interne des constituants dont elles elle s forment le noyau: les noms dérivés de verbes fonctionnent comme noyaux de constituants dont la structure interne est identique à la structure de constituants dont le noyau est un nom non non dérivé de verbe, alors que les constituants dont le noyau est une forme verbale non finie ont une structure interne de type phrastique. Par rapport au principe qui vient d'être énoncé, on notera que la grammaire traditionnelle a une conception relativement restrictive de la notion de phrase complexe, et refuse souvent le statut de "proposition" à des constituants qui, selon les principes d'analyse adopté ici, sont à reconnaître comme constituants phrastiques d'une structure phrastique complexe. Inversement, les premières versions de la grammaire transformationnelle de Chomsky ont abusé de la notion de constituant phrastique. En effet, dans les premières versions de la grammaire transformationnelle, toutes toutes sortes de constituants étaient analysés comme le résultat résultat de la transformation de constructions phrastiques que l'on considérait comme leur "structure profonde": – un constituant constituant nominal nominal comme l'arrestation du voleur était considéré comme le résultat de la transformation de le fait qu'on a arrêté le voleur ; – un constituant nominal comme la maison de Jean était considéré comme le résultat de la transformation de la maison que Jean a ; – un constituant nominal comme la grande maison était considéré comme le résultat de la 47
transformation transformation de la maison qui est grande . 2. Coordination et subordination d'unités phrastiques
D'une manière ou d'une autre, presque tous les grammairiens reconnaissent les mêmes types fondamentaux de constructions phrastiques complexes, mais diffèrent beaucoup dans la manière de les présenter et dans la terminologie utilisée pour les désigner. La présentation qui suit s'efforce de réutiliser chaque fois que possible la terminologie traditionnelle, mais aussi de faire ressortir les points où il convient de critiquer la présentation traditionnel traditionnelle le des mécanismes de construction de phrases complexes. La grammaire traditionnelle présente comme fondamentale la distinction entre coordination de propositions et subordination de propositions. propositions. Cette distinction fournit effective effectivemen mentt une base utile pour l'étude de la phrase complexe, mais elle demande à être précisée, car la grammaire traditionnelle n'explique pas clairement la distinction entre coordination et subordination: la grammaire traditionnelle tend en effet à confondre la question de l'analyse de la relation syntaxique que la construction d'une phrase complexe instaure entre les unités phrastiques qu'elle intègre et la question de l'inventaire des "conjonctions" qui "servent à relier" les unités phrastiques intégrées en une construction phrastique complexe. La façon la plus générale de définir la distinction entre coordination et subordination d'unités phrastiques consiste à poser que: – dans une subordination subordinati on d'unités phrastiques il est possible de mettre en évidence une relation hiérarchique hiérarchique entre une une structure phrastique principale, qui présente des possibilités de modulation énonciative énonciative (assertion / interrogation / exhortation) exhortation) équivalentes à celles d'une phrase simple indépendante, et une structure phrastique subordonnée, dont les possibilités de modulation énonciative sont bloquées, et qui dans certains aspects de son fonctionnement peut plus ou moins s'assimiler à un constituant de la structure phrastique principale; – par par contre, contre, il n'y a pas de relation hiérarchiq hiérarchique ue entre deux unités phrastiques coordonnées: elles manifestent dans leurs possibilités de modulation énonciative le même degré de liberté ou de blocage, et aucune des deux ne manifeste de comportement qui permette de l'assimiler à un consituant de l'autre. Par exemple, dans la phrase conditionnelle conditionnelle (4a), il n'y a pas de différence évidente entre l'unité phrastique dont le noyau prédicatif est venir (protase) et celle dont le noyau prédicatif est prévenir prév enir (apodose): dans les deux cas, le verbe est à une forme apte à constituer le noyau prédicatif d'une phrase assertive indépendante. Mais les phrases (4b) et (4c) illustrent la possibilité de faire varier la valeur énonciative de l'apodose, possibilité que n'a pas la protase, ce qui met en évidence une relation de subordination. (4) français français a.
Si Jean Jean vien vientt me me voi voir, r, je te prév prévie ienndrai drai
b. Si Jean vient vient me voir, voir, profitesprofites-en en pour pour venir lui lui parler c.
Si Jea Jeann vie vient nt me me voir voir,, estest-ce ce que que tu tu veu veuxx que que je je te prév prévie ienn nne? e?
Le fonctionnement de la négation fournit souvent un critère utile pour montrer la possibilité d'assimiler une unité phrastique subordonnée à un constituant de l'unité phrastique principale. Par exemple, à première vue, il n'y a pas de différence évidente entre la construction des phrases (5a) et (5b); seule semble changer la conjonction qui relie Il mange à Il a faim; et du 48
point de vue du sens, ces deux phrases impliquent également la vérité de Il mange mange et de Il a faim faim, et présentent également Il a faim comme la cause de Il mange . Mais l'introduction d'une négation dans la première unité phrastique phrastique fait apparaître une différence de construction, puisque (5c) peut s'interpréter comme "c'est bien le cas qu'il mange, mais la cause n'est pas qu'il ait faim", faim", alors qu'une telle interprétation est exclue pour (5d), dont la seule interprétation possible serait serait "il ne mange pas, et la cause en est qu'il a faim". (5) français français a.
Il mange pa parce qu qu'il a faim
b. Il mang mangee car car il a faim faim c.
Il ne ne mang mangee pas pas parce parce qu'il qu'il a faim faim (ma (mais is sim simpl plem emen entt par par gour gourma mand ndis ise) e)
d. *Il ne mang mangee pas pas car il a faim faim L'important ici est que, en français, une propriété propriété caractéristique des constituants nominaux nominaux ou prépositionnels qui suivent un verbe avec lequel ils forment un syntagme est d'être sous la portée d'une négation exprimée au niveau du verbe – ex. (6). (6) français français a.
Il ne parle pas (seule interprétation possible: ce n'est pas le cas qu'il parle)
b. Il ne ne parle parle pas pas fran françai çaiss (il se peut qu'il parle, mais dans une autre langue que le français) c.
Il ne ne par parlle pa pas fr français ais av avec mo moi (il se peut qu'il parle français, mais avec d'autres personnes que moi)
Par conséquent, le fait que parce qu'il a faim faim soit sous la portée de la négation de manger en (5c) permet d'assimiler parce parc e qu'il qu'i l a faim à un complément de manger ; par contre, l'impossibilité de (5d) permet de conclure à l'absence de relation de subordination dans la construction de la phrase (5b). Cette analyse est confirmée notamment par le fait que parce qu'il a faim se laisse focaliser exactement comme un constituant nominal, comme le montre (7), où nous constatons encore une fois l'impossibilité de substituer car à parce que. (7) français français a.
C'es C'estt seu seule leme ment nt parc parcee qu' qu'il il a fai faim m qu' qu'il il mang mangee
b. *C'est *C'est seulement seulement car il a faim qu'il mange Dans le même ordre d'idées, il est intéressant de reprendre le cas des subordonnées en si dans les phrases conditionnelles du français. Ces subordonnées sont ordinairement détachées à gauche de la principale, on peut donc difficilement parler d'enchâssement, et le critère de la négation est ici inopérant. Toutefois, Toutefois, outre une hiérarchisation évidente évidente de la relation qui apparaît 49
au niveau des fonctionnements énonciatifs (cf. ex. (4) ci-dessus), la possibilité de focaliser les subordonnées en si dans la construction clivée prouve l'existence d'une dépendance par rapport à la principale qui permet de les assimiler à un constituant extraposé – ex. (8). (8) français français a.
S'il S'il fait fait le prem premie ierr pas pas,, j'a j'acc ccep epte terai rai de lui lui par pardo donn nner er
b. C'est seulement seulement [s'il [s'il fait le premier pas] pas] que j'accepterai j'accepterai de lui pardonner pardonner 3. Observations sur la coordination d'unités phrastiques
Il faut tout d'abord noter que la définition de la coordination d'unités phrastiques formulée à la section 2 est une définition négative (absence de manifestations d'une hiérarchie entre les unités phrastiques qui se combinent pour donner une phrase complexe). Par conséquent, on peut prévoir que cette notion englobe une variété de types d'enchaînements d'unités phrastiques sans autre trait commun que l'impossiblité d'être décrits en termes de subordination. La notion de coordination d'unités phrastiques pose aussi le problème de la délimitatio délimitationn du domaine de la syntaxe: jusqu'à quel point l'étude des coordinations d'unités phrastiques appartient-elle bien au domaine de la syntaxe, et non pas à celui de la "grammaire de texte"? En ce qui concerne le statut théorique de la coordination d'unités phrastiques, il importe d'observer que la linguistique moderne tend à abandonner la notion traditionnelle de conjonction de coordination et à utiliser plutôt une notion de "connecteur discursif" qui englobe, à côté d'une partie des emplois des traditionnelles conjonctions de coordination, un certain nombre de mots ou groupes de mots traditionnellement désignés comme c omme "adverbes" ou "locutions adverb adverbial iales" es",, comme par exemple par conséq conséquen uent t , toutefois, effectivement , etc. Un aspect essentiel de la question est l'utilisation du même terme de coordination pour décrire des relations entre unités phrastiques et des relations entre constituants de l'unité phrastique. Pour la grammaire traditionnelle, il est évident qu'il s'agit du même phénomène, du fait que les mêmes "conjonctions de coordination" peuvent servir pour relier des unités phrastiques ou des constituants de l'unité phrastique – ex. (9). (9) français français a.
Jean ean a jo joué du du pian pianoo et Mari Mariee a chan chanté té Reste assis ou je vais me fâcher J'ai voulu t'aider mais je m'y suis mal pris
b. J'ai J'ai rencon rencontré tré Jean Jean et et Marie Marie Si tu as faim ou soif, n'hésite pas à te servir Il est intelligent mais antipathique Toutefois de telles observations ne constituent pas une preuve décisive de la nécessité d'analyser (9a) et (9b) comme l'illustration de deux variétés d'un même phénomène de "coordination". En effet, comme nous le verrons plus en détail à la section 5, il est nécessaire d'admettre qu'un même élément de relation puisse intervenir dans des types différents de constructions. Les observations importantes sont ici les suivantes: – D'abord, l'utilisation l'utili sation des mêmes "conjonctions" "conjoncti ons" pour "coordonner" à la fois des unités 50
phrastiques et des constituants d'unités phrastiques n'a rien d'universel. Par exemple, les morphèmes des langues africaines qui servent pour relier des constituants nominaux avec le même sens que et ne peuvent pas s'utiliser pour relier des unités phrastiques, et ne sont pas réellement des morphèmes de coordination – cf. leçon 9, section 6. – Ensuite, dans les le s langues qui utilisent les mêmes "conjonctions" pour "coordonner" des unités phrastiques ou des constituants de l'unité phrastique, il est impossible de faire correspondre systématiquement systématiquement ces deux deux types d'emploi, comme comme avaient essayé de le faire les premières versions de la grammaire transformationnelle, systématisant un idée implicite dans le traitement traditionnel de la coordination: dans les années 60-70, les transformationalistes, se basant sur des phrases du type illustré par l'ex. (10a), proposaient d'expliquer la coordination de constituants comme le résultat de transformations qui réduisent des "structures profondes" dans lesquelles figurent seulement des coordinations d'unités phrastiques; mais il n'est pas difficile de voir qu'il y a beaucoup de cas de coordination de constituants qui ne peuvent pas se ramener de manière simple à une explication en termes de réduction d'une coordination d'unités phrastiques – ex. (10b-f). (10) français français a.
J'ai vu vu Jean et (j(j'ai vu vu) Pa Paul
b. Jean Jean et Paul Paul vont vont s'ass s'associ ocier er ? Jean va s'associer et Paul va s'associer c.
Jean ean et et Pau Paull ont ont épo épousé usé deu deuxx sœu sœurs ? Jean a épousé deux sœurs et Paul a épousé deux sœurs
d. Jean et Paul Paul sont sont d'acco d'accord rd ? Jean est d'accord et Paul est d'accord e.
Jean ean et et Pau Paull n'o n'ont nt pas pas les les même mêmess qua quali lité téss
f.
Jean ean et Paul aul tra travaill aillen entt ens ensemb mblle
4. Le classement des subordonnées 4.1. La notion de relativisation
Les subordonnées relatives ne se distinguent pas toujours à première vue des autres types de subordonnées – ex. (11a-b), mais il est toujours possible de mettre en évidence des différences de construction qui résultent de ce que les relatives, à la différence des autres types de subordonnées, n'expriment pas un contenu propositionnel (c'est-à-dire quelque chose qui puisse être asserté positivement ou négativement), mais une propriété (c'est-à-dire quelque chose qui permet de diviser un ensemble d'entités en deux sous-ensembles, celui des entités qui possèdent la propriété en question et celui des entités qui ne la possèdent pas). Par exemple, dans l'ex. (11a), la subordonnée se réfère au fait qu'une personne nommée Marie chante, ce qui peut être vrai ou faux, selon la situation de référence. En (11b) par contre, contre, la subordonnée signifie la propriété "Marie chante x". En elle-même, cette propriété ne peut pas se caractériser comme vraie ou ou fausse relativement relativement à une situation de référence: elle peut deveni devenirr une assertion vraie ou fausse seulement si on substitue à la variable x le nom d'une chanson 51
particulière. Dans cet exemple, la propriété exprimée par la relative sert à déterminer le référent de l'objet du verbe connaître; en combinant le nom chanson et la relative que Marie chante, l'énonciateur indique qu'il vise un référent qui appartient à l'intersection de deux ensembles: l'ensemble des entités x qui vérifient la propriété "x est une chanson" et l'ensemble des entités x qui vérifient la propriété "Marie chante x". Le traitement spécial de la position d'objet dans la relative (position occupée par la variable x dans une représentation logique) se traduit par le "blocage" de cette position – ex. (11d); en effet, on n'observe rien de tel avec la subordonnée non relative de la phrase (11a), comme le montre (11c). (11) français français a.
Je cr crois [que Ma Marie chante]
b. Je ne connais pas la chanson [que Marie Marie chante] chante] c.
Je croi croiss [qu [quee Mari Mariee chan chante te une une chan chanso sonn d'E d'Edi dith th Piaf Piaf]]
d. *Je ne connais connais pas la chanson chanson [que [que Marie chante une une chanson chanson d'Edith Piaf] 4.2. Subordonnées complétives et subordonnées circonstancielles
Les subordonnées non relatives (c'est-à-dire les subordonnées qui signifient des contenus propositionnels) peuvent se subdiviser en deux types, les complétives et les circonstancielles (parfois appelées aussi "adverbiales"). Les subordonnées complétives forment avec un élément de la principale (verbe, nom, adjectif ou adposition) une construction dans laquelle la subordonnée "complète" le mot avec lequel elle se combine (c'est-à-dire sature une une valence de ce mot comme pourrait le l e faire un complé complémen mentt nominal) – ex. (12). (12) français français a.
Jean ean dit dit [q [que Paul Paul a par parlé lé avec avec Marie arie]]
b. J'ai la certitude certitude [que [que Paul a parlé avec avec Marie] Marie] c.
Je su suis sû sûr [q [qu'il 'il va va fai faire re beau eau]
d. Je suis venu pour pour [que [que tu me donnes donnes des des explications] explications] Les subordonnées circonstancielles manifestent elles aussi des comportements qui permettent de les assimiler à des constituants de la principale, mais ne peuvent pas s'analyser comme saturant une valence de l'un des éléments de la principale: leur statut dans la construction de la principale est comparable à celui des constituants nominaux en fonction d'obliques – ex. (13). (13) français français a.
[Com [Comme me il a plu plu], ], le sol est est humi humidde
b. Je le retrouverai retrouverai [même [même si je dois dois parcourir parcourir le monde monde entier] 52
A propos de la distinction entre complétives et circonstancielles, il faut souligner des divergences possibles dans l'analyse de certaines subordonnées, en liaison avec l'utilisation de la notion de "locution conjonctive". Par exemple, dans la présentation présentati on de l'ex. (12d), on a pris en considération la possibilité de dissocier la préposition pour et la conjonction de subordination que , et par conséquent d'analyser que tu me donnes des explications comme subordonnée complétive équivalente à un constituant nominal régi par la préposition pour, mais pour que est traditionnellement analysé comme une "locution conjonctive" (c'est-à-dire comme un groupe de mots fonctionnellement fonctionnellement équivalent à une une conjonction) qui introduit une subo subordo rdonné nnéee circonstancielle. 5. Problèmes d'analyse des morphèmes qui se combinent avec des unités phrastiques dont ils marquent l'intégration à une structure phrastique complexe
Selon les langues, les marques morphologiques de l'intégration des unités phrastiques à des structures phrastiques complexes peuvent apparaître au niveau de la morphologie verbale ou prendre la forme de mots (ou clitiques) qui se placent à la marge de l'unité phrastique. Le cas d'éléments de relation antéposés à l'unité phrastique (traditionnellement désignés comme conjonctions) est particulièrement commun dans les langues d'Europe, et la grammaire traditionnelle tend à réduire l'étude de la formation des phrases complexes à l'identification des éléments de relation qui se placent à la marge gauche de l'unité phrastique pour marquer son intégration à une structure phrastique complexe. Il est donc important de souligner que la polyvalence de ces éléments de relation est un phénomène extrêmement commun, qui est à la source de difficultés dans l'utilisation des termes disponibles pour caractériser leur fonctionnement. Par exemple, un certain nombre d'auteurs s'inspirant de la terminologie terminologie anglaise utilisent le terme de complémenteur pour désigner spécifiquement les morphèmes qui marquent les subordonnées complétives. 4 Selon cette terminologie, il est correct de dire que s i dans la construction illustrée par la phrase (14a) fonctionne comme complémenteur, puisque l'unité phrastique qu'il introduit équivaut à un constituant nominal représentant un argument du verb verbee savoir , mais il serait incorrect de dire dans l'absolu, sans autre précision, que s i est un complémenteur, puisque ce même morphème peut aussi introduire des subord subordonn onnées ées circonstancielles – ex. (14b). Il est important de noter ici qu'on ne peut pas régler cette question en parlant d'une homonymie accidentelle entre deux éléments de relation différents, étant donné que la même coïncidence s'observe dans de nombreuses langues un peu partout dans le monde – ex. (15). (14) français français a.
Je ne ne sai saiss pas pas [si [si Jea Jeann est est déj déjàà arr arriv ivé] é]
b. [Si Jean Jean est est déjà arrivé] arrivé],, il faut faut aller le le saluer saluer
4
Pour éviter toute confusion, il est important de garder à l'esprit que le même terme se trouve en grammaire générative pour désigner un élément fonctionnel abstrait, visible ou invisible (et dont les conjonctions sont seulement une concrétisation possible) qui est selon cette théorie présent dans toute unité phrastique.
53
(15) bambara a.
Seku tè
a
dòn
ko Fanta furu-la
Sékou INAC.NEG Fanta NEG ceci savoir que Fa ‘Sékou ne sait pas que Fanta s'est mariée’
b. Seku tè
a
dòn
ni
se+marier- AC.POS
Fanta furu-la
Sékou INAC.NEG Fanta NEG ceci savoir si ‘Sékou ne sait pas si Fanta s'est mariée’
c.
Ni i
ye
Seku ye, a
fo n
se+marier-AC.POS
ye
si toi AC.POS Sékou voir lui sa saluer moi ‘Si tu vois Sékou, salue-le pour moi’
pour
On peut aussi citer l'exemple de parce que, qui mérite pleinement le nom de conjonction de subordination dans la construction qu'illustre l'ex. (16a), mais qui en (16b) a un fonctionnement de connecteur discursif. (16) français français a.
Le sol sol est est mo mouillé illé parce arce qu'il u'il a plu plu (= je dis que le sol est mouillé, et que le fait qu'il ait plu en est la cause)
b. Il a plu, plu, parce parce que que le sol sol est mouillé mouillé (= je dis qu'il a plu, et ce qui me permet de le dire, c'est que le sol est mouillé) Le morphème que du français présente un cas extrême de polyvalence. Il peut marquer des subordonnées relatives – ex. (17a), des subordonnées complétives – ex. (17b), des subordonnées circonstancielles – ex. (17c-e), et peut même introduire des unités phrastiques indépendantes – ex. (17f). Par conséquent, il est possible de dire selon les cas que que FONCTIONNE COMME complémenteur, ou comme relativiseur, ou comme introducteur de subordonnées circonstancielles, ou comme marque de la valeur énonciative d'une phrase indépendante, mais il n'est pas possible de caractériser dans l'absolu que comme appartenant à un type précis d'éléments de relation. La seule chose qui reste constante dans les emplois de que illustrés par l'ex. (17) est que que introduit une unité phrastique, et que la combinaison de que et du mode verbal (indicatif / subjonctif) détermine les possibilités d'insérer l'unité phrastique en question, ou bien dans une construction phrastique complexe – ex. (17a-e), ou bien directement dans le discours – ex. (17f). (17) français français a.
Je ne conn connai aiss pas pas l'ho l'homm mmee [qu [quee tu tu vie viens ns de salu saluer er]]
b. Je ne savais savais pas pas [que tu tu avais une une nouvelle nouvelle voitu voiture] re] c.
Appro pproch chee-to toi, i, [qu [qu'on 'on pu puiss isse te te vo voir] ir]
d. Arrête Arrête de faire du bruit, bruit, [que [que tu vas vas réveiller réveiller le bébé] bébé] 54
e.
Qu'e Qu'est st-ce -ce qui qui t'a t'arri rrive ve,, [que [que tu trem trembl bles es comm commee ça]? ça]?
f. Qu'il entre immédiatement! immédiatement!
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56
Leçon 23 La relativisation 1. La relative comme structure phrastique exprimant une propriété typiquement utilisée pour restreindre l'ensemble des référents potentiels de son antécédent
La signification de la plupart des noms communs peut s'analyser en première approximation comme une propriété permettant de reconnaître, dans chaque situation de référence possible, l'ensemble des référents potentiels du nom en question (cet ensemble peut bien sûr sûr être vide). Par exemple, garçon peut a priori être utilisé pour se référer à tout individu présent dans une situation de référence qui vérifie la propriété être un garçon. Parmi les modifieurs qui peuvent s'ajouter à un nom pour former un constituant nominal, certains ont pour effet de restreindre la signification du nom, c'est-à-dire d'indiquer que le référent de l'expression nominale appartient à un sous-ensemble de l'ensemble des référents potentiels du nom qui en est la tête. On peut parler de modifieurs à valeur restrictive. Par exemple, le référent de voiture rapide est désigné comme appartenant à un sous-ensemble de l'ensemble des référents potentiels de voiture. Dans les cas simples, on peut décrire cette opération de restriction comme le résultat de la conjonction de deux propriétés: le référent de l'expression nominale est désigné comme vérifiant à la fois la propriété qu'exprime le nom qui en est la tête et la propriété qu'exprime le modifieur. Par exemple, en désignant un référent comme voiture rouge, on précise que parmi les éléments de la situation de référence, il appartient au sous-ensemble des x vérifiant la conjonction des deux propriétés être une voiture et être rouge: {x | voiture(x) & rouge(x)}, ou, ce qui revient au même, à l'intersection de l'ensemble l'ensemble des x vérifiant vérifiant la propriété être une voiture et de l'ensemble des x vérifiant la propriété être rouge: {x | voiture(x)} ¥ {x | rouge(x)}. C'est notamment à une analyse de ce type que se prêtent généralement les expressions nominales comportant comportant un nom (traditionnellement désigné comme l'antécédent) et une relative (la possibilité d'employer d'employer les relatives en valeur non restrictive, qui n'existe n'existe d'ailleurs pas dans da ns toutes les langues, peut être tenue comme un phénomène secondaire; on en dira quelques mots plus loin). Dans les phrases de l'ex. (1), les crochets délimitent des constituants nominaux qui résultent de la combinaison d'un nom avec un modifieur dans lequel on peut reconnaître une structure de type phrastique, et cette combinaison signifie que le référent du constituant entre crochets N appartient à un ensemble caractérisé par une conjonction de propriétés, ou à l'intersection de deux ensembles, de la façon indiquée à la suite de chaque phrase. (1) français français a.
Je vais vais te mon montr trer er [le [le gar garço çonn qui qui a par parlé lé de de moi moi à Mar Marie ie]] Je vais te montrer N le référent de N appartient à {x | x est un garçon & x a parlé de moi à Marie} (ou si on veut, à {x | x est un garçon} ¥ {x | x a parlé de moi à Marie})
b. [Le projet projet dont dont tu as parlé parlé à Marie] me paraît paraît intéressan intéressantt N me paraît intéressant le référent de N appartient à {x | x est un projet} ¥ {x | tu as parlé de x à Marie} 57
(ou si on veut, à {x | x est un projet & tu as parlé de x à Marie}) c.
[Le [Le resp respon onsa sabl blee à qui qui j'ai j'ai parl parléé de ton ton pro projet jet]] souh souhait aitee te ren renco cont ntrer rer N souhaite te rencontrer le référent de N appartient à {x | x est un responsable & j'ai parlé de ton projet à x} (ou si on veut à {x | x est un responsable} ¥ {x | j'ai parlé de ton projet à x})
Les constituants nominaux analysés en (1) incluent donc des modifieurs exprimant des propriétés différentes, mais qui toutes sont construites à partir d'un même schème phrastique; comme cela est indiqué en (2), à partir du même schème phrastique, on pourrait aussi construire des phrases assertives – ex. ex. (2a), mais dans la relativisation, le schème phrastique phrastique est utilisé pour p our construire une propriété. (2) français français a.
phrases assertives
b. propriété 1
Jean a parlé de moi à Marie Jean m'a parlé de ses projets etc. x a parlé de moi à Marie (il peut y avoir des gens dont on peut dire "ils ont parlé de moi à Marie", et d'autres dont on ne peut pas dire la même chose)
c.
propriété 2
Jean a parlé de x à Marie (il peut y avoir des gens ou des choses choses dont on peut dire "Jean a parlé de ces gens – ou de ces choses – à Marie", et d'autres dont on ne peut pas dire la même chose)
d. propriété 3
Jean a parlé de moi à x (il peut y avoir des gens dont on peut dire "Jean leur a parlé de moi", et d'autres dont on ne peut pas dire la même chose)
Ainsi, la relativisation implique une opération logique de construction d'une propriété en utilisant un schème phrastique exactement comme pour construire une phrase assertive, mais en faisant figurer une variable à la place de l'un des termes nominaux. Le terme nominal laissé "ouvert" dans le schème phrastique relativisé (le terme qui apparaît comme une variable dans la représentation logique) s'appelle terme relativisé : – dans dans le garçon qui a parlé de moi à Marie , le terme relativisé est le sujet du verbe parler parler; – dans da ns le projet dont tu as parlé à Marie , le terme relativisé est le complément du verbe parler parler introduit par la préposition de; – dans le responsable à qui j'ai parlé de ton projet , le terme relativisé est le complément du verbe parler parler introduit par la préposition à. Dans les exemples examinés jusqu'ici, les termes relativisés étaient tous directement directement liés au noyau prédicatif de la structure phrastique à laquelle s'applique l'opération de relativisation. relativisation. Mais il est aussi possible de relativiser des positions nominales à l'intérieur d'un constituant nominal (notamment des positions de génitif) ou à l'intérieur de subordonnées enchâssées dans la structure relativisée: dans l'ex. (3), le terme relativisé est le génitif enchâssé dans le constituan constituantt nominal sujet du verbe sortir, et en (4), le noyau prédicatif de l'unité phrastique relativisée régit une complétive équivalente à un constituant nominal objet, et le terme relativisé est en fonction de 58
complément à l'intérieur de cette subordonnée. subordonnée. (3) français français Je ne connais pas [le garçon dont la sœur sort avec Jean] Je ne connais pas N le référent de N appartient à {x | x est un garçon & la sœur de x sort avec Jean} (ou si on veut, à {x | x est un garçon} ¥ {x | la sœur de x sort avec Jean}) (4) français français Je ne suis pas au courant [du projet dont tu dis que Jean t'a parlé] Je ne suis pas au courant de N le référent de N appartient à {x | x est un projet} ¥ {x | tu dis que Jean t'a parlé dex} (ou si on veut, à {x | x est un projet & tu dis que Jean t'a parlé de x}) En français, le syntagme formé par un nom et une relative qui restreint le signifié de ce nom se construit avec la relative postposée au nom. On peut parler de "relatives postnominales" pour distinguer ce type de construction d'autres types moins courants mais qui se rencontrent aussi dans les langues du monde (cf. cours de maîtrise). 2. Relatives restrictives, relatives explicatives et relatives narratives
Dans la section 1 on a considéré seulement des relatives restrictives, c'est-à-dire des relatives utilisées dans des constructions où la propriété qu'elles expriment sert ser t à restreindre l'ensemble l'ensemble des référents potentiels du nom avec lequel elles se combinent. Mais des unités phrastiques de structure identique ou très semblable à celle des relatives restrictives se rencontrent dans des constructions où elles ajoutent un commentaire à propos du référent du nom sans modifier son extension (relatives explicatives) – ex. (5a), ainsi que dans des constructions où elles se réfèrent à un évenement lié temporellement temporellement à celui auquel réfère l'unité phrastique à laquelle appartien appartientt leur antécédent (relatives narratives) – ex. (5b). (5) français français a.
Mes Mes étu étudi dian ants ts,, qui qui s'éta s'étaien ientt bie bienn prép préparé arés, s, ont ont tous tous été reçus reçus
b. J'ai salué salué Jean, Jean, qui qui a fait semblan semblantt de ne pas pas me voir voir Les relatives restrictives, explicatives et narratives ont en commun de signifier une propriété construite selon la démarche explicitée à la section 1. Elles diffèrent dans l'utilisation que fait l'énonciateur de la propriété ainsi construite. Du point de vue typologique, l'important est d'observer que toutes les langues ont des constructions fonctionnellement équivalentes aux relatives restrictives du français, et que par contre, la possibilité d'utiliser des constructions identiques ou semblables avec des valeurs du type illustré à l'ex. (5) n'existe pas dans toutes les langues, ce qui justifie de considérer comme prototypiques prototypiques les relatives restrictives. 3. Premières observations sur les unités phrastiques relativisées: la notion de "trou syntaxique" (gap)
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Les manifestations morphosyntaxiques du traitement sémantico-logique que subissent les unités phrastiques relativisées varient d'une langue à l'autre. En français et dans bien d'autres langues, la relativisation met en e n jeu un phénomène qui mérite mérite une attention particulière, car il s'agit de quelque chose qui ne se laisse pas constater de manière immédiate, et que seules des manipulations peuvent mettre en évidence. En comparant les relatives enchâssées dans les phrases analysées à la section 1 avec des unités phrastiques indépendantes, on observe l'impossibilité d'introduire dans la relative, à sa forme canonique et dans sa position canonique, l'un des termes nominaux de l'unité phrastique indépendante correspondante – ex. (6). (6) français français a.
Je vais vais te mon montre trerr [le [le garço garçonn [qui [qui d'ap d'après rès Paul Paul a parlé parlé de moi moi à Marie] Marie]]] D'après Paul Jean a parlé de moi à Marie *Je vais te montrer [le garçon [qui d'après Paul Jean a parlé de moi à Marie]]
b. [Le projet projet [dont [dont tu as parlé parlé à Marie]] me paraît paraît intéressan intéressantt Tu as parlé de Jean à Marie *[Le projet [dont tu as parlé de Jean à Marie]]me paraît intéressant c.
[Le [Le respo respons nsab able le [à qui qui j'ai j'ai parl parléé de ton ton pro proje jet]] t]] sou souha haite ite te te renco rencont ntrer rer J'ai parlé de ton projet à Jean *[Le responsable [à qui j'ai parlé de ton projet à Jean] souhaite te rencontrer
En tentant ainsi d'introduire dans une relative, dans leur position canonique, divers termes nominaux qui pourraient être introduits dans la phrase indépendante correspondante, on met en évidence l'existence d'un "trou syntaxique" dans une position qui coïncide avec la position où apparaît la variable x dans une représentation logique ou qui inclut cette position. En (7), le trait horizontal concrétise ce trou syntaxique, et les parenthèses signalent des éléments en relation avec le terme relativisé qui eux aussi disparaissent de leur position canonique dans l'unité phrastique phrastique relativisée. (7) français français a.
Je vais vais te mon montre trerr [le [le garço garçonn [qui [qui d'ap d'après rès Paul Paul — a parlé parlé de moi moi à Marie Marie]] ]] (la relative signifie la propriété "x a parlé de moi à Marie")
b. [Le projet projet [dont tu as parlé (de) (de) — à Marie]] me paraît paraît intéressant intéressant (la relative signifie la propriété "tu as parlé de x à Marie") c.
[Le [Le respo respons nsab able le [à qui qui j'ai j'ai parlé parlé de de ton ton proj projet et (à) (à) —]] —]] souh souhait aitee te renc rencon ontre trerr (la relative signifie la propriété "j'ai parlé de ton projet à x")
—> L'utilisation de la notion de trou syntaxique est quelque peu problématique dans le cas de la relativisation du sujet, car en considérant seulement des phrases qui commencent par le sujet (ce qui est en français la situation la plus courante), on pourrait tout aussi bien argumenter que qui occupe tout simplement la position de sujet du verbe de la relative. C'est pour cela qu'on a pris soin ici d'illustrer la relativisation du sujet par un exemple dans lequel le sujet n'est pas le 60
premier constituant de la phrase: il est clair dans ce cas que qui ne peut pas se substituer au sujet. En anticipant sur ce qui suit, notons aussi que seule l'hypothèse d'un trou syntaxique dans la construction qu'illustre l'ex. (7a) est cohérente avec l'analyse des relativiseurs du français qui sera proposée à la section 6. Mais la relativisation de l'un des termes nominaux de l'unité phrastique relativisée ne se manifeste pas seulement de façon négative, par un trou syntaxique dans la position canonique du terme relativisé: elle se manifeste aussi positivement par la présence à la marge gauche de la relative d'un élément (traditionnellement appelé appelé selon les cas pronom relatif ou adverbe adverbe relatif) relatif) dont les variations sont corrélées à la nature de la position relativisée: qui en (7a), dont en en (7b), à élémen ent,t, qui en (7c). Pour éviter de nous prononcer prématurément sur la nature exacte de cet élém nous le désignerons ici simplement comme relativiseur. On remarque notamment que, lorsque le trou syntaxique à l'intérieur de la relative relative s'étend s'éte nd à une préposition, ou bien le relativiseur prend prend une forme spéciale, ou bien il est accompagné accompagné de la préposition en question. question. Il est intéressant de comparer ceci avec des constructions de l'anglais l'anglais dans lesquelles, lorsque le relativiseur est that , les prépositions se maintiennent dans leur position canonique malgré le trou syntaxique que fait apparaître la relativisation de leur complément nominal – ex. (8c). (8)
anglais
a.
propriété: yo you ca can re rely on on x
b. a per persson [on whom you can rely (on) —] c. a person [that you you can rely on —] Il est intéressant aussi d'observer la relativisation des positions génitival génitivales es illustrée par l'ex. l'ex. (9): lorsque la position relativisée est une position de génitif à l'intérieur d'un groupe prépositionnel, c'est ce groupe tout entier (avec le relativiseur en position de génitif) qui apparaît non pas à sa position canonique dans la relative, mais à la marge gauche de la relative. (9) français français a.
prop propri riét été: é: Mari Mariee tra trava vail ille le avec avec la sœur sœur de x
b. le garçon garçon avec avec la sœur sœur de de qui Marie travail travaille le c.
le garç garçon on [[av [[avec ec la la sœur sœur de de qui] qui] [Ma [Marie rie trava travaill illee (ave (avecc la sœu sœurr de) de) —]]] —]]]
4. Relatives sans antécédent
On peut considérer comme particulièrement banal l'emploi des relatives comme modifieur d'un nom (désigné traditionnellement comme "antécédent" de la relative) qui délimite un domaine à l'intérieur duquel la propriété exprimée par la relative délimite un sous-domaine, mais il peut arriver aussi qu'aucun nom n'explicite le domaine auquel est rapportée la propriété qu'exprime la relative. Dans certains cas, l'absence d'antécédent peut être motivée par une anaphore discursive – ex. (10a), mais il peut se produire aussi que l'absence d'antécédent ne s'explique pas par une anaphore, et que le domaine dans lequel lequel la relative introduit une restriction 61
soit tout simplement à interpréter comme l'ensemble de tous les référents potentiels pour lesquels la propriété qu'exprime la relative a un sens – ex. (10b). (10) français français a.
Ce film film est est plus plus intér intéres essa sant nt que que [cel [celui ui que que j'a j'aii vu vu hier hier]] (le référent de [celui que j'ai vu hier] s'interprète comme appartenant à l'intersection de {x|x est un film} et de {x | j'ai vu x hier})
b. Ce film a passionné passionné [ceux qui qui l'ont l'ont regardé] regardé] (le référent de [ceux qui l'ont regardé] s'interprète comme {x | x a regardé ce film}) En français, on peut considérer que celui / celle / ceux / celles fonctionne dans ces constructions comme substitut d'antécédent. Mais il existe aussi des relatives sans antécédent dans lesquelles la séquence relativiseur + relative forme à elle seule un constituant nominal – ex.(11). (11) français français a.
[Qui [Qui veut veut voya voyage gerr loi loin] n] ména ménage ge sa mo mont ntur uree
b. Invit Invitee [qui [qui tu tu veu veux] x] L'analyse de ces constructions, peu productives en français actuel, est rendue r endue délicate par le fait qu'elles ne peuvent vraiment s'expliquer qu'en référence à un état ancien de la langue et ne peuvent pas être systématiquement reliées, dans une stricte description synchronique, aux constructions utilisées en présence d'un antécédent. En effet, en français, la "relative "relative substantive" conserve le souvenir de l'emploi de qui dans la relativisation de l'objet, emploi qui en règle générale a disparu du français contemporain – ex.(12). (12) français français a.
Invite [qui tu veux (inviter) –]
b. Invi Invite te [les [les gens gens [que tu veux (inviter) –]]] 5. Relatives dans lesquelles un pronom résomptif occupe la position canonique du terme relativisé
Les mécanismes de relativisation relativisation du français font généralement généralement apparaître apparaître un "trou "trou syntaxique" dans la position canonique du terme relativisé (ou dans une position qui inclut la position canonique du terme relativisé). Mais une autre stratégie est possible, dans laquelle, sans que cela puisse s'expliquer par un phénomène d'indexation obligatoire du terme en question, le terme relativisé est traité exactement comme il le serait dans une phrase indépendante où il serait dans une relation d'anaphore discursive discursive avec l'antécédent – ex. ex. (13). ( 13). On désigne général généralemen ementt comme "pronoms résomptifs" les pronoms ou indices pronominaux qui occupent dans une relative la position canonique du terme relativisé et dont la présence n'est pas imputable à un phénomène obligatoire d'indexation. 62
(13) tswana a.
Leburu
le
rekiseditse monna dikgomo
5AfrikanerSCL5 avoir+vendu 1homme 10vache ‘L'Afrikaner a vendu des vaches à l'homme’
b. Leburu
le
mo rekiseditse dikgomo
5AfrikanerSCL5 OCL1 avoi avoir+ r+ve vend nduu 10va 0vache ‘L'Afrikaner lui a vendu des vaches’
c.
monna yo
[Leburu le le
mo rekised rekiseditse itse-ng -ng dikgomo dikgomo]]
1homme 1JONCT 5Afrikaner SCL5 OCL1 avoi avoir+ r+ve vend nduu-REL REL 10vache ‘l'homme à qui l'Afrikaner a vendu des vaches’
d. Kebonye dikgomots otsa
monna kwa nokeng
S1S
avoir+vu 10vache 10GEN 1homme me à GEN 1hom ‘J'ai vu les vaches de l'homme au bord de la rivière’
e.
Kebonye
dikgomotsa
gagwe kwa nokeng
S1S
avoir+vu 10vache 10GEN GEN 1PRO ‘J'ai vu ses vaches au bord de la rivière’
f.
monna yo
[ke bonye-ng
à
tsamaile le
9rivière.LOC
dikgomo tsa
1homme 1JONCT S1S avoir+vu-REL 10vache ‘l'homme dont j'ai vu les vaches au bord de la rivière’
g. Kitso o
9riv 9riviè ière re..LOC
gagwe kwa nokeng] 10GEN
1PRO
à
9rivière.LOC
monna
1Kitso SCL1 être+parti avec 1homme ‘Kitso est parti avec l'homme’
h. Kitso o
tsamaile le
ene
1Kitso SCL1 être+parti avec ‘Kitso est parti avec lui’
i.
monna yo
[Kitso o
1PRO
tsamaile-ng le le
1homme 1JONCT 1Kitso SCL1 être être+p +paartirti-REL REL ‘l'homme avec qui Kitso est parti’
ene]] avec 1PRO
Bien qu'occultée par les descriptions descriptions traditionnelles, cette stratégie de relativisation n'est pas inconnue du français. D'abord, le français parlé fait un large usage de pronoms résomptifs dans les relatives introduites par le relativiseur que – ex. (14a), et même en français standard, il existe des constructions qui combinent le relativiseur dont avec avec la présence d'un pronom résomptif – ex. (14b). (14) français français a.
Jean Jean vient vient d'ache d'acheter ter une une voitu voiture re [que [que quand tu la voi vois, s, tu tu te demand demandes es comme comment nt elle elle 63
peut encore rouler] (la propriété signifiée par la relative est "quand tu vois x, tu te demandes comment x peut encore rouler") b. Je vais vous vous donner donner un argument argument [dont je suis sûr sûr qu'il n'a pas encore encore été avancé] (la propriété signifiée par la relative est "je suis sûr que x n'a pas encore été avancé") 6. L'analyse des relativiseurs qui introduisent les relatives postnominales
L'analyse précise des relativiseurs qui apparaissent à la marge gauche des relatives postnominales est dans beaucoup de langues, et notamment en français, une question particulièrement délicate. La grammaire traditionnelle désigne systématiquement comme "pronoms relatifs" ou "adverbes relatifs" les éléments qui occupent cette position, en ajoutant simplement parfois qu'à la fonction pronominale de ces unités s'ajoute une fonction de marque de subordination. Mais le terme même de pronom relatif implique de considérer que le relativiseur est une unité de nature nominale qui à la fois occupe la fonction du terme relativisé et se place dans une position non canonique. Par conséquent, ce terme ne devrait être utilisé que lorsqu'il existe des arguments à l'appui d'une telle analyse. Or il est facile de voir que la présence de pronoms relatifs dans les structures de relativisation n'est pas une nécessité absolue. Tout d'abord, nous venons de voir qu'il existe des structures de relativisation dans lesquelles l'antécédent est repris par un pronom qui est tout simplement un pronom ordinaire à sa position habituelle, et non pas un pronom spécial occupant une position non canonique. Il semble difficile de trouver une justification théorique à l'identification comme "pronom relatif" d'un relativiseur qui qui introduit un un relative à pronom pronom résomptif, résomptif, car cela voudrait dire que pour la même même fonction syntaxique, on aurait simultanément un pronom en position positi on canonique ca nonique et un pronom occupant une position spéciale. Ensuite, la construction anglaise illustrée par l'ex. (15) montre que des structures de relativisation ne mettant en jeu ni pronom ni relativiseur sont parfaitement possibles: dans cette construction, il n'y a rien à la marge gauche de la relative qui "compense" "compense" d'une manière ou d'une autre le trou syntaxique. (15) anglais a.
the man [we met — yesterday]
b. the the boo bookk [I [I read read — last week] c.
the da day [we went to Paris —]
d. the place place [we [we stay stayed ed —] —] e.
the reason [I went there —]
f.
the man [I spoke to —]
En fait, les relativiseurs qui apparaissent souvent à la marge gauche des relatives postnominales ne méritent de manière certaine ce rtaine d'être considérés comme des pronoms occupant la fonction du terme relativisé que lorsque les conditions suivantes sont remplies: 64
– la position position canoniq canonique ue du terme relativis relativiséé n'est n'est pas occupée occupée par un pronom pronom ordinaire; ordinaire; – le relativiseur relativiseur change change de forme selon selon la fonction fonction syntaxiqu syntaxiquee du terme relativisé, relativisé, ou peut peut faire partie d'un syntagme dans lequel il apparaît combiné avec des éléments (prépositions par exemple) qui vont avec le terme relativisé et qui donc peuvent être considérés eux aussi comme "extraits" de leur position canonique dans la relative – ex. (16). (16) français français a.
J'ai parlé avec x
b. le garçon garçon [[avec [[avec qui] qui] [j'ai [j'ai parlé parlé (avec) (avec) —] c.
J'ai parlé avec le frère de x
d. le garçon garçon [[avec [[avec le frère de de qui] [j'ai [j'ai parlé parlé (avec le frère frère de) —] —] On peut aussi rencontrer, à la marge gauche des relatives postnominales, deux types de relativiseurs qu'il est abusif de désigner comme "pronoms relatifs": – les relativiseurs peuvent être des mots qui présentent des variations variations de forme gouverné gouvernées es par l'antécédent, mais qui ne varient pas selon la nature nature de la position posi tion relativi relativisée, sée, et qui jamais ne forment syntagme avec un quelconque élément "extrait" de sa position canonique dans la relative; c'est notamment le cas du mot glosé JONCT (joncteur) dans l'ex. (13) ci-dessus: historiquement, c'est un ancien démonstratif qui a perdu perdu dans cette construction son sens déictique pour devenir un simple mot de liaison entre l'antécédent et la relative; comme les démonstratifs dont il est issu, il s'accorde en classe avec le nom auquel il succède, mais il ne varie varie jamais selon la nature de la position relativis relativisée ée et n'apparaît jamais combiné avec un élémen élémentt extrait de la relative; en outre, il serait difficile difficile de l'analyser comme pronom occupant la fonction du terme relativisé, dans la mesure où cette fonction est déjà occupée en tswana par un pronom ordinaire en position canonique. – les relativiseurs peuvent enfin e nfin être êt re des mots totalement tota lement invariables, qui généralement se rencontrent aussi en fonction de complémenteur, et qui par conséquent doivent s'analyser comme comme de simples marques de subordination de la relative. L'ex. (17) illustre le cas d'une langue (l'occitan) qui n'a pas d'autre possibilité que d'utiliser comme relativiseur un morphème morphème utilisé par ailleurs comme complémenteur; complémenteur; ce morphème est totalement invariable invariable et ne forme jamais syntagme avec des éléments extraits de la relative. (17) occitan a.
l'òme que que parla l'homm l'hommee que parl parler er..S3S ‘l'homme qui parle’
b. l'òme que vesi l'ho l'homm mmee que voir voir..S1S ‘l'homme que je vois’
c.
l'òme que parli l'homm l'hommee que parl parler er..S1S ‘l'homme dont je parle’
65
d. l'òme que li
ai
parlat
l'ho l'homm mmee que D3S AUX.S1S parlé ‘l'homme à qui j'ai parlé’
e.
lo jorn que venguèri le jour que ve v enir.TAM.S1S ‘le jour où je suis venu’
f.
l'endrech
que nasquèri l'endroit que na naître.TAM.S1S ‘l'endroit où je suis né’
g. un bòsc que vos i mostrarai
los arbres que butan
un bois que D2P là mo mont ntre rer. r.TAM.S1S les arbres ‘un bois où je vous montrerai les arbres qui poussent ici’
aquí
quepo epousser.S3 P ici
h. un peis
aviá pas vist son parieu que jamai av un poisson que jamais AUX.TAM.S3S NEG vu sonpa sonparei reill ‘un poisson dont il n'avait jamais vu le pareil’
Ce qui peut compliquer l'analyse des relativiseurs, c'est essentiellement la possibilité que plusieurs stratégies de relativisation soient en concurrence dans une même langue. Par exemple, l'anglais a une possibilité de relativisation sans aucun matériau morphologique – ex. (15) cidessus), mais a aussi deux autres possibilités: – l'anglais l'anglais peut utiliser utiliser comme relativis relativiseur eur that – – ex. (18), qui peut s'analyser comme simple marque de subordination, car il ne varie pas, ne forme jamais de syntagme avec des éléments extraits de la relative, et est attesté par ailleurs comme complémenteur; – l'anglais peut utiliser utili ser comme relativiseurs relati viseurs les mots en wh- – ex. (19), qui sont par contre clairement de nature pronominale, comme le montrent leurs possibilités de variation et leur aptitude à former des syntagmes avec des éléments extraits de la relative. (18) anglais a.
the man [that [we [we met — yesterday]]
b. the the boo bookk [that [I [I read — last week]] c.
the day [that [we [we went to Paris —]]
d. the the pla place ce [that [we [we stayed —]] e.
the reason [that [I [I went there —]]
f.
the man [that [I [I spoke to —]
g. *the the man man [to that [I [I spoke (to) —] (19) anglais 66
a.
the man [whom [we met — yesterday]]
b. the the boo bookk [which [I read — last week]] c.
the day [when [we went to Paris —]]
d. the the pla place ce [where [we stayed —]] e.
the reason [why [I went there —]]
f.
the man [whom [I spoke to —]
g. the the man [to whom [I spoke (to) —] Il faut aussi envisager la possibilité de cumuler un pronom relatif et un relativiseur de nature non pronominale – ex. (20). (20) moyen anglais a.
this book [of which that [I [I make mencioun]] litt. ‘ce livre duquel que j'ai fait mention’
b. a do doghte ghterr [which that [called [called was Sophie]] litt. ‘une fille laquelle qu'était appelée Sophie’
Comme cela a déjà été rappelé, la grammaire française traditionne traditionnelle lle désigne uniformé uniformément ment comme "pronoms relatifs" les relativiseurs qui, que et dont , et des données comme (21) semblent à première vue appuyer une telle analyse. (21) français français a.
l'homme [qui [— m'a parlé de toi]]
b. l'h l'homme [que [j'ai vu — hier]] c.
l'homme [à qui [j'ai parlé — hier]]
d. l'h l'hom omme me [dont / de qui [je t'ai parlé —]] e.
l'homme [avec qui [je suis venu —]]
Mais on doit d'abord remarquer une différence importante entre qui dans la relativisation du complément d'une préposition et qui dans la relativisation du sujet: le qui qui apparaît dans la relativisation du complément complément d'une préposition préposition (comme d'ailleurs le qui interrogatif) implique le trait +humain (ce qui est un indice de sa nature pronominale), pronominale) , alors que ce n'est pas le cas du qui de la relativisation du sujet. Quant au relativiseur que, non seulement il est lui aussi insensible au trait ±humain, mais en outre il s'emploie en français non standard pour la relativisation de toutes sortes de positions syntaxiques (et pas seulement de l'objet) – ex. (22a) à (22c), et son emploi 67
peut aller de pair avec la présence d'un pronom résomptif – ex. (22d). (22) français non non standard a.
J'ai 'aime pa pas la la faç façoon qu que tu tu me me par parlles
b. J'ai été été voir voir le film que tu m'avais m'avais parlé parlé c.
Mari Mariee est est part partie ie le jour jour que que Jea Jeann est est arri arrivé vé
d. C'est un film film que tous les gens qui l'ont l'ont vu en disent disent le plus grand grand bien Par ailleurs, il existe en français des relatives introduites par lequel, qui présente quant à lui les variations qu'on peut attendre d'un véritable pronom. Or l'ex. (23) montre que, lorsque la position relativisée est celle du sujet ou de l'objet direct, il est impossible de remplacer qui / que par lequel. Cette impossibilité est inexplicable dans le cadre de l'analyse traditionnelle, mais elle a une explication évidente si on admet que le français n'a en réalité recours à des pronoms relatifs que lorsque la position relativisée est autre que celle du sujet ou de l'objet direct, et par conséquent que les relativiseurs qui et que qui apparaissent dans la relativisation du sujet et de l'objet ne sont pas de nature pronominale. (23) français français a.
*l'homme [lequel [— m'a parlé de toi]]
b. *l'h *l'hom omme me [lequel [j'ai vu — hier]] c.
l'homme [auquel [j'ai parlé — hier]]
d. l'h l'homm mmee [duquel [je t'ai parlé —]] e.
l'homme [avec lequel [je suis venu —]]
Une analyse possible est donc qu'en français standard, la relativisation fonctionne de façon différente selon la nature de la position relativisée – cf. (24). (24)
antécédent
pronom relatif
l'homme l'homme l'homme l'homme l'homme
— — de qui à qui avec qui
conjonction relat rel ativ ivee de subord.
qui que — — —
— m'a parlé de toi j'ai vu — hier hier je t'ai t'ai parlé parlé — j'ai parlé — hier hier je suis suis venu venu —
Cette analyse n'est toutefois possible que si on accepte l'idée qu'il faut distinguer en français deux morphèmes qui là où la grammaire traditionnelle voit indistinctement un pronom relatif: – qui remplaçable par lequel est véritablement un pronom relatif, – q u i non remplaçable par lequel est une variante combinatoire combinatoire du morphème de 68
subordination que qui assume par ailleurs la fonction de complémenteur. De façon précise, cette analyse se base sur la possibilité de formuler la règle suivante: le morphème que a pour variante qui lorsqu'il introduit une unité phrastique ne comportant ni constituant nominal sujet, ni clitique sujet. Un argument très fort en faveur de cette analyse est qu'il y a d'autres données du français qui ne peuvent s'analyser s'analyser simplement qu'en qu'en admettant l'existence d'un allomorphe qui du morphème de subordination que. En effet, dans des interrogations partielles où la question porte sur le sujet d'une complétive, on voit apparaître deux qui qu i – ex. (25a); or la comparaison avec des interrogations partielles où le terme sur lequel porte la question occupe d'autres fonctions à l'intérieur de la complétive montre clairement que le premier qui qu i est le pronom interrogatif "extrait" de la complétive, alors que le deuxième qui apparaît dans une position où on attendrait a priori le complémenteur que – ex. (25b-d); et ici aussi, cette apparition d'un qui difficilement explicable si on n'accepte pas que qui puisse être allomorphe de la conjonction que va de pair avec un trou syntaxique en fonction de sujet. (25) français français a.
Qui croi croiss-tu -tu [qu [quii est est venu enu me me vo voir]? ir]?
b. Qui crois-tu crois-tu [que [que j'ai j'ai rencontré rencontré là-bas]? c.
Avec vec qui qui cro crois-t is-tuu [q [que Jea Jeann est est part parti] i]??
d. Où crois-t crois-tuu [que [que j'ai rencon rencontré tré Jean]? Jean]? Cette hypothèse d'une homonymie entre un qui pronom et un qui allomorphe du morphème de subordination que explique en outre le contraste qu'il y a en français parlé entre le i du qui analysé ici comme pronom (qui est invariablement maintenu dans la prononciation) et le i du qui allomorphe de que (qui peut être réduit à une semi-voyelle ou même complètement élidé). On peut encore citer comme argument en faveur de cette analyse analyse l'existence de la construction qu'illustre l'ex. (26) dans des variétés non standard de français. Cette construction ne peut pas s'analyser dans le cadre de l'analyse traditionnelle traditionnelle de la relativisation, car elle oblige à admettre la possibilité de cumuler deux types d'unités considérés traditionnellement comme caractéristiques de deux types différents de subordonnées: pronom relatif et conjonction de subordination. Elle met en défaut aussi l'analyse l'anal yse souvent proposée selon laquelle les pronoms relatifs représenten représententt l'amalgame d'un pronom et d'une marque de subordination, puisqu'elle comporte clairement un morphème de subordination (que) extérieur au pronom relatif. (26) français non non standard a.
l'homme [avec qui que [je suis venu —]]
b. l'ho l'homm mmee [à qui que [j'ai parlé —]] 6. Pronoms relatifs et pronoms interrogatifs
Dans de nombreuses langues (français, anglais, etc.) il y a des affinités évidentes entre relativisation et interrogation: les inventaires de pronoms interrogatifs et de pronoms relatifs se recoupent largement, pronoms interrogatifs et pronoms relatifs occupent une position 69
comparable en début d'unité phrastique, et dans les usages non standard qui utilisent des interrogatives comme par exemple Avec qui que suivis que t'es venu? venu?, les interrogatifs peuvent être suivis d'une "conjonction de subordination" de la même façon que les pronoms relatifs de l'ex. (26). L'explication de ces ressemblances est à chercher dans le fait que les relatives peuvent être issues diachroniquement d'une réinterprétation de subordonnées ayant initialement le statut d'interrogatives indirectes. On observe en effet que dans certains contextes, une interrogative indirecte et une relative sont également possibles, sans que le sens global de la phrase en soit affecté – ex. (27). (27) français: français: interrogat interrogatives ives indirecte indirectess (a) / relative relativess (b) a.
Il m'a m'a dem deman andé dé [que [quell jou jourr je je com compt ptai aiss par parti tir] r] Indique-lui [quel train il doit prendre]
b. Il m'a demandé demandé [le jour jour où je comptais comptais partir] Indique-lui [le train qu'il doit prendre] A partir de telles synonymies, on conçoit bien que des verbes susceptibles d'introduire indifféremment des interrogatives indirectes indirectes ou des relatives peuvent constituer un contexte dans da ns lequel se développe la réinterprétation de constructions initialement interrogatives comme constructions exprimant la relativisation. On observe d'ailleurs qu'un tel processus est actuellement à l'œuvre en français: dans certains usages non standard (et dans le langage des enfants), on trouve en effet utilisées utilisées avec une valeur valeur clairement clairement relative relative des unités phrastiques phrastiques introduites par qu'est-ce que , dont il ne fait aucun doute que leur valeur originelle est interrogative – ex. (28). (28) français standard standard (a) / non standard standard (b) a.
Je t'a t'aii ap apport portéé [ce [ce que tu tu m'a m'a dema demanndé] dé] C'est [ce que je t'ai dit]
b. Je t'ai apporté apporté [qu'est-ce [qu'est-ce que tu m'as demandé demandé]] C'est [qu'est-ce que je t'ai dit] 7. Formes verbales dépendantes et relativisation
Dans les exemples exemples analysés jusqu'ici, jusqu'ici, les relatives avaient généralement pour noyau prédicatif une forme verbale capable de fonctionner aussi comme noyau prédicatif de phrases indépendantes. C'est là la situation la plus commune dans les langues qui ont des relatives postnominales. Toutefois, la définition de la relativisation laisse ouverte la possibilité de mécanismes de relativisation mettant en jeu l'utilisation de formes verbales non finies, et effectivement, on peut notamment en français rencontrer des constructions auxquelles s'applique entièrement la définition de la relativisation, mais dans lesquelles l'unité phrastique qu'il conviendrait de reconnaître comme relative si on appliquait de manière systématique les définitions générales a pour noyau prédicatif un infinitif ou un participe. En (29a), le constituant entre crochets a la structure d'une unité phrastique ayant pour noyau prédicatif le verbe savoir, avec un trou syntaxique dans la position du sujet, ce qui sémantiquement correspond à la construction de la propriété "x sait intéresser ses lecteurs", exactement comme en (29b), où figure une relative avec pour noyau prédicatif une forme d'indicatif du même verbe. 70
(29) français français a.
un écri écriva vain in [— sach sachan antt int intér éres esse serr ses ses lect lecteu eurs rs]]
b. un écrivain écrivain [qui [qui [— sait intéresse intéresserr ses lecteurs] lecteurs] En français, ce type de relativisation relativisation (que la grammaire grammaire traditionnelle ne reconnaît pas comme comme tel) est beaucoup moins productif que celui qui utilise des formes verbales finies, mais le tswana – cf. ex. (13) ci-dessus ci-de ssus – est un exemple exempl e de langue à relatives rela tives postnominale postnom inaless qui utilise utilise exclusivement des formes verbales spéciales pour la construction des relatives.
71
72
Leçon 24 La complémentation 1. Subordonnées complétives et constituants nominaux
Les complétives sont des subordonnées non relatives qui forment avec un élément de la principale (qui peut être un verbe, un nom, un adjectif ou une adposition) une construction dans laquelle la subordonnée sature une valence de cet élément de manière analogue à ce que pourrait faire un constituant nominal. Dans les cas simples, le statut syntaxique des complétives se traduit par la possibilité de les faire commuter purement et simplement avec des constituants nominaux qui fonctionnent de manière similaire quant à la saturation d'une valence de leur régisseur. La situation du français présentant sur ce point quelques complications, ce sont des exemples espagnols qui vont servir à illustrer la possibilité de commutation entre des constituants nominaux et des complétives régies par un verbe – ex. (1), un nom – ex. (2), un adjectif – ex. (3) – ou une préposition – ex. (4). (1)
espagnol
a.
Me gusta
[la co cocina mejicana]
D1S
plaire.S3S DEF cuisinemexicaine ‘J'aime la cuisine mexicaine’
b. Me gusta
[que estéis
contentos]
D1S
plaire.S3S queêtre.TAM.S2P contents ‘J'aime que vous soyez contents’
c.
Insistió
[en el
insister.TAM.S3S dans DEF DEF ‘Il a insisté sur le thème’
d. Insistió
tema] thème
[en que teníamos
que volver]
insister.TAM.S3S dans queavo eavoir.TAM.S1P que que revenir ‘Il a insisté sur le fait que nous devions revenir’
e.
No le
di
importancia [a es esa crítica]
donner.TAM.S1S importance ‘Je n'ai pas accordé d'importance à cette critique’
NEG
f.
D3S
No le
di
à DEM DEM critique
importancia [a que no me llamaran]
donner.TAM.S1S impo import rtan ance ce à que NEG O1S ‘Je n'ai pas accordé d'importance à ce qu'on ne me convoque pas’
NEG
(2)
D3S
appeler.TAM.S3P
espagnol
a.
No considero NEG
la
envisager. S1S DEF
posibilidad [de possibilté
de
un fr fracaso]
un échec
73
‘Je n'envisage pas la possibilité d'un échec’
b. No considero NEG
la
envisager. S1S DEF
a ayu ayudar-m ar-me] e]
posibilidad [de
que Juan se niegue
possibilté
que Juan MOY MOY refuser.TAM.S3S
de
à aider-O1S ‘Je n'envisage pas la possibilité que Juan se refuse à m'aider’
c.
Tengo
la
duda [d [de
eso]
avoir.S1S DEF doute de DEM DEM ‘Je doute de cela’
d. Tengo
la
duda [de si habrán
avoir.S1S DEF dout doutee de si AUX.TAM.S3P ‘Je doute qu'ils aient réussi à arriver’
(3)
conseguido llllegar] réussi
arriver
espagnol
a.
Estoy seguro [de mi de decisión] être.S1S sûr de P1S décision ‘Je suis sûr de ma décision’
b. Estoy se seguro [de que todavía no ha ha
llegado]
être.S1S sûr de que en encore NEG AUX.S3S arrivé ‘Je suis sûr qu'il n'est pas encore arrivé’
(4)
espagnol
a.
He
venido para [eso]
AUX.S1S venu
pour ‘Je suis venu pour cela’
b. He
DEM
venido para [que me in informéis] AUX.S1S venu
pour que O1S informer.TAM.S2P ‘Je suis venu pour que vous m'informiez’
Mais l'équivalence l'équivalence entre entre complétives complétives et constituants constituants nominaux est loin d'être toujours aussi parfaite. D'abord, il peut arriver que des complétives soient régies par un mot qui ne peut pas être complété de manière équivalente par un complément nominal – ex. (5). (5)
français a.
Il semb emble que le temps chang ange
b. *Il *Il sem sembl blee N c.
*N semble 74
Mais surtout, dans les détails de leur comportement, comportement, les complétives diffèrent souvent plus ou moins des constituants nominaux auxquels elles sont équivalentes du point de vue de la saturation d'une valence du mot qui les régit. Par exemple, en français et dans bien d'autres langues, l'utilisation de complétives comme sujet est soumise à de fortes restrictions, et souvent, une complétive équivalente à un constituant nominal sujet en termes de saturation de la valence du verbe doit se placer en position postverbale dans une une construction impersonnelle – ex. (6). (6) français français a.
[Cett ette hypothè thèse est possible ible]]
b. ?[Que [Que Jean Jean vien viennne] est est pos possi sibble
/ *Il est est possible [cet [cettte hypothès thèse] e] /
Il est est pos posssible ible [que [que Jean Jean vien vienne ne]]
En français aussi, le complémenteur que est incompatible avec certaines prépositions, une possibilité étant que la préposition disparaisse lorsqu'on fait commuter le nom avec une complétive introduite par que – ex. (7). (7) français français a.
Je me réjo réjoui uiss [de [de cet cette te nouv ouvelle elle]]
b. Je me réjoui réjouiss [que vous vous soye soyezz venus] venus] c.
*Je *Je me me réj réjou ouis is [de [de que que vous vous soye soyezz ven venus us]]
On peut aussi mentionner en français l'impossibilité de focaliser les complétives en fonction d'objet au moyen de la construction clivée qui permet de focaliser les constituants nominaux qui occupent la même fonction – ex. (8). (8) français français a.
Je veux [ce li livre]
b. C'est C'est [ce [ce livre livre]] que que je veux veux c.
Je veux [que tu m'aides]
d. *C'est *C'est [que [que tu m'aid m'aides] es] que que je veux veux En tswana, il n'est pas possible possible d'insérer des adverbes entre le verbe et un constituant nominal objet, alors que les mêmes adverbes s'insèrent entre le verbe et une complétive équivalente à un nom objet – ex. (9) (9)
tswana
a.
Keitse S1S
Kitso sentle
connaître Kitso ‘Je connais bien Kitso’
bien
75
b. *Ke itse
sentle Kitso
S1S conna onnaît ître re bien bien
c.
Ke
itse
Kit Kitso so
sentle gore Kitso o
batla
S1S
savoir bien que Kitso SCL1 vouloir ‘Je sais bien que Kitso veut épouser Lorato’
go ny nyala Lorato INFépouser
Lorato
On peut observer les trois tendances générales suivantes quant aux différences de comportement entre complétives et constituants nominaux: nominaux: – les complétives complétives tendent tendent à occuper occuper la dernière dernière positio positionn dans dans les constructions constructions dont elles font partie; – de toutes les position positionss syntaxiqu syntaxiques es qui qui accueillent accueillent des des constituan constituants ts nominaux nominaux,, la position de sujet manifeste des restrictions particulièrement fortes quant à la possibilité d'accueillir des complétives; – on observe observe souve souvent nt des des compléti complétives ves construites obligatoi obligatoiremen rementt de manière manière identiqu identiquee à des constituants nominaux détachés dans une construction disloquée, sans qu'il soit par contre possible de les placer à l'intérieur de l'unité phrastique dans la position canonique du constituant nominal auquel elles sont équivalentes. L'ex. bambara (10) illustre cette dernière tendance: en bambara, les constituants nominaux en fonction d'objet précèdent le verbe, mais les complétives équivalentes à des consti constituan tuants ts nominaux objets succèdent à la principale, et le pronom a , qui doit s'analyser comme représentant la complétive, occupe dans la principale la position canonique canonique de l'objet. (10) bambara a.
Seku ye
[tiyèn] fò Adama ye
Sékou AC.POS vérité dire Ad Adama à ‘Sékou a dit la vérité à Adama’
b. Seku y'
[a] fò fò Adama ye
Sékou AC.POS ceci direAdama ‘Sékou a dit ceci à Adama’
c. Seku y'
à
[a]i fò Adama ye [ko Fanta furula]i
Sékou AC.POS ceci direAdama à que Fa Fanta ‘Sékou a dit à Adama que Fanta s'était mariée’ litt. ‘Sékou a dit ceci à Adama, que Fanta s'était mariée’
se+marier. AC.POS
2. Complémentation sans marques morphologiques
Tous les exemples de la section 1 concernaient des complétives identiques à des unités phrastiques indépendantes mais marquées comme complétives par la présence d'u d'unn complémenteur. Il se peut aussi (cf. section 4) que le mécanisme de complémentation soit marqué par l'utilisation d'une forme verbale dépendante. Mais il est important d'admettre qu'une unité phrastique puisse aussi fonctionner comme complétive sans qu'apparaisse nécessairement une quelconque marque morphologique de son statut de complétive. Par exemple, la phrase anglaise (11a) a l'apparence d'une simple juxtaposition de deux unités phrastiques, mais l'observation de son son fonctionnement permet de voir que you've you've found the right 76
"penser", exactement comme si le solution équivaut à un constituant nominal objet de think "penser", complémenteur that était était présent. En particulier, you've found the right solution est sous la portée d'une négation exprimée morphologiquement au niveau du verbe think "penser": "penser": (11b) ne signifie pas "(a) je ne pense pas et (b) tu as trouvé la bonne solution", mais "je pense, et ce que je pense est que tu n'as pas trouvé la bonne solution"; ceci ne devrait pas être possible s'il s'agissait réellement d'un enchaînement de deux unités phrastiques indépendantes. (11) anglais a.
I th think ink yo you'v u've fou founnd the the righ rightt so soluti lution on
b. I don't don't think you've found the right right solution solution Des exemples semblables peuvent se rencontrer notamment dans beaucoup de langues avec le type particulier de complétives complétives que sont sont les interrogatives indirectes, indirectes, aussi bien du type demande de précision – ex. (12) – que du type question oui / non – ex. (13). (12) français français a.
Je ne sais sais pas pas [que [quell llee not notee je je vai vaiss avoi avoir] r]
b. Je me demande demande [combien [combien il peut peut gagner] gagner] (13) finnois finnois a.
Tulee-ko
hän?
venir.S3S-INTER lui ‘Est-ce qu'il vient?’
b. En
tiedä, [tulee-ko
hän]
NEG.S1S savoir venir.S3S-INTER lui
‘Je ne sais pas s'il vient’ (litt. ‘Je ne sais pas est-ce qu'il vient’)
3. L'origine des complémenteurs 3.1. Complémenteurs et démonstratifs
Beaucoup de langues ont des complémenteurs identiques à un démonstratif, comme en anglais that – – ex. (14a-b). De telles coïncidences résultent de la réanalyse d'un enchaînement de deux unités phrastiques qui ne comportait aucune marque de subordination, mais dans lequel la première unité phrastique incluait un démonstratif se référant cataphoriquement au contenu de la deuxième unité phrastique – ex. (14c); en effet, si dans un tel enchaînement le démonstratif apparaît régulièrement à la jonction des deux unités phrastiques, il peut se réinterpréter comme complémenteur de la manière indiquée en (14d). (14) anglais a. I know that 77
b. I know know that that John John went went to Italy Italy c.
I kn know that: Jo John went to Italy aly
d. [I kno know w [tha [that] t]i]: [John went to Italy]i —> [I kno know w [tha [thatt [Joh [Johnn went went to to Italy Italy]] ]] 3.2. Complémenteurs et introducteurs de discours
Le français est une langue dans laquelle tous les verbes de parole peuvent s'utiliser de deux manières pour citer des paroles prononcées par le référent du sujet (ou qui explicitent une pensée attribuée au référent du sujet): – au "discours direct", ils i ls prennent comme complément une unité phrastique qui n'est pas marquée par un complémenteur, et qui reproduit sans aucun changement les paroles prononcées par le référent du sujet – ex. (15a); – au "discours indirect", ils prennent comme complément une unité phrastique marquée par un complémenteur et qui reproduit avec certains changements dans les déictiques les paroles prononcées par le référent du sujet – ex. (15b). En plus de cela, les verbes de parole du français peuvent comme les autres verbes se construire avec des compléments nominaux – ex. (15c). (15) français français a.
Le prés présid iden entt a dit dit / avou avouéé …: …: «J' «J'ai ai des des prob problè lème mes» s»
b. Le président président a dit dit / avoué avoué … qu'il avait avait des probl problèmes èmes c.
Le pr présid ésiden entt a dit / av avoué … la véri érité
Mais beaucoup de langues organisent différemment l'ensemble des verbes de parole, avec un verbe unique (ou parfois un prédicatif non verbal) spécialisé de manière exclusive comme introducteur de discours: – le verbe ve rbe ou prédicatif non verbal verbal spécialisé comme introducteur de discours se combine combine directement avec une unité phrastique qui reproduit les paroles attribuées au référent du sujet; – le verbe ou prédica prédicatif tif non non verbal verbal spécialisé spécialisé comme comme introducteur introducteur de discours ne peut pas se construire avec des compléments nominaux se référant à des paroles attribuées au référent du sujet; – les autres verbes de parole peuvent prendre des compléments nominaux, mais ne peuven peuventt pas se construire directement avec des compléments phrastiques: avec les autres verbes de parole ou de pensée, un complément phrastique est nécessairement introduit par le verbe (ou prédicatif non verbal) introducteur de discours, qui fait alors office de complémenteur. Par exemple, en tswana, le verbe (irrégulier) re "dire" fonctionne comme introducteur de discours, et son infinitif gore fonctionne comme complémenteur avec les autres verbes de parole – ex. (16). (16) tswana a.
Kitso o
tsile
Kitso SCL1 être+venu ‘Kitso est venu’
78
b. Lorato o
rile
Kitso o
Lorato SCL1 avoir+dit Kitso ‘Lorato a dit que Kitso est venu’
c.
Lorato o
re
tsile SCL1 être+venu
boleletse
gore Kitso o
Lorato SCL1 O1P avoir+racont avoir+racontéé direKitso direKitso ‘Lorato nous a raconté que Kitso était venu’
d. Lorato o
re
boleletse
tsile
SCL1 être+venu
sephiri
Lorato SCL1 O1P avoir+racont avoir+racontéé secret secret ‘Lorato nous a raconté un secret’
e.
*Lorato ato o rile rile gore Ki Kitso tso o tsil tsilee
f.
*Lorat rato o re bolele eletse tse Ki Kitso tso o tsile ile
g. *Lora *Lorato to o rile rile sep sephir hirii En quechua, niy "dire" fonctionne de manière très semblable à la fois comme introducteur de discours et comme complémenteur pour les autres verbes de parole – ex. (17). (17) quechua a.
«Hakuña» ni-nku allons allons-y -y dire dire--S3P ‘Ils disent: «Allons-y!»’
b. «Hakuña» ni-spa
qaya-nku
allons-y allon s-y dire-GER crier- S3P ‘Ils crient: «Allons-y!»’ (litt. ‘Ils crient en disant …’)
Et dans les langues qui organisent ainsi l'ensemble des verbes de parole, il est fréquent que l'usage de l'introducteur de discours comme complémenteur s'étende à des complétives autres que celles qui se réfèrent à des paroles attribuées au référent réfé rent du sujet d'un verbe de parole, parole, et que l'introducteur de discours se transforme ainsi en un complémenteur qui a une relation étymologique avec "dire", mais qui n'implique plus nécessairement le sens de "dire"; c'est notamment le cas de gore en tswana – ex. (18). (18) tswana a.
Lorato o
lorile
gore Kitso o
Lorato SCL1 avoi avoir+ r+rê rêvé védi dire reKi Kits tsoo ‘Lorato a rêvé que Kitso était mort’
b. Lorato o
butse
sule
être+ +mo mort rt SCL1 être
kgoro gore re
tsene
Lorato SCL1 avoir+ouvert porte dire S1P ‘Lorato a ouvert la porte pour que nous entrions’
entrer.TAM TAM
79
4. Complétives dont le verbe est à une forme dépendante 4.1. La concurrence entre formes indépendantes et formes dépendantes du verbe dans la construction des complétives
L'ex. (19) illustre des constructions du français dans lesquelles on peut faire commuter entre elles complétives dont le verbe est à une forme indépendante et complétives dont le verbe est à une forme dépendante. (18) français français a. Je préfère [que tu restes avec moi] / [rester à la maison] b. Je ne veux pas [que tu recommences] / [te revoir revoir ici] c.
Il est est sort sortii sans sans [que [que pers person onne ne s'en s'en rende rende compte compte]] / [fai [faire re de de brui bruit] t]
d. Je suis sûr [que tu tu vas être content] content] / [d'obten [d'obtenir ir ce que je veux] veux] On observe souvent une relation de complémentarité, dans laquelle la complétive dont le verbe est à une forme indépendante s'utilisant seulement si elle a un sujet différent de celui de la principale, tandis que la complétive dont le verbe est à une forme dépendante n'a pas de sujet apparent et s'interprète comme comme si elle avait un sujet identique à celui de la principale, comme dans da ns l'ex. (20). (20) français français a.
Je ve veux qu que tu tu éco écouutes ce di disque
b. *Je veux veux que que j'écou j'écoute te ce disqu disquee c.
Je veux écouter ce disque
Mais cette complémentarité est loin de constituer une règle générale, et l'impossibilité d'utiliser des complétives dont dont le verbe est à une forme indépendante avec un sujet sujet identique à un terme de la principale (sujet ou autre) doit être considérée comme une propriété lexicale lexicale du verbe verbe qui régit la complétive, car les complétives à forme verbale indépendante avec un sujet identique à celui de la principale sont souvent possibles – ex. (21), et même parfois obligatoires – ex. (22). (21) français français a.
Je lu lui ai ai pr promis d' d'aller le vo voir
b. Je lui lui ai promis promis que que j'irais j'irais le le voir voir (22) français français a.
J'ai 'ai ob observ servéé qu que je je su suppor pporte te mal mal le le fro froid id 80
b. *J'ai *J'ai observé observé supp supporte orterr mal le froid froid 4.2. Complétives à forme verbale dépendante et complémenteurs
Dans beaucoup de langues, il est banal que les complétives dont le verbe est à une forme indépendante soient introduites par des complémenteurs et que les complétives à forme verbale dépendante soient dépourvues dépourvues de complémenteur. complémenteur. On peut voir là une tendance à la complémentarité entre deux façons de marquer la subordination. Mais cette complémentarité n'a rien de nécessaire. Nous savons qu'il existe des complétives à forme verbale indépendante dépourvues de complémenteur, et inversement il existe aussi des complétives à forme verbale dépendante introduites par un complémenteur. Ce type de situation est relativement facile à identifier lorsque le même complémenteur, complémenteur, comme comme dans l'ex. (23a), fonctionne aussi avec des des complétives dont le verbe est à une forme indépendante – (23b). (23) espagnol a.
No sé
si [ir a casa]
savoir.S1S si aller à maison ‘Je ne sais pas s'il vaut mieux que j'aille à la maison’ (lit. ‘Je ne sais pas si aller à la maison’)
NEG
a.
No sé
si [Juan ha
llegado]
savoir.S1S si Juan AUX.S3S arrivé ‘Je ne sais pas si Juan est arrivé’
NEG
Il y a par contre un problème d'analyse avec les complétives à forme verbale dépendante combinées à des adpositions. En effet, il est possible qu'une adposition combinée avec une complétive à forme verbale dépendante ait son statut ordinaire d'adposition, le critère étant le maintien de l'adposition lorsqu'on substitue un constituant nominal à la complétive, comme dans l'ex. (24); mais, lorsque l'adposition combinée à une complétive à forme verbale dépendante disparaît en cas de substitution d'un constituant nominal à la complétive, comme dans l'ex. (25), l'analyse qui s'impose est qu'elle fonctionne comme complémenteur. c omplémenteur. (24) français français a.
Jean ean a peur eur de de ne ne pas pas être être à la la hau haute teur ur
b. Jean a peur peur de tous tous les chien chienss (25) français français a.
Jean ean a fini ini de de ré rédiger so son mém mémooire ire
b. Jean Jean a fini fini son son trava travail il 4.3. Complétives infinitivales avec "montée" du sujet de l'infinitif
Le verbe sembler illustre un cas de construction infinitivale qui concerne notamment les verbes que les descriptions du français désignent souvent comme "semi-auxiliaires". Dans ces constructions, l'infinitif régi n'a pas de sujet apparent, mais le l e verbe régisseur n'a par lui-mê lui-même me 81
aucune propriété de sélection relativement à son sujet: dans les constructions sembler + Inf , les sujets acceptables sont exactement les mêmes que dans les constructions dont le noyau prédicatif est le verbe qui apparaît là à l'infinitif. On remarque notamment que sembler + Inf admet une construction impersonnelle exactement dans les mêmes conditions que le verbe qui est là à l'infinitif – ex. (26). Autrement dit, syntaxiquement, tout se passe comme si sembler s'ajoutait à la construction du verbe qu'il régit sans rien y changer. Par référence à l'explication transformationnelle de ce phénomène, inspirée par la possibilité de paraphrase " Il semble que + complétive à verbe fini" (cf. 26c), on parle souvent de construction "à montée du sujet". (26) français français a.
Jean se se pr préoccupe de de sa sa sa santé Jean semble se préoccuper de sa santé
b. Il pl pleut Il semble pleuvoir c.
(expl (explica icatio tionn tran transf sfor orma matio tionn nnell ellee de de la la con const stru ructi ction on de sembler) Ø semble [Jean se préoccuper de sa santé] —> Jean semble [Ø se préoccuper de sa santé]
4.4. Complétives infinitivales dans lesquelles un argument du verbe régisseur "contrôle" l'infinitif
Le verbe souhaiter illustre un type différent de construction infinitive. Dans la construction construction , le verbe a un fonctionnement prédicatif normal: l'impossibilité de souhaiter + V inf souhaiter inf procéder à la même analyse que dans le cas précédent découle notamment de l'impossibilité de combiner souhaiter avec un autre verbe verbe dont les propriétés propriétés de sélection du sujet seraie seraient nt incompatibles avec celles de souhaiter – cf. (27). (27) français français a.
Jean so souhaite ép épouser Ma Marie
b. *Il souhai souhaite te pleuvoi pleuvoirr L'important ici est de voir que, si le verbe régisseur a clairement son propre sujet auquel il assigne un rôle sémantique, il serait insuffisant de se limiter à constater l'absence de constituant en fonction de sujet du verbe à l'infinitif. Intuitivement, le sujet de souhaiter cumule un rôle sémantique que lui assigne souhaiter et un rôle que lui assigne le verbe à l'infinitif. Formellement, Formellement, la relation entre le sujet explicite de souhaiter et le sujet sous-entendu du verbe à l'infinitif se concrétise par exemple en français lorsque l'infinitif est dans une construction qui exige la forme pronominale, comme par exemple s'entendre avec qq'un au sens de se mettre d'accord avec qq'un – ex. (28): dans la construction A souhaite s'entendre avec avec B , A (sujet de souhaiter) contrôle les variations du clitique se exactement comme le sujet de s'entendre dans la construction A s'entend s'entend avec B). (28) français français 82
a.
Je me suis suis ente entend nduu ave avecc Jea Jeann pou pourr par parta tage gerr le le tra trava vail il *Je t'ai entendu avec Jean pour partager partager le travail
b. Je souhaite souhaite m'entendre m'entendre avec avec Jean pour pour partager partager le travail travail *Je souhaite souha ite t'entendre avec Jean pour partager partager le travail On dit généralement dans de tels cas que l'infinitif est contrôlé par le sujet du verbe régisseur. Il existe aussi avec d'autres verbes des constructions analogues, mais avec contrôle de l'infinitif par l'objet du verbe régisseur – ex. (29a) ou par le complément datif du verbe régisseur – ex. (29b). (29) français français a.
Mari Mariee a supp suppli liéé Pau Paull de de s'e s'ent nten endr dree ave avecc Jea Jeann Marie m'a supplié de m'entendre avec Jean (l'infinitif est contrôlé par l'objet de supplier)
b. Marie a conseillé conseillé à Paul de de s'entendr s'entendree avec Jean Jean Marie m'a conseillé de m'entendre avec Jean (l'infinitif est contrôlé par le complément datif de conseiller)
4.4. Un problème d'analyse
On trouve en français notamment des constructions infinitivales dans lesquelles un constituant nominal sémantiquement identifiable au sujet de l'infinitif apparaît immédiatement à gauche de l'infinitif, c'est-à-dire dans une position qui à première vue suggère d'analyser ce constituant comme le sujet syntaxique de l'infinitif – ex. (30a). Dans ce cas, on propose souvent (notamment en grammaire traditionnelle) l'analyse explicitée en (30b), qui revient à dire que l'infinitif et le nom qui le précèdent forment à l'intérieur de la phrase matrice un constituant désigné comme comme proposition proposition infinitive, infinitive, et cette proposition infinitive infinitive est analysée comme saturant la valence objet du verbe voir. Mais cette analyse, même si elle peut paraître évidente à un examen superficiel, et même si elle peut être valable pour des constructions d'autres langues superficiellement semblables, se heurte dans le cas de cet exemple français au moins à de très sérieuses objections: d'une part la séquence Jean embrasser Marie ne satisfait pas aux tests qu'on peut invoquer pour justifier de reconnaître un fragment d'énoncé comme constituant syntaxique, et d'autre part Jean présente très clairement, notamment dans la pronominalisation, les propriétés que l'on attend de l'objet de voir – cf. (30c). A partir du moment où on dispose de la notion de "contrôle" au sens de mécanisme par lequel un infinitif régi assigne à un argument de son régisseur le rôle qu'il assigne normalement à son sujet, il est donc préférable de considérer, comme cela est explicité en (30e), que syntaxiquement Jean est l'objet de voir, et non pas le sujet de embrasser, et qu'on a une construction dans laquelle le verbe voir a deux compléments: un complément nominal ayant le statut d'objet et un complément phrastique de type infinitival contrôlé par l'objet. (30) français français a.
J'ai 'ai vu Jean ean embrass asser Mari arie 83
b. J'ai J'ai vu [Jean [Jean embra embrasse sserr Marie] Marie] c. Jean ean, je l'ai l'ai vu emb embras rasser ser Mari Mariee d. J'ai vu [Jean] [Jean] [emb [embrass rasser er Marie] Marie]
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