´ Le suje sujet t et la conn connai aiss ssan ance ce du reel eel
Que puis-je connaˆ connaˆıtre de moi et du monde ?
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Le sujet et la raison et le r´eel eel Conscience, Conscien ce, inconsci i nconscient, ent, mati` ma ti`ere ere et e t esprit esp rit
Introduction : Recherche d’une d´ efiniti efinition on de la conscie conscience nce 1
Recherc Recherche he d’expressio d’expressions ns concernan concernantt la conscience conscience – – – – – – – – –
avoir avoir la conscience conscience tranquille = morale avoir avoir un meurtre sur la conscience conscience = morale ˆetre etre totalement total ement inconscient incons cient = morale moral e + capacit´ capaci t´e de r´eflexion eflexion ne pas avoir conscienc consciencee de ses actes = ne pas se rendre compte, ne pas agir en connaissance connai ssance de cause, capacit´ capaci t´e de r´eflexion eflexio n en son ˆame ame et consci conscienc encee (pour le juge juge qui doit doit juger juger de mani` mani` ere ere honnˆete ete et impartiale) impart iale) = morale m orale perdre conscience (s’´evanouir) evanouir) = ne plus avoir de perception p erception du monde conscience conscience politique politique avoir avoir bonne / mauvaise mauvaise conscience conscience = morale conscience professionnelle (celui qui travaille travaille avec application) = valeur valeur morale
1 perd perdre re cons consci cien ence ce
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2 ˆetre e tre tota totale leme men nt inco incons nsci cien entt ne pas avoir avoir conscie conscience nce de ses ses actes actes conscience p olitique
3 avoi avoirr la cons consci cien ence ce tran tranqu quil ille le avoir avoir un meurtre meurtre sur sur la conscienc consciencee en son ˆame ame et conscience avoir avoir bonne / mauvaise mauvaise conscience conscience conscience professionnelle
Les diff´ diff´ erents erents sens de la conscience conscience 1. La capaci cap acit´ t´e a` ´eprouver eprouver quelque chose ou `a percevoir p ercevoir le monde m onde ext´erieur erieur : sensation et perception. perception . N’est N’ est pas p as v´eritablement erita blement la conscience co nscience.. 2. Capacit´e de se rendre compte de ce qu’on sent, per¸ p er¸coit coit ou fait : r´efle efl exion = retour sur ce qu’on vit, on rapporte la chose `a soi, so i, comm c ommee la r´eflexio efle xion n en maths, effet de miroir, on ressent ou on fait quelque chose et on en a une ima image, ge, une repr´ repr´ esent esentati ation, on, on sait sait qu’on qu’on le fait. fait. Impliq Implique ue la conscience de soi. Conscience au sens psychologique. psychologique. 3. Capacit´ Capacit´ e de percevoir ce qui est bien ou mal = conscience morale. morale. Suppose la conscience au sens 2 = il faut avoir un retour r´eflexif eflexif sur ce qu’on fait ou per¸coit coit pour savoir si c’est bien ou mal, il faut pouvoir se repr´ r epr´esenter esenter quelque chose et pas seulement seuleme nt le vivre dans l’imm´ediat ediat conscie nce permet per met de se d´etacher etacher de l’imm´ediatet´ ediate t´e, e, d’avoir une ⇒ la conscience relation relati on au temps par la m´emoire emoir e de d e ce c e qui q ui s’est d´ej` ej`a pass´ pas s´e et l’antic l’a nticiipation de ce qui va se passer ou de ce qu’on veut faire : pour agir, on se 2
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projette dans l’avenir. M´ emoire emoir e et anticipation anticipa tion,, c’est la d´efinition efinitio n e e que donne Bergson (fin xix – d´ebu eb ut xx ) de la conscience. Conscience au sens moral. moral.
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Qui poss` poss` ede ede la la consci conscienc ence e?
3.1
Distinc Distinctio tion n inert inerte e / vivan vivantt
• L’inerte L’inerte n’a aucune conscience conscience du monde qui l’entoure l’entoure : ne per¸coit coit
pas le monde qui l’entoure et ne peut pas agir sur lui. vivant, on peut distinguer plusieurs degr´es es : • Dans le vivant, eg´ eg´ etaux, eta ux, la bact´ bac t´ erie eri e ou le mollus mol lusque que qui n’ont pas de – Les v´ syst`eme eme nerveux central, r´eagissent eagiss ent `a leur environnement, `a des stimuli , changent leur comportement en fonction de l’environnement ext´erieur eri eur,, mais m ais ne semblent sembl ent pas en avoir de repr´ rep r´esentati esent ation, on, r´eactio eac tion n chimique p our les bact´eries eries et r´eflexe eflexe pour les mollusques. Ils sont simplement en interaction avec le milieu. mammi f` eres eres : on a l’impression qu’ils per¸coivent – Les mammif` coivent le monde ext´erieur, erieur , qu’ils qu ’ils en ont o nt une repr´esentation esentatio n et agissent en fonctio f onction n de cette repr´esentation esentatio n et non par simple r´eflexe. eflexe. On peut consid´erer erer er cette repr´esentation esentatio n comme c omme le 1 degr´e de la conscience. conscie nce.
3.2
Disti Distinc ncti tion on hom homme me / ani anima mall
L’homme ajoute `a cela la r´eflex fle xion, en plus de la simple perception ou repr´esentation. esentatio n. En mˆeme eme temps qu’il per¸ per ¸coit, coit, il sait qu’il per¸coit co it,, en mˆeme em e temps qu’il agit, il sait qu’il agit. C’est le sens v´eritable eritable de « conscience » : acc ompagn´ agn´e de savoir ». La concum-scire, savoir avec ⇒ conscientia = « accomp science proprement pro prement dite est donc la capacit´e `a ajouter une connaissance, un savoir `a un fait : je ne me contente pas de voir, mais je sais que je vois, etc. Bila Bi lan n` a noter no ter On distingue 3 sens de la conscience : la conscience comme sensation et perception, la conscience psychologique ou conscience comme r´eflexion eflexion et la conscience conscience morale ou conscience conscience du bien et du mal. La coner science au 1 sens est poss´ed´ ed´ee ee par les hommes et certains animaux et la conscience aux 2 autres sens seulement par les hommes.
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Prem Pr emi` i` ere ere part partie ie
La conscience est-elle la source de toutes toutes nos connai connaissa ssance ncess ? 1
La conscience conscience comme repr´ repr´ esentatio esentation n du monde ext´erieur
1.1
1.1.1
Le 1 degr´ e de la conscience : perc erception et sensation sensation est indispensable indispensable ` a la connaissanc connaissance e du monde qui nous entoure er
ˆ Etre en relation avec le monde ext´ erieur erieur
On peut pe ut d´ej` ej `a dire que les plantes ou animaux « inf´ in f´erie er ieur urss » sont en relation avec le monde ext´erieur erieur au sens o`u ils apportent une r´eponse eponse aux variations du monde ext´erieur erieur qui leur permet p ermet de subsister. Il s’agit de ressentir un stimulus et de r´eagir eagir en cons´equence, equence, mais on ne parlera pas encore de perception perc eption ni d’actio d ’action, n, mais ma is simplement si mplement de r´eaction eactio n r´eflexe. eflexe. Ils sont s ont simplesim plement en contact avec leur environnement, avec lequel ils sont en interaction. Toutefois, cette relation r elation au monde ext´ erieur, erieur, si elle est indispensable `a sa connaissanc connaissance, e, puisqu’elle puisqu’elle est ce qui nous permet d’ˆ etre etre en relation relation avec avec lui, d’ˆetre etre en contact avec lui, ne suffit pas `a le connaˆ con naˆıtre ıtr e (elle (el le est n´ecessai eces saire re mais pas suffisante pour la connaissanc connaissance). e). Il s’agit d’un rapport imm´edi ed iat 1 (direct, sans m´ediation) ediation) au monde, qui ne permet pas de le connaˆ connaˆıtre : on se contente contente d’adh´ erer erer au monde, de se confondre confondre avec avec lui, sans la prise de distan dis tance ce n´ecessai eces saire re `a la connaissance. 1.1.2 1.1.2
La sensa sensati tion on et la perce percept ption ion permet permette ten nt de franch franchir ir un degr´ e de plus dans la connaissance
L’aigle voit sa proie, l’objet l’obj et lui est pr´esent´ esent´e, e, et l’aigle agit en fonction de ce qu’il qu’i l voit, en fonction fo nction de l’ob l’o b jet qui qu i lui est pr´esent´ esent´e et qui qu i n’a pas d’action d’a ction directe sur lui. Il y a donc une distance entre l’objet et l’aigle, l’objet n’agit pas directement sur l’aigle et l’aigle peut attendre le moment propice pour fondre fondre sur sa proie. proie. Il y a donc donc un d´ ebut ebut de mise mise `a distance de l’objet. L’aigle n’est cependant pas `a proprement parler conscient d’ˆetre etre en train de chasser pour manger : il agit par instinct, il est tout entier `a son action et a donc encore un rapport imm´ediat ediat au monde, qui ne passe pas par une re-pr´esentation esentatio n de l’objet, l’ob jet, qui lui est simplement simplem ent pr´esent´ esent´e, e, et encore moins par une repr´ repr´esentation esentation de cet objet comme ´etant etant distinct distinct de lui. L’aigle L’aigle est encore dans l’imm´ l’imm´ediatet´ ediatet´ e de l’action, l’action, ce qui lui permet d’ailleurs d’ailleurs de 1
Rep` Re p`eres er es : m´edia ed iatt / imm´ im m´edia ed iat. t.
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gagner en rapidit´e et en efficacit´ e. e. On peut comparer cette situation `a celle dans laquelle on se trouve quand on joue `a des jeux r´ep´ ep´etitifs etitif s : exemple, exemple , on doit tirer sur les soldats soldats mais pas sur les civils civils,, au d´ ebut ebut on est lent parc pa rcee qu’on qu’ on r´efl´ efl´echit ech it `a chaqu chaquee fois, fois, et au bout d’un d’un mom momen ent, t, d` es es que le personnage apparaˆ apparaˆıt, on tire, on a presque l’impression que ¸ca ca ne passe plus par le cerveau, parce qu’on est dans une action de type r´eflexe. eflexe.
1.2
Mais seule la r´ elfexion elfexion permet p ermet de le connaˆ connaˆıtre vraiment
Sensation et perception sont n´ecessaires ecessaires `a la connaissance mais ne sont pas suffisantes. Pour connaˆ connaˆıtre, au contraire, il faut une re-pr´esentation esentation de l’objet, c`ad ad non seulement sa pr´esentation, esentation, mais sa reconnaissance consciente, il faut un retour r´eflexif eflexif sur cet objet, qui cr´ee ee un rapport m´ediat ediat entre moi et le monde. Je ne r´eagis eagis pas de mani`ere ere imm´ediate ediat e `a une perception, mais je forme dans mon esprit une image de ce que je per¸cois, image qui peut rester dans mon esprit une fois que la perception a disparu. Je me repr´esente esente l’objet l’ob jet per¸cu cu comme ´etant etant quelque chose qui est distinct de moi, et par l`a, a, je me connais connai s n´ecessairement ecessair ement en mˆeme eme temps moi comme ´etant etant distinct de cet ob jet et comme ´etant etant celui qui per¸ p er¸coit coit cet objet. Comme nous le verrons avec la ph´enom´ enom´enologie, enologie, la conscience est en effet toujours conscience de quelque chose, et la conscience naˆ naˆıt de la vis´ ee ee de quelque chose qui n’est pas elle, qui lui est transcendant, cette vis´ee ee de ce qui n’est pas elle, c’est ce qu’on appelle l’intentionnalit´ l’intentionnalit´e de la conscience, qui est n´ecessaire ecessaire `a la conscience de soi. Je prends en effet conscience de moi comme ´etant etant celui qui vise cet ob jet qui n’est pas moi et qui m’est ext´ erieur, erieur, transcendant. La connai connaissa ssance nce du monde monde ext´ ext´erieur erieur suppose suppose donc le passag passagee par la m´ediati edi ation on de la repr´ rep r´esentati esent ation on et, de mani` man i`ere ere li´ee, ee, la r´eflexio efle xion n : c`ad ad le fait fai t non seulement de voir mais de savoir que je vois, et par l`a, de savoir en mˆeme eme temps qu’il y a un “je” qui voit et qui est distinct de ce qu’il voit. La connaissance du monde suppose supp ose donc en mˆeme eme temps la conscience de soi. Elle suppose ´egalement egalement une mise `a distance, distance, `a la fois spatiale spatiale et temporelle. Spatiale Spatiale : l’objet per¸cu cu ne se confond con fond pas avec moi, m oi, il i l est plac´e devant moi, en face fa ce de moi. Temporelle empo relle : je ne suis su is pas pa s oblig´ obl ig´e d’agir d’a gir imm´ediatement ediate ment en r´epon ep onse se `a ma perception, mais je peux prendre le temps de r´efl´ efl´echir, echir, et, par exemple, exemple, de me souvenir souvenir de situations situations pass´ pass´ees ees qui ressembl ressemblent ent `a celle a` laquelle je suis confront´ e. e. La m´emoire emoire est en effet caract´eristique eristique de la conscience conscience,, qui peut garder l’image, l’image, la repr´ esentation, esentation, de ce qui n’est plus pr´ pr ´esen es ent. t. La conscie con science nce est mˆeme eme fondam fon damenta entalem lement ent li´ l i´ee ee `a la temporali temp oralit´ t´e. e. Comme le fait remarquer remarquer Bergson Bergson dans la conf´ conf´erence erence “La Conscience Conscience et la Vie” de ´ L’ Energie spirituelle (cf. manuel Nathan p. 36), une conscience qui ne conserverait serverai t rien r ien de son pass´e, e, c`ad ad qui s’oublierait s’oubli erait elle-mˆeme eme `a chaque instant, ne ferait en fait que p´erir erir et renaˆ renaˆıtre `a chaque instant et ne serait donc pas une conscience. Elle ne se connaˆ connaˆıtrait pas elle-mˆ eme eme et ne pourrait rien 5
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connaˆ connaˆıtre, puisqu’elle oublierait imm´ediatement. ediatement. Elle ne pourrait rien faire non plus, car une action consciente a toujours commenc´e dans le pass´e et envisage toujours l’avenir. Quand je prononce une phrase, par exemple, la phrase, dont je dis que je la prononce au pr´esent, esent, est en fait constitu´ee ee des sons que j’ai d´ej` ej`a prononc´es es et de ceux que je n’ai pas encore prononc´es. es. Une fois que j’ai termin´e de la prononcer, elle est d´ej` ej`a enti` ent i`erem er ement ent pass´ pa ss´ee. ee . C’est en ce sens que Bergson caract´erise erise la conscience comme m´emoire emoire et anticipation, anticipa tion, m´emoire emoire du pass´e et anticipation anticipa tion de l’avenir. C’est C’e st cette ce tte capa c apacit´ cit´e de m´emoire emo ire qui q ui perm p ermet et la l a v´eritab eri table le conna co nnaissa issance, nce, car connaˆıtre, ıtre, c’est aussi se souvenir et ˆetre etre capable capabl e de reconna reconn aˆıtre. Je connais connai s un po` p o`eme eme parce pa rce que qu e je suis capable ca pable de le r´eciter, eciter , de m’en souvenir, s ouvenir, je connais co nnais quelqu’un quand je suis capable de parler de lui mˆeme eme quand il n’est pas l`a et de le reconnaˆ reconnaˆıtre quand je le vois. D`es es que j’oublie, je ne sais plus. Comme nous l’avons vu avec le texte de Pascal, la m´emoire emoire est aussi ce qui garantit l’identit´ e d’une personne par la continuit´ continuit´e de sa conscience : je sais que je suis le mˆeme eme parce pa rce que je me souviens de ce que j’ai v´ecu ecu dans da ns le pass´e. e. Si la conscience conscie nce p´erissait erissai t et renaissait renais sait `a chaque instant, je pourrais ˆetre etre sans cesse quelqu’un quelqu’ un de diff´erent. erent. Je ne connaˆıtrais ıtrai s donc ni le monde ni moimo i-mˆ mˆeme. em e. Transition ransition : Pour Pour conna connaˆˆıtre, ıtre, il faut donc donc une consci conscienc encee au sens sens 2 : conscience comme r´eflexion, eflexion, qui consiste en une repr´esentation esentation du monde ext´ ex t´erieu er ieur, r, c`ad ad en un retour r´eflexif eflexif sur ce que nous sentons sentons et percevons, percevons, assorti de la capacit´e de se souvenir. Cela pose cependant deux probl`emes emes : 1. Nos sensations et perceptions sont-elles fid`eles eles `a la r´eali ea lit´ t´e du mo mond ndee ext´ ext´erieur erieur ? Autrement Autrement dit, nos sens peuventpeuvent-ils ils nous tromper sur le monde. 2. Les repr´ repr´esentations esentations que nous nous faisons faisons `a partir de ces sensations et perceptions leur sont-elles fid`eles eles ? N’interpr´ etons-nous etons-nous pas ce que nous percevons, au risque de transformer la r´ealit´ ealit´e objective ?
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La conscience conscience que que j’ai du monde ext´ ext´ erieur erieur et de moi-mˆ eme eme peut-elle peu t-elle constituer consti tuer une connaissance connais sance fiabl fiable e?
Pb : qu’est-ce qui me garantit que je ne me trompe pas en croyant connaˆıtre ıtre le monde mo nde ext´ ex t´erieur, erieur , qu’est-ce qu’e st-ce qui q ui me garantit garanti t que j’en ai une un e vision visio n juste juste ?
2.1 2.1
Pourq ourquo uoii dout douter er ?
Descartes, dans les M´editat edi tatio ions ns m´ etaph et aphysi ysique quess (1641), part du constat selon lequel il a « re¸cu cu quantit´e de fausses fausse s opinions opinio ns pour v´eritables erita bles » depuis res ses 1 ann´ees. ees. Oppositio Opp osition n croire cr oire / savoir. savoir . Descartes, Descartes, math´ ma th´ematicien, ematici en, physicien p hysicien et philosop ph ilosophe, he, xviie si`ecle. ec le. Physi Phy sique que : loi de la r´efraction, efraction, loi de Snell-Descartes n1 sin(i) = n2 sin(r), avec i angle d’incidence et r angle ng le r´efr ef ract´ ac t´e, e, n est l’indice du milieu dans lequel se propag pro pagee la lumi` lum i`ere. ere . Maths Mat hs : il invente la g´eom´ eom´etrie etr ie analyt ana lytique ique au mˆeme eme moment que Fermat = application applic ation des m´ethodes etho des de l’alg`ebre ebre `a la g´eom´ eo m´etri et riee = vecteurs et ´equations equati ons qui qu i portent p ortent sur les compo co mposantes santes des d es vecteurs vecte urs (syst` ( syst`emes emes d’´equat equ atio ions ns). ). y = ax + b = ´equation equati on cart´esienne esienne d’une droite, droit e, d´ecrit ecrit par l’alg` l’a lg`ebre ebr e quelque quel que chose de g´eom´ eom´etriqu etr iquee : une droite dro ite.. Probl`eme eme du fait d’avoir certaines opinions fausses : ce qu’il a fond´e sur de tels principes doit ˆetre etre faux et s’il sait que certaines de ses opinions sont fausses, il y en a probablement d’autres qui le sont sans qu’il le sache. Comment Comme nt se d´efaire efair e de l’erreur l’err eur ? Comm Co mment ent ˆetre et re sˆur ur que tout ce qu’il tient tient pour p our vrai l’est effectivemen effectivementt ? Il faudra ne plus avoir avoir le moindre moindre doute sur ses opinions et donc rejeter comme fausses toutes les opinions dont il doute. Pour rejeter une opinion, il n’est pas n´ecessaire ecessaire de savoir qu’elle est fausse, il suffit de ne pas avoir la certitude qu’elle est vraie : le moindre petit doute suffira `a la rejeter. C’est ce qu’on appelle le doute hyperbolique hyperbolique cart´ car t´esien esie n : pour po ur ˆetre etr e sˆur, ur, mieux vaut trop douter que pas assez, le moindre soup¸con con doit faire abandonner une opinion, il faut tenir pour faux ce qui n’est en fait que douteux, do uteux, et on va voir que ¸ca ca peut mener tr`es es loin. Pb : s’il faut passer toutes ses opinions en revue, ¸ca ca va prendre pre ndre des si`ecles. ecles. Pas la peine : il suffit de commencer par celles sur lesquelles les autres reposent, en commen¸cant cant par les fondements, fondem ents, on fera ´ecrouler ecroul er tout l’´edifice edifice qui repose repo se sur ces fondations. Origine / fondement : ici, le fondement, c’est ce sur quoi repose le chronologique, contrairereste, c’est d’un point de vue logique et non chronologique, ment `a l’origine. l’ori gine. Le but de Descartes Descar tes va ˆetre etre pr´ecis´ ecis´ement ement de montrer que si nos connaissances, ou du moins nos opinions ont bien leur source dans la sensation, et donc la sensation est `a leur origine, elles naissent de la sensation, la sensation n’est pas un fondement fiable pour la connaissance :
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on ne peut pas d´ eduire eduire logiquement logiquement la connaissanc connaissancee de la sensation, sensation, on ne peut pas en ˆetre etre certain. certai n. Fondement ondement = base logique solide ; origine = source sourc e chronologique chronolo gique pas forc´ ement ement justifi´ee. ee. On a la mˆeme eme opposition en politique, concernant par exemple le fondement d’une loi : on peut comprendre comment on en est arriv´e `a adopter une loi, mais se demander si cette loi est fond´ee. ee. C ¸ a rejoint alors la question questio n de la l´egitimit´ egitim it´e. e. Exemple Exempl e du manuel : Discours Discours sur l’origine et les fondements de l’in´ egalit´ egalit´ e parmi parmi e si `ecle) ⇒ l’in´egalit´ egalit´e est un fait, on peut reles hommes, Rousseau ( xviii si` monter `a son origine, or igine, mais ma is est-elle pour autant fond´ee, ee, c’est-`a-dire a-dire y a-t-il des raisons pour qu’une telle in´egalit´ egalit´e existe, est-ce sinon juste, du moins profitable. Bila Bi lan n` a note no terr Descartes s’est aper¸cu cu que certaines de ses opinions, qu’il croyait parfaitement assur´ees, ees, ´etaient etaient fausses. Si certaines de ses opinions ´etaient etaient fausses, il se peut que d’autres le soient aussi, voire qu’elles le soient toutes. toutes . Pour se d´efaire efair e de l’erreur l’erre ur et ˆetre etre absolument absolu ment certain cer tain de ce qu’il tient pour vrai, il va alors falloir qu’il consid` consid`ere ere tout ce qui est douteux douteux comme faux. Il va falloir qu’il abandonne toutes les opinions douteuses comme si elles ell es ´etaient eta ient fausses fau sses..
2.2 2.2 2.2.1 2.2.1
De quoi quoi fau fautt-il il dout douter er ? Les Les sens sens son sontt trompe trompeur urss
• Tout ce que je consid` co nsid`ere ere avoir appris de plus pl us vrai, vr ai, je l’ai l’ ai re¸ r e¸cu cu des sens.
(On pourra p ourra donc penser que s’il remet en doute le t´emoignage emoignage des sens, il remet toutes ses connaissanc connaissances es en doute, puisque les plus assur´ assur´ees ees d’entre elles seront d´ej` ej`a douteuses). sens m’o m’ont nt quelqu quelquefoi efoiss tromp´ tromp´ e, e, et il ne faut faut jamais jamais se fier • Or ces sens enti` enti`erem er emen entt `a ceux ceu x qui qu i nous no us ont o nt tromp´ tro mp´e une un e fois fo is ⇒ il faut donc douter de ce que j’ai appris par la perception et la sensation . choses peu • Objection possible : nos sens nous trompent pour les « choses sensibl sens ibles es et fort for t ´eloign´ elo ign´ees ees », mais il y a peut-ˆ peut-ˆetre etre d’autre d’autre choses choses que nous recevons par nos sens et dont nous ne pouvons pas raisonnablement douter. Parmi ces choses, le fait que ces mains et ce corps-ci soient `a moi. es cette obj o bjection, ection, que se fait fa it Descartes Desca rtes `a lui-mˆ lu i-mˆeme, eme, en antici a nticipant pant • D’apr`es une objectio ob jection n qu’on pourrait lui faire, s’il semble semble acceptable de mettre en doute la conscience que j’ai du monde par la perception et la sensation, il ne semble semble pas possible p ossible de mettre en doute la conscience que j’ai de moi-mˆ eme, eme, et en particulier de mon corps, car j’en j’ en ai une conscience intime et imm´ ediate ediate (bien qu’imm´ediate, ediate, elle est conscience, parce qu’elle est r´eflexive). eflexive). Il ne semble pas possible de se tromper l`a-dessus, a-dessus, car il n’y a aucune distance de moi `a mo moii-mˆ mˆeme, em e,
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contraireme contrairement nt au cas des ob jets, pour lesquels il y a une distance distance entre moi et mes sens et les objets per¸cus cus par les sens. J’ai conscience non seulement que ce corps m’appartient, mais que je suis ce corps. eme eme cette conscience que j’ai de moi-mˆeme, eme, de • Or, pour Descartes, mˆ mon corps, doit ˆetre etre mise en doute. (Cf. sujet : « Suis-je ce que j’ai conscience conscie nce d’ˆetre etre ? »). eponses eponses que donne Descartes ` a l’objection l’ob jection de la connais• R´ sance intime : 1. Les fous croient cro ient ˆetre etr e rois roi s quan q uand d ils sont tr`es es pauvre pau vres. s. R´epons ep onsee rejet´ee, ee, car il serait extravagant que je me r`egle egle sur leur exemple. 2. Argu Ar gume ment nt du rˆ eve eve : quand qua nd je rˆeve, eve, je me repr´ rep r´esente esent e des d es choses chose s insens´ees, ees, par exemple que je suis habill´e pr`es es du feu alors que je suis nu dans mon lit. Contre-argument : je sens maintenant les choses clairement, je n’ai pas l’impression d’ˆetre etre assoupi. Rejet du contre contre-ar -argum gumen entt : j’ai souve souvent nt eu de telles telles illusi illusions ons quand quand je dormais. Conclusion : il n’y a pas d’indices concluants pour « distinguer nettement la veille d’avec le sommeil ». Admettons donc que nous soyons endormis. 3. Cependant, Cependant, ce que nous nous repr´ repr´esentons esentons dans notre sommeil sommeil ne peut pe ut ˆetre etr e form´ for m´e qu’` qu’ `a la ressemblance de choses r´eelles. eelles. Par exemple, on peut m´elanger elanger et recomposer des tˆetes, etes, des mains, etc., mais ces ´ el´ ements au moi moins ns repr´ rep r´esentent esent ent des choses chose s r´eelles, eell es, comme dans les tableaux des p eintres. eintres. Passage `a la limite : un peintre peintr e d’une grande gra nde imaginatio imag ination n pourrait pour rait peut-ˆ p eut-ˆetre etre inventer quelque quelqu e chose que nous n’ayons absolument jamais vu auparavant, mais au moins, les couleurs dont le tableau est compos´e doivent ˆetre etre v´erit er itab able les. s. Les choses choses ne sont sont donc pas forc´ forc´ement ement comme j’ai conscience conscience qu’elles qu’elles sont. Je ne suis pas non plus forc´ement ement moi-mˆeme eme ce que j’ai conscience d’ˆetre. etre. Mais il semble y avoir au moins certaines choses dont j’ai conscience et qui sont v´eritab eri tables les,, ces choses chos es ´etant eta nt peut-ˆ pe ut-ˆetre etr e `a l’origine l’origine de toute connaisconnaissance possible. Puis-je faire reposer toute ma connaissance sur ces quelques ´el´ el´ements ements dont j’ai conscience et dont il ne semble pas possible de douter ? Bilan Bil an ` a noter not er Mes sens m’ont d´ej` ej`a tromp´e. e. Si on applique le doute hyperbolique, on peut donc dire qu’il est possible qu’ils me trompent toujours. Je ne peux donc pas tenir pour vrai ce qui me vient de la sensation et de la perception. Mais lorsque j’imagine, je ne peux pas tout inventer de A `a Z : il faut au moins que certains certa ins ´el´ements ements me viennent de choses r´eelles eelles que j’ai per¸ er ¸cues cu es.. Ces Ce s ´el´ el´emen em ents ts-l -l``a ne seraient pas douteux, ils pourraient ˆetre etre la base d’une connaissance certaine.
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2.2.2 2.2.2
Le sujet et la raison et le r´eel eel Conscience, Conscien ce, inconsci i nconscient, ent, mati` ma ti`ere ere et e t esprit esp rit
Je peux peux me tromper tromper sur sur tout ce que que je crois crois savoir savoir
choses plus plus simples simples et plus universel universelles les • Il doit donc y avoir des choses qu’une tˆete ete ou une main, qui, tout comme les couleurs, couleurs, permettent permettent de former, par leur m´elange, elange, les images qui sont dans notre pens´ee, ee, les repr´esentations esentations qui sont dans notre conscience. Ces choses seraient l’´ l’ ´ eten et endu due e (le fait qu’une chose se situe dans l’espace), la figure (= la forme), forme), le nombre, nombre, la grandeur, grandeur, le lieu, la dur´ ee ee et autres choses semblables. Les sciences qui d´ependent ependent de la consid´eration eration de choses compos´ compos´ees, ees, comme la physique physique ou l’astronomie l’astronomie seraient seraient alors douteuses, teuses, parce qu’il pourrait y avoir avoir une erreur sur la composition, composition, mais pas pa s l’ar l’ arit ithm´ hm´etiq et ique ue ou la g´eom´ eo m´etri et rie, e, imm´ im m´edia ed iate temen mentt const co nstit itu´ u´ees ees de ces ce s ´el´ el´ements eme nts simp si mples les.. Elle El less tra t rait itent ent en effet effe t de choses cho ses tr`es es g´en´ en´eral er ales es et ne cherchent pas ` a savoir si elles existent dans la nature. nature. Deux et trois feront toujours cinq, « soit que je veille ou que je dorme ». • Objection : « J’ai en mon esprit depuis bien longtemps qu’il y a un trompeur , c’est Dieu qui peut tout ». Dieu est donc don c peut-ˆ pe ut-ˆetre etr e trompeur, c’ est-` -`a-dir a-d iree il peut n’avoir n’avoir pas fait qu’il y ait de l’´ etendue, etendue, de la figure, etc., mais avoir fait que j’aie les sentiments de toutes ces choses. Il peut avoir fait que je me trompe chaque fois que je fais l’addition de deux et de trois. Je sais en effet que je me trompe parfois, d`es es lors, pourquoi est-ce que je ne pourrais pas me tromper toujours ? Et s’il n’y avait avait pas un Dieu tout puissant, mais que j’aie ´et´ et´e form´e par quelque chose de moins parfait, le hasard, par exemple, il serait d’autant plus probable que je sois imparfait et que je me trompe. ees • Il se pourrait qu’un Dieu trompeur mette dans ma conscience des id´ees fausses, des opinions qui ne sont pas pa s des connaissances, mˆeme eme pour po ur les choses qui ne rel`event event que de l’esprit et pas d’une confrontation confro ntation avec la r´ealit´e. Bilan ` a noter Mˆeme eme les ´el´ el´ements ements simples sans lesquels lesquel s je ne peux pas penser sont peut-ˆ peut-ˆetre etre faux. Il peut en effet y avoir avoir un Dieu trompeur qui s’amusent `a mettre dans mon esprit des id´ees ees fausses. fa usses. Transition ransition : Ce n’est donc pas la conscience comme perception et sensation qui pourra ˆetre etre la source de toutes nos connaissanc connaissances, es, parce que ma sensati sens ation on peut pe ut ne pas refl´eter eter la r´ealit´ eal it´e, e, mai maiss mˆeme eme pas non plus les id´ees ees qui sont directement dans ma conscience sans avoir besoin de me venir de l’ext´erieur. erieur. Comment fonder alors a lors toutes mes connaissances ? Est-il possible de savoir savoir quelque chose de certain ?
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Que puis-j puis-je e sav savoir oir indubi indubitab tablem lemen entt ? Consc Conscien ience ce et connaissance du moi
2e M´edit ed itat atio ion. n. On a ´etab et abli li a` la m´editation editation 1 qu’il fallait faire comme si ce qui est seulement douteux ´etait etait absolument faux. C ¸ a nous a conduits `a rejeter comme douteux non seulement tous les objets ext´erieurs, erieurs, mais mˆeme eme notre propre corps ou tout ce que nous pensons. En me persuadant qu’il n’y avait rien dans le monde et que je n’avais ni sens ni corps, est-ce que je me suis aussi persuad´ pers uad´ e que je n’´ etais etais pas ?
3.1
Je su suis is
• Si je me suis persuad´e ou seulement si j’ai pens´e quelque chose, c’est
que, assur´ement, ement, j’´etais, etais, sans quoi je n’aurais n’aura is pas p as pu p u penser. p enser. mauvais g´enie enie qui me trompe, alors il n’y a pas de doute • S’il y a un mauvais que je j e suis : le mauvais g´enie enie ne peut donc pas ˆetre etre une objection `a mon existence. u « il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je • D’o` ecessai rement vraie, vra ie, toutes tout es les fois foi s que je la pronon p rononce ce suis, j’existe, est n´ecessairement ou que je la con¸cois cois en mon esprit ». Descartes, M´editat editation, editat ion, manuel p. 25. edi tatio ions ns m´ etaph et aphysi ysique quess, 2e m´
3.2 3.2
Que Que su suis is-j -je e?
suis-je je ? • Je sais donc indubitablement que je suis, mais que suisetacher etacher de moi est la pens´ee. ee. • La seule chose que je ne puisse d´ ` savoir certain ; mais combien combien de temps ? A • « Je suis, j’existe : cela est certain autant de temps que je pense ; car peut-ˆetre etre mˆeme eme qu’il se pourrait faire, si je cessais de penser, que je cesserais en mˆeme eme temps d’ˆetre etre ou d’exister ». ur d’exister que tant que je pense . ur • Cela signifie que je ne suis sˆ ecessaireme ecessairement nt vraie : je suis suis • Il n’y a donc qu’une chose qui soit n´ pense , c’est-`a-dire a-dire un esprit, un entendement ou « une chose qui pense, une raison ». ` la « chose qui • Au passage, on remarquera le passage du « je pense » a pense » : Descartes fait de la conscience une substance, substance , c’esta-dire `a-dire quelque chose qui existe par soi-mˆ eme eme et ind´ependamment ependamment de toute autre chose, ce qui n’a rien d’´ evident evident et n’est pas vraiment justifi´e par ce qu’il qu’ il a dit pr´ec´ ec´edemment ede mment.. Substa Sub stance, nce, ´etymolog etymo logiqu iquement ement,, signifie « ce qui se tient dessous ». La substance est quelque chose qui existe par soi-mˆeme, eme, qui n’a pas besoin d’autre chose pour exister, mais est au contraire le support supp ort des qualit´es. es. La couleur blanche, par exemple, n’est pas une substance parce qu’elle ne peut pas exister par 11
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elle-mˆ elle-mˆ eme, eme, il lui faut quelque quelque chose chose pour exister exister : une table, un mur, etc., il lui faut un support, et ce support, c’est la substance. En ce sens, la substance est un sujet, sujet , c’est-`a-dire a-dire quelque chose de constant, de permanent, `a quoi on rapporte rapp orte des qualit´es es qui, elles peuvent ˆetre etre changeantes. Le sujet, c’est ce qui supporte supp orte des qualit´es, es, c’est un support. Quant `a ces qualit´es, es, on o n les appelle app elle des « accidents », l’accident ´etant etant ce qui existe non par soi-mˆeme, eme, mais grˆace ace `a une autre chose et par suite ce qui peut ˆetre etre modifi´ modi fi´e sans que la chose elle-mˆeme eme change de nature ou disparaisse. Rapport avec ce qu’on appelle aujourd’hui l’accident ? L’accident est ce qui p eut ˆetre etre ou o u ne pas pa s ˆetre, etre, ce qui aurait a urait pu ˆetre etre autre a utre sans changer la chose : l’accident est contingent tandis substance appartient appartient ` a l’essence l’essence de la chose, chose, `a sa naque la substance ture profonde, `a ce qu’elle est fondamentalement (quand on cherche ce que je suis, on cherche mon essence). [Essentiel / accidentel] Exemple : il fait partie de l’essence d’un triangle d’avoir 3 cˆot´es, es, mai maiss il est accidentel que ce triangle soit rectangle ou isoc`ele. ele. chose qui pense ? C’est-`a-dire a-dire qui doute, qui con¸coit, coit, • « Qu’est-ce qu’une chose qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. » Tout cela cel a ne peut pe ut pas ˆetre etr e disting dist ingu´ u´e de ma pens´ pe ns´ee, ee, c’est-` c’es t-`a-dire s´epa ep ar´e de mo moii-mˆ -m ˆeme. • Pour l’instant, je sais seulement que je suis un esprit, rien de plus. Je ne sais en particulier pas si j’ai (ou si je suis) aussi un corps. Cette possibilit´ p ossibilit´e de penser l’esprit (ou (o u la conscience) comme substance ind´ependamment epen damment de tout corps est `a l’origine du dualisme cart ca rt´´esie es ien n: il y a pour Descartes 2 substances distinctes et s´epar´ epar´ees, ees, le corps et l’esprit. Bilan Bil an ` a noter not er Puisque je pense, je sais indubitablement que je suis, et tout ce que je sais de moi, c’est que je suis une chose qui pense, une substance pensante. pens ante. Cette C ette substance substan ce pensante, p ensante, je peux p eux me la repr´ r epr´esenter esenter ind´ependante epen dante de toute substance corporelle, de toute mati`ere. ere.
3.3 3.3
Le morc morcea eau u de de cir cire e
echer echer de croire que je connais mieux • Je ne peux cependant pas m’empˆ les choses choses corporelles, corporelles, les choses choses mat´ erielles, erielles, que mon esprit, esprit, parce que je peux me les repr´esenter esenter dans mon imagination, imagination, alors que je ne peux pas imaginer mon esprit. Qu’en est-il alors de ces choses corporelles ? Que puis-je en connaˆ connaˆıtre ? • Ce que nous croyons croyons connaˆ connaˆıtre le mieux, mieux, ce sont sont les corps que nous touchons et que nous voyons. Par exemple un morceau de cire. connai ssons-nous -nous en r´ ealit´ ealit´ e du d u morceau morcea u de cire ? • Mais que connaissons etre etre tir´ e de la ruche. ruche . Il a • Cas du morceau de cire qui vient d’ˆ encore la douceur du miel qu’il contenait, l’odeur des fleurs dont il a 12
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´et´ et´e recueilli. Sa couleur, sa figure, sa grandeur sont apparentes, il est dur, il est froid, on le touche, si on le frappe, il rend un son. Mais si je l’approche du feu, feu , il perd sa saveur, saveur, son odeur, sa couleur change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s’´echau ech auffe ffe,, `a peine peut-on le toucher, et si on le frappe, il ne rendra aucun son. Pourtant, c’est la mˆ eme eme cire qui demeure. Mais si aucune de ces qualit´es es sensibles ne fait la cire, qu’est-ce que je connaissait connaissait de ce morceau morceau de cire avec avec tant de distinction distinction ? Peut-ˆ etre etre seulement que c’est un corps qui me paraissait avant avant sous certaines formes et me paraˆ paraˆıt maintenant sous d’autres. Tout ce qui reste de la cire qui ne soit pas changeant, c’est quelque chose chose d’´ etendu, etendu, de flexible flexible et de muable, muable, c’est-` c’est-`a-dire a-dire capable d’une infinit´ infi nit´e de d e chang ch angement ements. s. infi nit´e de changem chan gements ents.. Ce n’est Mais je ne peux p eux pas percevoir percevoir une infinit´ donc pas par la sensation que je peux connaˆ connaˆıtre le morceau de cire. Ce n’est que par mon esprit que je le connais, par une introspection de l’esprit : je ne vois pas de la cire, mais je juge que c’est de la cire, tout comme quand je vois des chapeaux passer dans la rue, je juge que ce sont des hommes, mais je ne vois pas que ce sont des hommes. C’est donc de ma conscience que me vient la connaissance des choses mat´erielles. erielle s. Je J e me connais conna is moi-mˆ mo i-mˆeme eme par pa r une un e introspec intr ospection tion de la l a conco nscience, science, mais je connais aussi les choses choses ext´ erieures erieures `a moi par une introspectio introspection n de la conscience conscience..
Bilan Bil an ` a noter not er C’est de ma conscience que me vient la connaissance des choses mat´erielles. erielles. Je me connais moi-mˆ eme eme par une introspection de la conscience, mais ma is je connais aussi les choses ext´erieures erieures `a moi par une introspection de la conscience. La sensation, en effet, ne me permet pas de dire qu’un faisceau de sensations est une seule et mˆ eme eme chose ni qu’une chose est identique `a elle-mˆeme eme dans ses changements. changeme nts. Transition Y a-ta- t-il il une u ne r´eali ea lit´ t´e du mo mond ndee que qu e je juge ju ge ˆetre etr e le mon m onde de ext´ e xt´erieu er ieurr en dehors de ma consci conscienc encee ?
3.4
Red´ ecouverte ecouverte du monde `a partir de la conscience
` partir de la conscience, Descartes retrouve tout le reste : dans la 3 e A m´editation, editat ion, il d´eduit eduit du cogito cogit o l’existence l’exist ence de Dieu, d´efini efini comme un ˆetre etre parfait (qui est la cause de l’id´ee ee d’infini et de perfection que nous avons en e notre esprit), dans la 4 , que « les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toujours vraies », dans le 6 e (exempl (ex emplee d’id´ d’ id´ee ee clai c laire re et distincte : un triangle est une figure `a 3 cˆot´ ot´es, es, elle ell e est forc´ for c´ement ement vraie, vra ie, ce
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qui ne signifie pas qu’il existe en dehors de moi un tel triangle), il apporte « les raisons desquelles on peut conclure l’existence des choses mat´ erielles erielles ». Raisons de l’existence des choses mat´ erielles erielles : – Diff´ erence erence entre concevoir conce voir et imaginer. imag iner. L’imagination, contrairement `a l’entendement, n’est pas uniquement spirituelle : elle a besoin spirituelle et de se tourner vers la nature corporelle, elle est `a la fois spirituelle corporelle. corporelle. L’existence de l’imagination rend donc tr`es es probable pro bable une existence de la nature corporelle, dont je fais l’exp´erience erience comme unie a` ma pens´ pe ns´ee. ee . – J’attribue naturellement mes sensations `a l’action de corps ext´erieurs erieurs sur moi. Cette inclination inclination naturelle ne peut pas ˆetre etre tout le temps Di eu m’ m’a a cr´e´ e´ e de sort so rte e que qu e illusoire sans quoi ¸ca ca voudrait dire que Dieu je me trompe tout le temps, temps, ce qui est impossible, impossible, puisqu’il est parfait et bon. erieures erieures n’est Mais Descartes admet que l’existence des choses ext´ pas aussi certaine que celle de mon esprit, de Dieu et de mon ˆame. Par ailleurs, savoir qu’il existe des choses mat´erielles erielles en dehors de nous ne nous garantit pas que nous ne nous trompons pas sur ce qu’elles sont. L’existence des choses mat´erielles erielles reste donc un point faible de la pens´ee ee de Descartes. Prob Pr obl` l` eme em e : Est-il possib p ossible le de sortir de ma conscience conscience pour p our connaˆ connaˆıtre, depuis ma conscience, le monde ext´erieur. erieur. C’est le probl`eme eme qui se pose si on ne peut pas faire confiance aux sens. Une fois qu’on a d´etach´ etach´ e les choses mat´erielles erielles des choses spirituelles, qu’on a adopt´e une position dualiste, le probl`eme eme est de pouvoir relier les deux, mati`ere ere et esprit pour comprendre comment il peut nous ˆetre etre possible possi ble de connaˆıtre ıtre le monde ext´erieur. erieur . Nous y reviendrons dans le cours sur la mati` ere ere et l’esprit. l’esprit. Il nous faudra aussi nous demander si nous ne sommes que notre conscience et que ce que nous avons conscience d’ˆetre etre ou si une partie de nousmˆemes emes n’´echapp echa ppee pas `a notre notre connais connaissan sance. ce. Nous y revien reviendro drons ns dans le cours sur l’inconscient. l’inconscient.
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Deux De uxi` i` eme em e part pa rtie ie e
2 cours cour s : Peut-on Peut-on d´ epasser epasser la s´ eparati eparation on entre l’espri l’espritt et la mati` e re ? 1
Puis-je Puis-je sortir sortir de ma conscien conscience ce p pour our connaˆ connaˆıtre ıtre le monde monde objectiv objectiveme ement nt ?
1.1
L’id´ ealisme ealism e
Pb qui se pose = si je ne peux pas avoir avoir d’acc` d’acc`es es au monde monde en dehors dehors de ma propre conscience, il ne m’est donc jamais possible de comparer un monde ext´erieur erieur qui serait objectif 2 a` la repr´esentation esentatio n subjective que j’en ai. Comment puis-je alors savoir que je ne transforme pas le monde, comment savoir si le monde est bien conforme `a la repr´esentation esentation que je m’en fais ? Il ne m’est pas possibl p ossiblee d’avoir acc` es es au monde tel qu’il est en dehors de ma conscience. C’est C’ est d´ej` ej `a ce qu’on qu’on peut peut comp compre rend ndre re de l’an l’analy alyse se de Ka Kant nt,, dans dans la explique qu’on ne peut avoir avoir acc` acc`es es qu’aux Critique de la raison pure, qui explique ph´ ph ´enom en om``enes en es,, c`ad ad aux choses telles qu’elles nous apparaissent et non aux choses en soi (noum`enes), enes), c`ad ad telles qu’elles sont en dehors des cadres que nos capacit´ capacit´es es cognitives cognitives projettent sur le monde. monde. Le but de Kant est de d´eterminer etermi ner les conditions condit ions de possibilit´ pos sibilit´e de notre connaissance. connai ssance. Notre pens´ee ee a certaines structures et c’est `a partir de ces structures que nous connaissons le monde, elles fonctionnent un peu comme un filtre qui met en ordre le monde. Kant dit que la connaissance des objets obj ets d´epend epend des “structures a ad ad avant exp´erience] erienc e] de la sensibilit´ sensibi lit´e et de l’entendement”. l’entende ment”. L’espace L’espac e priori [c` et le temps n’appartiennent pas au monde ext´erieur erieur mais sont des “formes a sensibi lit´e”. e”. Les cat´egories egori es de l’entendement l’entendem ent sont so nt des concepts concep ts priori de la sensibilit´ comme com me l’unit´ l’u nit´e, e, la causai cau sait´ t´e, e, etc. etc . C’est C’e st ce qu’on qu’ on appell app ellee un id´ealisme eal isme (= affirme affir me la pr´e´ e´eminenc emin encee des d es id´ees, ees, des de s repr´ re pr´esenta ese ntati tion onss menta me ntale less abst ab stra rait ites, es, sur su r la r´eali ea lit´ t´e conc co ncr` r`ete et e et ma mat´ t´erie er ielle lle). ). Chez Kant, on parle d’id´ d’id´ealisme ealisme transcendan transcendantal tal (= ce qui rend possible la connaissance connai ssance ind´ependamment epend amment de toute exp´erience). erienc e). Cet id´ealisme ealisme n’exclut pas l’existence des choses ext´erieures, erieures, ne la remet mˆeme eme pas en cause, mais dit qu’il serait vain de vouloir connaˆ connaˆıtre les choses telles qu’elles sont ind´ependamment epen damment de la mani`ere ere dont elles nous apparaissent. appar aissent. La forme for me la l a plus p lus extrˆ ext rˆeme eme de l’id´ l ’id´ealism eal ismee est es t l’im l ’immat´ mat´eriali eri alisme sme de Berkel B erkeley. ey. 2
Objectif / subjectif. Est subjectif ce qui rel`eve eve d’une perception personnelle, ce qui est relatif relati f au point de vue d’un sujet et objectif un fait, ce qui est r´eellement, eellement, les qualit´ es es r´eelles eelles d’un objet, ob jet, ind´ependamment epend amment du jugement ju gement d’un sujet. sujet .
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Berkeley, philosophe phil osophe irlandais irlan dais du d´ebut ebut du xviiie si`ecle, ecl e, dans da ns les Principes de la connais connaissanc sancee humaine humaine, 1710, §1–33, trouve absurde de remettre en question, comme le fait Descartes, l’existence des choses sensibles alors qu’il est assez ´evident evident qu’un morceau de pain nous rassasie (Kant ne la remet pas en question question non plus). Berkeley Berkeley ne voit pas comment comment une chose chose peut ˆetre r´eelle eel lemen mentt per p er¸¸cue cue par les sens sans exister r´eellement. eellement. Mais ce qu’il nie, c’est que les objets ob jets de notre perception perception soient en dehors de nous, en dehors de notre esprit, de notre conscience. C’est ce qu’on appelle l’immat´erialisme. erialisme. Si ce qui prouve l’existence de la chose que je per¸ p er¸cois cois est pr´ecis´ ecis´ement eme nt le fait fai t que je la per¸ pe r¸coive, coive, on ne peut pas s´eparer eparer l’existence du fait fai t d’ˆetre etr e per¸ pe r¸cu. cu. On ne peut pas s´ eparer eparer la chose chose qu’on per¸coit coit du fait de la percevoir. “ Esse est percepi ” (ˆetre et re,, c’est c’e st ˆetre et re per¸ pe r¸cu). cu). Or la perception perception est une id´ ee. ee. Comme nous l’avons l’avons vu, la perception perception consciente conscie nte et r´efl´ efl´echie, echie, qui est la base de la connaissance connai ssance du monde ext´erieur erieur consiste consiste en fait en une repr´ repr´esentation. esentation. C’est donc dans notre id´ ee, ee, dans notre pens´ p ens´ ee, ee, dans notre conscience, que la chose existe, et non en dehors de nous. C’est en ce sens qu’on qu ’on peut dire que l’immat´ l’ immat´erialisme eriali sme est es t un id´ealisme, ealism e, c’est mˆeme eme le cas extrˆeme eme de l’id´ealisme, ealisme , puisqu’il puisqu’ il supprime supprim e totalement total ement la mati`ere ere en disant que ce que nous prenons pour le monde ext´erieur erieur n’existe en fait que dans notre pens´ee. ee. Il n’existe n’exist e pas de mati`ere ere consid´er´ er´ee ee comme une substance substan ce ext´erieure erieur e `a mon esprit, transcendante ( = u immanente), d’o` proviendrai proviendraient ent mes perceptions. perceptions. Pour Berkeley Berkeley,, il n’existe n’existe rien en dehors de ma conscience. Principe Principe d’´ d’´econom economie ie (= Dieu Dieu ou la nature nature ne fait rien en vain) : s’il s’il y avait des choses en dehors de notre esprit, nous n’aurions aucun moyen de le savoir, puisque nous pourrions ˆetre etre affect´es es de toutes les id´ees ees que nous avons maintenant mˆeme eme s’il n’existait aucun corps qui leur ressemble. Supposer qu’il y a des choses en dehors de nous, c’est donc supposer que que Dieu a fait des choses inutiles. On peut comparer cela avec les cerveaux dans une cuve de Putnam, nathan p. 375 : finalement, finalement, si le monde ext´erieur erieur n’existe pas vraiment vraiment en dehors de notre cerveau, ¸ca ca ne change pas grand chose pour nous. Exp´erience erienc e de pens´ee ee : essayez de vous repr´esenter esenter quelque chose qui existerait existerait en dehors de votre pens´ee, ee, en dehors de votre votre perception. perception. Les tables dans la salle d’`a cˆot´ ot´e ou o u des arbres dans un parc par c o` ou ` il n’y a personne. ` Est-ce que c’est possible d’imaginer ¸ca ? A partir du moment o` u je l’imagine, c’est que je le pense, et je ne peux pas s´ eparer eparer l’objet pens´e de la pens´ee ee de l’objet. De la mˆ eme eme mani`ere ere que je ne peux pas s´ eparer eparer le blanc de son support : la table blanche, le mur blanc, etc. Il n’y a pas d’objet en dehors de notre esprit, mais ces objets, nous les connaissons bien, nous les connaissons d’autant mieux qu’ils ne sont rien d’autre que notre perception. En ce sens, la perception que nous en avons est n´ecessairement ecessai rement fiable. Nous percevons perc evons n´ecessairement ecessai rement l’objet l’ob jet tel qu’il q u’il est, puisque l’existence de l’objet consiste `a ˆetre et re per¸ pe r¸cu. cu. 16
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Pourtant, nous avons bien l’impression que nos id´ees, ees, nos imaginations, etc., ne sont pas la mˆeme eme chose que ce que nous percevons comme des objets o bjets en dehors de nous. Bilan Puisque nous ne pouvons jamais sortir de notre esprit, nous ne pouvons pas savoir s’il existe des objets en dehors de nous, s’il existe un monde ext´ ext´erieur, erieur, ou si tout n’est fait que des id´ ees ees qui sont dans notre esprit. esprit. Il se pourrait pou rrait que le monde que nous consid´erons erons comme nous ´etant etant ext´erieur erieur soit en fait int´ int´egralement egralement inclus inclus dans notre esprit. esprit. Pourtant, Pourtant, nous faisons faisons spontan´ sponta n´ement ement la diff´erence erence entre ce qui rel`eve eve uniquement uniquem ent de la fiction fictio n de notre esprit ou des pens´ees ees abstraites et ce que nous consid´ erons erons comme existant `a l’ext´erieur erieur de nous.
1.2 1. 2
La ph´ enom´ en om´enolo eno logi gie e
Com me nous n ous l’avons l’avo ns vu, v u, la l a ph´ p h´enom´ eno m´enolog eno logie ie cons c onsid` id`ere ere que la cons c onscien cience ce • Comme se caract´erise erise par son intentionnalit´ intentionn alit´e, e, c`ad ad que la conscience est tou jours conscience de quelque chose. [Ph´enom´ enom´enologie enologie principalement repr´ rep r´esent´ esent´ee ee par Husserl Huss erl,, allema all emand, nd, fin xixe – d´ebu eb ut xxe ] • Contrairement ` a Kant, la ph´enom´ enom´enologie enolog ie consid`ere ere qu’il n’y a pas d’essence de choses, de choses en soi, en dehors des apparences, au-del`a des ph´enom` eno m`enes. enes . Il n’y a rien rie n d’autr d’a utree que des ph´enom` eno m`enes. enes . L’essenc L’es sencee des choses, c’est l’apparence. • Est-ce que cela suppose l’existence de quelque chose en dehors de la conscience, de transcendant `a la conscience, qui serait `a l’origine de ces apparence apparencess ? eponse eponse n’est pas ´evidente, evidente, car on pourrait penser, comme le fait • La r´ Berkeley, que si la conscience est bien conscience de quelque chose, elle pourrait tr`es es bien viser quelque chose qui est inclus en elle. enom´ enom´ enologie, enologie, c’est que nous ne • Pourtant, ce que nous montre la ph´ nous rapporton rapp ortonss pas de la mˆeme eme mani`ere ere `a ce que nous percevons comme com me nous nou s ´etant eta nt ext´erieur eri eur et `a ce que nous imaginons, imaginons, `a ce dont nous nous souvenons ou `a ce que nous pensons, pensons, et dont nous consid´ sid´erons erons que cela se situe dans notre conscience conscience,, et non `a l’ext l’ ext´´erie er ieur ur de nous. p h´enom´ eno m´enolog eno logie ie cons c onsid` id`ere ere que la cons c onscien cience ce est e st touj t oujour ourss consci co nscienc encee • La ph´ de qch et ´etudie etudie les diff´erentes erentes formes f ormes que peut prendre ce qch (imag(imag ination, perception, etc.) pour ´etudier etudier les diff´erentes erentes forme de conscience qui en r´esultent. esultent. • L’imagination L’imagination consid` ere ere son objet comme absent, tandis que la perception cept ion consid` con sid`ere ere son objet ob jet com comme me pr´esent esent et ext´erieur eri eur `a la conscience. Husserl, dans Chose et Espace, parle d’un objet qui se tient l`a sur le mode mod e de la pr´esence-en-chair-e esence-e n-chair-et-en-os. t-en-os.
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a encore, tout cela pourrait venir de nous. C’est nous qui con• Mais l` sid`erons erons l’objet l’ob jet per¸cu cu com comme me pr´esent. esent . erences erences entre ce que je per¸cois et ce • Il y a cependant d’autres diff´ que j’imagine ou ce que je pense : Textes de Husserl et de Sartre (fran¸cais, cais, xxe si` si`ecle ec le). ). • Lorsque je con¸cois cois une chose dans mon esprit, je j e la connais imm´ediaediatement tout enti` ere, ere, j’appr´ehende ehende toutes ses facettes, toutes ses propri´et´ et´es es d’un seul coup. Rien ne peut m’´echapper echapp er puisque l’objet l’ob jet n’est que ce que j’en pense, il n’a donc aucune autre propri´et´ et´ e que celles que je lui attribue. • Lorsque, au contraire, j’ai conscience d’une chose comme per¸cue, lorsque je la vise comme ´etant etant ext´erieure erieur e a` ma conscience, je dois en faire le tour, c’est-` a-dire a-dire percevoir successivement successivement ses diff´erentes erentes facettes. Il me faut alors unifier par la conscience conscience ces diff´ erentes erentes facettes facettes que je vise comme ´etant etant les diff´erentes erentes facettes facett es d’un seul et mˆeme eme objet ob jet perper manent, il me faut en faire la synth` ese ese (poly analyse/synth` ese). ese). Du point de vue de la connaissance, un certain nombre de probl`emes emes peuvent se poser dans le cas de la perception : – Je n’ai n’ ai acc` ac c`es es qu’` qu’ `a une succession suc cession d’impression d’impr ession mais ma is je consid` con sid`ere ere l’obl’o b jet comme constant, comme permanent. Je pourrais me tromper : il pourrait pour rait ˆetre etre changeant. – Je pourrais ´egalement egalement me tromper en groupant les sensations. Qu’estce qui me prouvent en effet qu’elles vont bien ensemble, qu’elle proviennent d’un mˆeme eme objet ob jet qui a une unit´e ? – Je n’ai que des aper¸cus cus de l’objet, que des points de vue sur lui. Par exemple, quand on regarde un cube, les cˆot´es es n’appa n’a pparai raissent ssent pas ´egaux. egaux. Il m’en faudrait faudr ait une infinit´e pour ˆetre etre sˆur ur de bien avoir cern´ cer n´e l’ob l ’ob jet, jet , de d e lui l ui attrib att ribuer uer les bonnes bo nnes propri´ pro pri´et´ et´es. es. – Pour la mˆeme eme raison, on ne peut pas connaˆ connaˆıtre tous les d´etails etails de l’objet, soit parce qu’ils sont trop nombreux, soit parce qu’ils nous sont inaccessibles (trop petits par exemple). Transition ransition : Je fais bien bien la diff´ diff´erence erence entre entre des objets qui seraie seraient nt `a l’ext´erieur erieur de moi, ou plutˆot ot des choses que je peux percevoir, et ce que j’imagine ou ce `a quoi je pense. Il semble donc bien qu’il y ait quelque chose en dehors de moi, `a quoi q uoi je ne me rappo r apporte rte pas de la l a mˆeme eme mani`ere ere qu’`a ce qui est uniquement dans mon esprit. Mais qu’est-ce qui me garantit que ce que je per¸cois cois correspond bien `a la r´eali ea lit´ t´e, e, qu’i qu ’ill y a bien bi en dans da ns la r´eali ea lit´ t´e cet objet tel que je le per¸cois? c ois?
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Peut-on connaˆ connaˆıtre la r´ ealit´ ealit´ e telle qu’elle est ou l’interpr` ete-t-on ete-t-o n toujours toujo urs ?
D´efinition efinition de l’interpr´etation etation : vient du latin interpretari = expliquer, traduire, prendre dans tel ou tel sens. D’o`u les sens suivants : 1. rendre clair, trouver tr ouver un sens cach´e, e, donner une signification ; 2. jouer jouer une œuvre œuvre pour en exprimer exprimer le sens ; 3. d´eforme efo rmer. r. Ces sens sont souvent li´es es : – interpr´ eter, eter, c’est comprendre de fa¸con c on que ¸ca ca fasse sens pour nous, que quelque que lque chose dont le sens n’est n’es t pas p as im´ediate edi atement ment ´evident evi dent (mˆeme eme si parfois il peut p eut nous le paraˆıtre) ıtre) prenne pr enne sens pour nous – ⇒ volont´ volo nt´e qu’a qu’ a l’espr l’e sprit it de donner don ner un sens `a ce qui para par aˆıt ´equivo equ ivoque, que, confus ou qui n’a pas de sens pas soi-mˆ eme eme (marc de caf´e) e) ; – ⇒ il peut y avoir une part par t d’invention (cf. interpr´ eter eter une partition) par tition) ou de trahiso trahison n; – → il y a pourta p ourtant nt l’id´ee ee de la justesse j ustesse d’une interpr´etation etatio n : n’importe n’imp orte quelle interpr´etation etatio n n’est pas acceptab a cceptable. le. Sujet : Interpr´ eter, eter, est-ce trahir ? Ici, pour la question qui concerne ce cours, on se demande si on ne voit pas la r´ealit´ ealit´e autre qu’elle n’est, au sens o`u on la trahirait.
2.1
Les sens sont-ils un interm´ interm´ ediaire ediaire fiable entre entre mon esprit et le monde ext´ erieur erieur ?
ee de la ph´enom´ eno m´enolog eno logie ie = je n’ai n’a i acc`es es qu’`a un faiscea fai sceau u de sensasens a• Id´ee tions, et c’est moi qui unifie ces sensations pour en faire un objet. Je dis par exemple que toutes les sensations que j’ai : tˆaches de couleur, forme, reflet, et mˆeme eme douceur, duret´e, e, etc., se rapportent `a un seul et mˆ eme eme objet qui est un table. • Mais est-ce que je ne peux pas me tromper en associant des ` un objet sensations ` a un unique objet ? A ob jet d´etermin´ etermi n´e ? Est-ce que je ne peux pas me tromper tromper d’objet ? 1. Me tromper d’objet : le mirage. L’oasis L’oasi s dans d ans le d´esert, esert, mais aussi la flaque sur le goudron quand il fait chaud. La chaleur du sol d´evie evie les rayons lumineux lumineu x ⇒ les rayons provenant de l’objet r´eel eel (le ciel dans notre cas) qui auraient a uraient dˆu ˆetre et re arrˆ rr ˆet´ et´es es par pa r le sol so l et qu’on n’aurait donc pas dˆu voir, qui n’auraient pas dˆu arriver a` notre œil, sont d´ evi´ evi´es es par l’air chaud chaud au niveau niveau du sol (plus chaud pr`es es du sol, la chaleur varie en fonction de la hauteur, donc l’indice de r´efraction efraction varie en fonction de la hauteur — gradient g radient de temp´ erature erature — et une variation d’indice d´evie evie les rayons) et du coup arrivent `a notre œil et on a l’impression de voir l’objet 19
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au niveau n iveau du d u sol, sol , alors al ors qu’il s’agit en r´ealit´ ealit´e du ciel. Conclusion Conclus ion : on croit voir une flaque d’eau au sol, alors que ce qu’on voit, c’est le ciel. Nos sens nous font croire qu’on voit un certain ob jet, alors que c’est un autre objet qu’on devrait voir ⇒ on croit voir un objet ob jet qui n’existe n’exist e pas dans la r´ealit´ ealit´e. e. C’est `a cause de sensations bien r´eelles eelles qu’on croit voir un objet qui lui n’est pas r´eel eel : c’est une erreur err eur d’interpr´ d’ interpr´etation etatio n portant po rtant sur su r ce `a quoi il faut rapporter nos sensations. 2. Me tromper sur l’objet, sur ce qu’est l’objet : l’illusion d’opti d’o ptique. que. Bˆ aton ato n rompu ro mpu.. Quand on a un bˆaton aton a` mo moit iti´ i´e dans da ns l’air et `a moit m oiti´ i´e dans d ans l’eau, l’ea u, c’est c’es t pas p as le mˆeme eme indice ind ice de r´efract efr action ion de la l a lumi` lu mi`ere. ere. Du coup, c oup, le bˆ b ˆaton aton nous appara appar aˆıt rompu r ompu alors qu’il est en r´ealit´ ealit´e droit. dro it. On O n voit bien le l e bon b on ob jet au a u bon b on endroit en droit,, mais on ne le voit pas comme il est, parce qu’on interpr` interpr`ete ete l’image qu’on re¸coit coit comme ´etant etant celle d’un bˆaton aton rompu, parce qu’on n’est pas capable de d´eterminer eterminer d’o`u viennent les rayons. • Dans tous les cas, c’est nous qui constituons l’objet `a partir de sen-
sations. Dans le cas de la table, rien ne nous garantit qu’il y a un objet « table » qui se d´etache etache du reste de la r´ealit´ ealit´e : c’est nous qui la d´etac et acho hons ns.. Bilan La perception sensorielle consiste dans une somme d’impressions sensorielles. Notre esprit regroupe certaines d’entre elles pour les rapporter a` ce qu’il consid`ere ere ˆetre etre un seul et mˆeme eme objet. ob jet. C’est de cette mani`ere ere que nous pouvons p ouvons dire que nous percevons diff´erents erents objets. ob jets. Mais qu’est-ce qui nous garantit que nous ne nous trompons pas en affirmant que telle ou telle sensation provient de tel ou tel objet, obj et, et donc que telle ou telle qualit´e appartient appar tient r´eellement eelleme nt `a tel ou tel objet ? Les illusio illusions ns nous montren montrentt que nous pouvons pouvons nous tromper en jugeant jugeant des caract´ caract´eristiques eristiques d’un objet `a partir de nos sensations. Transition : L’illusion est cependant l’exception et non la norme. On peut se demander si elle n’est pas un cas limite d’un rapport de l’esprit au monde ext´erieur erieur qui fonctionne foncti onne g´en´ en´eralement eralem ent bien. L’illusion L’illu sion ne montre-t-elle montre-t -elle pas justemen justementt par son caract` caract`ere ere exceptionne exceptionnell que nous avons avons d’habitude d’habitude des perceptions perceptions conformes conformes `a la r´ealit´ eal it´e ? Notre Not re esprit espr it est habitu´ hab itu´e `a certaines lois optiques, notamment `a celle selon laquelle laquel le la l a lumi`ere ere se transmet transm et de mani` m ani`ere ere rectil rectilign igne, e, et ce n’est n’est que quand quand on s’´ s’´eloigne eloigne du cas habitu habituel el qu’il qu’il peut mal interpr´ eter eter des sensations qui sont habituellement fiables. On pourrait penser que d’habitude, l’esprit n’a pas `a r´etab et abli lirr la r´eali ea lit´ t´e, e, que qu e d’ha d’ habi bitu tude de,, la perception perception est l’exact l’exact reflet de la r´ ealit´ ealit´e et que l’esprit l’esprit n’a pas besoin d’inter d’i nterpr´ pr´eter ete r mai maiss que la perce pe rcepti ption on est imm´ediate edi ate dans dan s le cas g´en´ en´eral. era l.
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2.2
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L’in´ L’i n´ evitabl evi table e interpr´ inter pr´ etation etat ion • Si on revient sur les exemples de Descartes, le morceau de cire et
les chapeaux et les manteaux, on a pourtant l’impression que l’interpr´etation etatio n est le cas g´en´ en´eral, eral, qu’on juge plus qu’on ne per¸coit. Mais peut-ˆetre etre est-ce parce que ce sont des cas complexes. Ne peut-on pas en effet percevoir percevoir tout simplement simplement un chapeau chapeau ou un manteau manteau ? e Figure 1 : Exemple d’Alan Chalmers (xx si`ecle) ecl e) dans da ns Qu’est-ce que Qu’est-ce qu’on voit ? Est-ce Est-ce que tout le monde voit la mˆ eme eme la scienc science ? Qu’est-ce chose chose ? – On pense g´en´ en´eralement eralem ent que la vue nous donne un acc`es es direct `a certaines tai nes propri´ pro pri´et´ et´es es du d u mond m ondee ext´ ex t´erieur eri eur et que deux observate obs ervateurs urs humains huma ins qui regardent regar dent la mˆeme eme chose depuis le mˆeme eme endroit endroi t verront la mˆeme eme chose. – La figure figure 1 a pour but de montrer montrer que que ce n’est pas le cas. cas. – La plupart d’entre nous voyon voyonss un escalier escalier qui nous pr´esente esente la face sup´ sup´erieure erieure de ses marches. marches. Mais on peut aussi voir un escalier escalier qui pr´esente esente la face inf´erieure erieur e de ses marches. Or l’objet l’ob jet vu reste le mˆeme, eme, donc l’image r´etinienne etinienne est la mˆeme eme qu’on voie l’escalier d’une fa¸con con ou d’une autre. – Et surtout, des membres membres de nombreuse nombreusess tribus africaines qui ne connaissent pas dans leur culture la perspective bidimensionnelle d’objets tridimensionnels ont indiqu´e qu’ils ne voyaient voyaient pas un escalier, mais un arrangemen arrangementt bidimensionn bidimensionnel el de lignes. lignes. – Id´ee ee que ce qu’on voit est imm´ediatement ediate ment influenc´e par ce qu’on sait et ce qu’on attend, attend , imm´ediatement ediatem ent interpr´et´ et´e. e. Nous ne pouvons pou vons pas re nous empˆecher echer de voir un escalier dans la 1 figure. – L’image L’image que nous avons avons sur notre r´ etine etine est la mˆ eme, eme, et pourtant, pourtant, nous ne voyons pas la mˆeme eme chose. – ⇒ Ce que qu e voit un observateur o bservateur d´epend epend donc en partie p artie de son s on exp´ e xp´erience erience pass´ pass´ee, ee, de ses connaissance connaissancess et de ses attentes, attentes, et pas seulemen seulementt de l’image qui se forme sur sa r´etine. etine. can ard-la -lapin pin.. C´el` el`ebre ebr e dessin dess in du psycholo psych ologue gue am´ericai eri cain n Figure 2 : le canard e e Joseph Jastrow (fin xix –d´ebut xx ), comment´ c omment´ee ee par pa r Ludwig L udwig Wittgenstein Wittge nstein re e (1 mo moit iti´ i´e du xx ) dans les Re Recherch cherches es philosophiques (ou Investigations philosophiques ) et l’historien de l’art Ernst Gombrich ( xxe ). Bilan Il nous est es t impossible impo ssible de seulement se ulement voir ou o u percevoir per cevoir sans san s imm´ediatement ediate ment interpr´ eter eter ce que nous no us voyons ou percevons. Plus P lus exactement, ce que nous perce pe rcevons vons est d´ej` ej`a interpr´ inte rpr´et´ et´e : il n’exist n’e xistee pas de perce pe rcepti ption on non interpr´ inte rpr´et´ et´ee. ee. Percevoir Perc evoir,, c’est c’e st d´ej` ej`a interpr´ eter. eter. Dans Da ns ces conditions, nous no us ne pouvons pas s´epa ep arer re r la r´eali ea lit´ t´e p er¸ er cue c¸ue de l’esprit qui la per¸coit, coit, et nous n’avons pas d’assuranc sur ancee que notre not re interpr´ inte rpr´etatio eta tion n de la r´ealit´ eal it´e ne d´eforme efo rme pas cette cet te r´ealit´ eal it´e. e. Nous ne pouvons pas savoir si ce que nous percevons correspond `a quelque 21
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chose qui existe r´eellement eellement de cette mani`ere ere hors de nous. Lorsque nous percevons la mati`ere, ere, nous ne pouvons pas s´ eparer eparer totalement la mati`ere ere per¸cue cue de l’esprit qui la per¸coit. coit. Transition ransition : Il s’agit cependant l`a de perception ou d’observation ordinaire, spontan´ ee. ee. Nous pouv p ouvons ons nous demander si la science science ne peut pas venir `a notre secours secours en nous donnant donnant acc` es es `a la r´ealit´ ealit´e telle qu’elle est. La science peut en effet nous dire que ce que nous voyons est un mirage et nous expliquer `a quel q uelle le r´ealit´ eal it´e corre co rresp spond ond ce mirage mir age,, et e t mˆeme eme pourq po urquoi uoi nous nou s voyons le mirage m irage comme nous le voyons au a u lieu li eu de voir la l a r´ealit´ ealit´e telle tel le qu’elle qu ’elle est. Pourrons-nous donc, par la science, avoir acc`es es au monde ext´erieur erieur `a notre esprit tel qu’il est, sans l’interpr´ eter eter et sans risquer par l`a de le modifier?
2.3 2.3.1 2.3. 1
Science et interpr´ interpr´ etation etation La science scienc e n’est pas d´ enu´ enu´ ee ee d’interpr´etation etatio n
• La science, science, en d´ecouvrant ecouvrant les lois de la nature, nous permet de nous
d´ efaire efaire des erreurs erreurs de nos sens. Elle nous explique, explique, grˆace ace aux lois de l’optique, pourquoi nous voyons un mirage, elle nous montre que bien que nous voyions le Soleil tourner autour de la Terre, c’est la Terre qui tourne en r´ealit´ ealit´e autour du Soleil. Connaˆ Connaˆıtre en sciences, c’est connaˆ con naˆıtre ıtr e les causes cau ses des ph´enom` eno m`enes, enes , les lois loi s qui les r´egissent egi ssent.. • Nous pouvons p ouvons alors nous demander si la science nous permet cet acc`es es direct `a la r´ealit´ ealit´e que qu e la perception perc eption ordinaire ordin aire ne permet p ermet pas. Maiss dire di re que q ue je j e compr co mprend endss les ph´enom` eno m`enes ene s par pa r les le s lois lo is qui qu i les le s r´egissent egi ssent,, • Mai c’est dire que ce sont mes connaissance connaissancess th´ eoriques eoriques qui me permettent de guider l’interpr´ etation etation de mes observations. Si la science est `a nouveau interpr´ etation, etation, peut-on avoir confiance dans les observations scientifiqu scientifiques es ? • En fait, l’observation scientifique, parce qu’elle prend appui sur des exp´ exp ´erime er imenta ntati tion onss 3 est encore enco re moi moins ns d´enu´ enu´ee ee d’inter d’i nterpr´ pr´etatio eta tion n que dans dan s l’exp´ erience erience ordinaire, pour 3 raisons : 1. L’utilisatio L’utilisation n d’instrumen d’instruments. ts. 2. La produc pro ductio tion n d’´ d ’´enonc´ eno nc´es es d’obser d’o bservatio vation n qui qu i pr´ p r´esuppo esup posent sent des th´eories. eor ies. 3. L’observation L’obser vation est guid´ee ee par la th´eorie. eorie. ´ ces 3 points : • Etudions 3
On distingue distingue g´ en´ en´ eralement eralement l’exp´ l’exp´erimentation erimentation de la simple observation. observation. L’exp´erimentation erime ntation repos re posee sur la mise m ise en place pl ace de protoco pro tocoles les exp´erimentaux, erime ntaux, sur su r l’intervention l’inter vention sur la nature, par opposition `a la simple observation qui consiste `a observer la nature sans la modifier, sans interven intervenir. ir.
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1. L’utilisation d’instruments. Exemple de Polanyi Polanyi (repris par Chalmers dans Qu etablir etablir un diagnostic `a parQu’est ’est-c -cee que la scienc sciencee ? : ´ tir d’une radiographie X . Un ´etudiant etudia nt en m´edecine edecine regarde regar de des traces obscures sur un ´ecran ecran fluorescent et entend le radiologue commenter `a ses assistants dans un langage technique les caract´eristi eri stiques ques de ces c es zone z oness d’ombr d’ ombre. e. L’´ L ’´etudia etu diant nt est es t d’ab d ’abord ord com compl` pl`eetement perdu, car il ne voit dans la radio d’une poitrine que les ombres du cœur et des cˆotes otes et entre elles quelques taches en forme d’araign´ee. ee. L’´etudiant etudiant ne voit rien de ce dont parle le radiologue, qui semble tout droit sorti de son imagination. Mais en assistant `a plusieurs plusieurs s´ eances eances de ce genre et en regardant regardant attentivement, tivement, il finira par r´eussir eussir `a distinguer les poumons, puis, en pers´ pe rs´ev´ ev´erant er ant,, quanti qua ntit´ t´e de d´etai et ails ls sign si gnifi ifica cati tifs fs.. Mˆeme em e s’il s’ il ne voit voi t enen core qu’une fraction de ce que voient les experts, il commencera a` voir beaucoup plus de choses qu’avant. Sa perception est donc chang´ ee ee par ce qu’il a appris. Il lui a fallu apprendre `a voir, de mˆeme eme qu’il faut apprendre `a voir au microscope, `a ne pas tenir compte des aberrations, aberrations, par exemple, exemple, or consid´ consid´erer erer les aberrations comme non significatives, ce n’est pas ´evident, evident, il faut l’avoir appris. appri s. Il faut avoir appris a ppris `a faire fa ire la diff´ d iff´erence erence entre ce c e qui est sigs ignificatif et ce qui ne l’est pas (d’apr`es es Hacking, pas en apprenant les th´ t h´eories, eories, mais par l’exp´erience, erience , par pa r la manipulatio manipu lation). n). Or faire confiance confiance `a ses instruments, c’est faire fair e confiance aux th´eories eories qui ont pr´ pr ´esid´ si d´e a` leur fabrication et `a celles ce lles qui r`eglent eglent leur usage. Il se peut p eut toujours toujo urs qu’on prenne un artefact artef act pour une r´ealit´ ealit´e. e. 2. La produc pro ductio tion n d’´enonc´ eno nc´es es d’obser d’o bservatio vation n qui q ui pr´esuppo esup posent sent des th´eoeories. Pour communiquer `a la communaut´ e scientifique ce qu’il voit, voit, le scientifique scientifique est oblig´ oblig´e non seulemen seulementt de voir, voir, mais de formuler ce qu’il voit, de mettre des mots dessus pour le communiquer niquer dans un langage compr´ehensible ehensible par tous. Quand on dit tout simplement « Voici un morceau de craie », on suppose que les bˆ atons atons blancs bla ncs trouv´es es dans les salles de classe sont des bˆatons atons de craie. On peut v´ erifier erifier en montrant qu’il laisse une trace blanche bla nche sur le tableau, mais c’est supposer que la craie laisse des traces blanches sur les tableaux, si on plonge la craie dans de l’acide pour voir s’il s’´ echappe echappe du dioxyde de carbone, et qu’on v´ erifie erifie en mettant le gaz dans de l’eau de chaux, on s’appuie encore plus sur une th´eorie. eorie. Dans la science, les ´enonc´ enonc´es es sont souvent plus complexes : on va dire par exemple que « Le faisceau faisce au d’´electrons electr ons est repouss´ repo uss´e par le pˆole ole magn´etique etique de l’aimant l’aima nt ». 3. L’observation est guid´ee ee par la th´eorie. eorie. En science, il n’y a pas d’obser d’o bservatio vation n sans sa ns pr´ p r´ejug´ eju g´e possi p ossible ble,, car ca r il faut fau t toujo to ujours urs s´electio ele ctionner nner les crit`eres eres que l’on consid`ere ere comme pertinents. Exemple de 23
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Hertz et de la d´ecouverte ecouverte des ondes radio. S’il voulait n’avoir aucun cu n pr´ pr ´ejug ej ug´´e quan qu antt `a son observation, observation, il aurait d u ˆ noter non seulement les dimensions du circuit, la pr´esence esence ou non d’´etincelles, etincelles, etc., mais aussi la couleur de la table sur laquelle il travaillait, les dimensions du laboratoire ou encore la pointure de ses chaussures. Or il faut bien s´electionner electio nner les ´el´ el´ements ements pertinents. pert inents. La blague, blagu e, c’est que les dimensions du laboratoire comptaient : les ondes radios se r´efl´ efl´echissant echissant sur les murs interf´eraient eraient avec ses mesures ! La th´eorie eorie test´ee ee avait pour cons´equence equence que les ondes radio devaient avoir la mˆeme eme vitesse que la lumi`ere, ere, ce qui n’´etait etait pas le cas dans les mesures de Hertz. t h´eories eories peuvent ˆetre etre fausses, fausses , les observations observation s qui se fondent fo ndent • Comme nos th´ sur les th´eories eor ies peuvent pe uvent l’ˆetre etr e aussi a ussi,, et e t on o n peut p eut croire cro ire voir des ph´enom` eno m`enes ene s qui ne correspondent en fait pas `a la r´ealit´e. Bilan La science, pas plus que la perception ordinaire, ordinaire, ne nous garantit garantit un acc` ac c`es es cert ce rtai ain n `a la r´ealit´ ealit´e. e. Les observations observatio ns scientifiques, scientifiqu es, qui reposent repo sent sur des exp´erimenta eri mentatio tions, ns, suppose supp osent nt en effet des th´eories eor ies qui peuvent pe uvent s’av´erer ere r ˆetre etr e fausses. fausse s. Il n’existe n’exist e pas d’observation d’obser vation brute, d´enu´ enu´ee ee de toute interpr´etation. etatio n. Il ne faut faut pas en d´ eduire eduire pour autan autantt que la scienc sciencee n’aurai n’auraitt aucun aucun acc`es es `a la v´erit´ erit´e ou ne serait d’aucune d’aucun e utilit´e. e. D’une part, elle fonctionne fonct ionne et d’autre part, on esp`ere ere que la confrontation et rectification des th´eories eories et des exp´ eriences eriences nous am`ene ene vers une image de plus en plus fid`ele ele de la r´ealit´e. 2.3.2 2.3. 2
Mais on peut grˆ ace ace ` a la science scien ce esp´ erer erer connaˆıtre ıtre de mieux en mieux la r´ ealit´ ealit´ e, e, ou du moins les ph´ enom` enom` enes enes (= la r´ eali ea lit´ t´ e tell te lle e qu’e qu ’ell lle e nous no us appa ap paraˆ raˆıt) ıt )
Les th´eories eories influencent influen cent nos observations observatio ns et nos exp´erimentations, erimenta tions, mais nous avons des raiso r aisons ns de croire c roire dans nos n os th´ eories eorie s, parce qu’elles nous permettent permettent d’expliquer d’expliquer les causes de ce que nous n ous percevons. p ercevons. La th´eorie eorie est capable de me dire que je ne devrais pas voir le mirage ou que l’arc-en-ciel l’arc -en-ciel n’est pas un objet ob jet r´eel. eel. Or, en me d´epla¸ epla¸cant, je peux voir que le mirage ou l’arc-en-ciel n’existent pas. J’ai alors envie de faire confiance `a la th´eorie. eorie. De plus, elle m’explique m’expli que pourquoi je vois ce que je vois au lieu de voir la r´ ealit´ eal it´ e telle tell e qu’ell qu’ elle e est. est . On pourrait pou rrait penser pense r qu’elle qu’ell e a ´et´ et´e faite de ma mani ni``ere er e ad hoc, parce par ce que je cherchai cher chaiss pr´ecis´ eci s´ement ement `a expliquer pourquoi je voyais voyais cela. Mais ce qui va me donner confiance dans la th´ eorie, eorie, c’est qu’elle va aussi ˆetre etre en mesure d’expliquer d’ expliquer un grand nombre d’autres ph´enom` eno m` enes ene s et surt su rtou outt d’en d’ en pr´edire edi re.. Elle me permet de dire pourquoi quand je regarde une pr´ eparation eparation au microscope, microscope, je vois vois des arc-en-cie arc-en-ciell au bord bor d de la pr´eparation epara tion (`a cause des aberrations des lentilles).
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Ce qui fait que j’ai confiance confiance dans mes th´ eories, eories, c’est qu’on n’a pas un syst`eme eme isol´ iso l´e constit con stitu´ u´e d’un d’u n ensemble ense mble d’obser d’o bservatio vations ns et d’une d’u ne th´eorie eor ie qui a la fois les explique et et permet de les interpr´ eter, eter, ce qui risquerait de mener a` une circul cir culari arit´ t´e : j’obser j’o bserve ve le ph´enom` eno m`ene ene grˆace ace `a la th´eorie eorie qui l’explique l’expli que et le ph´enom` enom`ene ene ne peut donc jamais jamai s ˆetre etre en contradiction contrad iction avec elle, el le, mais une imbrication de plusieurs th´ eories eories et plusieurs observations. observations. C’est de la coh´erence erence de toutes nos th´eories eories avec toutes t outes nos observations observation s que r´esulte esulte notre confiance dans la science. Exemple de Hertz : on a pu rectifier l’erreur parce que la th´eorie eorie ´electromagn´ electr omagn´etique etique de Maxwell fonctionnai foncti onnaitt dans de nombreux domaines domai nes et qu’on n’´etait etait pas prˆet et `a l’abandonner si facilement. En comprenant comprenant que les ondes radios pouvaien pouvaientt se refl´ refl´eter eter sur les murs du eter nos connaissan conna issances ces laborato lab oratoire ire et interf´erer erer entre entr e elles, on a pu p u compl´eter th´ th ´ eori eo riqu ques es tout en expliqua ex pliquant nt le ph´enom` enom`ene ene qui se produ pr oduisait isait dans le labl aboratoire de Hertz. Cela montre mo ntre qu’en adaptant mutuellement nos th´eories eories et nos observations, observatio ns, i.e. en interpr´etant etant mieux nos observations observatio ns grˆace ace `a nos th´eories eories et en modifiant mod ifiant nos th´eories eories grˆace a ce `a nos observations, on peut se situer non pas dans un cercle vicieux o`u l’observation est forc´ement ement en accord avec la l a th´eorie, eorie, puisque c’est la th´eorie eorie qui permet per met d’interpr´eter eter l’observation, mais dans un cercle vertueux o`u th´eorie eor ie et interpr´ inter pr´etatio eta tion n des observations s’am´eliorent eliorent mutuellement en se modifiant quand elles sont en d´esaccord. esaccor d. Pour Pou r que cela fonctionne, fonct ionne, il faut qu’une observation mette en jeu plusieurs plusi eurs th´ eories eories et qu’une q u’une th´ eorie eorie puisse puiss e expliq e xpliquer uer plusieurs plusi eurs sortes d’observations. d’observations. C’est en effet dans la confrontation, et en ne faisant varier `a chaque fois qu’une th´eorie eorie ou qu’une interpr´ etation etation d’observation qu’on pourra trouver o` u r´ eside eside l’erreur. Exemple Exemple pour Hertz, on ne remet pas en cause toute la th´eorie eorie ´electromagn´ electro magn´etique, etique, mais seulement le fait que les ondes radios ne se r´efl´ efl´ echissent echissent pas sur les murs du laboratoire. On a d’autant d’autant plus confiance confiance dans les th´ eories eories qu’elle qu’elle pr´edis ed isent ent un grand gra nd nombre nombr e de ph´ enom` eno m` enes enes en dehors dehors de ceux ceux pour l’expl l’explica ication tion desquels desquel s elles ont ´et´ et´e ´elabor´ elab or´ees. ees. Plus une th´eorie eorie permet perm et d’expliquer d’expli quer de ph´ enom` enom`enes, enes, plus on a confiance confiance en elle, mais aussi et surtout, surtout, plus elle peut en pr´edire edire qu’on n’a encore jamais test´es, es, plus on va avoir confiance, car on ne pourra pas dire qu’on a « bido bi doui uillll´´e » la th´eorie eorie pour qu’elle expliq pl ique ue des de s ph´enom` en om`enes en es qu’on qu’ on const co nstat atai ait. t. Rela Re lati tivi vit´ t´e g´en´ en´eral er alee pr´edisa edi sait it que qu e les le s rayons lumineux lumineu x qui viennent des ´etoiles etoile s sont d´evi´ evi´es es par le soleil. On n’avait jamais jama is pens´e a` regarder regar der ¸ca ca avant la relativit´ relati vit´e g´en´ en´erale, erale , et ensuite, ensuit e, on ne l’avait l’avai t jama j amais is v´erifi´ eri fi´e parc p arcee qu’o q u’on n ne n e voit pas les ´etoiles eto iles en mˆeme eme temps tem ps que eclips ecl ipse e de 1919 191 9 a permis d’observer cette d´eviation le soleil. soleil. L’´ eviation des rayons lumine lum ineux ux issus issu s d’´etoiles eto iles lointai loi ntaines nes et cela a ´et´ et´e consid´ con sid´er´ er´e com comme me une imporimp ortant confirmation confirm ation de l’ensemble l’ensembl e des hypoth`eses eses rassembl´ees ees dans la th´eorie eorie de la relativit´ relat ivit´e g´en´ en´erale. erale. Elle a conduit condui t un grand nombre des physiciens physicien s de l’´epoq ep oque ue `a accor a ccorder der leur leu r confian con fiance ce `a cette cet te th´eorie. eor ie. Le fait qu’on ait plus confiance dans des th´eories eories qui pr´edisent edisent plus de ph´enom` en om`enes en es exp e xpliq lique ue qu’o qu ’on n app a ppli lique que le prin pr inci cipe pe d’´econ ec onom omie ie et qu’o qu ’on n pr´ p r´ef` ef`ere er e 25
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les th´eories eories qui expliquent le plus de ph´enom` enom`enes. enes. Plus elle explique de ph´enom`enes, plus elle prend de risques d’ˆ etre etre contredite contredite,, et donc plus on lui fait confiance confiance quand elle ne l’a pas ´et´ et´ e. e. On peut penser avoir avoir progress´ progr ess´e vers plus de v´erit´ erit´e en passant de la m´ecanique ecaniqu e newtonienne newton ienne `a la m´ ecanique ecanique quantique quantique,, puisque puisque la seconde seconde non seulement seulement rend compte de plus de ph´enom` enom`enes, enes, mais explique expliqu e pourquoi pou rquoi la m´ecanique ecaniq ue newtonienne newtoni enne fonctionne bien pour les objets macroscopiques (elle est une bonne approximation). Transition : Notre esprit a donc, d onc, par l’interm´ediaire ediair e des de s sens, se ns, un acc` a cc`es es `a la mati`ere, ere, qu’il cherche `a connaˆıtre ıtre le plus fid`element element possible. poss ible. Mais en se rapportant a` la mati` ere, ere, l’esprit se projette toujours en partie sur elle, de sorte qu’il n’a pas la certitude d’avoir acc`es es au monde tel qu’il est. En cherchant `a connaˆ co nnaˆıtre ıtr e le monde mon de ext´ e xt´erieur eri eur,, c’est c’ est aussi aus si un u n peu p eu luil ui-mˆ mˆeme eme que l’espri l’e spritt conn co nnaaˆıt, ıt , de sort so rtee que ma mati` ti`ere er e et espr es prit it,, loin lo in d’ˆetre et re irr´ ir r´educt edu ctib ible lemen mentt s´epar´ ep ar´es es sont au contraire difficiles `a d´emˆ emˆ eler eler l’un de l’autre. Existe-t-il d’ailleurs quelque chose comme com me un esprit e sprit qui q ui ne serait s erait pas intimement intim ement li´e `a la l a mati` m ati`ere ere ? Le cerveau est-il le seul support de l’esprit ou y a-t-il un esprit qui existe ind´epend ep endamm amment ent de la mati` mat i`ere ere ?
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Existe-t Exis te-t-il -il un esprit espr it s´ epar´ epar´e de d e la mati`ere ere ?
3.1
Retour Retour sur le probl` eme eme du dualisme dualisme
ec ouvr vrir ir • On a vu que Descartes, par l’exercice du doute, en venait `a d´ecou
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une conscience conscie nce qui peut ˆetre etre pens´ee ee ind´ependamment epen damment de tout corps, de toute mati`ere, ere, et on a vu les probl`eme eme que ¸ca ca nous posait quant `a la possibilit´ poss ibilit´e de sortir sorti r ensuite ensuit e de sa conscience conscie nce pour pou r connaˆıtre ıtre le r´eel. eel. Mais nous avons r´eussi eussi `a surm surmon onte terr ce pb nota notamm mmen entt grˆ ace a ce `a la ph´ ph´enom en om´´enol en olog ogie ie et a` l’id´ee ee que la conscience est toujours conscience de quelque chose et se place donc toujours dans un rapport au monde. Le probl`eme eme qui se pose `a nous nou s est alo alors rs de d´emˆ emˆeler eler ce qui rel`eve eve de l’esprit l’espr it et ce qui rel`eve eve de la mati`ere. ere. C’est un probl`eme eme auquel Descartes Descar tes est ´egalement egalem ent confront´ confr ont´e. e. Il constate que nous faisons l’exp´erience erience en nous-mˆ emes, emes, en l’homme, de l’union de l’ˆame ame et du corps, de l’esprit et de la mati`ere. ere. Nous sommes en effet un compos´ comp os´e d’esprit d’espr it et de mati`ere, ere, or, apr`es es avoir pos´e un dualisme, c’est cette union qui devient difficile `a comprendre : comment ment quelque quelque chose chose qui est de l’ordre du spirituel spirituel peut-il ˆetre etre uni `a quelque chose qui est de l’ordre du mat´eriel eriel ? Quelles sont les relations entre entre les deux, quel est le type de relation qui est en jeu ? Nous faisons l’exp´ erience erience de l’union par le fait que l’ˆame ame fait se mouvoir le corps et que le corps agit sur l’ˆame ame en causant des sentiments et des passions. Descartes dit qu’on fait l’exp´ erience erience de l’union en allant au bal : quand ´ on danse, c’est l’esprit qui fait bouger le corps. Lettres a du a ` Elizabeth 21 mai et du 28 juin 1643. Autrement dit, l’esprit a une efficace sur la mati ma ti``ere. er e. En termes plus modernes, mo dernes, il s’agit de comprendre comment la pens´ee ee peut ˆetre etre reli´ee ee au cerveau, quel est le l e type typ e de relation relat ion entre l’espri l ’espritt et le cerveau. Est-ce que l’esprit est quelque chose de plus que le cerveau. Ce qui peut conduire conduire `a se demander, demander, par exemple, exemple, si les ordinateurs ordinateurs pourront un jour penser. Qu’est-ce qui se passe quand on est dans le coma ou qu’on est dans un ´etat etat v´eg´ eg´etatif etatif ? Qu’est-ce Qu’est- ce qui fait la diff´erence erence entre un cadavre et l’ˆetre etre humain qu’il ´etait etait quelques minutes auparavant aupar avant ? Il se pose le mˆeme eme type de probl`eme eme pour le passage du physique au biologique, de l’inerte au vivant que pour le passage du biologique au psychologique, de la vie `a la pens´ee. ee. L’exemple du cadavre regroupe regro upe les deux. Les probl`emes emes qui se sont pos´es es `a la biologie pourront donc peut pe ut-ˆ -ˆetre et re nous no us ´eclai ecl aire rer. r.
Bila Bi lan n` a note no terr Les hommes ayant un corps et un esprit, il s’agit de comprendre comment les deux sont reli´es es entre eux. Y a-t-il un esprit qui serait dans le corps en plus de la mati`ere ere et qui aurait des propri´et´ et´es es autres que 27
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celles de la mati`ere, ere, ou l’esprit n’est-il que de la mati`ere, ere, se r´eduit-il eduit-il aux prop pr opri ri´´et´ et´es es de la ma mati ti``ere er e ?
3.2 3.2.1 3.2.1
Les deux positions positions extrˆ emes emes : tout est esprit esprit ou tout est mati` ere Tout out est est espr esprit it
Id´ealism eal isme, e, que nous nou s avons d´ej` ej`a vu. 3.2.2
Tout est-il mati` ere ere ? Vitalisme et r´ eductionnisme eductionnisme
Le vitalisme philosophique qui remonte remonte `a Aristote et • Le vitalisme est une tradition philosophique pour pou r laquelle laquel le il est incompr´ incomp r´ehensible ehensib le de r´eduire eduire la vie `a du physicochimique, de dire dir e que la vie n’est rien d’autre que de la mati`ere. ere. ere. • Pour le vitalisme, il est donc impossible de dire que tout est mati`ere. Pour les vitalis vitalistes tes,, pour com compre prendre ndre le vivan vivant, t, il faut faut suppose supposerr un • Pour principe vital qui donne vie `a la mati` ma ti`ere. ere. Un peu comme c omme si en ra joutant jouta nt ce principe vital, on pouvait donner vie `a une statue, par exemple. ace a ce `a la f´ ee, ee, Pinocchio Pinocchio prend vie : quelque quelque chose chose qui • Exemples. Grˆ se rajoute `a la l a mati`ere, ere, quelque chose d’un peu myst´erieux, erieux, d’un peu magique. magique. Ou la d´ eesse eesse Aphrodite qui donne vie `a Galat´ee, ee, la statue de Pygmalion Pygma lion dont ce dernier dernie r ´etait tomb´e amoureux. amour eux. • Le principe vital est une ˆame, un souffle de vie, qui s’ajoute `a la mati`ere. ere. Chez Aristote, dans le De anima ame ame anima , la nature de cette ˆ permet perm et mˆeme eme de faire la diff´erence erence entre les diff´erents erents vivants, entre les diff´erentes erentes formes forme s de d e vie v ie (ˆame ame v´eg´ eg´etative, eta tive, sensiti sen sitive, ve, intellec intel lective) tive).. erence erence incompr´ehensible ehensible entre • Ce principe permet d’expliquer la diff´ l’inerte et le vivant. vitalisme est pratiquemen pratiquementt totalement totalement abandonn´ abandonn´ e au xix e • Mais le vitalisme si`ecle, ecle , parce pa rce qu’on qu’ on essai e ssaiee d’enle d’ enlever ver les l es entit´ e ntit´es es myst´ mys t´erieuse eri eusess de la science scie nce et qu’on fait de plus en plus de d´ ecouvertes ecouvertes,, qui se poursuivent poursuivent par la suite, sur les compositions comp ositions chimiques, les cellules, les prot´eines, eines, la g´en´ en´etiq et ique ue,, etc. et c. Le m´ ecanis eca nisme me et le r´ eductio educ tionni nnisme sme inverse, le m´ecanisme, ecanisme, consiste `a dire qu’on peut ramener • La position inverse, tous to us les le s ph´ p h´enom` eno m`enes ene s vit v itau aux x `a des de s ph´enom` eno m`enes en es m´ecan ec aniq iques ues et qu’i qu ’ill est inutile de postuler des principes occultes, mystiques, comme le principe vital. • Descartes, animal-machine, Discours de la m´ ethode ethode, 5 e partie. L’organisme vivant vivant serait constitu´e sur le mod`ele ele de l’horloge, avec un agencement de parties, de pi`eces eces m´ecaniques, ecaniques, de rouages, et une explication plicat ion de tous les ph´enom` enom`enes enes par contact. 28
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• Il n’y aurait rien de plus dans le vivant que dans l’inerte. Le vivant
suivrait totalement les lois de la m´ecanique. ecanique. Quelle diff´erence erence alors entre le vivant vivant et la machine ? Simplement la complexit´ e. e. Ce qui ne semblera nullement ´etrange etrange `a ceux qui, sachant combien de divers automates, ou machines mouvantes, l’industrie des hommes peut faire , sans y employer que fort peu de pi`eces, ece s, `a comparaison de la grande multitude des os, des muscles, muscles, des nerfs, des art` eres, eres, des veines, veines, et de toutes les autres parties qui sont dans le corps de chaque animal, consid´ereront erer ont ce corps cor ps com comme me une machine machi ne qui, qui , ayant ´et´ et´e faite fai te des mains de Dieu, est incomparablement mieux ordonn´ee, ee, et a en soi des mouvements plus admirables, qu’aucunes de celles qui peuvent ˆetre etre invent´ ees ees par l’homme. l’homm e. Descartes,
Discours Dis cours de la m´ ethode ethode , 5 e partie.
Descartes, il serait impossible de faire la diff´ erence erence entre entre une • Pour Descartes, machine compliqu´ee ee et un animal. La fronti` ere ere ne se situe pas entre l’animal et la machine, entre le vivant et l’inerte, mais entre l’animal sans raison et l’homme l’homme qui poss` ede ede la raison. raison. On comprend comprend bien que pour lui, l’esprit l’esprit n’est pas r´ eductible eductible `a la mati`ere, ere, puisque, comme nous l’avons vu, il distingue la substance spirituelle de la substance corporelle corp orelle.. Deux Deu x arguments arg uments pour p our s´eparer eparer l’homme, l’homm e, qui poss`ede ede la l a raira ison, de l’animal : 1. On peut bien concevoir une machine qui parle, mais pas une machine qui serait capable d’arranger `a l’infini ses paroles pour les adapter `a tout t out ce qui q ui se dira d ira en sa s a pr´ p r´esence, esence, pour d´eclarer eclarer aux autres aut res ses pens´ pe ns´ees. ees. 2. Les machines font certaines choses beaucoup mieux que nous, comme l’horloge qui compte le temps beaucoup mieux que nous, mais elles ne peuvent pas s’adapter `a l’infini, pour faire face `a toutes les occurrences de la vie. eductionnisme educti onnisme,, qui h´erite erite du m´ecanisme ecanism e cart´esien, esien, va • Pourtant, le r´ consister `a vouloir r´eduire eduire non seulement le vivant, vivant, mais aussi l’esprit au physicophysico-chim chimique, ique, aux lois et propri´ propri´et´ et´ es es de la physique physique et de la chimie. Le r´ eductionnisme eductionnisme est une position qui consiste `a dire qu’on peut ramener les ph´enom` enom`enes enes d’un niveau de complexit´ complex it´e sup´erieur erieur aux lois et ph´enom` enom`enes enes du niveau inf´erieur. erieur . La sociologi soci ologiee se r´eduit eduit `a la psychologie, psycholog ie, qui se r´eduit eduit `a la biologie, biolo gie, qui se r´eduit eduit `a la chimie, qui se r´eduit edu it `a la physique. Ce qui signifie que, en d´efinitive, efinitive, les lois, processus et entit´es es de la physique permettent de tout expliquer. posi tion, c’est d´efendre efendr e l’id´ee ee selon laquelle laquell e la pens´ee ee • Tenir une telle position, se r´edui ed uitt `a des interactions physiques et chimiques dans le cerveau.
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Bilan Bil an ` a noter not er Pour comprendre comprendre la relation relation entre entre l’esprit l’esprit et la mati` mati`ere, ere, deux positio p ositions ns sont possibles : consid´ consid´erer erer qu’il y a quelque quelque chose chose de non mat´eriel eriel qu’on appelle esprit et qui vient s’ajouter `a la mati`ere ere pour en faire f aire un ˆetre etre pensant pens ant ou consid´erer erer qu’il n’existe n’exist e rien de myst´erieux erieux qu’on appelle appe lle « esprit » mais que la pens´ ee ee est e st le l e r´esultat esultat d’interactions d’intera ctions physico-chimiques physico-chim iques qui se produisent dans le cerveau. Ces deux positions peuvent ˆetre etre pens´ees ees 4 par analogie avec avec l’opposition l’opposition entre entre le vitalisme vitalisme et le m´ ecanisme ecanisme pour ce qui concerne co ncerne les ph´enom` enom`enes enes vitaux. vi taux. Le vitalisme vit alisme suppose supp ose un principe princi pe vital tandis que le m´ ecanisme ecanisme consid` consid`ere ere que les lois de la physique physique suffisent suffisent `a expliquer expliqu er la l a vie. vi e. Or O r nous no us avons vu que q ue le vitalisme vitali sme avait ´et´ et´e progres pr ogressivement sivement abandonn´ aband onn´e : cela signifie-t-il signifie -t-il que la biologie biolo gie a ´et´ et´e totalement total ement r´eduite eduite `a la physique physique ? Si c’est le cas, pourquoi existe-t-il existe-t-il encore une science science biologique distincte distincte de la physique physique ?
3.3
L’´ etude etud e de d e diff´ d iff´ erents erents niveaux nivea ux de complexi comp lexit´ t´ e • De nos jours, jours , tout to ut le l e monde mo nde ou presque reconna reconn aˆıt que q ue les l es ˆetres etres vivants
sont presque pre sque exclusive excl usivement ment constit con stitu´ u´es es de mati` m ati`ere ere et ob´eissent eis sent aux lois loi s physiques. • Pourtant, la biologie n’a pas disparu en tant que science s´ epar´ epar´ee ee de la physi physique que ou de la chimi chimie, e, bien bien au contrai contraire, re, elle elle se d´ evelo eveloppe. ppe. Pourqu Pourquoi oi ? biolog istes n’´etudient etudie nt pas les mˆemes emes ph´enom` enom`enes enes que • Parce que les biologistes les physiciens, ils ne se situent pas au mˆeme eme niveau de complexit´e. e. ´ Etudier l’´evolution evolution d’une esp` ece ece au niveau des interactions entre les atomes n’aurait pas beaucoup de sens. retro uve au sein mˆeme eme de la l a biolog b iologie ie des d es discipli d isciplines nes diff´erentes erentes en • On retrouve foncti fon ction on des objet ob jetss d’´etude etu de consid´ con sid´er´ er´es es et des technique techn iquess utilis´ uti lis´ees ees pour po ur les le s ´etud et udie ierr (th` (t h`ese ese de Fran¸ Fran ¸cois cois Jacob dans La Logique du vivant ). ). Aux deux de ux extr´ ext r´emit´ emi t´es es de l’´eventa even tail il,, on a : 1. L’´ etude etude de l’aspect physicophysico-chim chimique ique du vivant, vivant, notamment notamment la biochimie, bio chimie, qui ´etudie etudie les r´eactions eactio ns chimiques qui ont lieu l ieu au sein 4
Rep` eres eres : ressemblance ressemblance / analogie. analogie. Dans les deux cas, points communs entre deux r´ ealit´ ealit´ es. es. Mais la ressemblance est plus vague que l’analogie. Ressemblance = similitude d’apparence ; analogie = similitude de structure ou de fonction. Identit´e de rapports rapp orts entre des termes diff´ erents erents et qui peuvent mˆeme eme n’avoir entre eux absolument ri en de commun. a/b = c/d : a est ` a b ce que c est ` a d. Exemple : “le stylo est `a l’´ ecrivain ecrivain ce que le fusil est au soldat” est une analogie, alors qu’on dira que le stylo de Pierre ressemble `a celui de Jean, mais pas que le stylo ressemble au fusil. Dans les deux cas, c’est l’outil qui correspond correspond au m´ etier. Structure, exemple : Ici, l’esprit etier. l’esprit est `a l’ˆetre etre vivant vivant ce que le principe vital est `a la mati`ere. ere. La p ens´ ee ee est au vivant vivant ce que la vie est `a la mati`ere. ere. Dire qu’un ˆetre etre vivant vivant se comporte comme une machine, machine, c’est aussi une analogie. analogie. L’analogie L’analogie permet de comprendre des choses compliqu´ com pliqu´ ees. ees. Exemple : un syst`eme eme hydraulique qui fonctionne foncti onne comme un syst`eme eme ´electrique, electr ique, la r´esistance esist ance ´electrique electr ique est beaucoup beau coup plus facile facil e a ` comprendre que les frottements hydrauliques. Les ´equations equations se fondent sur des analogies : on va repr´esenter esenter tout syst`eme eme oscillant comme un pendule. Le courant alternatif. al ternatif.
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des cellu ce llules, les, qui q ui ´etudie etu die les l es mol´ mo l´ecules. ecul es. C’est C’ est une u ne branche br anche r´eductio educ tionni nniste ste de la biologie. Seule diff´erence erence : les m´ethodes, ethodes, parce que se situe dans des organismes vivants. 2. L’´ evolutionnisme, evolutionnisme, qui ne cherche pas `a dissocier l’organisme en ses constituants, mais au contraire `a l’´etudier etudier dans son milieu et comme ´el´ el´ement ement d’une populatio popu lation. n. Il s’agit d’´etudier etudier les relations entre l’organisme et son milieu. Les organes ne sont par exemple plus ´etudi´ etudi´es es par leurs constituants mais par leurs fonctions, en fonction de leur adaptation au milieu, plusieurs architectures physiques pouvant remplir la mˆeme eme fonction. Le rein r ein des dauphins dauphins n’a pas exemple pas du tout la mˆ eme eme structure que le rein d’un chimpanz´e, e, mais il a la l a mˆeme eme fonction. foncti on. Ou branchies branchie s vs ou poumons. l ’´evolution evolutio n en restant au niveau • On ne comprendrait pas grand chose `a l’´ de la cellule, cellule, de mˆ eme eme qu’on ne comprend comprend pas grand chose au fonctionnement d’un moteur de voiture en restant au niveau des mol´ecules ecules m´etal et alli liqu ques. es. doi t avoir avoi r le l e mˆeme eme type typ e de pb entre entr e micro´ mi cro´econom eco nomie ie et e t macr m acro´ o´economi econ omiee : • On doit est-ce que en rester aux comportements des individus permet vraiment de com compre prendr ndree les ph´enom` eno m`enes ene s mac macro´ ro´econom eco nomiqu iques es ? Nous connaissons beaucoup de faits sur ce qui se passe effectiveme tivement nt dans dans le cerve cerveau, au, mai maiss nous n’avo n’avons ns toujour toujourss pas d’analyse analys e th´eorique eoriq ue unifi´ee ee de la mani`ere ere dont ce qui se passe au niveau de la neurobiologie permet au cerveau de faire ce qu’il fait, pour ce qui est de causer, de structurer, d’organiser notre vie mentale. mentale . (...) Peut-ˆ Peu t-ˆetre etre s’aper s’a percevra-t cevra-t-on -on finalement final ement qu’essayer qu’es sayer de comprendre le cerveau au niveau des neurones est aussi vain qu’essay qu’essayer er de comprendre comprendre le moteur d’une voiture au niveau niveau des mol´ecules ecul es m´etalli eta lliques ques du bloc-cy blo c-cylin lindre dres. s. Searle,
Le Myst` M yst`ere ere de la conscience consci ence, 1999.
Transition ransition : Cela Cela sign signifi ifiee-tt-il il pour pour autan autantt que que la biolo biologi giee ne soit soit pas pas r´educt edu ctib ible le `a la physique et que, par analogie, l’esprit ne soit pas r´eductible eductible aux au x ph´enom` eno m`enes en es physi phy sique quess `a l’œuvr l’œuvree dans le cerveau cerveau ?
3.4
Organisation et ´ emergence emergence
emer gence ce d´esigne esi gne l’appa l’a pparit rition ion de nouvelle nou velless propri´ pro pri´et´ et´es es `a un certain • L’´emergen niveau de complexit´ complex it´e, e, propri´ propr i´et´ et´es es qui ne sont pas r´eductibles educti bles `a une somm so mmee de prop pr opri´ ri´et´ et´es es des de s ´el´ el´ement em entss du nivea ni veau u inf´ in f´erie er ieur ur,, des de s ´el´ el´ements eme nts constituants. Exemple : la vie au niveau de la cellule ou l’effet de groupe qu’on ne peut pas r´eduire eduire `a des comportements individuels (bon exemple, euphorie collective lors d’une victoire `a un match de 31
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foot). Durkheim, dans Les r`egles egl es de la m´ ethode ethode sociologique sociol ogique (p. 6), parle des grands mouvements d’enthousiasme, d’indignation, de piti´e qui se produisent produisent dans une assembl´ assembl´ ee ee et n’ont n’ont pour lieu aucune aucune conscience particuli`ere. ere. Ils nous viennent du dehors et nous entraˆ entraˆınent malgr´e tout. Nous collaborons a` l’´emotion emotion commune, mais l’impression que nous avons ressentie est tout autre que celle que nous aurions ´eprouv´ eprou v´ee ee si nous avions ´et´ et´e seul. Parfois mˆeme, eme, une fois que nous nous retrouvons seul, ces sentiments nous font l’effet de quelque chose d’´etrang etr anger er o`u nous ne nous reconnaisso reconnaissons ns plus et qui peuvent peuvent mˆ eme eme nous faire horreur quand nous avons mal agi. On parle par le dans dan s ce cas de propri´ pro pri´et´ et´es es ´emergent emer gentes. es. Autre exemple : on a du mal `a penser que ce sont les mol´ecules ecules des chats qui sont attir´ees ees par les souris. souri s. La cause doit en ˆetre etre cherch´ee ee dans des structures plus complexes, organis´ees, ees, comme la syst` eme eme nerveux. Cela signifie-t-il que le niveau sup´erieur erieur soit constitu´e d’autre chose que des ´el´ el´ements ements du niveau inf´erieur, erieur , et, pour ce qui nous concerne, concer ne, que l’espr l’e sprit it est consti con stitu´ tu´e d’autr d’a utree chose que de mati` mat i`ere, ere , que d’´el´ el´ements ement s physico-chimiques physico-chimiques ? L’hypoth` L’hypo th`ese ese actuelle a ctuellement ment la plus r´epandue epandue est ce c e qu’on qu’ on peut appeler appe ler le physicalisme non r´eductionniste, eductionniste, qui consiste `a affirmer deux choses : 1. Il n’existe rien d’autre dans le monde que les entit´ es es d´ecrites ecrites par la physique fondamentale fonda mentale et les agr´egats egats form´es es `a partir de ces ent entit´ it´es. es . 2. Cependant, Cepen dant, l’agr´ l ’agr´egation egati on des entit´es es fondamental fon damentales es conduit, con duit, `a partir d’un certain niveau de complexit´ e, e, `a des tota to tali lit´ t´es es gouve go uvern´ rn´ees ees par des lois d’un niveau niveau diff´ erent erent de celui de la physique physique fondae mentale. C’est cette 2 raison qui explique qu’il faille une science sp´ecifique, ecifique, la biologie, mais aussi que la physique ne nous suffise pas `a comprendre comprendre l’esprit. l’esprit.
eme que q ue la beaut´ bea ut´e d’un d’ un tableau ta bleau est plus p lus que q ue l’ensemble l ’ensemble de ses se s propr o• De mˆeme pri´ pr i´et´ et´es es physi phy sique ques. s. Pourt Pou rtant ant,, il i l n’e n ’est st cons co nsti titu´ tu´e que q ue d’´el´ el´ement em entss phys p hysiq iques ues,, et si s i on change par exemple les propri´ p ropri´et´ et´es es de la surface su rface peinte, un colc oloris harmonieux harmo nieux cessera de l’ˆ l ’ˆetre. etre. • C’est la notion d’organisation qui est ici fondamentale. C’est l’organisati sa tion on des de s ´el´ el´ement em entss qui q ui fait fa it qu’´ qu ’´emerg eme rgent ent des de s pro p ropr pri´ i´et´ et´es es qui qu i n’ex n ’exis ista taie ient nt pas pa s au nivea ni veau u des de s ´el´ el´ements eme nts.. eresser au type d’organid’or gani• Pour comprendre l’esprit, il faudra donc s’int´eresser sation biologique particulier qui donne lieu aux processus mentaux, `a la fa¸con con dont le cerveau c erveau est organis´ organ is´e. e. La biologie biolo gie ne sera pas forc´ement ement en mesure d’´etudier etudier cela avec avec ses outils propres. Ce sont les sciences sciences cognitives qui s’occupent actuellement de ce type probl`eme eme (sciences cognitives = domaine interdisciplinaire = neurosciences + psychologie, 32
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mais aussi philosophie, philosophie, linguistiqu linguistique, e, anthropologie, anthropologie, intelligen intelligence ce artificielle). Nous voyons voyons que les ˆetres etres qui semblent poss´ p oss´ eder eder un esprit sont des organismes biologiques (et en particulier des animaux). Par cons´ equent, equent, il est naturel de supposer supp oser que c’est un type particulier d’organisation biologique qui donne lieu aux processus men` l’´evidence, taux. A evidence, donc, pour aborder le sujet de mani`ere ere scientifique, nous devons nous int´eresser eresser `a la fa¸con con dont le cerveau est orga or gani nis´ s´e. e. Edelman,
Biologie de la conscience, 1992 (prix Nobel de
m´edecine, edec ine, sp´eciali eci aliste ste en neurol neu rologi ogie). e). Bila Bi lan n` a note no terr Les deux positions posi tions que nous avons envisag´ees ees (consid´erer erer que l’esprit est quelque chose qui vient s’ajouter `a la ma mati` ti`ere er e ou consi co nsid´ d´erer er er qu’il n’est rien r ien d’autre d’a utre que le r´esultat esultat d’interactions physico-chimiques qui se produisent produisent dans le cerveau) cerveau) ne sont sont en r´ealit´ ealit´e pas exclusiv exclusives es l’une de l’autre. La science contemporaine nous permet de penser l’esprit comme un ph´enom` en om`ene en e ´emerg eme rgent ent.. De D e l’o l ’org rgan anisa isati tion on comp co mple lexe xe d’´el´ el´ements eme nts physi phy sique quess dan d anss le cerve c erveau au r´esultent esul tent des propri´ pro pri´et´ et´es es nouvel n ouvelles les qui n’exist n’e xistent ent pas p as au a u niveau ni veau des ´el´ el´emen em ents ts phys physiq ique ues. s.
Conclusion Le foss´ fos s´e creus´ cre us´e entre l’espri l’es pritt et la mati` mat i`ere ere par le dualism dua lismee nous nou s empˆ e mpˆechait echai t de comprendre quelle pouvait ˆetre etre la relation entre l’esprit et la mati`ere. ere. Nous Nou s nous n ous sommes som mes alo alors rs demand´ dem and´e s’il s ’il ´etait eta it possib po ssible le de d´epasser epa sser la s´eparat epa ration ion entre entre l’esprit l’esprit et la mati` mati`ere. ere. Pour cela, il nous a d’abord fallu comprendre comment nous pouvions, pou vions, par notre esprit, esprit , connaˆıtre ıtre la mati`ere ere ext´erieure erieur e `a l’esprit. Nous avons alors vu qu’il nous ´etait possible de faire la diff´erence erence entre notre pens´ee, ee, notre imagination imagi nation,, et le monde r´eel, eel, mat´eriel, eriel, qui nous est ext´erieur. erieur. Notre connaissance de ce qui nous est ext´erieur erieur n’est en effet pas imm´ediate, ediate, mais n´ecessite ecessite de faire le tour l’objet, d’apprendre l’objet. Nous avons donc bien acc`es es au monde ext´erieur, erieur , mais avons-nous acc`es es `a ce monde tel qu’il est ? Nous avons avons vu qu’il ´etait etait impossible impossible de s´ eparer eparer le monde tel qu’il est de l’interpr´ etation etation que nous en faisons. Notre probl`eme eme s’est alors transform´ transf orm´e : il ne s’est plus agi de se demander demand er comment co mment d´epasser epasser la s´eparation eparation entre l’esprit et la mati`ere, ere, mais au contraire de se demander comment d´emˆ emˆeler eler l’esprit l’espr it et la mati`ere. ere. Existe-t-il Existe- t-il quelque chose comme un esprit qui serait diff´erent erent de la mati`ere, ere, qui ne lui serait pas intimement li´e ? Le physicalisme non r´eductionniste eductionniste semble pouvoir donner une r´eponse eponse au moins provisoire `a ce probl`eme. eme. Il admet que l’esprit n’est bien compos´e que des ´el´ el´ements ements physiques du cerveau, mais a joute que la complexit´ comple xit´e de
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l’orga l’o rganisa nisatio tion n du d u cerveau cerve au fait fai t appa a pparaˆ raˆıtre ıtr e des d es propri´ pro pri´et´ et´es es ´emergent emer gentes es qui n’exn’e xistent pas pa s au niveau des ´el´ el´ ements ements physiques. L’esprit n’est bien fait que de mati`ere, ere, mais il ne se r´eduit eduit pas pour pou r autant `a la ma mati ti``ere, er e, aux au x prop pr opri ri´´et´ et´es es de la ma mati` ti`ere er e : il est une un e r´eali ea lit´ t´e d’or d’ ordr dree sup´ sup ´erie er ieur ur.. Ouverture Ouvertur e : La mati` m ati` ere ere fait-el f ait-elle le moins m oins probl` eme eme que l’espri l ’espritt ? An´ imis im isme me d´epas ep ass´ s´e. e. Force Forces. s. Ether pour pou r ´eviter eviter l’action l’acti on a` distance. Forces, champs magn´etiques, etiques, ´energie, energi e, et mˆeme eme le vide : concepts concept s physiques qui semblent ne pas ˆetre etre mat´eriels eriels au sens de ne pas reposer sur quelque chose de concret, qui a une masse et une localisation. La mati`ere ere ne serait pas une r´ealit´ ealit´e concr`ete, ete, mais un domaine d omaine de recherche. r echerche.
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Trois ro isi` i` eme em e part partie ie e
4 cours : L’inconscient est-il ce qui en moi m’´ echappe echapp e ?
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